Bornéo : petite escapade à Brunei

Lors de notre périple sur Bornéo, nous avons découvert sur la carte, à l’est de l’état malais du Sarawak où nous étions, un minuscule territoire du nom de Brunei. Nous en avions entendu parler comme l’un des pays les plus riches et mégalos du monde. Notre curiosité dévorante nous a poussé à passer la frontière (une petite formalité) et à venir découvrir ce petit coin de pays.

Si ce petit pays subsiste entre les deux grand géants qui occupent l’île de Bornéo que sont la Malaisie et l’Indonésie, c’est parce-que ce sultanat existe depuis des Millénaires. Seuls les Britanniques ont réussi à lui mettre la main dessus et en faire un protectorat au début du XXe siècle. Le pays accéda à son indépendance assez tard pour la région, en 1984, à cause de bisbilles internes et des répressions anglaises. Depuis, c’est un sultan qui dirige le pays de façon autoritaire et pas très démocratique.

L’ambiance ne change pas beaucoup de la Malaisie, le Brunei étant, à la base de culture malaise. Il y a juste la jungle (75% du territoire) qui est beaucoup plus luxuriante, le Brunei n’ayant pas procédé à la déforestation pour la culture d’huile de palme, préférant se concentrer sur ses immenses réserves de pétrole. Du coup, les autorités se sont rendu compte de l’immense patrimoine naturel et elles ont décidé de créer des parcs nationaux plutôt que des plantations de palmiers à huile. L’islam est beaucoup plus présent, le Brunei pratique la charia pour les ressortissants de confession musulmane et l’alcool est strictement interdit. D’ailleurs, pour la petite anecdote, nous sommes devenus « Tonton et Tata » durant nos 48 heures sur le territoire brunéien et nous avons dû fêter la naissance de notre nièce au thé! Mauvais timing!

Bandar Seri Begawan

Quel nom pompeux pour une si petite capitale! En malais, le nom signifie « ville bénie » et a été choisi par le père du sultan actuel en 1970. Il n’a pas été étouffé par la modestie, lui! Le centre ville ne fait même pas trois rues et tout est super calme, encore pire qu’en Suisse un dimanche! Après l’animation et l’anarchie urbaine du reste de l’Asie, c’est un vrai choc culturel! Une autre curiosité du lieu, c’est que tout est écrit en arabe alors que personne ne parle un seul mot arabe! C’est juste un caprice du sultan qui a ordonné que la langue de l’islam soit présente partout et ici, on ne discute pas les ordres du sultan!

Mosquée Omar Ali Saiffudin

Construite en 1958, elle porte le nom du Sultan qui en a ordonné la construction. Le même qui a choisi le nom de la ville! Là, nous commençons à prendre conscience de la richesse du pays et où passe l’argent du pétrole. Les marbres ont été importés directement de Carrare et le dôme est en or 24 carats! Un peu mégalo le sultan! Mais il faut reconnaître que c’est magnifique et que l’ambiance des Mille et Une Nuits est bien reconstituée. Comme le pays est plus ou moins tolérant avec les visiteurs de passage, il est possible en tant que non-musulman de visiter l’intérieur de la mosquée à condition d’enfiler la tenue adéquate, fournie à l’entrée. Les photos sont interdites à l’intérieur, dommage car c’est autant splendide qu’à l’extérieur! Nous avons été accueillis par un imam vraiment sympa qui était amusé du fait que nous venons également d’un petit pays, même si en pratique, la Suisse est 8 fois plus grande que le Brunei! Il nous a même expliqué comment se procurer de la bière au marché noir! Oui, nous aussi ça nous a fait halluciner! Mais nous ne sommes pas venu ici pour contourner les lois et nous pouvons très bien nous passer d’alcool pendant quelques jours. Certains nous considèrent comme aventuriers mais nous n’allons quand même pas pousser le vice à aller tester les prisons de Brunei, même pas pour un apéro!

Mosquée Jame’Asr Hassanil

Inaugurée en 1994, c’est la plus grande mosquée du pays et les Brunéiens en sont très fiers. Elle a été commandée par le sultan actuel qui en fit don à sa population. Ce procédé est assez courant dans les monarchies islamiques. Elle possède 29 magnifiques dômes dorés ainsi que quatre minarets de 58 mètres de hauteur. Chaque détail architectural a été étudié avec soin.

Nous avons fini par nous y rendre sur l’insistance des locaux pour qui c’est un incontournable. Nous devons avouer qu’ils avaient raison! Le bâtiment est magnifique et aucun détail architectural ou ornemental n’est laissé au hasard!

Ici aussi la visite pour les non-musulmans est permise, toujours avec la tenue adéquate fournie à l’entrée mais on nous confisque toutes nous affaires pour être sûr que nous ne prenions pas de photos volées de l’intérieur! En vrai, on nous les mets juste dans un casier.

Les jardins sont également magnifiques et construits symétriquement à la mosquée sur un terrain couvrant plus de 20 hectares de superficie. Un véritable havre de calme et de paix parfait pour la méditation, même si la très calme Bandar Seri Begawan n’aurait pas besoin de ce genre d’endroit de tranquilité.

Kampong Ayer

En face de Bandar Seri Begawan, de l’autre côté du fleuve Brunei, se trouve Kampong Ayer, le plus grand village sur pilotis du monde. On y accède par une petite barque à moteur pour la modique somme de 1$ du Brunei la traversée. (0.70€ ou 0.65CHF) Le village compte quand même 39’000 habitants mais le temps s’y est arrêté. Les rares locaux que nous rencontrons s’arrêtent pour nous dire bonjour! C’est un vrai village autonome avec sa police, sa mosquée et sa caserne avec ses bateaux-pompiers. La seule chose qui vient troubler le silence, ce sont les jeunes, cousins des chauffeurs de bus équatoriens, navigant à tombeau ouvert sur leur petite embarcation à moteur. Il faut dire que les distractions sont rares par ici et l’essence est bon marché, ils s’amusent comme ils peuvent.

Nous avons longuement hésité à nous rendre au parc national Ulu-Temburong mais c’est assez cher et il faut impérativement contracter un tour. Très peu pour nous! Et il serait étonnant que les animaux se montrent avec un troupeau de touristes! Nous y avons donc renoncé, surtout que la Malaisie nous a déjà pas mal gâtés de ce côté-là! Nous avons quand même reçu un lot de consolation : un macaque venu voir en ville si la nourriture humaine est meilleure que la sienne.

En étant sur l’île de Bornéo, un passage au Brunei vaut la peine. C’est assez surréaliste comme territoire et les gens sont encore plus accueillants que leurs voisins malais ou indonésiens. Si, si, c’est possible! Mais il ne faut pas s’y attarder, c’est très petit, assez cher et on s’y ennuie assez vite.

Pour la suite, nous franchirons de nouveau la frontière malaisienne et continuerons notre exploration de Bornéo.