Nous vous avons laissés au Salvador, vous vous doutez sûrement qu’il s’en est passé des choses jusqu’à notre arrivée au Nicaragua! Afin de nous préparer au mieux au périple qui nous attendait, nous nous sommes déjà approchés le plus possible de la frontière sud du Salvador, dans une petite ville appelée Santa Rosa de Lima. C’est une ville sans aucun intérêt mais qui nous a déjà avancé de 180 kilomètres depuis Suchitoto.
Depuis là, un bus urbain nous emmène jusqu’au poste frontière situé à une dizaine de kilomètres du centre-ville. Sortir du Salvador n’est qu’une simple formalité. Ensuite, nous avons sûrement traversé un des plus beaux no man’s lands de notre vie. C’est un vieux pont en fer qui enjambe une rivière dans un paysage de roche karstique, vraiment magnifique! Mais nous avions à peine terminé notre traversée que nous nous sommes fait assaillir par tous les chauffeurs de bus voulant nous emmener à différents endroits du Honduras sans se soucier le moins du monde que nous n’ayons pas encore passé l’immigration. Une fois débarrassés, non sans peine, des rabatteurs, nous avons dû passer par le contrôle sanitaire où on nous demande notre certificat de vaccination Covid (ou un test PCR si vous n’êtes pas vaccinés). Pour le Honduras, il faut remplir préalablement un formulaire en ligne pour l’entrée ET la sortie du pays. Le passage en douane en lui-même est une formalité, nous avons même pu plaisanter avec l’employé de l’immigration sur le fait que notre durée de séjour au Honduras dépendrait du trafic routier. Il faut juste s’acquitter de la taxe douanière de 3$. C’est une taxe officielle, c’est mentionné dans tous les sites officiels du gouvernement, donc il n’y a aucun moyen d’y couper. C’est juste bizarre quand on nous parle de « multa » qui en Espagne signifie « amende » alors qu’en Amérique Latine c’est juste une taxe.

Il paraîtrait qu’il y a des bus directs d’une frontière à l’autre. Nous ne les avons jamais trouvés. Du coup, nous avons quand même dû changer quelques dollars contre des lempiras afin de pouvoir prendre les bus locaux. Il est possible de les payer en USD mais les prix sont tellement majorés qu’il est préférable de faire un peu de change et de payer en monnaie locale. Les bus locaux s’apparentent aux Chicken Bus du Guatemala, ils ne sont pas confortables mais au Honduras, ils avancent. Nous avons dû changer de bus dans la ville de Choluteca, mais la correspondance s’est faite à la minute, nous n’avons pas eu à attendre. Le deuxième bus nous a directement mené jusqu’au poste frontière. Il faut reconnaître qu’en Amérique Centrale quand la destination du bus c’est la frontière, on nous emmène vraiment jusqu’au dernier bout avant la douane!
Sortir du Honduras n’est également qu’une simple formalité, si nous faisons abstractions des rabatteurs pour le change qui sont aussi insupportables qu’à Bali. Nous avons également traversé le no man’s land sur un pont enjambant une rivière même si le paysage n’était pas aussi pittoresque que la frontière précédente. Au fait, pourquoi ne nous sommes-nous pas arrêtés au Honduras? Parce que le pays est vraiment réputé insécure, nous ne voulons pas nous mettre en danger inutilement surtout que les quelques points d’intérêt se trouvent sur la côte Caraïbe alors que nous sommes plutôt du côté Pacifique et, comme vous le savez déjà, nous avons un timing à respecter.
Côté Nicaragua, notre passage en douane a été plutôt épique. Pas de bol, nous sommes arrivés en même temps que deux gros bus bondés venant du Guatemala, ça n’a pas sûrement aidé les choses à bien se passer. Déjà, il faut s’arrêter dans une petite cahute pour le contrôle sanitaire où on nous demande également notre certificat de vaccination COVID. Jusque là, rien à signaler et le personnel a même été super sympa. C’est à l’immigration que ça se corse! Nous sommes également tombés sur l’employée de la douane la plus antipathique qui soit, ce qui a probablement rendu les choses plus désagréables. Nous avons également dû remplir un formulaire en ligne au préalable pour l’entrée dans le pays qui a dû disparaître dans les méandres de l’informatique puisque personne ne l’a retrouvé. Ce n’est sûrement pas de notre faute car tous les voyageurs occidentaux se sont retrouvés dans le même cas que nous. On nous confisque nos passeports et on nous fait poireauter des plombes sans explication. Quand enfin on récupère nos précieux sésames on nous demande encore 13$ chacun, 10$ pour la carte touristique et 3$ pour la taxe douanière, payable en USD UNIQUEMENT! Nous avions tenté de payer en cordobas, la monnaie nicaraguayenne, nous nous sommes faits remballer comme des malpropres. Tout ça pour ne même pas avoir droit à un nouveau tampon sur notre passeport!
Mais nos mésaventures ne sont pas encore finies, il faut passer nos sacs au scanners. Van se fait fouiller son backpack parce que notre console pour les ports USB pourrait passer pour un drone, objet totalement interdit au Nicaragua. Sur ce coup-là, pas de problème, les gars font juste leur boulot. Ce qui nous a un peu énervés, c’est que les deux employés du scanner ont décidé de nous snober et de ne communiquer que par signes. Nous leur avons pourtant dit que nous comprenions parfaitement l’espagnol, mais rien à faire, ils ont refusé de nous parler! Entre la fatigue du voyage, la chaleur (37 degrés!) et le personnel de douane vraiment irrespectueux, nous commençons à voir rouge. Evidemment, nous savons qu’il ne faut absolument pas s’énerver au risque d’aggraver notre ca et nous voir refuser l’accès au pays. Alors Fab, très calmement, a sorti toutes les affaires du sac qui a été fouillé et a pris le temps de tout ranger comme il faut en prenant bien soin de plier les petites culottes à Van devant le gars de la sécurité qui est parti en PLS en voyant son manège! Au moins, ça n’a pas tourné au vinaigre, ça nous a permis de nous calmer tout en ayant notre petite vengeance.
En général, le passage en douane donne une première impression assez juste sur le pays. Nous espérons cette fois-ci que ce ne soit pas le cas sinon nous allons vraiment détester ce pays!

Malgré avoir perdu presque deux heures dans ces procédures douanières à la con, nous trouvons un bus pour Chinandega, puis León assez facilement. Notre but était d’y arriver avant la nuit! Pari réussi, à cinq minutes près!
León

León est la deuxième ville du Nicaragua et le centre universitaire principal du pays. Bien qu’elle porte le nom d’une ville du nord de l’Espagne, elle a été fondée en 1524 par Francisco Hernandez de… Córdoba, bien plus au sud! C’est la première ville du territoire actuel du Nicaragua à avoir été fondée par les conquistadors espagnols. Elle a été la capitale du pays dès 1839 lors de l’indépendance, en alternance avec sa grande rivale, Granada. La rivalité entre les deux villes prit une telle importance qu’en 1858, on transféra définitivement la capitale à Managua. Il en reste un petit centre historique aux maisons colorées. Ce n’est pas la ville coloniale la plus pittoresque d’Amérique Latine mais nous y avons trouvé quelque-chose d’incroyable! Une licorne? Presque! Une zone piétonne! C’est tellement rare sur ce continent! Oui, en tant qu’Européens, nous avons tendance à faire une fixette sur les zones piétonnes mais c’est tellement plus agréable de se promener en ville sans se faire déranger par les voitures.








De gros chats

León signifie tout simplement lion. Il est donc tout à fait logique que le roi des animaux soit le symbole de la ville de León. On en voit un peu partout dans le centre historique surtout que c’est un animal qui représente la puissance et le pouvoir. De quoi en boucher un coin à la rivale de toujours, Granada, qui elle ne porte que le nom d’un fruit.


Basilica Catedral de la Asunción

Construite en 1747 dans le plus pur style baroque espagnol, cette cathédrale d’une blancheur étincelante peut se targuer d’être la plus grande de toute l’Amérique Centrale. Rien que ça! C’est un tel mastodonte qu’elle a résisté à tous les tremblements de terre de son histoire! Même l’UNESCO en a été impressionné au point de l’inscrire sur sa liste du patrimoine mondial. Certes, c’est une énorme édifice, surtout pour l’époque, mais ce n’est pas la cathédrale qui nous a le plus subjugués.



El Calvario

León regorge d’églises mais rassurez-vous nous ne nous y sommes pas arrêtés à chacune d’entre elles. Celle du Calvario nous a attirés grâce à sa superbe façade « rouge sévillan » et à ses fresques. Elle date du XVIIe siècle et est de style baroque espagnol typique de l’époque.





Viva la revolución!

Nous avons trouvé un peu de street art à León mais en y regardant de plus près, nous nous sommes aperçus qu’il ne s’agit pas seulement d’art mais de véritables hommages à plusieurs épisodes historiques du Nicaragua et de la région de León du XXe siècle.
Le 23 juillet 1959, une manifestation étudiante se tient à León pour contester contre le massacre d’El Chaparral (Honduras), un mois plus tôt, dans lequel fut blessé Carlos Fonsecca, le fondateur du front sandiniste de libération national (un parti communiste construit sur le modèle marxiste-léniniste) qui essaie de renverser le dictateur au pouvoir. Mais la Garde Nationale ouvre le feu sur les manifestants tuant 4 personnes et blessant plus de 60 étudiants.
Depuis cet évènement, les sandinistes, du nom d’Augusto Caldéron Sandino, premier révolutionnaire nicaraguayen du XXe siècle, prennent de l’ampleur dans la région en essayant de lutter contre les somozistes, du nom de Somoza, la famille de dictateurs au pouvoir. En 1978, une grande partie de la population de León, majoritairement sandiniste, se soulève contre le gouvernement et, malgré l’intervention de l’armée, se retrouve victorieuse en 1979.
Nous avons méga résumé les évènements historiques, mais voilà en gros l’idée. De toute façon, en tant qu’étrangers, nous n’avons pas le droit d’exprimer une quelconque opinion sur la politique locale. Nous ne pensons pas que notre modeste blog soit surveillé mais dans le doute, nous préférons nous abstenir. Nous avons juste voulu comprendre tous ces hommages.



Côté Playa

Non León ne possède pas sa propre plage mais ne se situe qu’à une petite vingtaine de kilomètres de l’océan Pacifique. Après plus d’un mois passé loin du littoral, nous n’allions quand même pas passer l’occasion de nous rendre au bord de la mer! Les bus locaux nous emmène en une petite demi-heure à Las Peñitas, une petite station balnéaire. Nous avons préféré faire le petit détour jusqu’à Poneloya, le petit village de pêcheurs voisin. Il y a une magnifique plage de sable volcanique complètement déserte! Par contre, pour la baignade, ce n’est pas top, il y a vraiment trop de courant. Dommage, car l’eau est vraiment bonne! Mais c’est un véritable paradis pour les surfeurs.
Le clou du spectacle c’est la magnifique mangrove qui borde la plage. Le temps s’y est arrêté entre les quelques bateaux de pêcheurs qui rentrent depuis le large, différents échassiers essayant de trouver leur nourriture dans la vase à marée basse et les goélands qui guettent l’arrivée des pêcheurs dans l’espoir de piquer quelques restes de poisson. Le paysage y est incroyable entre la mangrove, le sable noir et les volcans que nous apercevons au loin! La mer nous avait trop manqué, nous ne sommes pas déçus de cette plage-là!
León est, pour l’instant, la ville la plus agréable que nous avons visitée depuis notre arrivée en Amérique Centrale. Elle est piétonne (oui, on y tient!), jeune, étudiante, dynamique, tout en ayant une culture et une histoire très riches. La vie nocturne est également très sympa et nous permet de goûter le rhum local, très bon et très aromatisé dans des bars souvent situés dans les jolis patios des bâtiments coloniaux.
Apparemment, le passage en douane du Nicaragua est l’exception qui confirme la règle car ce pays nous semble au premier abord très cool et très accueillant! Nous avons en tout cas eu un véritable coup de cœur pour cette première étape.