Huê et sa cité impériale

Même si nous avons encore des étoiles plein les yeux de notre virée à la baie d’Halong, c’est sans regret que nous laissons les températures hivernales, la froideur humaine du nord et la brume pour le soleil et les températures agréables du centre du pays.

Nos aventures nous emmènent à Huê, une petite ville traversée par la Rivière des Parfums non loin du fameux dix-septième parallèle qui faisait office de frontière entre le nord et le sud pendant la guerre du Vietnam que nous n’aurons, à notre grand dam, pas le temps de visiter. Si aujourd’hui ce n’est qu’une petite ville tranquille de province, Huê a été ,de 1802 à 1945, la capitale impériale du Vietnam et le berceau de la dynastie Nguyen.

La cité impériale

Construite dès 1802 sous le règne du premier empereur Nguyen, cette cité était la résidence impériale. Le modèle architectural a été pompé sur la Cité Interdite de Pékin mais en gardant les traditions vietnamiennes. Comme Nguyen avait de bonnes relations avec la France, avant la colonisation,  il s’est inspiré de Vauban pour les fortifications. Le site n’est pas très ancien mais la guerre a passé par là et les Américains n’ont pas hésité à y lâcher leurs bombes pendant la fameuse offensive du Têt en 1968. Malgré d’énormes campagnes de restauration, certains bâtiments sont perdus à tout jamais.

NB : Pour entrer dans le site, une tenue correcte est exigée, c’est-à-dire épaules et genoux couverts, autant pour les hommes que pour les femmes.

Les portes

La forteresse est pourvue de quatre portes, une à chaque point cardinal. La plus grande et la plus importante est la porte du sud avec ses cinq entrées : les deux du bord pour les soldats et les chevaux, une pour les mandarins militaires, une pour les mandarins civils et la grande porte du centre réservée pour l’empereur et sa famille. Les autres portes du site sont plus modestes mais tout aussi jolies avec leurs détails ornementaux.

La salle du trône

C’est le premier bâtiment qu’on rencontre après avoir passé la porte du Sud. C’est ici que l’empereur recevait ses sujets pour ses réunions officielles. Le bâtiment est entièrement construit en bois de fer, appelé ainsi pour sa forte résistance aux termites et à l’humidité. Les Vietnamiens disent d’ailleurs assez sarcastiquement que le bois de fer a résisté à tout, sauf aux bombes américaines. Les photos étant interdites à l’intérieur, il faudra se contenter d’images de l’extérieur. Pour le reste, il faudra vous rendre compte de la beauté des salles par vous-mêmes. Spoiler : oui, elles sont très belles!

La cité interdite

C’était le cœur de la cité impériale mais il ne reste plus grand chose depuis la guerre du Vietnam. L’accès n’y était autorisé qu’à l’empereur, sa famille, ses concubines et les eunuques. Il ne faut pas croire que c’était un endroit tranquille car les concubines s’y comptaient par centaines. Imaginez donc une centaine de femmes dans un harem qui se battent pour attirer les faveurs d’un seul homme! L’ambiance devait être vraiment sympa! Surtout que si elles avaient la chance de tomber enceintes, leur enfant était considéré comme fils ou fille légitime de l’empereur et elles avaient la garantie de vivre à la cour royale à vie. Un des empereur avait même 500 concubines et a engendré 142 enfants! Voilà pourquoi la majorité des Vietnamiens s’appellent, encore aujourd’hui, Nguyen!

Le pavillon de lecture

C’est le seul bâtiment épargné par les bombardements pendant la guerre à l’intérieur de la cité interdite. Il vaut le coup d’œil pour les détails en mosaïque sur son toit. Nous aimons bien également ses petites fenêtres en bois.

Les jardins royaux

Juste en dehors de la cité interdite, se trouve les jardins royaux. Il servent surtout à entreposer la collection personnelle de bonsaïs de l’empereur.

Le théâtre royal

Le théâtre a été entièrement restauré et accueille de nouveau des spectacles. D’ailleurs les spectacles traditionnels vietnamiens ont été inscrits au patrimoine immatériel de l’UNESCO.

La cité impériale est un incontournable lors d’une visite à Huê! Malgré un site qui a morflé durant la guerre, il y a encore beaucoup de choses à voir et les détails architecturaux sont d’une finesse incroyable.

La pagode de la Dame Celeste

Située sur une colline surplombant la rivière des Parfums, cette pagode bouddhiste, construite en 1601, est la plus ancienne de la région de Huê. Pourtant, à l’échelle de l’histoire du Vietnam, elle est très récente car la région était dominée par les Chams, majoritairement hindouistes durant des siècles. Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que le bouddhisme a commencé à vraiment s’imposer dans la région.

Mausolée de Tu Duk

Tu Duk était le quatrième empereur de la dynastie Nguyen mais c’était un des moins prestigieux. D’ailleurs, c’est son frère aîné qui était censé régner mais son père l’a choisi lui juste avant de mourir. S’il était un excellent poète, c’était un piètre stratège et les Français ont réussi sans peine à lui faire signer les trois traités de protectorat. (Cochinchine au centre, Tonkin au nord et Annam au sud). Il n’a pas eu beaucoup plus de chance dans sa vie personnelle puisque, malgré sa centaine de concubines, il ne réussit jamais à engendrer de progéniture. C’est la raison pour laquelle il ordonna la construction de son mausolée de son vivant, entre 1864 et 1867. Le lieu devint vite sa résidence secondaire où il passait la plupart de son temps laissant le champ libre aux Français pour coloniser le territoire.

Tout ce tralala architectural pour découvrir que finalement, Tu Duk ne repose PAS dans son mausolée. Les Français voulant piller sa tombe n’ont absolument rien trouvé. Personne ne sait ou se trouve sa dépouille. Mais c’est un subterfuge volontaire car, selon la légende, si la tombe d’un empereur est découverte, sa dynastie s’éteint. Tu Duk, n’ayant pas d’enfant biologique, a adopté trois garçons pour leur donner son nom et perpétrer la dynastie Nguyen.

Huê est une ville d’une richesse historique et culturelle incroyable! C’est également une ville étudiante très dynamique avec de bons petits restos pour déguster une cuisine vietnamienne savoureuse. Nous aurions aimé y rester un peu plus car il reste plein de choses à découvrir, mais notre timing est super serré. Nous n’avons eu le temps que d’en survoler une partie. C’est dommage car c’est un coin qui mériterait plus d’investigations.