Medellín, la fascinante et dynamique deuxième ville de Colombie

Si nous avions suivi l’itinéraire que nous avions plus ou moins prévu depuis Salento, nous ne serions pas arrivés « si tôt » à Medellín. Mais voilà, la pluie, le froid et l’altitude nous ont un peu gavés des montagnes. Le coup de grâce nous a été donné à Manizales, la capitale du département du Caldas perchée à 2100 mètres d’altitude. Le temps a été tellement mauvais que nous n’avons pas pu profiter de cette ville qui, sans être un incontournable, a l’air vraiment sympa. Nous avons donc décidé de perdre de l’altitude et de prendre quelques degrés pour recharger un peu nos batteries et laver nos affaires d’hiver qui commençaient vraiment à demander grâce.

Arriver à Medellín en bus

Il y a deux terminaux de bus à Medellín, un situé au nord de la ville et l’autre au sud. Pour le premier, il n’y a pas de problème, il y a une station de métro située directement dans le terminal. (Ligne A, station Caribe) Par contre, si vous arrivez par le sud, c’est un peu plus compliqué, il faut prendre un taxi ou un Uber. Certains bus venant du sud s’arrêtent à la station de métro de Sabaneta (Ligne A également) ou à celle d’Estrella (terminus de la ligne A). C’est une bonne alternative pour éviter les bouchons et se rendre au centre-ville avec les transports publics.

Medellín

Medellín est la deuxième ville de la Colombie. Elle se situe dans une vallée au milieu de la cordillère centrale des Andes à 1500 mètres d’altitude. Donc, techniquement, nous sommes encore en montagne et ne sommes pas si descendus que ça. Pourtant, la différence climatique est notable. Medellín est surnommée la ville du printemps éternel. En vrai, ça veut dire que le temps change toutes les vingt minutes, comme au printemps! Plus sérieusement, c’est vrai que le temps est changeant mais la température reste agréable, autour des 25-26 degrés toute l’année, et ce malgré quelques gros orages le soir.

Medellín a été tristement célèbre dans les années 1970-1980 à cause de la violence qui y régnait. C’est la ville natale de Pablo Escobar, narcotrafiquant super connu, chef du tout aussi connu cartel de Medellín et qui, avec de nombreux compères, a fait régner la terreur sur la ville et sa région durant des décennies. Aujourd’hui, et depuis les années 2000, la ville essaie de renaître de ses cendres et de se réinventer grâce notamment à la technologie, à l’innovation, à la culture et à un urbanisme un peu plus vert. Est-elle en train de réussir son pari? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Medellín possède un super réseau de transports publics (métro, tram ou métrocable) très facile d’utilisation. Pour le paiement, le moyen le plus simple est de se procurer une carte « Civita » qui peut être utilisée par plusieurs personnes et de la charger aux machines présentes dans chaque station de métro. Un trajet coûte 3650 pesos (0,80€ ou 0,75 CHF) même s’il y a un transbordement sur une autre ligne ou sur le metrocable (télécabine).

Pour marcher dans la ville, il y a des trottoirs, des zones piétonnes ou des passerelles. C’est super piéton friendly! Les stations de métro ainsi que les sites d’intérêts sont super bien indiqués partout en ville.

Centro

Non, Medellín ne possède pas de joli centre colonial espagnol comme on pourrait s’y attendre. Elle s’est surtout développée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle grâce à la culture du café, à l’extraction de l’or et à l’industrie textile. Quelques jolis bâtiments de cette époque subsiste entre des barres d’immeubles horribles des années 1950-1960.

L’accès au centre se fait par les stations de métro Alpujarra (Plaza de Cisneros), San Antonio ou Parque Berrio (Plaza de Botero) par la ligne A ou Cisneros par la ligne B

NB : A noter qu’il est super déconseillé de se promener dans le centre une fois la nuit tombée.

Parque de las Luces

Son vrai nom est la Plaza de Cisneros mais elle est plus connue par son surnom : el parque de las Luces (le parc des lumières). Ceci à cause des trois cents tubes de vingt-quatre mètres de haut qui occupent le centre de la place et qui s’illuminent la nuit. A la base, cette place date de la fin du XIXe siècle et était le fief de la bourgeoisie locale. Elle a été totalement remaniée en 2002, lors du vaste programme de réurbanisation de la ville. Elle porte le nom de Francisco Javier Cisneros, un ingénieur cubain à l’origine du chemin de fer de Antioquia en 1874. Malheureusement, l’exploitation ferroviaire fut complètement démantelée en 1961. Des discussions sont en cours pour la réhabilitation de la ligne. Affaire à suivre donc mais on croise les doigts pour que ça se concrétise!

La logique voudrait, évidemment, que nous aillions voir ces tubes illuminés la nuit. Mais Medellín restant une grande ville colombienne qui n’a pas encore réglé tous ces problèmes, il est vivement déconseillé de se rendre sur la place de nuit. Nous n’allons donc pas tenter le diable et juste profiter de déambuler sur la place de jour.

Centro commercial Palacio Nacional

En suivant la rue piétonne Carabobo depuis la Plaza de Cisneros, nous tombons sur ce bâtiment de 1933 un peu austère de l’extérieur. A son inauguration, il comptait des bureaux de poste et de télégraphe, des tribunaux, des cabinets d’avocats ou encore des brigades de l’armée. Il fut laissé à l’abandon durant les années sombres des cartels avant de subir une cure de jouvence en 1993. Il abrite dorénavant un centre commercial dans lequel il faut absolument rentrer, non pas pour les boutiques qui n’ont rien d’extraordinaire, mais pour l’architecture intérieure. Dans les étages supérieurs, se trouvent des galeries d’art. Nous sommes totalement incultes en art donc nous ne pouvons pas vous dire si elles en valent la peine ou pas. Nous avons été plus fascinés par les lustres qui ornent le hall central. Même Dubaï n’a pas des malls aussi stylés!

Plaza Botero

La rue Carabobo nous emmène sur cette énorme place ornée de sculptures un peu improbables. Ce sont les œuvres de l’enfant du pays Fernando Botero (1932-2023) qui était connu pour peindre ou sculpter des formes tout en volumes et en rondeurs. Le reste de ses travaux est exposé dans le musée d’Antioquia qui jouxte la place et que nous n’avons pas été visiter par manque d’envie. Un autre bâtiment d’envergure de la place est la casa de la cultura Rafael Uribe Uribe (Non, nous ne sommes pas bourrés, il y a bien deux fois le nom Uribe!). Ce monstre néogothique est l’œuvre de l’architecte belge Augustin Goovaerts à qui on doit également le Palacio Nacional cité plus haut. Il a toujours été dédié à la culture et à des exposition. Il porte le nom d’un militaire et diplomate colombien qui fonda l’université en Colombie.

Nous avons eu un petit coup de cœur pour la statue du chien (dernière photo ci-dessous). Et vous, qu’en pensez-vous des œuvres de Botero?

Parque del Rio

Voilà un bel exemple de réaménagement du paysage urbain! A cette même place, il y a encore une bonne dizaine d’années, la rivière était canalisée et il y avait une énorme autoroute qui traversait la ville. Depuis, la rivière a été remise à l’air libre, l’autoroute a été enterrée et, le plus important, plus de cent mille arbres ont été plantés. Aujourd’hui, c’est une belle coulée verte en plein centre de Medellín avec des parcs, des terrains de sports, des places de jeu et même un sentier pieds nus!

On y accède par la station de métro Alpujarra. Le parc se trouve à quelques centaines de mètres de la Plaza de Cisneros.

Pueblito Paisa

Medellín nous a même offert notre petite grimpette traditionnelle du jour! Pour accéder au Pueblito Paisa il faut, en effet, grimper au Cerro Nutibara. Ça grimpe mais les chemins ou les escaliers sont très faciles à monter. Ce qui est top, c’est que la colline est couverte de végétation luxuriante où habitent plein d’espèces de la faune locale. On ne se croirait vraiment pas en pleine ville!

Quand au Pueblito Paisa en lui même, situé au sommet de la colline, c’est une reconstitution d’un village typique de Antioquia. Anti quoi? Antioquia, c’est le département dont Medellín est la capitale et qui est culturellement très riche puisqu’il fait presque la superficie de la Lettonie. Ça peut être intéressant d’y monter si vous êtes juste de passage dans le coin et que vous n’avez pas le temps d’aller dans les vrais villages de la région. Sinon, ça reste très touristique et très fake avec des restaurants surfaits et des boutiques de souvenirs. Seule l’église paraît authentique!

L’accès au cerro Nutibara et au Pueblito Paisa se fait par la station de métro Industriales (Ligne A) qui se trouve au pied de la colline. Nous, nous sommes montés sur l’autre versant via le Parque del Rio. Il y a une route d’accès (mais pas de parking!) jusqu’au sommet. Donc si vous ne voulez ou ne pouvez pas marcher, il y a la possibilité d’emprunter un Uber ou un taxi.

Avec un sommet qui culmine 80 mètres plus haut que le centre ville, nous avons pensé avoir une belle vue sur Medellín. Que nenni! La vue est obstruée par les arbres. Mais nous ne nous plaignons pas. C’est tellement agréable toute cette verdure! Et puis, pour être francs, Medellín n’est de loin pas l’endroit le plus photogénique de Colombie!

C’est la seule vue qu’on peut espérer avoir depuis le cerro Nutibara

Pour avoir une vue assurée sur Medellín, il faut emprunter le metrocable, le télécabine. Il part de la station de métro Acevedo (ligne A) ou de San Javier (ligne B). C’est ce que nous avons fait mais les vitres étaient trop sales pour avoir des photos potables. Nous avons toutefois quelques vidéos dans nos stories Instagram.

Malgré l’horrible reflet, vous pourrez voir sur notre dernière photo en bas à droite qu’il y a même une station qui s’appelle Andalucía!

Jardín botánico

C’est un véritable oasis de verdure et de paix de treize hectares que nous offre le jardin botanique. Il n’est pas super grand mais il offre déjà une grande variété d’habitats comme la forêt andine ou les zones désertiques. Notre coup de cœur a été la promenade au bord de l’étang où s’ébattent des oies des iguanes et des tortues.

L’accès au jardin est gratuit, il faut juste s’enregistrer à l’entrée. Dans les alentours, il y a également le planétarium et le Parque Explora, un musée des sciences qui a l’air vraiment ouf! Nous n’avons pas été les visiter car nous étions tellement content d’avoir un temps sec et en partie ensoleillé que nous voulions rester dehors le plus possible!

L’accès se fait par la station de métro Universidad (ligne A)

Nous y avons rencontré pas mal d’espèces de la faune locale. Evidemment, ces petites bébêtes ne posent pas facilement pour notre objectif. Nous avons quand même réussi à en immortaliser quelques-unes. Nous ne sommes pas équipés de téléobjectif pour la photographie animale donc la qualité de certaines de nos images laissent à désirer. (Sorry!)

Comuna 13

A Medellín, une comuna correspond à un district ou à un arrondissement de la ville. La 13 est connue pour avoir été l’antre de Pablo Escobar et de ses acolytes. C’était le quartier le plus craignos d’une ville déjà dangereuse et violente à la base! Sympa le tableau! Les petites maisons construites les unes sur les autres, à l’arrache ainsi que les labyrinthes de petites ruelles étaient propices à la discrétion que demande le trafic de drogue.

Après la mort de Pablo Escobar, les jeunes du quartier avec l’appui du gouvernement local œuvrèrent pour redynamiser le quartier notamment grâce à de superbes peintures murales. Nous déplorons juste que ces superbes fresques ne soient pas mieux mises en valeurs. Elles servent souvent de parking à scooters ou d’appui pour des stands de vente de souvenirs.

Nous sommes un peu dubitatifs sur cette comuna 13. Nous sommes totalement conscients que la transformation du quartier en highlight touristique permet à la communauté locale de vivre et elle le mérite amplement après les décennies d’horreurs qu’elle a vécues. Mais nous aurions pensé voir un endroit un peu plus dédié à la mémoire ou à l’histoire du quartier et moins un Disneyland pour touristes avec des boutiques, des miradors trop kitchs et des bars. D’ailleurs ce dernier point nous a bien surpris. Ayant visité le quartier de bon matin, nous aurions bien voulu nous arrêter sur une terrasse prendre un café. Mais non, il n’y a que des bars qui n’ouvrent que le soir ou certains éventuellement pour le repas de midi. Nous sommes donc redescendus bredouilles.

La Comuna 13 se trouve à l’ouest de la ville. On y accède par la station de métro San Javier (terminus de la ligne B). De là, il faut prendre un petit bus jusqu’au Parque de la Paz. Ensuite, il y a une bonne grimpette qui vous emmène au pied des fameux escalators qui montent jusqu’au sommet du quartier. Si vous avez contracté un tour, le guide viendra vous chercher directement la station de métro de San Javier.

Pour un vrai lieu de mémoire sur le passé de Medellín, il y a le bien nommé Museo Casa de la Memoria. Il traite sans aucune censure du passé violent de Medellín. A l’instar de la prison S21 de Phnom Penh ou du musée de la guerre à Saïgon, c’est vraiment glauque et on n’y ressort pas très bien mais c’est important de faire un véritable travail de mémoire pour, si possible, ne pas réitérer les mêmes erreurs.

Le musée se trouve vers l’arrêt du tram Bicentenario. C’est un gros bloc de béton gris, il est impossible de le louper.

Quand tout ne se passe pas comme prévu

A la base, nous étions censés repasser par Medellín après avoir vadrouillé un peu dans le département de Antioquia, notamment pour voir les décorations de Noël qui sont les plus importantes du pays. Nous les avons vues en train de se faire installer et c’est vrai que ça a l’air vraiment énorme! Nous avions également déjà un billet de bus depuis le Terminal Norte pour changer radicalement de région. Mais voilà, le pont du 8 décembre couplé avec un important concert ont fait qu’il nous a été impossible d’y trouver un logement! Ce n’est même pas qu’il n’y avait rien qui nous convenait ou rien dans notre budget. Il n’y avait absolument rien du tout! Nous n’avons jamais vu un truc pareil auparavant!

Par chance, nous étions déjà à Santa Fe de Antioquia à un peu plus d’une heure de route de là et notre bus ne partait « qu’à » 9 heures 45 du Terminal Norte. Nous y avons donc prolongé notre séjour, ce qui ne nous a pas trop dérangés puisque la ville est trop belle et que nous l’avons trop kiffée! Nous avons juste dû nous lever aux aurores le dernier jour pour être sûr de choper notre bus.

A défaut de belles lumières de Noël, nous vous mettons une jolie photo de Santa Fe de Antioquia comme un avant-goût de ce qui vous attend dans notre prochain article!

Malgré la petite déception de la Comuna 13 et la frustration de ne pas avoir pu voir les décorations de Noël, Medellín nous aura quand même bien plu. Non, ce n’est pas une jolie ville en tant que telle mais elle offre tout de même plein de choses à faire. Il y a une quantité de musées, que nous n’avons pas visités, mais qui montrent la richesse culturelle de la ville. Nous avons été impressionnés par le nombre d’arbres et d’espaces verts! Nous nous attendions à quelque-chose de bien plus infernal, pollué et étouffant! L’urbanisme est certes perfectible mais les efforts consentis ces vingt dernières années à rendre la ville plus agréable ont porté leurs fruits. Bien sûr, les inégalités sociales sont criantes et tous les quartiers, surtout ceux situés en hauteur, ne bénéficient pas de la qualité de vie du bas de la ville. Malgré les quelques mises en garde, nous n’avons pas ressenti d’insécurité. Bien entendu, nous avons respecté toutes les règles élémentaires de prudence!

Ça fait depuis notre arrivée à Cali qu’on nous rabâche qu’il faut absolument aller à Medellín et que c’est l’endroit le plus cool de Colombie. C’est vrai que pour ceux qui aiment les villes et leurs vibes, Medellín est un endroit idéal. Elle montre une autre facette de la Colombie, plus citadine plus moderne, plus jeune et plus dynamique et ça nous parle autant que le petit village perdu dans l’Eje Cafetero! La vie nocturne est assez intéressante surtout sur la Calle 70 et, pour les plus gourmands d’entre vous, il y a un choix presque infini de restaurants avec une gastronomie très variée, notamment dans le quartier de Poblado.

Bref, encore un endroit en Colombie qui nous aura conquis et que nous vous recommandons chaudement lors d’un voyage dans ce fabuleux pays même s’il ne fait pas partie des « lieux carte postale ».