Dans la série de découvertes de l’arrière-pays d’Alicante, nous sommes, une fois de plus, partis jusqu’aux confins de la Communauté Valencienne. Si Villena est plutôt tournée du côté de la région de la Mancha, Orihuela se tourne vers la région de Murcia (La « frontière » n’est qu’à 8 kilomètres!) et fait même partie de sa « huerta ». (littéralement verger, la grande plaine agricole de la région de Murcia) Mais ici, l’influence valencienne est encore bien présente même si linguistiquement, c’est le castillan qui domine. Orihuela est facilement accessible en train depuis Alicante par le Cercanias (le RER ou S-Bahn espagnol) qui va à Murcia et le trajet dure environ 45 minutes.

Centre historique

Le centre historique est assez décousu et il faut chercher un petit peu pour découvrir des ruelles sympas. Une partie se situe sur les rives du Rio Segura, la rivière qui traverse la ville, et une autre au pied des montagnes de la Sierra de Orihuela. Ce n’est pas le centre le plus fou d’Espagne mais il a un certain charme très sud profond, surtout dans la torpeur estivale de cette fin juillet. L’histoire est la même qu’ailleurs sur la péninsule ibérique : les Ibères peuplaient les lieux à l’Age de Bronze, puis les Romains sont arrivés, puis les Wisigoths, puis les Arabes, puis la Reconquista, etc… Les Arabes avaient fortifié la ville dès le XIe siècle. Les reste de la murailles se trouvent au sous-sol du musée archéologique local, judicieusement nommé « Musée de la Muraille ». Il est intéressant d’aller y jeter un coup d’œil, surtout que l’entrée est gratuite! Assurez-vous juste d’y être avant 14 heures si vous ne voulez pas y trouver porte close.






Il y a un truc assez impressionnant dans le centre historique d’Orihuela, c’est le nombre d’églises. Non, pas des petites chapelles de quartier mais de vraies grandes églises, gothiques pour la plupart, avec leurs portes baroques et leurs hauts clochers dominant la ville! Un vrai petit Rome espagnol!





Santa Iglesia Catedral de El Salvador de Orihuela

Quel nom à rallonge juste pour la cathédrale! Mais avec toutes les églises que compte le centre ville, il faut bien se démarquer un peu! Elle a été construite sur les restes de temples wisigoths et hispano-arabes dès le XIIIe siècle, c’est à dire dès les premières années de la Reconquista. (la reconquête catholique sur les territoires arabes d’Espagne) A l’époque, Orihuela a été intégrée au royaume de Castille qui est le berceau de la culture catholique de la péninsule. Ceci explique sûrement cela. Le style est pourtant assez typique du gothique valencien avec quelques décorations baroques datant de la Renaissance. Petite curiosité architecturale assez sympa : le cloître est ouvert sur l’arrière du bâtiment.





Convento de Santo Domingo

Voici le monument national le plus grand de toute la Communauté Valencienne et le plus représentatif de l’ancien Royaume de Valence! Les 18’000 mètres carrés de ce superbe bâtiment Renaissance ont été construits entre 1553 et 1646 pour, à la base, abriter la toute première Bibliothèque Nationale d’Espagne. En tant qu’amoureux de la lecture, nous bénissons celui qui a eu l’idée de construire un endroit juste pour des livres! Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’édifice s’est converti en un couvent. Aujourd’hui, c’est une école privée.




Palmeral Sant Anton

Orihuela possède une petite palmeraie. Elle n’est pas aussi pittoresque que celle d’Elche mais les palmiers offrent une ombre bienvenue par ces températures caniculaires. Elle date probablement de la période islamique. D’ailleurs, les palmiers dattiers surplombés par les montagnes arides et bien découpées de la Sierra de Orihuela donnent au paysage un petit air d’Atlas marocain. Vous ne trouvez pas?



Monte San Miguel

Une fois n’est pas coutume, notre petite grimpette du jour ne nous mène pas à un château mais à un monastère. En vrai, il y a quand même les restes d’un château sur une colline beaucoup plus haut mais c’est en plein cagnard et nous n’avons pas trouvé la motivation d’y monter. Nous nous sommes arrêtés au monastère San Miguel mais malheureusement l’enceinte est totalement fermée et nous n’avons pas pu y accéder. C’est dommage car nous aurions pu observer un bel exemple du baroque valencien du XVIIIe siècle. Historiquement, ça aurait également été intéressant car le site a été utilisé comme camp de concentration de Républicains pendant la Guerre Civile.


Malgré le fait de ne pas avoir pu accéder au monastère, nous avons quand même eu le plaisir d’observer la vue sur la ville d’Orihuela, sur la Huerta qui l’entoure et qui va jusqu’à Murcia ainsi que sur les différentes chaînes de montagnes. Nous pouvons également observer la différence de pluviométrie selon le versant de ces dernières. Certains endroits sont bien verts, même en plein juillet, quand d’autres sont d’une aridité digne du désert! Aussi incroyable que cela puisse paraître, le rocher super aride qu’est le Monte San Miguel abrite 56 espèces de plantes différentes dont une dizaine est endémique de la côte est de la péninsule ibérique appelé plus communément « Levante ».
Orihuela a encore été une jolie découverte et, comme les touristes se pressent sur la côte, nous avons eu la ville presque que pour nous! Ce n’est pas la plus jolie ville d’Espagne mais elle garde une ambiance particulière typique du sud que nous apprécions beaucoup.
Une réflexion sur « Orihuela, la Rome valencienne »