Fès, la capitale spirituelle du Maroc

Pour se déplacer au Maroc, rien ne vaut le train! C’est facile, pratique, généralement à l’heure et relativement bon marché. A Tanger, la gare se trouve à environ trois kilomètres de la médina et il est facile d’y négocier un taxi qui vous y emmènera pour 20 ou 30 dirhams ( 1,80 / 2,75€ ou 1,75 / 2,60 CHF). Nous y avons été à pieds car nous avons fait un détour par la rue où habitait la famille de Fabien à l’époque du protectorat espagnol. C’est tout à fait faisable en marchant, la ville est très piétons friendly et les quartiers extérieurs de la ville ne sont pas du tout craignos.

La solution la plus rapide aurait été de prendre l’Al Boraq, le train à grande vitesse dont les rames sont exactement les mêmes que les TGV français, jusqu’à Kénitra puis changer pour un train normal jusqu’à Fès. Nous avons préféré prendre le train direct Tanger – Fès. Ben nous n’avons pas eu l’idée du siècle sur ce coup là. Ce n’est pas très confortable, ça n’avance pas et le paysage n’est pas très bucolique. Après quatre heures de trajet, nous arrivons enfin à Fès.

Nous décidons de nous dégourdir les jambes en rejoignant la médina à pieds depuis la gare. Décidément, ce n’était pas la journée des bonnes idées ce jour-là! Certes, la ville est autant piéton friendly que Tanger avec de grands trottoirs bien aménagés mais c’est loin, au bord de routes à grand trafic et c’est surtout mal plat! Nous sommes trop bien habitués à Séville qui est une ville sans aucun relief! Mais nous avons appris la leçon et avons pris un taxi pour redescendre à la gare. Les taxis officiels de Fès sont rouges et ils ont un compteur qu’il faut demander d’enclencher. Evidemment, lorsque nous avons demandé à notre chauffeur de mettre en route le sien il s’est mis en mode « Moi Français comprendre pas! » alors qu’il nous avait accueillis dans une langue de Molière quasi parfaite et qu’il écoutait une radio francophone dans sa voiture. Mais nous n’avons pas lâché l’affaire et il a fini par l’allumer son compteur. Le trajet nous a coûté 9,50 dirhams (0.85€ ou 0.80 CHF)

Fès est la troisième ville du Maroc et fait partie des quatre villes impériales du pays avec Meknès, Rabat et Marrakech. Ce qui veut dire qu’elles ont été, à un moment donné de leur histoire, la capitale du royaume chérifien. On considère également Fès comme la capitale spirituelle du Maroc à cause de la grande concentration de mosquées dans sa médina. Le centre-ville à l’intérieur des remparts est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Bab Boujloud

Bab Bouljoud est une des portes d’accès à la médina de Fès et une des plus connues. Elle date du XIIe siècle et est recouverte de mosaïques bleues représentant la couleur de la ville. Une fois passé cette porte, on se retrouve dans un souk qui vend beaucoup de camelote pour touristes et dont les vendeurs, à notre grand étonnement, ne sont pas trop portés sur le rabattage. Même Van qui a été se promener toute seule dans les ruelles de la médina un après-midi ne s’est pas trop faite embêter.

La médina abrite également les célèbres tanneries de peau qui servent à la fabrication du cuir qui fait la réputation de Fès. Nous avions évidemment prévu d’aller voir ça de plus près mais l’accès se fait par des terrasses privées dont l’entrée passe par les magasins d’articles en cuir tenus par une véritable mafia qui ne te laisse pas passer si tu n’as pas au moins acheté douze de leurs babioles. Nous savons que le fait de discuter, vendre, négocier fait totalement partie de la culture arabe mais nous avons horreur de cette façon de faire quand il s’agit d’essayer de pigeonner quelques touristes un peu trop naïfs. Bref, vous l’aurez compris, nous y avons renoncé. Nous avions déjà vu les tanneries de Marrakech et pour être honnêtes, ce n’est pas très pittoresque et l’odeur en émanant est juste abominable!

La médina

La partie la plus ancienne de la médina date du VIIIe siècle. Elle se situe au pied du Moyen-Atlas au croisement de routes commerciales de grande importance et était reliée à toutes les villes islamiques importantes de l’époque comme Bagdad, Samarcande, Palerme, Kairouan et bien sûr, notre belle Córdoba. La ville a participé à l’âge d’or intellectuel de la civilisation islamique dont en témoignent encore aujourd’hui un grand nombre d’universités.

On nous a dit que la médina possède 490 ruelles. Nous ne savons pas si c’est exact ou si c’est un peu exagéré pour impressionner le touriste lambda mais il y en a effectivement beaucoup de ses petites rues et il est très facile de s’y perdre! Prévoyez une application maps avant de vous y promener! Pour être honnêtes, nous avons trouvé la médina et son labyrinthe de ruelles très serrées très oppressants et nous n’avons pas apprécié tous les palais ainsi que tous les architecturaux à leur juste valeur.

Bab Mahrouk et la muraille occidentale

Nous sommes enfin sorti de l’étouffante médina pour aller admirer les remparts depuis l’extérieur. Nous sommes ici dans la partie ouest de la médina qui date du XIIIe siècle. Les remparts n’ont rien de très exotiques pour nous puisqu’ils sont identiques aux alcazabas qu’ont peut retrouver dans nos villes andalouses mais ça n’enlève rien au fait qu’ils sont impressionnants et super bien conservés. La place Mahrouk qui longe les remparts est un grand espace ouvert et beaucoup plus respirable que la médina. On peut y observer les premiers reliefs du Moyen-Atlas, le cimetière historique ainsi que le fort de Borj Nord. Au coucher du soleil, les familles se réunissent sur la place afin de profiter des derniers instants de « chaleur » avant la froideur de la nuit.

Jnan Sbil

Nous n’allions pas louper un des seuls espaces verts de la ville! Cette petite oasis de verdure de 7,5 hectares date du XVIe siècle mais la version que nous pouvons observer aujourd’hui date du XIXe siècle. Le jardin se situe directement au pied de la médina et, même si ce n’est pas le parc le plus pittoresque que nous ayons visité, il vaut la peine d’y faire un petit détour juste pour voir des arbres, quelque chose de différent à Fès ainsi que les superbes mosaïques qui décorent le jardin.

Nous n’avons pas super accroché avec Fès. Oui, la ville est superbe, son patrimoine architectural est incroyable et son histoire est très riche, nous devons le reconnaître. Mais nous nous sommes sentis mal à l’aise dans cette médina bien trop serrée et étouffante. Nous avons également trouvé la ville trop « montagnarde ». Certes elle ne culmine « qu’à » 579 mètres d’altitude. Pour nous qui avons vécu dans les Alpes, c’est pratiquement la plaine! Mais contrairement aux villes ouvertes sur l’océan, nous la trouvons un peu repliée sur elle-même et plus conservatrice qu’ailleurs. C’est vrai que Fab y a été un peu malade et nous avons eu froid, ça n’a sûrement pas aidé à améliorer notre jugement.

La logique aurait voulu que nous visitions Meknès, la petite sœur de Fès située à une cinquantaine de kilomètres de là. Mais après la petite déception de Fès, nous avons choisi d’y renoncer. Nous n’avons, pour une fois, pas un temps extensible et nous voulons rejoindre la côte où nous espérons avoir des températures un peu plus douces.

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