Antequera et ses dolmens du Néolithique

Ça faisait longtemps que nous n’avions plus été faire un petit tour dans notre belle Andalousie et que nous ne vous avons plus relaté nos aventures. Depuis notre retour de Colombie, nous avons été un peu trop happés par notre vie quotidienne et par les vagues de chaleur successives de cet été, donc nous avons laissé un peu de côté nos petits trips de découverte. Mais heureusement, nous avons un peu rectifié le tir en allant faire un petit tour du côté de la ville d’Antequera,

Antequera se situe dans l’arrière-pays de Málaga, au cœur des cordillères subbétiques sur un plateau culminant à 575 mètres d’altitude. Elle est considérée comme le centre de l’Andalousie et possède même le kilomètre zéro de toutes les voies de communication conduisant aux principales villes de la région. En vrai, l’appellation est un peu usurpée. Dans le sens est – ouest, ça se tient plus ou moins, la cité étant à équidistance d’Almería (à l’est) et de Huelva (à l’ouest). Par contre, dans l’autre sens, Antequera se trouve beaucoup trop au sud pour prétendre au titre de centre du monde puisqu’elle ne se situe qu’à une petite cinquantaine de kilomètres des côtes méditerranéennes.

Sur la Plaza de San Sebastián, devant l’Arco de Nazareno, il y a une borne romaine et une plaque commémorative (un peu usée par le temps) représentant le fameux kilomètre zéro.

La ville des églises

Antequera s’est autoproclamée « ciudad de las iglesias », la ville des églises pour son grand nombre d’édifices religieux dans le centre historique. C’est vrai qu’il y en a beaucoup des églises, des couvents, des collégiales, des chapelles, etc… Que ce soit des anciennes mosquées reconverties en églises, des édifices gothiques, des façades baroques, il y en a pour tout les goûts. Mais pour être honnêtes, n’importe quel bled d’Andalousie, même d’Espagne peut prétendre à ce titre. Il y en a partout des églises!

Mais il est vrai qu’Antequera ne possède pas le centre historique le plus ouf de la région et heureusement qu’il y a toutes ces églises pour l’embellir un peu.

Cozo Viejo

C’est le cœur de la vieille ville. C’est une place typique andalouse avec ses maisons blanches et ses palmiers dattiers. En son centre, trône une statue de Fernando Ier d’Aragon qui était le roi au pouvoir lors de la reconquête d’Antequera par les catholiques. Sur la place, il y a également le musée de la ville dont l’entrée est gratuite. Nous y avons été faire un tour et avons bien aimé la partie dédiée à l’archéologie mais un peu moins celle dédiée à la peinture religieuse, un art auquel nous ne sommes pas très sensibles. Mais ce sont des goûts et des couleurs et chacun y trouvera son compte et surtout un endroit frais pour passer les chaudes après-midi d’arrière été.

L’Alcazaba

Elle se mérite cette alcazaba puisqu’elle se situe sur un promontoire rocheux qui domine la ville de quelques centaines de mètres. Pour y accéder, il faut emprunter des ruelles bien raides appelées cuestas (littéralement « côtes » en français) et qui correspondent à l’ancienne médina de l’époque musulmane. Ces ruelles pentues bordées de maisons blanches ainsi que les montagnes aux alentours nous rappellent un peu la ville de Popayán, en beaucoup moins humide.

L’Alcazaba date de l’époque romaine mais ce que nous voyons aujourd’hui date principalement du XIe siècle, de la période arabe. Elle ressemble comme deux gouttes d’eaux aux autres alcazabas de la région, notamment celles de Málaga et d’Almería, mais c’est logique puisqu’elles ont été érigées à la même époque par les même personnes. La forteresse a été renforcée dans le courant du XVIe siècle, toujours par les Arabes qui voyaient la menace catholique approcher dangereusement. Finalement, en 1410, après cinq mois de siège, la ville d’Antequera tomba en mains des rois catholiques. Ce qui est relativement tard dans l’histoire de la Reconquista.

Aujourd’hui la forteresse sert aux visites culturelles ainsi qu’à quelques tournages de films et de séries historiques.

Au pied de l’alcazaba, il y a les vestiges des thermes romains de la ville de Antikaria. La ville était déjà importante à l’époque romaine puisque c’était une étape importante de la Via Augusta qui reliait Gades (Cádiz) à Narbo Martius (Narbonne).

Evidemment, qui dit grimpette dit jolie vue. Nous pouvons donc observer Antequera depuis l’alcazaba avec ses nombreux clochers, les champs d’oliviers et la Peña de los Enamorados. Cette dernière est un éperon de calcaire culminant à 874 mètres d’altitude. Sa forme particulière rappelle le visage d’un indien couché avec sa coiffe de plume. Le rocher est d’ailleurs surnommé « El Indio », c’est-à-dire, l’indien. C’était une montagne sacrée durant la préhistoire, mais aussi pour les Romains et même pour les musulmans qui étaient persuadés de lui devoir leurs quelques victoires sur les rois catholiques. On y a d’ailleurs trouvés quelques vestiges archéologiques datant de diverses époques.

Les dolmens d’Antequera

Voilà quelque chose qui sort du lot pour l’Andalousie! C’est vrai quand on parle de dolmens, on pense plutôt à la Bretagne ou aux autres cultures celtiques, ce qui pour l’Espagne, correspond plutôt à la Galice. (extrême nord-ouest du pays) Pourtant Antequera possède quelques dolmens qui ont été découverts par hasard par des employés de la municipalité en 1903. Ils se situent à environ sept cents mètres en contrebas du centre ville. L’entrée est gratuite mais il faut juste passer par le centre de visiteurs flambant neuf (ça sent encore la peinture!) pour prendre un ticket et s’enregistrer dans un but purement statistique.

Les dolmens datent du Néolithique (3500-3000 avant Jésus-Christ) et ont été orientés de sorte à recevoir la lumière des équinoxes d’automne et de printemps. C’est super impressionnant de voir ces immenses blocs de pierre assemblés les uns aux autres naturellement, sans ciment sans rien, un peu comme les constructions incas au Pérou. Les dolmens étaient utilisés pour des rites funéraires et comme nécropoles. Au fond de l’un d’eux, il y a un puits dont la profondeur est égale au centimètre près à la longueur du dolmen! Sachant que le système métrique n’existait pas à l’époque, la précision est époustouflante. Il paraît même que l’eau au fond du puits est potable et qu’elle remplit toutes les normes sanitaires de l’union européenne.

Il est vrai que Hollywood et la culture populaire nous ont dépeint les hommes (et femmes!) préhistoriques comme des abrutis notoires juste bons à chasser le mammouth. En vrai, ils étaient super conscients du monde qui les entourait et avaient déjà de grandes connaissances astronomiques, géographiques et météorologiques pour l’époque.

Antequera est l’endroit idéal pour une journée de visite depuis Málaga ou la Costa del Sol qui ne se situent qu’à une petite cinquantaine de kilomètres de là. La ville est très bien desservie par les différents transports publics. Nous vous déconseillons tout de même de prendre le train à grande vitesse, la gare AVE se trouvant au milieu de nulle part et assez loin du centre-ville.

Même si ce n’est pas le coin le plus pittoresque d’Andalousie, nous avons bien aimé notre petit trip à Antequera. La ville est sympa, assez petite et les gens sont très accueillants, tant qu’ils ne savent pas que nous venons de Séville. (oui, c’est du vécu! Mais ce n’est pas une généralité non plus) Nous avons trouvé super intéressant la visite des dolmens qui était quelque chose de totalement nouveau pour nous! L’arrière-pays de Málaga réserve bien des surprises assez faciles d’accès mais loin du tourisme de masse des plages méditerranéennes.

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