Popayán, le bijou colonial des Andes colombiennes

La ville de Cali a été un bon point de départ pour recevoir nos premières vibes colombiennes mais le trafic infernal et surtout la pollution nous a vite gavés. Nous ne nous y sommes donc pas attardés et avons vite cherché à sortir de la ville.

Le terminal de bus à Cali se trouve au nord du centre ville. Il y a le Métrobus qui s’y arrête à proximité sinon il est possible de s’y rendre à pied en suivant le Rio Cauca. C’est un terminal super organisé comme nous en avons connu en Argentine ou au Mexique où chaque compagnie de bus est représentée par un guichet. Les bus ne sont pas de première jeunesse mais ils sont confortables et l’air conditionné n’est généralement pas mis à fond, quand il y en a. Le seul bémol est que les trajets sont interminables. Comme nous nous dirigions en direction du sud, il a fallu traverser toute la ville et ça nous a pris plus d’une heure à cause des bouchons. Ensuite, une fois sur la route Panaméricaine, ce sont des travaux qui nous ont bien ralentis. La fin du trajet s’est fait sur une jolie route de montagne et ça n’avançait pas très vite non plus. Résultat des courses : nous avons mis près de quatre heures et demi pour parcourir 137 kilomètres!

Le prix du billet de bus nous a coûté 30’000 COP (pesos colombiens) par personne soit 6,50€ ou 6,10 CHF.

Popayán

Popayán est une des plus anciennes villes d’Amérique. Elle a été fondée en 1537, même avant Cali, toujours par l’andalou Sebastián de Belalcázar qui est également à l’origine de Quito. La ville s’est développée notamment grâce à l’exploitation fructueuse des mines d’or de la région par les conquistadors espagnols. C’était d’ailleurs une des villes les plus importantes du Vice-Royaume de la Nueva Granada, une partie de l’empire colonial qui comprenait en gros les actuels Equateur, Colombie, Venezuela et Panamá. Après l’indépendance, Popayán est plutôt connue pour avoir donné naissance à une dizaine de présidents de la République.

Aujourd’hui Popayán reste un des centres coloniaux les mieux conservés du continent même si elle reste à l’écart des grands centres touristiques. Elle est surnommée la « ciudad blanca » (ville blanche) à cause de ses façades blanchies à la chaux que ne renierait pas n’importe quel village blanc andalou! Elle se situe à 1760 mètres d’altitude et se montre tel un bijou dans un écrin formé par les cordillères occidentale et centrale des Andes. Nous sommes tombés amoureux de ces petites maisonnettes blanches qui, à l’instar d’Antigua, regorgent de cafés ou de bars à jus super sympas souvent situés dans de magnifiques patios.

Mode mauvais timing (ou pas) : nous sommes tombés un jour où il y avait une course en faveur de la lutte contre le cancer du sein. Ça nous a restreint l’accès à la place centrale qui était le lieu d’arrivée de la course mais quelques rues du centre historique ont été fermées à la circulation, ce qui nous a permis de profiter du lieu sans trafic et c’était un vrai bonheur! Et puis de voir tous ces coureurs vêtus de t-shirts roses transpirer pour la bonne cause était vraiment touchant.

Parque Caldas

C’est la place centrale de la ville. A l’époque coloniale, seuls les gens de pouvoir (religieux ou politiques) avaient le droit d’habiter à proximité de la place. Elle est bordée de superbes bâtiments coloniaux, tout aussi blancs que le reste de la ville. Il y a notamment le gouvernent du département de Cauca, la mairie de Popayán ainsi que différents sièges de banques nationales importantes. Sur son côté sud, se dresse la jolie cathédrale « Nuestra Señora de la Asunción » de style néoclassique qui date du XVIe siècle et qui possède une magnifique coupole florentine qui se voit de loin. Elle est flanquée d’une tour de l’horloge, un peu massive à notre goût, qui date de 1673. Certains bâtiment donnent l’impression de pencher en avant. Non, ce n’est pas une illusion d’optique! Ils sont légèrement affaissés à cause des différents tremblements de terre qu’a connu la région.

Au centre de la place, il y a un petit jardin avec des arbres et de magnifiques fleurs comme des hibiscus et des lys rouges. Enfin ça c’est quand ils ne se font pas bouffer par les lamas! Nous en avons d’ailleurs pris un en flag! Nous avons même trouvé des petits bassins ornés d’azulejos exactement comme ceux qu’on trouve dans nos parcs andalous!

La statue qui trône au centre de la place est celle de Francisco José de Caldas, d’où le nom de la place. Ce natif de Popayán était un savant local mais aussi un des acteurs principaux de l’indépendance de la Colombie qui eut lieu, après des années de combats acharnés, en 1825.

Cerise sur le gâteau : toute la place a été rendue aux piétons et c’est super agréable! Non, nous n’avons pas lâché notre obsession pour les zones piétonnes!

Teatro Guillermo Valencia

Tiens, il y a quand même un bâtiment qui n’est pas blanc dans cette ville! Ce superbe édifice néoclassique date des années 1920 et fut construit en hommage à Guillermo Valencia un poète natif de Popayán. Le théâtre reste encore très actif aujourd’hui avec des pièces, des concerts et divers évènements culturels.

Puente del Humilladero

Ce joli pont en arches du XIXe siècle permet de rejoindre le quartier Bolivar depuis le centre-ville. Il est constitué de douze arches et franchit le Rio Molino. Au début du XXe siècle c’était le seul moyen de se rendre au nord de la ville. Aujourd’hui, il est rendu aux piétons et c’est tant mieux! Nous déplorons juste les graffitis dont il est affublé. Nous aimons bien l’art du graff en général mais là, nous les trouvons moches et dans un endroit pas du tout approprié.

Rincón Payanés

A l’est du centre historique, au pieds des premières montagnes, se trouve le Rincón Payanés. C’est une réplique de quelques édifices de Popayán en miniature. C’est un peu fake mais c’est malgré tout super chou. On y trouve quelques magasins de souvenirs et de quoi se restaurer après une bonne randonnée puisque le quartier se trouve judicieusement au départ respectivement à l’arrivée des sentiers pédestres.

Notre grimpette du jour

En fait il y a même eu deux grimpettes puisque nous sommes montés sur le Cerro de la Tres Cruces puis sur le Morro del Tulcán.

Pour la première, c’était une agréable balade dans la forêt équatoriale de montagne surveillée par des dizaines de rapaces nous survolant en quête de nourriture. Quant au Morro del Tulcán, c’est une petite colline en forme de pyramide qui surplombe la ville et où ont été trouvés des vestiges archéologiques datant de l’époque précolombienne.

Il y a un chemin pavé qui monte au Morro. Pour le reste, c’est un sentier de forêt qui grimpe pas mal. Mieux vaut se munir de bonnes chaussures.

Dans les deux cas, nous avons eu droit à une superbe vue sur les montagnes de la cordillère orientale des Andes, sur le centre historique et son plan en damier typique des villes coloniales espagnoles ainsi que sur le superbe Sanctuario de Belén qui, bien que d’architecture coloniale, ne date que des années 1970.

Popayán pourrait être comparée à Séville tellement il y a quelques ressemblances qui sont troublantes. Il y a entre autres :

  • un centre historique de ouf
  • des gens super sympas et chaleureux avec une tendance à l’exagération
  • des archives super importantes datant de la période coloniale et qui sont classées à l’UNESCO sauf qu’à Popayán elles ne sont pas accessibles au public.
  • La Semana Santa est LA fête la plus importante de l’année avec des processions de ouf! Elle a même été inscrite au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO, ce que même à Séville on n’a pas osé faire!
  • Les gens ne pensent qu’à bouffer! Popayán est même une ville UNESCO de la gastronomie. Bon là, franchement, nous avons un peu de peine à comprendre pourquoi. A part quelques exceptions, la bouffe, ce n’est pas fou.

Finalement, en rédigeant ces lignes, nous nous sommes rendus compte que nous vous devons une rectification. Popayán ce n’est pas un mini Séville, c’est Séville mais puissance mille! Et nous avons l’impression que toute la Colombie est une Andalousie un peu exagérée. Nous sentons que nous allons adorer ce pays!

Popayán est déjà notre premier coup de cœur colombien. C’est une petite ville agréable, très jolie, entourée de montagnes verdoyantes et à la population locale très chaleureuse. Nous avons d’ailleurs hésité à garder jalousement ce petit bijou pour nous sans le partager car la ville est encore très préservée du tourisme de masse et de ses méfaits et nous voudrions que ça reste en l’état.

Popayán sera également notre étape la plus méridionale du pays. Enfin, normalement! Nous ne descendrons pas vers l’Equateur qui est un pays que nous avons déjà bien découvert il y a quelques années et que nous avons adoré mais qui, malheureusement, est devenu peu recommandable en ce moment. Nous n’irons pas non plus au sanctuaire de Lajas à Ipales, à l’extrême sud du pays, par manque de motivation de monter à 2900 mètres d’altitude. Par contre, nous avons plein d’autres endroits qui ont l’air top sur notre bucket list, qui commence déjà à s’allonger, et que nous avons hâte d’aller découvrir!

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