Notre remontée de l’Amérique Centrale du Panama au Chiapas.

Nous vous avions laissés au Panama et nous vous retrouvons près de 2800 kilomètres plus au nord au Mexique. Vous vous doutez bien que toute cette distance ne s’est pas faite en un claquement de doigts! Même si nous devons avouer que nous avons honteusement triché sur une bonne moitié du parcours. Nous nous sommes décidés à prendre l’avion entre San José et Guatemala City, surtout pour des raisons de coûts. Nous ne sommes pas super fiers mais nous avons un quand même un budget à tenir et rien que les frais de douane du Nicaragua nous ont payé une bonne partie de notre vol. L’autre raison de notre choix est notre manque de motivation à retraverser tout le Nicaragua, le Honduras, le Salvador et le Guatemala dans des Chicken bus hors d’âge, pas confortables pour un sou et également super polluants! Il y a même une troisième raison à ce choix, moins rationnelle que les deux autres, c’est notre envie de passer quelques temps au Mexique avant notre retour en Espagne. C’est un pays que nous adorons et qui a été un véritable coup de cœur à chacun de nos séjour.

La cathédrale de Tuxtla

Cahuita

La mer des Caraïbes à Cahuita

Pour couper un peu le trajet depuis le Panama, nous nous sommes arrêtés à Cahuita sur la côte caribéenne sud du Costa Rica, à quelques encablures au nord de l’archipel de Bocas del Toro. C’est un petite station balnéaire à l’ambiance tranquille mais plus pour le surf que pour la baignade car les courants sont hyper forts. Mais le truc le plus fou c’est que Cahuita possède le seul parc national du pays où il n’y a pas besoin de vendre un rein pour pouvoir y accéder. Il suffit de faire une petite donation du montant de votre choix.

Nous avons eu de la chance de croiser des dizaines d’animaux que nous n’avons pas tous pu identifier mais parmi ceux que nous avons reconnus, il y avait des singes capucins, des bernard-l’hermite, une multitude d’oiseaux, des papillons, des crabes, des ratons-laveurs ainsi que divers poissons dans la mer.

Nous avons passé quelques jours bien sympas à Cahuita mais ça n’a pas vraiment changé notre avis très mitigé sur le Costa Rica. Nous n’y avons pas trouvé une âme à l’instar du reste du pays. Nous avons même préféré l’ambiance et la plage à Tamarindo, sur la côte Pacifique, malgré la présence bien plus importante de Gringos.

A notre arrivée au Guatemala, nous ne voulons pas vraiment rester dans la capitale et nous nous bougeons assez rapidement sur Antigua qui a été un de nos gros coups de cœur et une de nos villes coloniales préférées. Nous descendons ensuite sur Monterrico, une station balnéaire de la côte Pacifique. La plage n’est pas ouf, elle est en pente et les courants sont méga forts, même pour les surfeurs les plus aguerris. Mais le sable volcanique est noir comme du charbon et les vagues sont tellement impressionnantes et ça lui donne un certain charme finalement.

Monterrico est encore plus sympa quand on s’éloigne de la plage. Les habitants sont vraiment adorables, super tranquilles, il n’y a pas une cacophonie de reggaeton contrairement au bord de mer et il y a une super mangrove qui abrite une jolie colonie de loris.

Notre but pour rejoindre le Mexique était de prendre la route de la côte Pacifique jusqu’à la frontière. Mais une fois arrivés à Escuintla, la ville « carrefour » entre Antigua, la côte Pacifique, le Salvador et la route en direction du nord, on nous déconseille de l’emprunter car trop dangereuse. C’est la route principale pour le narcotrafic et c’est également celle empruntée par les migrants essayant de rejoindre les Etats-Unis. Tout ça génère pas mal de tensions dans la région qui parfois mènent à des règlements de comptes et des homicides. Nous décidons d’écouter les conseils sûrement avisés des locaux et jouons la prudence en empruntant la Panaméricaine. Le seul hic, c’est qu’elle passe en plein dans la cordillère et que nous devons faire une étape à Xela à plus de 2200 mètres d’altitude. Nous y arrivons sous un monstre orage avec nos tenues d’été que nous avions pour partir de la playa le matin même. Nous arrivons à notre logement complètement trempés et complètement gelés. Heureusement, il y a de l’eau chaude et nous pouvons profiter d’une bonne douche chaude bien méritée!

Le lendemain, un peu revigorés et par un temps bien plus sec que la veille, rebelote! Encore des kilomètres en Chicken bus sur des routes de montagnes pour perdre les 2000 mètres que nous avions gagné la veille. Nous arrivons finalement dans la petite ville frontière de Tecun Uman, un coin vraiment tranquille où pullulent les bureaux de change. La douane se trouve à deux kilomètres du terminal de bus. Comme c’est une frontière un peu sensible, nous n’osons pas y aller à pied avec nos sacs de peur d’attirer l’attention. Nous négocions un pousse-pousse pour 20 quetzales (2,35€ ou 2,30CHF) qui nous a déposé juste devant le bureau de l’immigration.

La sortie du Guatemala n’est qu’une simple formalité. Par contre, pour le Mexique, nous n’avions pas du tout anticipé la taxe d’entrée. Il est vrai qu’en arrivant dans le pays par voie aérienne, elle est comprise dans le billet d’avion et passe complètement inaperçuue. Il est possible d’y échapper si on reste moins de sept jours dans le pays. Sinon, elle coûte 680 pesos (35,60€ ou 34,70CHF) peu importe la durée du séjour, jusqu’à 180 jours. Comme nous restons 37 jours dans le pays, nous décidons de la payer et de ne pas jouer aux « visa run » car elle nous coûte moins d’un euro par jour par personne. A la douane, il faut remplir un formulaire, passer au guichet de banque payer la taxe (cartes de crédit acceptées) et faire tamponner le passeport.

Une fois côté mexicain, dans la petite ville frontière de Ciudad Hidalgo, nous prenons notre dernier collectivo de cette longue journée afin de passer une nuit dans la ville un peu plus grande de Tapachula afin de nous reposer un peu avant de continuer nos aventure. Finalement, nous devons y rester 24 heures de plus car notre bus pour Oaxaca est complet. Mais voir tous les migrants originaires pour la plupart de Cuba, d’Haïti ou du Honduras, errer comme une âme en peine en attendant un très hypothétique voyage vers le nord et les Etats-Unis, ça nous fait bien relativiser et prendre conscience de notre chance de pouvoir voyager librement avec notre passeport européen, de pouvoir prendre n’importe quel transport et de passer pratiquement n’importe quelle frontière quand ça nous chante.

Tuxtla Guttierez

Les fameuses lettres au pied du Parque del Bicentenario.

Si vous êtes un peu calés en géographie, vous remarquerez que nous ne sommes finalement pas du tout partis en direction d’Oaxaca. Nous avons changé d’avis un peu à la dernière minute. Nous ne la sentions pas plus que ça de prendre le bus de nuit et nous nous sommes rendus compte qu’au Mexique il faut changer de mentalité par rapport aux « petits pays » d’Amérique Centrale. Le pays est énorme, presque deux millions de kilomètres carrés soit quatre fois l’Espagne! Il faut prendre en compte les distances entre les villes et le fait que nous n’avons pas un temps illimité puisque nous devons prendre notre vol de retour depuis Cancun dans un mois. Rien que le trajet Tapachula – Tuxtla fait plus de 400 kilomètres, le double de la traversée du Salvador, et nous n’avons même pas parcouru la moitié de l’état du Chiapas!

On trouve les fameuses lettres dans presque toute la ville

Tuxtla Guttierez est la capitale de l’état du Chiapas qui se situe tout au sud du Mexique et qui fait le lien entre l’Amérique du Nord, l’Amérique Centrale et la péninsule du Yucatan. La ville en elle-même n’est pas très intéressante mais c’est un point de passage obligé pour se rendre dans d’autres endroits de l’état. Elle possède tout de même de nombreux parcs, beaucoup de places avec de nombreux arbres, des musées, une vie culturelle très riche et des cafés ou restaurants super sympa.

Parque del Bicentenario

Jusqu’en 2021, ce parc un peu austère construit en 1941 s’appelait tout simplement « Parque de la Independencia » pour, évidemment, commémorer l’indépendance du Mexique vis à vis de la couronne espagnole. Il a changé de nom, comme vous vous en doutez sûrement, l’année du bicentenaire de l’indépendance. Cette place fait un peu trop soviétique à notre goût même si la colonne possède de jolis motifs rappelant les sites mayas.

Au sommet des escaliers, il y a normalement une jolie vue sur Tuxtla. Mais voilà, nous sommes en pleine saison du « haze », cette brume épaisse très humide et un peu suffocante qui diminue fortement la visibilité. Nous pensions que c’était un phénomène typiquement asiatique, nous en avons été victime à Hong Kong, mais apparemment l’Amérique le subit également. C’est dommage car la vue n’est pas trop mal sur les montagnes verdoyantes du Chiapas et sur la ville qui se pare de rouge grâce à toutes les fleurs des flamboyants qui déploient leur magnifique couleur écarlate.

Le jardin botanique

Ce n’est pas le jardin botanique le plus pittoresque que nous avons vu, mais il vaut quand même une petite visite. C’est un parc de 4,4 hectares ouvert en 1951 qui possède plus de 650 espèces dont la plupart sont locales. Nous avons été d’abord surpris de ne pas voir beaucoup d’arbres d’autres continents comme c’est le cas dans la plupart des jardins botaniques mais, après avoir baroudé à pas mal d’endroits du monde, nous devons reconnaître qu’en termes de végétation et de forêts, l’Amérique c’est un peu le graal. Que ce soit en Amazonie, dans la jungle du Petén, à Palenque ou dans toute la cordillère de l’isthme panaméricain, ce continent nous offre les plus belles forêts du monde. Outre la végétation incroyable, le jardin est également un véritable sanctuaire à oiseaux en pleine ville. Nous en avons vu, et surtout entendu, des dizaines de ces petites (et moins petites!) bébêtes de plein d’espèces différentes.

Même si nous avons « triché » sur la moitié du parcours, cette remontée « rapide » de l’isthme panaméricain nous aura quand même pris presque trois semaines! La descente à un rythme normal et entièrement par voie terrestre nous avait pris plus de trois mois. Du vrai slow travel!

Si nous nous sommes arrêtés à Tuxtla, c’est pour consacrer une partie de notre temps au Chiapas. Nous en avons déjà visité une petite partie en 2018 et ça a été un véritable coup de cœur. Nous nous réjouissons d’en découvrir un peu plus avant de remonter sur la péninsule du Yucatan prendre notre vol de retour.

Portobelo et ses forteresses espagnoles

Ayant vu l’entrée du canal de Panama côté Pacifique, nous avons évidemment super envie d’aller voir l’autre embouchure côté Atlantique à Colón, la deuxième ville du pays. Mais tout le monde nous déconseille fortement d’y aller, ce serait super moche et même un peu dangereux. Nous nous disons que les locaux connaissent mieux leur pays que nous et décidons de leur faire confiance et nous renonçons donc à notre projet. Mais tout n’est pas perdu pour autant : après l’étude de la carte, nombre de discussions avec la population locale et quelques recherches nous tombons sur la petite localité de Portobelo situé dans une baie au nord-est du pays. Nous n’hésitons pas longtemps, surtout qu’en tant qu’andalous, le nom ne nous est pas inconnu vu que nos histoires sont liées. Vous verrez à quel point quelques paragraphes plus bas.

Nous n’allions quand même pas renoncer à ces eaux turquoises, non?

Depuis le terminal de bus de la city, il faut prendre le bus pour Colón et s’arrêter dans la petite ville de Sabanitas. Depuis là, fini les grands bus confortables et climatisés, c’est le retour des Chicken bus colorés et de leur musique assourdissante! Mais ça va tellement mieux avec l’ambiance toute caribéenne du coin! En tout, le trajet nous aura pris un peu plus d’une heure, donc ça vaut vraiment la peine d’y faire un saut depuis la capitale! Bon, le retour a été un peu plus scabreux, le trafic était infernal pour rentrer dans Sabanitas, nous n’avons pas eu notre correspondance tout de suite et les bus étaient blindés. Soit nous avons eu de la chance à l’aller, soit c’était particulièrement le bordel au retour. Quoi qu’il en soit, il vaut vraiment la peine d’effectuer la petite centaine de kilomètres qui séparent la capitale de Portobelo.

Le retour des Chicken bus!

Portobelo

Le bâtiment de la douane et le village vue du fort San Jeromino

Nous n’avons effectué qu’un saut de puce depuis Panama City, et pourtant, nous avons changé d’océan, changé d’ambiance et presque changé de planète! Ici, l’ambiance est toute caribéenne, même plus créole que latino-américaine! Ca se ressent dans la cuisine, dans l’ethnie locale, dans la musique et dans la nonchalance de la population locale. Nous nous croyons plus dans les petites Antilles qu’au Panama et ce changement d’ambiance nous plait beaucoup!

Portobelo a été découverte par Christophe Colomb himself lors de son quatrième voyage en Amérique, celui où il est parti de Cadiz et arrivé in extremis à Bocas del Toro. Il a tellement été subjugué par la baie, ce que nous comprenons amplement, qu’il a nommé le lieu Porto Bello, ce qui, en italien, signifie « beau port ». Oui, en italien car il ne faut pas oublier que, bien qu’il fût parti d’Espagne pour le compte de la couronne espagnole, le fameux explorateur était génois!

Aujourd’hui, le nom a été hispanisé en Portobelo mais il porte toujours aussi bien son nom avec ses petites maisons colorées et sa grande douceur de vivre.

Fuerte San Jeromino

Dès le XVIe siècle, Portobelo devint rapidement le principal port espagnol des Amériques. C’est d’ici que partaient les embarcations remplies d’or et d’autres objets pillés par les colons en direction du port de Séville. Evidemment, un port aussi bien situé voyant passer des richesses venant de tout l’empire colonial attiraient bien des convoitises, dont celles du fameux pirate anglais Francis Drake qui arriva bien déterminé à saccager la ville mais qui mourut de fièvre avant d’avoir pu mener à bien son projet. Il fallait donc bien protéger la baie et, pour ça, les Espagnols étaient les maîtres en la matière!

Le fort de San Jeromino, situé dans l’actuel centre-ville, date du XVIe siècle et adopte l’architecture typique de tous les forts espagnols de cette époque. Il a bien fait son boulot car Portobelo resta invaincue jusqu’en XVIIe siècle, même quand les Britanniques, ont essayé à plusieurs reprises de l’attaquer, sans succès, durant les différentes guerres qui ont opposé les deux pays. Mais en 1739, la ville finit par être prise par l’amiral anglais Edward Vernon mettant fin à son âge d’or. Suite à cet épisode, Les Espagnols préférèrent prendre la route maritime du cap Horn et des Philippines précipitant le déclin de Portobelo. Déclin qui durera jusqu’à l’ouverture du canal de Panama à 50 kilomètres de là.

Pour nous, être à Portobelo après avoir adopté le sud de l’Andalousie comme chez nous a une saveur un peu particulière. Nous avons visité l’Archivo General de Indios à Séville et avons pu lire quelques documents d’époque parlant de ces traversées et des marchandises qui étaient ramenées depuis le Nouveau Monde. Malgré l’horreur de l’histoire coloniale, le sujet nous a fasciné. Nous retrouver aujourd’hui de l’autre côté de l’Atlantique au départ de toutes ces navigations, c’est juste fou!

Pour ne rien gâcher, la vue sur la baie de Portobelo et sur le bleu turquoise de la mer des Caraïbes est juste magnifique!

Fuerte Santiago de la Gloria

Ce fort-ci se trouve un peu à la sortie de la ville en direction de Colón. Il est situé un peu plus stratégiquement que celui de San Jeromino car à l’entrée de la baie. Il est également un peu plus grand et mieux conservé, sûrement car il a été renforcé au XVIIIe siècle. Sinon, il a été construit à la même époque (XVIe siècle) et possède exactement le même style architectural. Portobelo était tellement prospère et convoitée que deux forteresses n’étaient pas de trop pour la protéger.

D’après les quelques pierres que nous avons pu voir et le relief un peu bizarre de la forêt derrière le fort, nous soupçonnons fortement que d’autres vestiges se cachent dans le coin. Mais Portobelo se trouve entre un parc national et une réserve marine protégée, il n’y aura donc pas d’autres fouilles archéologiques. Et c’est très bien aussi! Que la nature reprenne ses droits, surtout qu’elle est particulièrement belle par ici!

Là non plus nous n’allons pas bouder notre plaisir d’avoir une superbe vue sur la mer des Caraïbes!

A noter que l’accès aux deux forts est gratuit et ça fait du bien au budget dans un Panama pas si bon marché que ça.

Bonus sunset

Normalement, la côte caribéenne américaine se situe à l’est, donc du mauvais côté pour les couchers de soleil. Oui, du bon côté pour les levers de soleil mais ça implique de sortir du lit à des heures indues, ce qui nous coûte beaucoup! Mais le Panama, avec sa forme de fer à cheval tordu (oui, c’est comme ça que nous le voyons!), possède un peu de côte ouest sur les Caraïbes. Evidemment, à Portobelo, le soleil se couche derrière la seule île de la baie! Même si ce n’est pas le sunset du siècle, ça donne quand même de jolies couleurs.

Si le paradis existe vraiment, il doit ressembler à Portobelo. Un village paisible à l’histoire fascinante dans un écrin naturel de folie! D’ailleurs, la faune nous a honoré de sa présence avec des singes hurleurs, des oiseaux incroyables et des poissons volants se faisant courser par un dauphin. Ce dernier point peut paraître loufoque écrit comme ça mais nous vous assurons que c’est vraiment impressionnant!

Si vous êtes à Panama City, faites absolument le détour à Portobelo, ce n’est vraiment pas loin et ce serait presque un crime de passer à côté devant tant de beauté et de douceur de vivre!

Bocas del Toro, le paradis caribéen

Nous avons quitté assez vite le Costa Rica pour des questions de budget! Dans la suite logique de notre voyage à travers l’Amérique Centrale il y a… le Panama! Oui, c’est vrai, ce n’était pas bien compliqué à deviner et d’ailleurs, vous avez été la quasi majorité à imaginer très justement la suite de notre voyage.

Bon avoir un itinéraire logique c’est bien mais il y a quand même une frontière à passer. Depuis Quepos, notre dernier lieu de villégiature costaricien, il y a presque encore 200 kilomètres jusqu’à la douane. Nous nous mettons donc en quête d’un bus mais le personnel pas très « Pura Vida » du terminal nous fait tourner un peu en bourrique. Nous finissons quand même après d’âpres discussions par trouver notre bonheur même s’il faut aller le chercher à l’hôpital. Oui, la phrase précédente est un peu space mais nous devons bien prendre le bus en face de l’hôpital, à trois kilomètres du centre de Quepos. Il y a des bus urbains qui s’y rendent toutes les 30 minutes, ce n’est pas un problème. On nous dit d’y être à huit heures et quart car nous devons choper le bus qui part de San José à six heures du matin. Nous avons attendu jusqu’à dix heures moins quart que notre convoi veuille bien arriver. Heureusement, le personnel hospitalier nous a laissés utiliser les places de pique-nique du jardin de l’hôpital pour y prendre notre petit déjeuner à l’ombre des arbres.

Paso Canoas, la ville frontière, est un véritable bordel avec ses échoppes duty free, ses rabatteurs, ses taxis et son trafic infernal. Le Costa Rica ne nous avait absolument pas habitué à ça. Quand on arrive en bus, comme nous, il faut retourner en arrière car on nous dépose dans la zone franche, pratiquement devant le bâtiment de douane du Panama. Avant de se faire tamponner le passeport pour la sortie, il faut aller s’acquitter des frais de sortie dans une petite maison jaune à droite de la route. La taxe s’élève à 9$ (oui, c’est du vol!) payable uniquement en dollars américains et seulement en cash! Donc il faut prévoir le coup!

L’entrée au Panama est beaucoup plus simple et plus cordiale même si on nous a demandé un billet de sortie du territoire. Le terminal des colectivos se trouve tout de suite après le bâtiment de l’immigration. Nous nous sommes arrêtés à David, la troisième ville du pays où nous avons « attendu » que le week-end de Pâques se termine pour continuer nos aventures. C’est une ville super moche et sans intérêt mais elle nous a permis de faire nos premières découvertes du Panama hors des circuits touristiques. Notre première impression a été très positive : le pays a l’air moins américanisé que ses voisins, les gens sont plus chaleureux, le pays est plus ouvert sur le monde (merci le canal!) et les panaméens ont un amour du café encore plus fort qu’au Guatemala.

couleurs caribéennes au Panama

Bocas del Toro

Si nous sommes restés à David, c’est pour une raison bien précise. C’est de là que part la seule route qui nous mène à notre but, la côte caraïbe. Depuis le terminal des bus, il faut prendre un colectivo en direction de Changuinola et s’arrêter à Almirante. (8,45$) Nous l’avons pris à six heures du matin pour assurer le coup avec le ferry qui part à midi, c’était le bon timing. Le bus nous dépose au bord de la route principale et il faut descendre ensuite jusqu’au port, il faut compter un petit quart d’heure à pied même si les chauffeurs de taxi essaieront de vous faire croire que c’est beaucoup plus loin et que c’est très compliqué à y aller!

Le ferry est gratuit mais il faut bien viser les horaires : sept heures du matin ou midi. Sinon, il y a des lanchas beaucoup plus rapides qui font la traversée à toute heure pour 6$. Mais ça n’a pas le même charme que ce gros traversier qui avance gentiment entre de magnifiques îlots constitué de mangroves. Cette lenteur nous a permis d’apercevoir des dauphins à plusieurs reprises durant la traversée! Après une heure et demie de navigation sur une mer super calme, nous voici arrivés à Bocas Town sur la Isla Colón 

Bocas Town

Bocas del Toro est en fait tout un archipel situé au nord du Panama dans la mer des Caraïbes. L’île principale est la Isla Colón nommée en l’honneur de Christophe Colomb (Cristóbal Colón en espagnol) qui débarqua sur cette île en 1502 après sa quatrième traversée de l’Atlantique.. Le plus drôle c’est que pour ce voyage là, son point de départ était Cadiz, comme nous! Nous pouvons donc presque nous considérer comme des compagnons de voyage du grand explorateur génois! Bon d’accord, nous avons juste un peu plus de cinq siècles de retard et de meilleurs transports (quoique les Chicken bus…), mais on ne va quand même pas chipoter pour ça, n’est-ce pas?

Bon nous allons arrêter de raconter des bêtises et nous allons plutôt vous parler de cette magnifique île et de sa capitale, Bocas Town, à l’ambiance toute caribéenne avec ses maisons typiques en bois très colorées dont certaines sont sur pilotis. Certes, une partie de la ville est dédiée au tourisme avec ses hôtels, ses bars, ses agences de tours et ses boutiques de souvenirs mais nous nous attendions à bien pire. Nous croyons même avoir trouvé où se cache la fameuse Pura Vida que nous avons cherché en vain au Costa Rica!

Playa Istmito

Bocas del Toro se trouve sur une petite péninsule reliée à la Isla Colon par un isthme sur lequel se trouve la playa qui, du coup, porte bien son nom. (Istmito signifie petit isthme en espagnol). Elle est accessible à pied depuis le centre-ville, il faut compter environ dix minutes de marche. Le sable est gris, doux mélange entre le blanc des Caraïbes et le noir volcanique, car oui, la cordillère et ses volcans ne sont pas loin. Le coin est agréable pour la baignade : l’eau est claire, chaude et il y a une baie qui protège la plage des courants, c’est assez calme. Nous qui n’avions plus vu les Caraïbes depuis Cancun, nous sommes aux anges!

Boca del Drago

Nous adorons Bocas Town et ses maisons colorées sur pilotis mais notre curiosité naturelle nous pousse à aller voir ce qu’il y a de l’autre côté de l’île. Il y a même un colectivo qui nous y emmène pour 2,5$ par trajet. Il part toutes les 45 minutes depuis la place centrale et il faut compter une bonne heure de route pour s’y rendre. Le centre de l’île que nous traversons est totalement sauvage et est entièrement recouvert d’une magnifique forêt tropicale qui a l’air bien préservée.

Boca del Drago se trouve au point exact où débarqua in extremis Christophe Colomb après avoir bravé un horrible ouragan. Aujourd’hui, il y a quelques petites maisons en bois au bord d’une superbe baie aux eaux cristallines. Le temps semble vraiment s’être arrêté par ici.

Playa Estrella

Pour y accéder, il faut emprunter un petit sentier qui part depuis la jetée de Bocas del Drago. Il longe la plage, est tout plat et pas très long, on peut donc y aller en mode plagiste sans problème. Nous ne pouvons pas vous donner une idée de temps de marche plus précise car nous nous sommes arrêtés tous les deux mètres pour observer un arbre, des bébêtes ainsi qu’une magnifique mangrove!

En chemin nous avons croisé une raie manta, des poissons volants coursés par un dauphin, des libellules, des loris, des papillons et des oiseaux plus incroyables les uns que les autres.

Sur les photos ci dessous, nous avons plus ou moins réussi à immortaliser un anolis (à gauche) et un crax alector (à droite).

Nous finissons quand même par arriver à la Playa Estrella. Elle porte très bien son nom (plage de l’étoile) car le lieu est un sanctuaire à étoiles de mer qui viennent s’y reproduire. Elles y sont d’ailleurs protégées. La plage se trouve en bordure d’une superbe mangrove et pourtant le fond reste clair est n’est pas du tout vaseux comme souvent dans ce genre d’environnement.

Les ferries pour partir de ce paradis sont à 10 heures ou 15 heures. Il y a moins besoin de viser les horaires car, les deux cas, vous arriverez à rejoindre David le même jour à moins qu’une grève vous bloque la route vous forçant à faire un petit bout à pied, vos sacs sur le dos en plein cagnard de midi afin de prendre un votre colectivo vous attendant de l’autre côté du barrage. Oui, c’est du vécu!

Nous avons vraiment été subjugués par Bocas del Toro! Nous en avons vu des plages de rêves mais celles de l’archipel resteront en bonne place dans nos préférées. C’est la preuve que nous ne sommes pas encore blasés malgré des années de vadrouille derrière nous et c’est plutôt une bonne nouvelle!

A notre avis, Bocas del Toro est un incontournable du Panama! Ce serait vraiment dommage de passer à côté. C’est relativement facile à accéder en transports publics, à budget raisonnable tout en restant assez préservé du tourisme de masse. Nous croisons les doigts pour que ça dure!

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