L’altitude et la pollution à Xela commençant sérieusement à nous peser, nous prenons nos sacs à dos pour les poser dans un endroit moins élevé et plus naturel. Le lac Atitlan nous paraît une bonne option. Il ne se situe « qu’à » 1600 mètres d’altitude et comme nous sommes attirés par les plans d’eau, un lac nous paraît totalement approprié.
Le lac Atitlan est, évidemment, d’origine volcanique et s’est formé il y a environ 14 millions d’années. La forme actuelle du lac n’a « que » 84’000 ans et est due à l’éruption du volcan Los Chocoyos, une éruption tellement importante que les cendres ont couvert la superficie allant de la Floride jusqu’à l’Equateur. Tiens, ça rappelle une histoire de volcan islandais tout ça, mais à l’époque, il n’y avait pas de trafic aérien à bloquer. A la place d’un gros bordel aéroportuaire, nous avons une superbe caldera lacustre entourée de volcans culminant tous à plus de 3000 mètres.
Autour du lac, on y parle, en plus du castillan, le Tz’utujil qui est de la même famille que le kiché et qui, pour des oreilles novices comme les nôtres, contient les mêmes sonorités. Il y a environ 100’000 locuteurs de cette langue, l’équivalent de la ville de Lausanne, mais chaque village a son propre dialecte. Et dire que nous nous sommes toujours moqués des Suisses Allemands qui sont incapables de se comprendre d’une vallée à une autre!

San Pedro

Nous choisissons le village de San Pedro pour notre lieu de villégiature juste parce-que l’offre hôtelière nous convient. C’est le village le plus connu du lac Atitlan pour son côté chill et ses classes d’espagnol. Ben nous sommes toujours en train de chercher le côté chill. Le tourisme de masse est passé par là et les petites ruelles du centre se sont converties en boutiques de souvenirs, faux restaurants branchés et agences touristiques drainant une foule compacte cherchant à rentabiliser leur voyage en essayant d’escalader tous les volcans et de faire toutes les balades en bateau, sans compter le trafic infernal de moto-taxi dont les chauffeurs sont à l’affut des potentiels clients. Nous avons trouvé cette ambiance particulièrement stressante et pas du tout représentative du Guatemala. C’est le genre d’ambiance que nous nous attendions à trouver à Flores qui s’avère finalement beaucoup plus tranquille et moins portée sur le tourisme de masse.
Pour les classes d’espagnol, nous ne les avons pas testées mais il y a effectivement l’embarras du choix. Fab, qui est bilingue, peut se targuer de ne pas en avoir besoin. A Van, ça ne lui aurait pas fait de mal de prendre quelques cours mais nous commençons à être un peu limite avec le timing, nous vous expliquerons pourquoi plus tard… Elle continuera à apprendre le castillan à l’arrache en discutant de tout et de rien avec les gens. (#pipelette)
Il y a quand même une chose qu’il faut reconnaître. Malgré que le coin ait vendu son âme au tourisme de masse, la population locale est toujours autant souriante, affable et prête à nous aider. C’est ce dernier point qui est important pour nous et c’est ce dont nous allons nous rappeler plus tard.





Le village de San Pedro ne nous plaît pas mais le paysage de volcans entourant le lac Atitlan nous enchante. Nous prenons de la hauteur afin de mieux observer le panorama et puis, il ne faudrait pas que nous dérogeons à notre traditionnelle grimpette! Nous suivons la route qui va à Santiago où, à la sortie de San Pedro, il y a un mirador. Mais nous avons trouvé quelque-chose de plus fou. Il faut monter encore quelques mètres sur un chemin entre les caféiers. Il y a un petit café, judicieusement appelé « Café Panorama » qui offre une terrasse incroyable sur le lac et les volcans et qui sert un excellent café local sans gonfler les prix. La vue est à couper le souffle! Ces volcans qui se jettent à pic dans le lac ne sont pas sans nous rappeler le lac Majeur.
San Juan

Oui, il y a tous les saints de la Bible autour du lac Atitlan, le Guatemala étant un pays où le catholicisme est hyper présent. San Juan est la voisine directe de San Pedro et les deux villages sont facilement accessibles à pied même s’il est possible de s’offrir les service d’un moto-taxi pour 10 quetzales (1,20€ / 1,20 CHF) par personne. San Juan se veut plus artistique que sa voisine et c’est le cas. Il y a pléthore de galeries d’art et le street art décore les ruelles du centre-ville. Malheureusement, les sirènes du tourisme de masse sont également venues troubler la quiétude de ce joli village et c’est une multitude de boutiques de souvenirs « made in China » qui dénature l’âme de San Juan.
La promenade au bord du lac est assez tranquille mais le chemin est inondé juste à cause du vent! Il souffle tellement fort que le lac forme des vagues géantes qui viennent mourir sur la rive. Ce vent sec, violent et désagréable s’appelle le phénomène Xocomil. On dirait le nom d’un médicament mais en réalité c’est une légende locale qui raconte la jolie histoire d’amour entre les masses d’air froides venant du lac et les masses chaudes venant du sud. Leur rencontre est tellement explosive qu’elle forme une belle tempête qui peut durer de quelques heures à plusieurs semaines. C’est l’équivalent d’une tempête de foehn dans la vallée du Rhône ou de mistral en Méditerranée. C’est à dire que ça nous refile une belle gueule de bois sans que nous ayons consommé une seule goutte d’alcool!







Panajachel

Pour pouvoir continuer notre route à la découverte du Guatemala, il nous faut partir depuis l’autre rive du lac Atitlan. Il y a des lanchas qui effectuent la traversée pour 25 quetzales (3€/2,95CHF) et ça dure environ 30 minutes. Nous avons eu de la chance car le vent a fini par tomber et le lac est super calme. Les dieux de la navigation sont avec nous sur ce coup-là, surtout que les capitaines ont tendance à prendre la surface du lac pour un circuit de formule 1. Avec les vagues de ces derniers jours, ça aurait été un enfer!

La ville de Panajachel, affectueusement appelée Pana par les locaux, est super moche et ne présente que peu d’intérêt. Elle a été fondée par des moines franciscains, la ville s’appelle d’ailleurs officiellement San Francisco de Panajachel, encore une référence biblique, mais il ne reste de cette époque uniquement l’église catholique. Par contre, nous la trouvons bien plus agréable à vivre que San Pedro ou San Juan. Les ruelles à boutiques de souvenirs sont plus larges et sans tuk-tuk, on s’y sent moins agressés et le reste de la ville n’est pas du tout touristique. Il y a une petite promenade au bord du lac assez sympa et surtout entièrement piétonne! On y voit les volcans San Pedro et Atitlan qui sont reconnaissables par leur forme en triangle, comme sur les dessins des enfants.





Nous pensions, à la base, rester un peu plus longtemps dans la région mais contrairement à beaucoup de voyageurs qui sont venus au Guatemala, nous n’avons pas eu le coup de cœur pour le lac Atitlan. Certes nous avons été subjugués par les paysages, surtout par les volcans mais nous trouvons qu’il manque un supplément d’âme à l’endroit. Nous en avions peut-être trop attendu ou alors nous sommes un peu blasés, nous qui avons grandi à proximité des lacs alpins dont certains, comme les lacs nord-italiens ou le lac d’Annecy ressemblent fortement au lac Atitlan.
Nous avons largement préféré la région de Flores qui nous paraît sûrement plus exotique avec son environnement de jungle et ses pyramides mayas.
Rassurez-vous, cette petite déception ne va pas nous faire changer d’avis sur le Guatemala en général qui reste un pays vraiment génial et dont nous avons de très bons contacts avec la population locale, même si Van a zappé ses cours d’espagnol!