En vivant en Andalousie, nous avons déjà un pied en Afrique. Ça tombe bien, c’est un continent qui nous fascine et dont le peu que nous avons découvert nous donne envie d’en voir encore plus! Evidemment, c’est énorme, pas toujours facile d’accès et plutôt calibré pour les voyages au long cours. Mais, il y a aussi des endroits idéaux pour des mini-trips et juste à côté de chez nous! Nous parlons bien évidemment de notre voisin le Maroc!
Nous avons déjà effectué un petit trip il y a deux ans, dans les mêmes conditions et nous avons découvert Tanger, les régions de Fès et de Rabat. Cette année, nous allons descendre plus au sud car nous allons rejoindre Stéphanie, la sœur de Van et son chéri Samuel pour une petite aventure en famille à Marrakech.
Comme à chaque fois que nous venons dans la région, nous privilégions les transports terrestres et dominons notre mal de mer en traversant le détroit de Gibraltar avec le ferry depuis Tarifa.

Une fois n’est pas coutume, nous traversons le détroit une fois la nuit tombée, ce qui risque d’augmenter les perceptions foireuses de notre oreille interne. Heureusement, nous avons pu faire tamponner notre passeport par l’immigration marocaine dont les bureaux se trouvent directement à bord, avant le départ du ferry, donc tranquillement, à l’arrêt sans les vagues. En plus, la mer était relativement calme. La traversée s’est donc bien passée et notre mal de mer est resté en sourdine. Nous passons notre première nuit à Tanger afin de déjà nous mettre dans l’ambiance marocaine.

Assilah

Quand nous avons parlé autour de nous à Séville de notre trip au Maroc à venir, on nous a dit à l’unanimité et avec une « alegria » toute andalouse qu’il fallait absolument faire un détour par la petite ville d’Assilah. Même si notre but cette fois-ci se trouvait beaucoup plus au sud, nous avons quand même décidé d’y faire un petit détour. Nous ne pouvions pas ignorer toute l’énergie qui a été mise dans tous ces conseils bienveillants. A voir si nous avons bien fait de les suivre…
La ville d’Assilah se trouve à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Tanger au bord de l’océan Atlantique. Il y a une ligne de train qui relie les deux villes mais la gare de Tanger-Ville est assez excentrée. Nous avons donc décidé de prendre les bus urbains. Ils partent de la place Castilla, ils sont bleus, c’est la ligne I2 et ça coûte 8 dirhams (0,74€ ou 0,69 CHF). En vrai, c’est un peu le bordel et ce n’est pas très bien indiqué mais il ne faut pas hésiter à demander les infos aux locaux, ils vous aideront avec plaisir et gentillesse. Le trajet dure environ une heure et longe l’océan Atlantique. D’ailleurs, nous nous sommes pris à imaginer que si nous continuons à suivre la route de la côte jusqu’au bout, nous finirons par arriver au Cap de Bonne Espérance. (Oui, ce genre de trip est un de nos nombreux rêves de voyage!)

La médina

La médina d’Assilah est ceinte d’une superbe muraille admirablement conservée. Il est vrai qu’avec sa situation privilégiée au bord de l’océan Atlantique, elle a attiré les convoitises au fil des siècles. Comme sa voisine Tanger et beaucoup d’autres villes du pourtour méditerranéen, elle a été fondée par les Phéniciens au IIe millénaire avant notre ère. Durant l’Antiquité, elle fut une colonie carthaginoise avant d’être conquise par les Arabes en 712. En 1471, elle fut conquise par les Portugais qui en firent un de leurs nombreux comptoirs sur la route de l’or saharien. C’est de cette époque que datent les fortifications qui entourent la médina. L’architecture n’est d’ailleurs pas sans rappeler les villes d’Essaouira et d’El Jadida, plus au sud mais toujours sur la côte Atlantique et qui ont aussi subi les conquêtes portugaises.
Les siècles suivants virent passer toutes sortes de conflits et Assilah fut dans les mains des différents califats ou sultanats locaux, des Espagnols, des pirates, des Autrichiens, de nouveau des Portugais, etc…
Entre 1912 et 1956, Assilah faisait partie du protectorat espagnol sur le Maroc, comme tout le nord du pays. Mais cette époque n’a quasiment pas laissé de traces visibles dans la ville et nous en sommes un peu surpris. Malgré cette histoire récente et de nombreux touristes espagnols qui viennent en villégiature, Assilah est plutôt restée architecturalement portugaise et linguistiquement francophone.





L’intérieur de la médina possède une ambiance plus arabisante avec ses maisons blanches et bleues et ses portes en forme de serrure qu’on retrouve dans beaucoup de villes côtières marocaines. Après la dynamique Tanger, Assilah paraît presque endormie en comparaison et l’heure de la sieste semble encore plus sacrée qu’au sud de l’Espagne! Même les nombreux chats somnolent paresseusement sous le soleil d’automne en attendant le retour des pêcheurs afin d’aller essayer de choper un ou deux poissons pour leur festin du soir. Ceci s’explique en partie parce que nous sommes en novembre et que c’est la basse saison. Il paraît qu’en été, Assilah se transforme en station balnéaire assez animée.
En parlant de chat, il y en a un qui s’est glissé sans vergogne dans notre séance photo de la médina! (première image ci-dessous)







Street Art

Nous ne le savions pas avant de venir, mais Assilah est la capitale artistique du Maroc. La médina regorge de galeries d’art et surtout, pour notre plus grand bonheur, de Street Art. Il est vrai que les façades blanches sont un support idéal pour ce genre d’exercice. Il y a même un festival de Street Art qui a lieu chaque année depuis 1978! Les peintures sont renouvelées assez régulièrement donc, on peut revenir plusieurs fois à Assilah et découvrir à chaque fois quelque chose de nouveau. Nous avons passé des heures à nous arrêter devant chaque œuvre d’art et nous les avons toutes adorées!






Côté playa

C’est un peu moins le cas en novembre mais un des gros atouts d’Assilah, ce sont ses longues plages de sable au bord de l’océan de l’Atlantique. Elles s’étendent sur des kilomètres au nord et au sud de la ville. Le temps nous a un peu manqué pour les longues balades côtières, nous nous sommes contentés de ce qu’il y avait en ville et c’est déjà pas mal pour les grands amoureux de la mer que nous sommes!




Nous avons bien fait de suivre les conseils de nos amis sévillans! Assilah n’est pas dans les grands circuits touristiques marocains comme Fès ou Marrakech et n’a pas le pittoresque d’Essaouira ou de Rabat (quoique!) mais elle vaut largement le détour depuis Tanger. Nous avons adoré sa douceur de vivre et son côté contemplatif et artistique.
Ça pourrait être un coin idéal pour se ressourcer quelques jours mais pas cette fois, nous sommes attendus de pied ferme beaucoup plus au sud et il faudrait penser à se mettre en route pour d’autres aventures!
