Palomino et le parque nacional Tayrona, où la mer, la montagne et la forêt se rencontrent

Après avoir découvert les alentours de Santa Marta, nous continuons notre route, toujours sur la côte des Caraïbes. Nous entrons dans le département de la Guajira, le dernier avant le Venezuela, le plus pauvre et celui qui est un peu oublié de Bogota et du reste de la Colombie. Nous sommes ici en territoire du peuple Wayuu (oui ça se prononce voyou!), une population indigène qui vit dans les forêts de la Sierra Nevada où dans le désert de la Guajira tout au nord du pays. Ils vivent surtout de l’élevage et un peu de l’artisanat qu’ils vendent aux touristes de passage. Nous sommes super impressionnés comme ils se déplacent habilement sur les chemins défoncés de la forêt.

Palomino

Depuis Santa Marta, les bus pour Palomino partent du marché, juste à côte de ceux pour Minca, et un trajet coûte 13’000 pesos (2,80 € ou 2,65 CHF)

Le village de Palomino n’a rien de traditionnel et a été monté de toutes pièces pour les touristes. Ce sont surtout les surfeurs qui sont attirés par les belles vagues de la mer des Caraïbes. Nous ne pratiquons pas le surf mais nous aimons beaucoup la mentalité des adeptes de ce sport. Ici, pas de grands hôtels, juste quelques bâtisses composées de toits de chaume sur des poutres en bambou et des routes non asphaltées. Avec les vagues, la mer n’est pas du tout propice à la baignade mais la plage reste belle avec sa végétation luxuriante et les premiers sommets de la Sierra Nevada.

Rio Palomino

Le Rio Palomino se trouve à l’ouest du village et fait office de frontière entre le département de Magdalena, sur l’autre rive, et celui de la Guajira où nous nous trouvons. En face, c’est le parc national de Tayrona. La rivière est moins calme qu’elle paraît et le courant est assez fort pour pouvoir la descendre en bouée. Mais le plus impressionnant, ça reste les mangroves, les arbres et tout la faune qui habite les lieux. Nous avons aperçu deux énormes perroquets rouges juste magnifiques!

Parque Nacional de la Sierra Nevada

Palomino se trouve également au pied de la Sierra Nevada de Santa Marta. Il y a un sentier qui part directement au sud du village et qui pénètre dans le parc national. C’est une forêt sacrée pour les Wayuus donc il nous est demandé de la respecter notamment en n’y laissant pas de déchets et en suivant les sentiers balisés. Ça nous semble, évidemment, la moindre des choses mais apparemment, on ne le rappelle pas assez souvent.

La forêt est juste exceptionnelle mais la marche n’est pas de tout repos. Il y a déjà trois kilomètres de bonne grimpette pour nous mettre en jambe. Jusque là, c’est assez facile, mais ça monte bien! Ensuite, le sentier devient assez scabreux avec des pierres glissantes, des grosses racines et des grosses montées et descentes qui se succèdent sur près de sept kilomètres. Il faut en plus traverser la rivière à gué une bonne dizaine de fois. C’est rigolo les deux premières fois mais après, ça devient vite barbant. Cette balade n’est clairement pas à la portée de tout le monde même si c’est une des plus belles que nous n’ayons jamais faites! C’était également notre première marche post convalescence de gastro et pour une remise en route, c’était vraiment beaucoup trop ambitieux!

Attention, ce paragraphe n’est pas pour les arachnophobes!

Malgré la difficulté de la marche, nous avons quand même profité d’une faune et d’une flore exceptionnelles! Nous avons pu observer des oiseaux, des libellules et des papillons de toutes les couleurs, des écureuils, des fourmis géantes et quelques insectes chelous.

Nous n’avons réussi qu’à immortaliser deux de ces petites bébêtes :

  • un magnifique caligo qu’on appelle également un « papillon hibou » à cause de ses ocelles sur le bas de ses ailes qui rappellent effectivement les yeux d’un hibou.
  • une trichonephila clavipes, une araignée venimeuse mais pas agressive. Vu ses couleurs, nous nous sommes doutés qu’elle n’avait pas l’air très sympa et nous nous sommes abstenus de nous en approcher. Il paraît que sa soie est tellement solide qu’on l’a utilisée pour fabriquer des gilets pare-balles.

Parque nacional Tayrona

Il y a plusieurs façon d’appréhender le parc national du Tayrona, en coup de vent à la journée ou en y passant au moins une nuit. On y accède soit en bus depuis Santa Marta ou Palomino par les entrées de Calabazo ou d’El Zaino, soit en lancha depuis Santa Marta par l’entrée du Cabo San Juan. Si vous choisissez cette dernière option, sachez que les embarcations sont assez petites et que la mer est bien agitée. Il faut avoir l’estomac bien accroché!

Nous avons choisi l’option d’entrer par Calabazo car nous voulions tenter l’expérience de dormir dans la forêt et de faire la grande randonnée jusqu’aux plages. Nous avons également misé de passer le Nouvel An dans le afin d’y trouver moins de monde, les touristes allant plutôt faire la fête à Palomino. Bingo! Vu tout le monde que nous avons vu rentrer dans le parc quand nous y sommes sortis le 2 janvier, c’était vraiment le bon plan!

Quelle que soit l’option choisie, l’entrée du parc coûte 87’000 pesos (19,15€ ou 17,90) que vous y restez une heure ou trois semaines. C’est le prix de la haute saison. Il n’y a pas de dates précisées mais la basse saison correspond généralement à celle des pluies et des ouragans. Nous ne savons pas si ça vaut vraiment le coup d’économiser 20’000 pesos pour ça. Sachez également que le parc ferme durant quelques semaines, généralement en février puis en octobre-novembre, pour laisser la nature et la communauté indigène un peu en paix.

Au prix d’entrée, il faut ajouter 7000 pesos ( 1,55€ ou 1,45CHF) par jour passé dans le parc et par personne. C’est une assurance médicale obligatoire. A Calabazo, la communauté indigène demande également 5000 pesos (1,10€ ou 1 CHF) pour l’entretien de la route jusqu’à l’entrée du parc.

Bref, un passage par le parc Tayrona n’est pas vraiment bon marché! C’était notre cadeau de Noël. Espérons juste que ça vaille le coup! Réponse en images ci-dessous.

Le parc national Tayrona possède 15’000 hectares de forêts protégées et 3000 hectares d’aires marines protégées. Son altitude varie du niveau de la mer jusqu’à 900 mètres d’altitudes sur les flancs de la Sierra Nevada de Santa Marta. Ça en fait des écosystèmes différents! Le plus ouf ce sont les variations de climat et de températures sur des toutes petites distances!

Comme nous dormions à dix minutes de l’entrée de Calabazo, nous commençons par le chemin le plus long pour atteindre les plages. Le chemin est assez facile même s’il y a du dénivelé et il est bien indiqué. Lors de notre randonnée, il avait été un peu défoncé par le monstre orage de la veille. Mais comparé à la grosse marche de ouf que nous avions fait quelques jours avant à Palomino, ça reste presque une promenade de santé!

Nous avons bien entendu vu des dizaines d’animaux mais ce qui nous a le plus impressionnés, ce sont les cris des singes hurleurs qui portent d’ailleurs très bien leur nom! Nous les avons aperçus et c’est dingue comme un animal assez petit finalement (un mâle adulte fait entre quinze et vingt kilos) peut émettre un son pareil! Pour vous faire une idée, nous avons enregistré quelques sons sur nos stories Instagram sous l’onglet « Colombia ». On dirait plus le cri d’un jaguar que d’un petit singe!

Mirador Cima Tayrona

Après environ quarante-cinq minutes de marche, nous arrivons au mirador de Cima Tayrona qui est une montagne sacrée pour les populations indigènes et qui culmine à environ 450 mètres d’altitude. Ce n’est pas très haut mais il y a une grande prise au vent et un climat frais qui nous fait presque croire que nous sommes en haute montagne. Au sommet, on y trouve d’énormes pierres sacrées, une jolie place pour chiller dans des hamacs et une superbe vue sur la Sierra Nevada de Santa Marta même si, lors de notre passage, elle était bien cachée derrière de gros nuages.

La Playa

Il nous a fallu deux heures et demi de marche pour enfin arriver à la plage! L’endroit s’appelle Boca de Saco et est constituée de deux superbes plages sauvages. L’endroit est dédié au naturisme, pratique si vous avez oublié votre maillot de bain! La baignade y est toutefois déconseillée à cause des forts courants.

Cabo San Juan

C’est le highlight du parc national et c’est ici que débarquent les lanchas qui partent de Santa Marta. Donc c’est un coin assez couru, même à Nouvel An! Mais il faut reconnaître que ça en jette! En plus, la mer y est plus calme et il est possible de s’y baigner. Il est également possible d’y dormir en tente ou dans des hamacs. C’est très spartiate, comme dans tout le parc, il n’y a pas de réseau téléphonique ou 4G, pas de wifi et l’électricité ne fonctionne que de 18 heures à 22 heures. Mais l’expérience peut en valoir le coup.

Pour le retour, nous avons quand même choisi de prendre le chemin le plus court qui va à El Zaino. C’est mieux aménagé, un peu plus facile mais plus emprunté également. Mais il faut quand même compter plus d’une heure et demie de marche pour atteindre notre but! C’est assez complet de faire les deux chemins car, si le premier est de la pure forêt, le deuxième longe quelques plages et traverse de magnifiques mangroves.

Le seul qui a bien voulu poser pour notre objectif!

Le Tayrona possède une faune incroyable et nous avons eu la chance d’apercevoir une quantité de spécimens même si nous n’avons pas réussi à tous les identifier. Mais ces petite bébêtes sont farouches, rapides et ne se laissent pas capturer en photo. C’est la nature et c’est très bien ainsi finalement. Nous avons quand même réussi à avoir ce magnifique singe Titi, une espèce endémique du nord de la Colombie.

Alors, vaut-il la peine de casser sa tirelire pour une excursion au parc national Tayrona? La réponse est un grand OUI! Nous avons vraiment kiffé l’expérience! Le fait d’y avoir été à Nouvel An a sûrement décuplé le plaisir. A part à Cabo San Juan, nous étions quasi seuls au monde! Quand nous disons « seuls au monde », nous parlons évidemment d’êtres humains, car en vrai, nous étions loin d’être seuls! La forêt grouille de vie!

Nous avons également apprécié Palomino, son ambiance de surfeurs et sa nature environnante.

Nous avons hésité à continuer encore plus loin sur la côte vers le désert de la Guajira et la Punta de la Vela mais nous avons eu un peu de peine à nous remettre de notre gastro que nous avons préféré y renoncer. L’endroit est super sauvage, super roots sans eau courante et sans électricité. Nous avons préféré jouer la carte de la sécurité et revenir un peu plus tôt sur Santa Marta. Et puis, nous avons traversé l’Atlantique plus pour les forêts que pour les déserts!

Ce séjour entre Palomino et Tayrona nous aura finalement réconcilié avec la côte de la mer des Caraïbes qui, jusque là, nous avait laissés un peu perplexes et assez mitigés. Tant mieux, car nous ne voulions pas finir notre séjour colombien sur une note négative après être tombés amoureux du reste du pays.