León (Nicaragua), la révolutionnaire

Nous vous avons laissés au Salvador, vous vous doutez sûrement qu’il s’en est passé des choses jusqu’à notre arrivée au Nicaragua! Afin de nous préparer au mieux au périple qui nous attendait, nous nous sommes déjà approchés le plus possible de la frontière sud du Salvador, dans une petite ville appelée Santa Rosa de Lima. C’est une ville sans aucun intérêt mais qui nous a déjà avancé de 180 kilomètres depuis Suchitoto.

Depuis là, un bus urbain nous emmène jusqu’au poste frontière situé à une dizaine de kilomètres du centre-ville. Sortir du Salvador n’est qu’une simple formalité. Ensuite, nous avons sûrement traversé un des plus beaux no man’s lands de notre vie. C’est un vieux pont en fer qui enjambe une rivière dans un paysage de roche karstique, vraiment magnifique! Mais nous avions à peine terminé notre traversée que nous nous sommes fait assaillir par tous les chauffeurs de bus voulant nous emmener à différents endroits du Honduras sans se soucier le moins du monde que nous n’ayons pas encore passé l’immigration. Une fois débarrassés, non sans peine, des rabatteurs, nous avons dû passer par le contrôle sanitaire où on nous demande notre certificat de vaccination Covid (ou un test PCR si vous n’êtes pas vaccinés). Pour le Honduras, il faut remplir préalablement un formulaire en ligne pour l’entrée ET la sortie du pays. Le passage en douane en lui-même est une formalité, nous avons même pu plaisanter avec l’employé de l’immigration sur le fait que notre durée de séjour au Honduras dépendrait du trafic routier. Il faut juste s’acquitter de la taxe douanière de 3$. C’est une taxe officielle, c’est mentionné dans tous les sites officiels du gouvernement, donc il n’y a aucun moyen d’y couper. C’est juste bizarre quand on nous parle de « multa » qui en Espagne signifie « amende » alors qu’en Amérique Latine c’est juste une taxe.

frontière entre le Salvador (à gauche) et le Honduras (à droite)

Il paraîtrait qu’il y a des bus directs d’une frontière à l’autre. Nous ne les avons jamais trouvés. Du coup, nous avons quand même dû changer quelques dollars contre des lempiras afin de pouvoir prendre les bus locaux. Il est possible de les payer en USD mais les prix sont tellement majorés qu’il est préférable de faire un peu de change et de payer en monnaie locale. Les bus locaux s’apparentent aux Chicken Bus du Guatemala, ils ne sont pas confortables mais au Honduras, ils avancent. Nous avons dû changer de bus dans la ville de Choluteca, mais la correspondance s’est faite à la minute, nous n’avons pas eu à attendre. Le deuxième bus nous a directement mené jusqu’au poste frontière. Il faut reconnaître qu’en Amérique Centrale quand la destination du bus c’est la frontière, on nous emmène vraiment jusqu’au dernier bout avant la douane!

Sortir du Honduras n’est également qu’une simple formalité, si nous faisons abstractions des rabatteurs pour le change qui sont aussi insupportables qu’à Bali. Nous avons également traversé le no man’s land sur un pont enjambant une rivière même si le paysage n’était pas aussi pittoresque que la frontière précédente. Au fait, pourquoi ne nous sommes-nous pas arrêtés au Honduras? Parce que le pays est vraiment réputé insécure, nous ne voulons pas nous mettre en danger inutilement surtout que les quelques points d’intérêt se trouvent sur la côte Caraïbe alors que nous sommes plutôt du côté Pacifique et, comme vous le savez déjà, nous avons un timing à respecter.

Côté Nicaragua, notre passage en douane a été plutôt épique. Pas de bol, nous sommes arrivés en même temps que deux gros bus bondés venant du Guatemala, ça n’a pas sûrement aidé les choses à bien se passer. Déjà, il faut s’arrêter dans une petite cahute pour le contrôle sanitaire où on nous demande également notre certificat de vaccination COVID. Jusque là, rien à signaler et le personnel a même été super sympa. C’est à l’immigration que ça se corse! Nous sommes également tombés sur l’employée de la douane la plus antipathique qui soit, ce qui a probablement rendu les choses plus désagréables. Nous avons également dû remplir un formulaire en ligne au préalable pour l’entrée dans le pays qui a dû disparaître dans les méandres de l’informatique puisque personne ne l’a retrouvé. Ce n’est sûrement pas de notre faute car tous les voyageurs occidentaux se sont retrouvés dans le même cas que nous. On nous confisque nos passeports et on nous fait poireauter des plombes sans explication. Quand enfin on récupère nos précieux sésames on nous demande encore 13$ chacun, 10$ pour la carte touristique et 3$ pour la taxe douanière, payable en USD UNIQUEMENT! Nous avions tenté de payer en cordobas, la monnaie nicaraguayenne, nous nous sommes faits remballer comme des malpropres. Tout ça pour ne même pas avoir droit à un nouveau tampon sur notre passeport!

Mais nos mésaventures ne sont pas encore finies, il faut passer nos sacs au scanners. Van se fait fouiller son backpack parce que notre console pour les ports USB pourrait passer pour un drone, objet totalement interdit au Nicaragua. Sur ce coup-là, pas de problème, les gars font juste leur boulot. Ce qui nous a un peu énervés, c’est que les deux employés du scanner ont décidé de nous snober et de ne communiquer que par signes. Nous leur avons pourtant dit que nous comprenions parfaitement l’espagnol, mais rien à faire, ils ont refusé de nous parler! Entre la fatigue du voyage, la chaleur (37 degrés!) et le personnel de douane vraiment irrespectueux, nous commençons à voir rouge. Evidemment, nous savons qu’il ne faut absolument pas s’énerver au risque d’aggraver notre ca et nous voir refuser l’accès au pays. Alors Fab, très calmement, a sorti toutes les affaires du sac qui a été fouillé et a pris le temps de tout ranger comme il faut en prenant bien soin de plier les petites culottes à Van devant le gars de la sécurité qui est parti en PLS en voyant son manège! Au moins, ça n’a pas tourné au vinaigre, ça nous a permis de nous calmer tout en ayant notre petite vengeance.

En général, le passage en douane donne une première impression assez juste sur le pays. Nous espérons cette fois-ci que ce ne soit pas le cas sinon nous allons vraiment détester ce pays!

frontière entre le Honduras (à gauche) et le Nicaragua (à droite)

Malgré avoir perdu presque deux heures dans ces procédures douanières à la con, nous trouvons un bus pour Chinandega, puis León assez facilement. Notre but était d’y arriver avant la nuit! Pari réussi, à cinq minutes près!

León

les maisons colorés du centre historique

León est la deuxième ville du Nicaragua et le centre universitaire principal du pays. Bien qu’elle porte le nom d’une ville du nord de l’Espagne, elle a été fondée en 1524 par Francisco Hernandez de… Córdoba, bien plus au sud! C’est la première ville du territoire actuel du Nicaragua à avoir été fondée par les conquistadors espagnols. Elle a été la capitale du pays dès 1839 lors de l’indépendance, en alternance avec sa grande rivale, Granada. La rivalité entre les deux villes prit une telle importance qu’en 1858, on transféra définitivement la capitale à Managua. Il en reste un petit centre historique aux maisons colorées. Ce n’est pas la ville coloniale la plus pittoresque d’Amérique Latine mais nous y avons trouvé quelque-chose d’incroyable! Une licorne? Presque! Une zone piétonne! C’est tellement rare sur ce continent! Oui, en tant qu’Européens, nous avons tendance à faire une fixette sur les zones piétonnes mais c’est tellement plus agréable de se promener en ville sans se faire déranger par les voitures.

De gros chats

León signifie tout simplement lion. Il est donc tout à fait logique que le roi des animaux soit le symbole de la ville de León. On en voit un peu partout dans le centre historique surtout que c’est un animal qui représente la puissance et le pouvoir. De quoi en boucher un coin à la rivale de toujours, Granada, qui elle ne porte que le nom d’un fruit.

Basilica Catedral de la Asunción

Construite en 1747 dans le plus pur style baroque espagnol, cette cathédrale d’une blancheur étincelante peut se targuer d’être la plus grande de toute l’Amérique Centrale. Rien que ça! C’est un tel mastodonte qu’elle a résisté à tous les tremblements de terre de son histoire! Même l’UNESCO en a été impressionné au point de l’inscrire sur sa liste du patrimoine mondial. Certes, c’est une énorme édifice, surtout pour l’époque, mais ce n’est pas la cathédrale qui nous a le plus subjugués.

El Calvario

León regorge d’églises mais rassurez-vous nous ne nous y sommes pas arrêtés à chacune d’entre elles. Celle du Calvario nous a attirés grâce à sa superbe façade « rouge sévillan » et à ses fresques. Elle date du XVIIe siècle et est de style baroque espagnol typique de l’époque.

Viva la revolución!
Street Art en l’honneur du front étudiant révolutionnaire

Nous avons trouvé un peu de street art à León mais en y regardant de plus près, nous nous sommes aperçus qu’il ne s’agit pas seulement d’art mais de véritables hommages à plusieurs épisodes historiques du Nicaragua et de la région de León du XXe siècle.

Le 23 juillet 1959, une manifestation étudiante se tient à León pour contester contre le massacre d’El Chaparral (Honduras), un mois plus tôt, dans lequel fut blessé Carlos Fonsecca, le fondateur du front sandiniste de libération national (un parti communiste construit sur le modèle marxiste-léniniste) qui essaie de renverser le dictateur au pouvoir. Mais la Garde Nationale ouvre le feu sur les manifestants tuant 4 personnes et blessant plus de 60 étudiants.

Depuis cet évènement, les sandinistes, du nom d’Augusto Caldéron Sandino, premier révolutionnaire nicaraguayen du XXe siècle, prennent de l’ampleur dans la région en essayant de lutter contre les somozistes, du nom de Somoza, la famille de dictateurs au pouvoir. En 1978, une grande partie de la population de León, majoritairement sandiniste, se soulève contre le gouvernement et, malgré l’intervention de l’armée, se retrouve victorieuse en 1979.

Nous avons méga résumé les évènements historiques, mais voilà en gros l’idée. De toute façon, en tant qu’étrangers, nous n’avons pas le droit d’exprimer une quelconque opinion sur la politique locale. Nous ne pensons pas que notre modeste blog soit surveillé mais dans le doute, nous préférons nous abstenir. Nous avons juste voulu comprendre tous ces hommages.

Côté Playa

Non León ne possède pas sa propre plage mais ne se situe qu’à une petite vingtaine de kilomètres de l’océan Pacifique. Après plus d’un mois passé loin du littoral, nous n’allions quand même pas passer l’occasion de nous rendre au bord de la mer! Les bus locaux nous emmène en une petite demi-heure à Las Peñitas, une petite station balnéaire. Nous avons préféré faire le petit détour jusqu’à Poneloya, le petit village de pêcheurs voisin. Il y a une magnifique plage de sable volcanique complètement déserte! Par contre, pour la baignade, ce n’est pas top, il y a vraiment trop de courant. Dommage, car l’eau est vraiment bonne! Mais c’est un véritable paradis pour les surfeurs.

Le clou du spectacle c’est la magnifique mangrove qui borde la plage. Le temps s’y est arrêté entre les quelques bateaux de pêcheurs qui rentrent depuis le large, différents échassiers essayant de trouver leur nourriture dans la vase à marée basse et les goélands qui guettent l’arrivée des pêcheurs dans l’espoir de piquer quelques restes de poisson. Le paysage y est incroyable entre la mangrove, le sable noir et les volcans que nous apercevons au loin! La mer nous avait trop manqué, nous ne sommes pas déçus de cette plage-là!

León est, pour l’instant, la ville la plus agréable que nous avons visitée depuis notre arrivée en Amérique Centrale. Elle est piétonne (oui, on y tient!), jeune, étudiante, dynamique, tout en ayant une culture et une histoire très riches. La vie nocturne est également très sympa et nous permet de goûter le rhum local, très bon et très aromatisé dans des bars souvent situés dans les jolis patios des bâtiments coloniaux.

Apparemment, le passage en douane du Nicaragua est l’exception qui confirme la règle car ce pays nous semble au premier abord très cool et très accueillant! Nous avons en tout cas eu un véritable coup de cœur pour cette première étape.

Sevilla, un concentré d’Andalousie dans un musée à ciel ouvert

Un voyage en Andalousie ne serait pas complet sans une visite dans sa capitale. Et comme notre train de retour pour Valence partira de Séville, autant en profiter de s’y arrêter quelques jours surtout que le patrimoine historique est très riche. Il paraîtrait même que c’est un des plus riche d’Europe!

C’est d’ailleurs tellement riche et super cool que pendant que nous habitions à Jerez de la Frontera, 80 kilomètres plus au sud, en 2022, nous avons choisi Sevilla comme destination de notre abonnement RENFE gratuit auquel nous avions droit grâce aux mesures gouvernementales anti-inflation.

La torre de Oro sur les berges du Guadalquivir

Séville n’est pas une ville inconnue puisque nous l’avons déjà visitée par le passé. Mais y revenir était une bonne idée car les urbanistes ont fait un sacré boulot (pistes cyclables, piétonisation du centre-ville, tram, réaménagement des berges du Guadalquivir,…) transformant une ville infernale et polluée en endroit très agréable à vivre. Fab a également pu voir la ville sous le soleil car, lors de ses deux précédents passages, la météo n’était pas au beau fixe. Dans le genre « pas de bol », il a fait très fort car l’Andalousie est une des région les plus arides d’Europe avec une pluviométrie de moins de 300 mm par an et il a réussi à se choper la pluie à chaque fois!

La cathédrale catholique vue à travers une porte musulmane

Centre historique

Séville est la quatrième ville d’Espagne et possède le titre officieux de « capitale du sud », elle a donc un centre historique digne de ce nom et de son histoire très éclectique. Comme tout le sud de l’Espagne, la ville a vu défiler les Romains, les Wisigoths, les Arabes, les rois catholiques, et plusieurs guerres. A noter qu’en période de Covid-19, plusieurs édifices sont fermés à la visite. Mais vu le temps splendide et les températures estivales, nous n’avons pas été frustrés de devoir rester à l’extérieur surtout que le centre-ville est un vrai musée à ciel ouvert.

L’architecture mudéjare est également bien présente à Séville, les musulmans ayant occupé la ville pendant plus de deux siècles.

Plaza de Cabildo

Comme Salta en Argentine, Séville possède sa place du cabildo qui signifie bordée d’arcades. Elle est située derrière la cathédrale, à laquelle elle appartient. Elle a été construite sur un plan semi-circulaire de sorte à donner de la fraîcheur tout au long de la journée pendant les canicules estivales très courantes en Andalousie.

Cathédrale Santa Maria de la Sede

Ce monstre gothique est la plus grande cathédrale d’Espagne. C’est également la troisième cathédrale gothique du monde après Westminster et Milan. Elle date du XVe siècle et a été construite sur le site de l’ancienne grande mosquée de la ville. Il en subsiste aujourd’hui la Giralda, le campanile de style mudéjar qui en était le minaret. C’est une tour de 104 mètres de haut, le plus haut clocher du pays, qui a été construite sur le modèle de la mosquée Koutoubia de Marrakech. Un clocher de style Renaissance a été rajouté lors de la conversion de la mosquée en cathédrale.

Torre del Oro

Cette tour de 36 mètres date du début du XIIIe siècle, en pleine période musulmane, et a été construite afin de contrôler l’accès à la ville depuis le fleuve Guadalquivir (oui c’est le même fleuve qui traverse Cordoba). Son nom (tour de l’or en français) proviendrait de l’aspect doré qu’elle arborait à l’époque. Une autre hypothèse raconte que son nom vient de l’or ramené en Espagne lors de la conquête des Amériques aurait été conservé dans la tour.

Triana

Triana est à Séville ce que Trastevere est à Rome, un ancien quartier ouvrier de l’autre côté du fleuve devenu branché. C’était le quartier gitan et celui des artisans notamment dans le domaine de la poterie et des azulejos, les céramiques typiquement andalouses. Aujourd’hui, les bars et les restos branchés ont pris le relais mais il y règne toujours une ambiance assez détendue.

Exposition ibéro-américaine de 1929

Plaza de España, le point d’orgue de l’Expo de 1929

A la fin du XIXe siècle, l’Espagne perd ses dernières colonies américaines. Elle doit donc redorer son blason et essayer de lier des liens d’amitié avec l’Amérique hispanophone. Séville est la ville qui a été choisie pour organiser cette manifestation car l’Andalousie est considérée comme la capitale de la colonisation américaine. L’Expo devait se dérouler en 1911 mais entre la Première Guerre Mondiale et les différentes crises politiques qu’a connu le pays à l’époque (et qui en connaît toujours aujourd’hui, mais de moindre importance) elle n’ouvrit ses portes qu’en 1929. Quelques pavillons sont encore debout et ils sont occupés par des musées, par l’université de Séville et, pour la Colombie, par un consulat.

Théâtre Lope de Vega

Ce magnifique bâtiment de style baroque italien, qu’on doit à un architecte valencien, a été construit exprès pour l’Expo pour y abriter un théâtre et un casino pendant la manifestation. Malgré les dégâts causés sur l’édifice par la Guerre Civile et les crues du Guadalquivir, quelques représentations théâtrales ont continué à être jouées au milieu du XXe siècle. Ce n’est qu’après la transition démocratique, dans les années 1980, que des campagnes de restaurations ont été lancées , avec succès. Aujourd’hui, le théâtre est très actif avec plus de 180 représentations par an (hors Covid, bien sûr!). Nous, nous lui trouvons un petit air du magnifique palais Sans-Souci, à Potsdam près de Berlin.

Pavillon mudéjar
Le pavillon mudéjar sur la Plaza America

Comme son nom l’indique, ce pavillon, construit entre 1913 et 1915, représente le passé mudéjar de la ville de Séville et de l’Andalousie en général. L’architecture n’a pas été laissée au hasard et le style de l’époque musulmane a été reproduit jusque dans les moindre détails. Aujourd’hui, il abrite le musée des coutumes et des arts populaires.

Plaza de España

C’est le clou du spectacle de l’Exposition et les Sévillans en sont très fiers! Il y a de quoi! Encore aujourd’hui, presque 100 ans après sa construction, elle en jette toujours autant et fait partie des places les plus spectaculaires d’Espagne, voire d’Europe! La symbolique du lieu est très forte. La forme ovale de la place signifie l’Espagne accueillant à bras ouvert ses anciennes colonies tout en étant tournée en direction du Guadalquivir qui représente le chemin vers l’Atlantique, puis l’Amérique. La défaite des guerres d’indépendance, la perte des colonies et du prestige en découlant avait encore du mal à passer dans le Royaume à l’époque d’où la tentative, presque désespérée de redorer son blason et son égo avec cette place de mégalo. Pendant la manifestation, le palais abritait une exposition très nostalgique retraçant l’histoire de la conquête espagnole en Amérique.

Les azulejos
tableau en Azulejos représentant la province de Valencia

Afin de montrer au monde la splendeur de l’art andalou, des centaines d’azulejos ornent le palais et les alentours de la plaza de España. Il y a cinquante magnifiques tableaux représentants chacune des cinquante provinces d’Espagne accompagnés d’une carte géographique. Nous, qui sommes passionnés de géographie, avons pris le temps de nous arrêter sur chacune d’elles rallongeant par la même occasion notre liste à idées, déjà bien conséquente, de lieux à visiter!

Santiponce

Théâtre romain au cœur de Santiponce

C’est notre conductrice de Bla-Bla Car qui nous a conseillé de nous rendre à Santiponce et comme souvent les conseils des locaux valent la peine, nous avons tenté le coup surtout que la localité est très accessible avec le bus urbain depuis Séville.

Mosaïque romaine en superbe état de conservation

Santiponce est un petit village typique andalou un peu endormi avec ses maisons blanchies à la chaux. Il y règne un calme absolu. Difficile à croire que la trépidante Séville n’est distante que de sept petits kilomètres!

Monastère San Isidro del Campo

Nous qui avons passé ces derniers jours à traquer l’art mudéjar dans chaque édifice nous avons été surpris par l’architecture gothique et les peintures 100% Renaissance de ce monastère. Elles nous ont paru presque exotiques! Le monastère a été fondé au début du XIVe siècle par Alonzo Pérez de Guzman, un seigneur local, dans le but d’en faire son mausolée familial. Il a ensuite été donné aux cisterciens qui occupent toujours le monastère aujourd’hui.

Italica
Ancien temple de Neptune

Italica était une ville romaine importante située dans la localité actuelle de Santiponce. C’est la première ville romaine fondée en Hispanie (l’Espagne et Portugal actuels) et en dehors de la péninsule italienne. Les empereurs Trajan et Hadrien y sont nés. Il y a un site archéologique qui ne nous montre qu’une petite partie de la ville car tout n’a pas encore été fouillé par les archéologues. On y retrouve un amphithéâtre, des thermes, des habitations, des temples, une voie romaine et de superbes mosaïques encore bien conservées.

Santiponce est un conseil que nous avons bien fait de suivre. C’est facile à s’y rendre en bus depuis la station d’autobus de la Plaza de Armas de Séville et les visites sont gratuites si vous êtes citoyens de l’Union Européenne, sinon, l’entrée au site archéologique vous coûtera 1,50€

La mosaïque aux oiseaux d’Italica

Une vie ne suffirait pas pour tout voir à Séville tellement le patrimoine historique est riche mais y passer quelques jours en vaut déjà la peine! Nous sommes très contents d’y être retournés car la ville a vraiment changé d’aspect grâce à un urbanisme au top et nous avons aussi beaucoup modifié notre façon de voir les choses après notre voyage au long cours.

Le pont Isabel II reliant le centre historique au quartier de Triana

Voilà, Séville est notre dernière étape de notre trip dans le sud de l’Espagne. C’était une super (re)découverte et nous avons pu profiter des températures encore estivales et d’un soleil très généreux. Ce petit voyage aura été très culturel et urbain car nous sommes partis en minimalistes, à la base uniquement pour quelques jours et nous n’avons pas pris nos affaires de randonnée mais nous n’avons pas économisé nos pas pour autant! Promis, nous nous rattraperons avec les marches dans la Sierra Calderona près de chez nous! Nous allons également préparer sérieusement notre migration pour l’hiver mais vu les circonstances actuelles, ça promet d’être compliqué et sans aucune garantie. Nous avons une quantité invraisemblables d’idées mais nous ne savons pas du tout ce qui pourra être concrétisé. D’ailleurs, dans cet article, nous vous avons glissé un indice sur une des destinations sur laquelle nous planchons pour cette hiver. Sauriez-vous la retrouver?

Cordoue, son pont romain et sa mezquita

En général, nous préférons utiliser le nom des villes dans leur langue originale, surtout si elle est latine, mais comme nous avons déjà un article intitulé Cordoba, sur la ville du même nom en Argentine, nous voulions éviter toute confusion.

Voilà, ces considérations linguistiques étant réglées, nous pouvons entrer dans le vif du sujet : la visite de la belle ville de Cordoue (ou Cordoba si vous préférez).

Vue sur la Mezquita et le pont romain depuis le Rio Guadalquivir

Cordoba, c’est la carte postale typique de l’Andalousie : des maisons de type andalou blanchies à la chaux, de l’architecture mudéjare à chaque coin de rue, un climat semi-désertique, des patios fleuris et un centre historique de ouf.

Cette fois, nous inversons les rôles par rapport à Grenade, c’est Van qui avait visité la ville en coup de vent, toujours en 2006 (on ne rajeunit pas!) tandis que Fab avait pris plus de temps sur place et eut un véritable coup de cœur pour Cordoba.

Le Centre historique

Le centre historique, un des plus grands d’Europe, est un véritable musée à ciel ouvert! Il a d’ailleurs été inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Il suffit juste de déambuler à travers les petites ruelles bordées de maisons blanchies à la chaux pour découvrir des milliers de trésors architecturaux ou décoratifs. Par contre, beaucoup d’édifices sont fermés à cause de la Covid-19 ou ouverts seulement sur rendez-vous.

Plaza de la Corredera

Et non, ce n’est pas la Plaza Mayor de Madrid même si la ressemblance est troublante! C’est une énorme place de 113 mètres de long et de 55 mètres de large qui date du XVIIe siècle. C’est un architecte de Salamanca (Castille-et-Léon, nord de l’Espagne) Antonio Ramos Valdés qui conçut les dessins de la place. Voilà pourquoi, elle ressemble beaucoup à certaines grandes places de villes du nord de la péninsule ibérique. Aujourd’hui, elle est principalement utilisée pour des manifestations festives (hors Covid, évidemment!)

Le temple romain

Déjà à l’époque romaine, Cordoba était une ville importante puisqu’elle était la capitale de la province d’Hispanie Ultérieure qui couvrait grosso modo l’actuelle Andalousie ainsi que l’Algarve. (sud du Portugal) A la place de ces superbes colonnes corinthiennes en marbre devait se trouver la mairie. Mais lors de sa construction dans les années 1950, les vestiges d’un temple romain apparurent faisant stopper les travaux. Le temple date de l’époque des empereurs Claude et Domitien. Cordoba regorgerait de ruines romaines mais elles n’ont pas encore fait l’objet de fouilles archéologiques.

Le pont romain
Le pont romain qui permet d’accéder à la Mezquita

Le pont d’origine date, comme son nom l’indique de l’époque romaine, plus ou moins de l’an 45 avant J-C. Mais il fut détruit au Xe siècle. Les califes maures (les musulmans donc) le reconstruisirent quasiment à l’identique. Le pont eut droit à plusieurs rénovations à travers les siècles depuis la Reconquista (la conquête catholique du sud de l’Espagne dès le XIIIe siècle) jusqu’en 2008. Il traverse le Guadalquivir, le cinquième fleuve de la péninsule ibérique et le plus important d’Andalousie. Sur la rive gauche, on accède au pont par la Torre Calahorra, une superbe tour fortifiée datant du XII. Lors d’une rénovation au XVIIIe siècle, les catholiques y ajoutèrent une statue de l’archange Raphael. En plus d’être vraiment beau, cet ouvrage offre un superbe point de vue sur la Mezquita, le centre historique et la Sierra Morena en arrière-plan.

Les moulins du Guadalquivir
Moulin de la Albolafia datant de l’époque romaine

Le long du Rio Guadalquivir, dans toute la province de Cordoba, se trouvent les vestiges de quelques moulins datant de l’époque romaine jusqu’au XVe siècle. Vu le climat aride de la région, la farine était considérée comme l’or blanc à l’époque. Certains moulins ont été restaurés mais la plupart ont volontairement été privés de rénovations car diverses espèces d’oiseaux en ont fait leur lieu de villégiature et les autorités ont décidé de reconvertir ces lieux en réserves naturelles.

Côté Arabe
La Casa Arabe et son patio

Pendant la période musulmane, Cordoba prit encore de l’importance en devenant la capitale du califat de Cordoue qui, du temps de sa splendeur, comprenait les territoires actuels du sud de la Catalogne, l’Aragon, la Castille-la-Manche, la Communauté Valencienne, la région de Murcia, l’Andalousie, l’Extrémadure, les Baléares, la partie sud du Portugal depuis Porto, toute la pointe de Tanger et Melilla. De quoi bien se la péter! Les califes de Cordoue appartenaient à une branche des Omeyyades, des gars de Damas qui ont régné sur tout le monde arabe pendant des siècles! Rien que ça!

Aujourd’hui, une bonne partie du centre historique garde des témoignages architecturaux de cette époque bénie.

La mezquita

C’est le bâtiment emblématique de Cordoba! Mezquita signifie mosquée en espagnol. Donc c’est encore une cathédrale construite sur une mosquée. Mais pas seulement! A la base, c’était un temple romain dédié au dieu Janus qui était le dieu des commencement, des fins, des choix et des portes. (Oui, les Romains avaient un rapport particulier avec les portes!). A la chute de l’empire, les Wisigoths (des espèces de barbares germaniques venus conquérir la péninsule ibérique) en ont fait une cathédrale catholique dédiée à St-Vincent vers 584. Ce n’est que 714 que l’église fut transformée en mosquée et de manière plutôt pacifique puisque les musulmans signèrent un accord avec les Wisigoths leur permettant d’exproprier la cathédrale. La première mosquée fut achevée en 786 mais fut agrandie trois fois jusqu’en 987. Elle devint alors la deuxième plus grande mosquée du monde après la Mecque! Lors de la Reconquista, en 1236, le roi Ferdinand III de Castille en refit une cathédrale de culte catholique qui est encore en vigueur aujourd’hui même si des commissions islamiques revendiquent le droit aux musulmans d’y prier, ce qui est, pour l’instant, formellement interdit.

Ce qui est vraiment fou avec ce bâtiment, c’est que l’architecture arabe n’a pas été détruite ou cachée durant la Reconquista, les catholiques y ajoutèrent juste quelques détails baroques typiques de l’époque. On peut y observer le mélange de ces deux styles totalement différents comme, par exemple, une porte de forme islamique ornée d’une fresque de la Renaissance racontant un passage de la Bible.

Le patio des orangers

C’est la cour intérieure de la mezquita et on y trouve, comme son nom l’indique des orangers, mais aussi des cyprès. L’entrée au patio est libre mais pénétrer dans le bâtiment vous coûtera 11€. Nous y avons renoncé trouvant le prix vraiment excessif pour visiter une église (ou une mosquée) qui plus est en travaux, surtout que nous nous en sommes déjà pris plein les yeux à l’extérieur. Là aussi, le mélange art musulman / art catholique est impressionnant.

N’oublions pas les juifs!

Nous pourrions presque comparer Cordoba à Jérusalem tant les trois religions monothéistes ont joué un rôle dans la culture de la ville. Les juifs séfarades (ceux originaires de la péninsule ibérique) étaient installés à Cordoba depuis l’époque romaine déjà. Ils ont vécu en plus ou moins bonne entente avec les musulmans mais c’était chacun son quartier! Les juifs étaient alors repoussés à l’extérieur du centre-ville. Ils ont pu regagner leurs anciens quartiers du centre-historique, appelés la Juderia, avec l’arrivée de Ferdinand III de Castille et la Reconquista. Mais le couperet tombe en 1492 avec le décret de l’Alhambra où les rois catholiques signent le bannissement de toutes les communautés juives (et toutes les autres non catholiques) de leur royaume. Décret qui ne fut abrogé qu’en 1967! Aujourd’hui, il ne reste juste quelques vestiges de la communauté juives dont la synagogue.

La synagogue date du XIVe siècle et a été construite dans le style mudéjar. D’ailleurs, si ce n’était pas indiqué, jamais nous n’aurions deviné que c’était une synagogue! Après l’expulsion des juifs, le bâtiment fut utilisé comme hôpital pour les patients atteints de la rage. C’est une des trois seules synagogues d’avant le décret de l’Alhambra encore existante en Espagne, les deux autres se trouvant à Toledo.

L’Alcazar des rois chrétiens

Il y avait une ancienne forteresse mauresque à cet emplacement mais il n’en reste pratiquement plus rien. L’alcazar actuelle date complètement de l’époque catholique (1328 environ) et a été renforcée pendant les diverses guerres qu’a connu le royaume d’Espagne. Sous le règne d’Isabelle la Catholique, le palais sert de tribunal à l’Inquisition et des salles d’interrogatoire et de torture y sont aménagées. C’est également dans ce bâtiment que Christophe Colomb s’est entretenu, à la même époque, avec le couple royal au sujet de l’expédition qui devait l’emmener en Amérique. (Et dire qu’à ce moment, il pensait rejoindre les Indes!) Au XIXe siècle, l’édifice devint une prison avant de devenir un bien historique sous la dictature franquiste.

Les patios

S’il y a bien quelque-chose dont Cordoba est fière, en plus de tout ce que nous venons de parler, ce sont ses patios! Un patio, c’est une petite cour intérieure, souvent avec une fontaine dans son centre, ornée d’arcades, de mosaïques et de fleurs. C’est typique de l’architecture de Cordoue et c’est un vrai havre de fraîcheur lors des températures caniculaires qui sont fréquentes dans la région. Il y a même, chaque année, le concours du plus beau patio de la ville! S’il y a une activité à faire à Cordoba (mais avec discrétion!), c’est de jeter un coup d’œil furtivement dans chaque ouverture de porte ou de fenêtre car il y a souvent un magnifique patio même si la maison paraît modeste au premier abord.

Voilà comment nous avons dépensé une partie du budget de la mezquita!
Un bon verre de rouge local , un salmorejo, et un artichaut à la Romaine (mais ce dernier n’est pas typique de Cordoba)

Cordoba a un centre historique de ouf et une histoire richissime mais ça ne lui suffit pas. Il faut en plus qu’elle ait sa propre gastronomie! Il a bien fallu que nous aillions voir ça de plus près surtout qu’elle a l’air plus créative que la cuisine espagnole. Nous avons testé pour vous :

– Le salmorejo : c’est une variante du gazpacho andalou (oui, Cordoba doit avoir son propre gazpacho). C’est une soupe de tomate froide à l’ail et à l’huile d’olive épaissie par de la mie de pain qui lui donne une texture crémeuse. On la sert en général avec des miettes d’oeufs durs et des petits carrés de jamon ibérico. (le jambon cru espagnol). C’est super bon et super frais pour les chaudes journées d’été qui dure presque toute l’année à Cordoba.

– Le pastel de Cordoba : une pâtisserie qui nous rappelle les saveurs du Moyen-Orient avec sa farce de fruits confits et sa cannelle. En général, elle se mange le 17 novembre lors de la fête patronale de la ville. C’est un régal pour nos papilles gustatives mais, pour notre indice glycémique, euh… mieux vaut ne pas savoir!

Nous n’avons pas tout goûté mais à Cordoba, on peut trouver des aubergines du calife (caramélisées au miel), du flamenquin (une sorte de cordon bleu) et, quelque-chose qui ne nous attire pas trop, de la queue de taureau.

Waw! Nous en avons vraiment pris plein les yeux et les papilles pendant notre visite! D’ailleurs, nous mettons officiellement Cordoba en tête des villes les plus belles d’Espagne! Et vous, quelle ville d’Espagne trouvez-vous la plus belle? N’hésitez pas à nous répondre car ça nous intéresse, ça pourrait même nous donner des idées!

Même s’il sera difficile de rivaliser avec Cordoba, nous sommes sûrs que l’Andalousie a encore quelques trésors visuels à nous offrir. Nous allons bien sûr vérifier que ce soit le cas!

Granada, l’Albayzin et autres merveilles mudéjars

Lorsque nous avons fait nos sacs pour notre petit trip vers Alicante , nous n’avions pas du tout prévu de nous retrouver aussi loin. Mais puisque nous étions déjà à Murcia, autant continuer plus au sud. Surtout qu’octobre est la meilleure saison pour visiter l’Andalousie, que Fab est super fan de l’architecture mudéjare, que cette année, dû aux circonstances actuelles, ce n’est pas blindé de touristes et que la région a été la deuxième communauté autonome d’Espagne (après la Communauté Valencienne, youhou nous sommes les meilleurs!) à sortir de la zone rouge pour les cas de Covid-19. Nous ne pouvions décemment pas ignorer tous ces signes du destin! Nous avons atterri à Granada (ou Grenade en français) car il y avait la meilleure offre de transports. Avec les paysages grandioses de la région de Murcia et de l’est de l’Andalousie, nous n’avons rien vu passer des cinq heures de bus qui séparent les deux villes.

Vue de la ville basse et de la Sierra Nevada depuis le sommet de l’Albayzin

Le nom de la ville provient bien de la grenade (le fruit, pas la bombe!) qui se plait bien dans cet environnement semi-aride où les journées restent bien chaudes mais où les nuits sont froides. D’ailleurs, actuellement, c’est le début de la saison des grenades et nous nous en donnons à cœur joie à savourer ce joli et délicieux fruit rouge. Oui, avec Van & Fab, on commence avec de l’étymologie avant de finir immanquablement par parler de bouffe! Nous sommes irrécupérables!

Une grenade en train de mûrir au soleil dans les jardins de la Grande Mosquée

Granada est une ville que nous avons déjà visitée auparavant, mais il y a longtemps. Fab y est passé en coup de vent il y a bien 15 ans mais la météo était exécrable et la ville ne lui a pas laissé un souvenir impérissable. Quant à Van, elle y a passé quelques jours en 2006 et mis à part un superbe centre historique, elle en garde un souvenir de ville infernale à la circulation anarchique, genre Saigon. Heureusement, les deniers de l’Union Européenne et des urbanistes au top sont passé par là et ont rendu la ville bien plus agréables avec un tram en site propre, des pistes cyclables, une circulation automobile limitée, etc…

L’Alhambra, vu de l’Albayzin
Avec la Covid 19, il faut tout prévoir à l’avance.

Et comme nous ne prévoyons rien, nous n’avons pas pu visiter l’Alhambra. Ce magnifique palais hispano-arabe du XIVe siècle est le plus prestigieux témoin de la période musulmane en Espagne. Déjà en temps normal, les visites sont limitées dans un souci de conservation de l’édifice. Avec la Covid-19, c’est encore plus restrictif : il faut se munir du pass d’entrée bien en avance sur internet. Ce que nous n’avons évidemment pas fait puisque, jusqu’au dernier moment, nous n’avions aucune idée de l’endroit où nous allions atterrir. Et comme notre séjour à Grenade coïncidait avec un week-end, c’était plus que mort pour obtenir des billets. Petite consolation, ça nous aura permis d’éviter d’exploser le budget car l’entrée coûte quand même 14€ par personne! Pour l’intérieur de la cathédrale, c’est exactement le même topo!

Pour une fois, nous allons vous donner un conseil que nous ne donnons en général JAMAIS! (Au contraire!) Si vous pensez visiter Grenade en ces temps de « nouvelle normalité », prévoyez toutes vos visites de monuments à l’avance! Ce n’est pas très rock and roll mais ça vous évitera de mauvaises surprises.

Quant à nous, nous avons profité pour visiter le reste de la ville de Grenade qui n’a de loin pas que l’Alhambra à offrir.

Vue de l’Alhambra et de la Sierra Nevada depuis le haut de l’Albayzin

La ville basse

Monastère de la Cartuja, du XVIe siècle

La ville basse a été construite après la conquête espagnole sur les musulmans même s’il y existe quand même, quelques édifices de l’époque arabe. Les façades sont colorées et les églises bien catholiques. Le quartier a été construit à la Renaissance et nous rappelle quelques villes sud-américaines comme Salta, Cuzco ou encore Quito, fondées à la même époque par les conquistadores espagnols et qui ont également un environnement montagnard.

Cathédrale de l’Incarnation

Elle n’est pas aussi grande que celle de Murcia, (quoique…) mais elle est tout aussi impressionnante. Dans tous les cas, les deux peuvent concourir pour le titre de plus belle cathédrale d’Espagne! Elle date du XVIe siècle et serait la première église du pays à être construite dans un style Renaissance même si des détails baroques et gothiques sont visibles. Une fois n’est pas coutume, elle n’a PAS été construite sur le site d’une ancienne mosquée.

Corral del Carbon

C’est un ancien caravansérail nazari (pas nazi!!) construit au XIVe siècle. Il se situe dans la basse ville car les caravanes ne pouvaient pas vraiment emprunter les petites ruelles bien étroites et en pente de l’Albayzin. Avec l’arrivée des catholiques, le lieu fut transformé en cour à charbon, d’où son nom mais l’architecture arabe n’a pas été dénaturée. C’est le seul caravansérail encore conservé d’Espagne.

Marché Alcaiceria

Encore un vestige de la période arabe dans la Basse Ville. A l’origine c’était la foire de la soie et aux épices. Le marché, ou Grand Bazar, a été construit au XVe siècle mais a été détruit dans un incendie au XIXe siècle. Une réplique a été reconstruite mais à la moitié de la taille originale. Aujourd’hui, il abrite des magasins de souvenirs.

L’Albayzin

Voici le quartier antique de Grenade qui n’aurait pratiquement pas changé depuis l’époque musulmane. Il se caractérise par ses maisons typiques andalouses blanchies à la chaux. Pour en profiter, il suffit de déambuler au hasard dans les petites ruelles du quartier. Mais munissez vous de bonnes chaussures! Le quartier est mal plat et les petites rues sont pavées de pierres inégales. C’est très esthétique mais c’est un enfer pour marcher. Donc laissez vos talons aiguilles ou vos tongs dans l’armoire et chaussez de bonnes baskets!

Le quartier est, avec l’Alhambra, inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et possède, comme on peut s’y attendre, quelques exemples d’architecture mudéjar.

La cerise sur le gâteau est le Mirador San Nicolas au sommet du quartier de l’Albayzin d’où il y a une vue incroyable sur l’Alhambra, la Sierra Nevada même si elle porte mal son nom en cette saison (nevada signifie enneigée) et sur la basse ville de Grenade.

Casa del Chapiz

Voilà à quoi ressemble une maison typique de l’Albayzin du XVIe siècle avec son patio et son jardin. Elle est idéalement située juste en face de l’Alhambra. Depuis 1932, la maison abrite le siège des études arabes.

Bañuelo

C’étaient les bains arabes de l’Albaycin. Ils datent du XIe siècle mais ont été construits sur les restes de thermes romains.

La mezquita mayor

Malgré son emplacement de choix dans l’Albayzin, en plein quartier musulman donc, cette mosquée ne date que de 2003! C’est la première mosquée construite depuis la conquête catholique de la ville en 1492. Elle a été construite selon le style blanc andalou du quartier mais reste très modeste. Après avoir vu les mosquées de ouf de Mascate et d’Abou Dabi, nous trouvons toutes les autres mosquées modestes. Par contre, la vue sur l’Alhambra n’a rien à envier à son voisin le Mirador de San Nicolas.

Le truc vraiment sympa de la mosquée c’est le mec qui tient son stand de thé à la menthe marocain et qui le sert dans des verres traditionnels. Santé!

Nous ne nous attendions pas à une mauvaise surprise en venant à Granada puisque nous y sommes déjà venu auparavant. Van qui avait déjà visité l’Alhambra à l’époque n’a pas été trop déçue de ne pas pouvoir y retourner et Fab a finalement trouvé son compte dans l’Albaycin. Donc, nous livrons un bilan plus que positif de notre week-end à Grenade.

Cette première incursion en Andalousie nous a motivé à pousser le vice plus loin et à aller (re)découvrir cette belle région. Nous allons redescendre en plaine, même si Grenade avec ses 800 mètres d’altitude ne se trouve pas vraiment en montagne. Un de nos buts (à Van surtout!) est de retrouver des températures estivales. A Granada les températures sont agréables en journée au soleil (24 degrés) mais les nuits et les matins sont très frais (8 petits degrés). Mais des pics à 32 degrés sont attendus au milieu de semaine et nous ne voudrions pas manquer ça!

Elche et sa palmeraie

Ce qu’il y a de bien avec Alicante, c’est qu’elle est située dans une région où il y a une multitude de choses à découvrir. Il suffit de prendre le train! Mais pour ça, il faut se rendre à la gare. Comme nous ne logeons pas directement au centre-ville, nous nous rendons à la petite halte de San Gabriel au sud du centre-ville plus proche qu’Alicante Terminal, la gare centrale. Nous n’avons pas pour habitude de vous parler des gares, surtout qu’en Espagne elle sont, en général, peu dignes d’intérêt mais quand celle-ci est située en bord de mer, ça vaut le coup d’œil!

Notre but du jour est de nous rendre à Elche, accessible en 15 minutes d’Alicante avec le Cercanias (le TER ou S-Bahn espagnol).

Tour de la Calahorra avec ses fenêtres d’architecture islamique (XIIIe siècle)

Nous avons trouvé Alicante très calme. Elche, c’est cent fois plus tranquille! C’est quand même en partie à cause de la pandémie. Pourtant, c’est la troisième ville de toute la Communauté Valencienne! Si vous aimez les villes dynamiques pour faire la fête, passez votre chemin! Par contre, si vous êtes férus d’histoire et fascinés par les Mille et Une Nuits, foncez!

l’Ayuntamiento (la mairie) d’Elche

Centre historique

Ici, il saute au yeux que le sud de la péninsule ibérique a un passé arabe! L’architecture islamique y est encore très présente! Certaines places nous ramènent au Maroc. Pourtant, la ville a un passé très multiculturel. Ce sont les Ibères qui les premiers s’y sont installé, suivi des Carthaginois, des Romains, des Wisigoths, des Arabes et enfin des Castillans. Vu l’ambiance du centre-ville, nous sentons que nous nous sommes rapprochés un peu de l’Andalousie.

La Dame d’Elche

A notre arrivée dans le centre historique, nous sommes accueillis par une femme au look particulier, la Dame d’Elche. Ce n’est pas une personnalité connue mais juste une sculpture. Mais pas n’importe laquelle! C’est sûrement l’œuvre d’art hispanique la plus ancienne (Ve siècle avant J-C). Cette statue haute de 56 centimètres a été découverte en très bon état de conservation sur le site romain d’Elche, à deux kilomètres du centre-ville. Il y a une cavité dans le buste qui servait probablement a y introduire des reliques, des objets sacrés ou des offrandes. L’œuvre originale se trouve au musée archéologique national de Madrid mais on peut observer des reproductions dans le centre-ville et au musée archéologique local.

Le Mystère d’Elche
Sculpture représentant un acte de la pièce du Mystère d’Elche

Le Mystère d’Elche, ou Festa, est une représentation théâtrale qui se tient chaque année au mois d’août dans la basilique. Elle se joue en valencien et en latin. Elle a été créée au XIIIe ou XVe siècle (tout le monde n’arrive pas à se mettre d’accord sur la date d’origine) et possédait des droits spéciaux car, selon le Concile de Trente, il était interdit de jouer une pièce de théâtre dans des églises. Chaque personnage était incarné par des hommes car il était interdit, à l’époque, aux femmes de prendre part à des représentations de ce genre. Cette pièce est unique en son genre car elle a été jouée sans interruption depuis sa création au Moyen-Age jusqu’à aujourd’hui. Elle a même eu lieu en cette année de pandémie, mais, évidemment, sous des conditions particulières. Grâce à son histoire et son caractère uniques, elle figure sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO.

La basilique Santa Maria

L’histoire se répète, la basilique a été construite sur les ruines de l’ancienne mosquée. La première église chrétienne, de style gothique, a été construite en 1265 lors de la conquête de la ville par Jaime I (oui, encore lui!) Le bâtiment actuel date des XVIIe et XVIIIe siècles et est de style baroque espagnol. Pour être francs, nous n’avions pas vraiment capté l’architecture baroque car, à part pour le portail sur la façade d’entrée, la basilique est plutôt sobre et de style bien médiéval. Rien à voir avec Vienne ou les villes italiennes où le baroque est beaucoup plus chargé.

Palais d’Altamira

La première partie du palais a été construite par les Arabes dès les XIIe siècle. Ensuite, il fut agrandi au XVe siècle par Guttiere de Cardenas, le premier seigneur catholique de la ville qui en fit sa résidence principale. Pendant la Guerre Civile Espagnole, il a été utilisé comme camp de concentration pour Républicains. Elche, comme sa voisine Alicante et toute la Communauté Valencienne, a été une résistante républicaine jusqu’à la victoire des Franquistes.

Le musée archéologique

Il se trouve à l’intérieur du palais d’Altamira et couvre toutes les époques depuis la période Ibérique. Les vestiges proviennent de diverses fouilles archéologiques situées dans les alentours d’Elche. Il est intéressant sans être trop pompeux. Il vaut la peine d’y jeter un coup d’œil surtout que l’entrée est gratuite! Nous ne l’avons pas mentionné dans nos précédents articles (ouh les vilains!) mais l’accès à la culture est très facile et peu couteux en Espagne. Pour l’instant, nous n’avons pas déboursé un centime pour une visite culturelle, un musée, un site archéologique, un château, etc…. Voilà, il valait la peine de le préciser.

Un des intérêts du musée est de pouvoir découvrir la cour intérieure du palais d’Altamira. On peut même y apercevoir les vestiges d’un ancien aqueduc romain!

Les remparts
La palmeraie qui déborde sur le palais d’Altamira

Le clou de la visite reste la balade sur les remparts supérieurs du palais d’Altamira. De là, il y a une superbe vue sur le centre-ville, la basilique Santa Maria et la palmeraie.

La palmeraie

C’est la raison principale de notre trip à Elche, même si le centre historique mérite à lui seul la visite. Avec ses 500 hectares, c’est la plus grande palmeraie d’Europe et même une des plus grandes du monde. Elle possède plus de 200’000 palmiers de plusieurs espèces mais aussi des cactus, des rosiers, des citronniers et d’autres espèces tropicales. Ce sont les Carthaginois qui trouvèrent un terrain propice à la culture du palmier-dattier, le climat de la région étant semi-aride. Les Romains qui arrivèrent par après y prirent bien soin. Les Arabes agrandirent la plantation et y installèrent un système d’irrigation. Depuis le Moyen-Age, la palmeraie fait l’objet de diverses lois de protection. Finalement, en 2000, l’UNESCO la met sur sa liste du patrimoine mondial. Nous avons adoré déambuler à travers les différentes espèces de palmiers. Nous ne nous y connaissons rien mais nous vouons un culte à ces arbres juste parce qu’ils nous rappellent le soleil et les climats chauds.

Aujourd’hui, la culture de dattes est plutôt modeste. La palmeraie a plutôt un intérêt touristique et paysager. D’ailleurs, le parc a été aménagé avec des fontaines, des bancs, des étangs, etc tout en gardant le style arabisant typique du sud de l’Espagne. L’effet est plutôt réussi, nous arrivons presque à croire que nous sommes en Afrique du Nord.

Elche vaut vraiment la peine qu’on lui consacre un peu de temps, et pas uniquement pour la palmeraie! Elle n’est située qu’à une petite vingtaine de kilomètres d’Alicante et est super accessible que ce soit par la route ou par le rail. Une journée de visite suffit amplement même en prenant tout son temps.

Pour la suite, nous allons nous rapprocher de la côte pour découvrir d’autres facettes du sud de la Communauté Valencienne.

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