Bornéo : Bintulu et le Similajau National Park

Nous n’avons pas été très actifs ces derniers jours pour cause de crève carabinée (ah quand on aime, on partage tout, surtout les microbes!), de journée dans les transports et de Nouvel An musulman où la Malaisie, d’ordinaire grouillante de vie, était d’un calme mortel pendant une journée. Les jeunes de Kuching ont profité de notre présence en ville pour nous demander de poser pour leur « selfie avec un occidental », exercice auquel nous nous sommes pliés de bonne grâce et dans la bonne humeur!

Mais nous avons quand même fini par sortir de notre mini retraite pour nous bouger un peu. Bintulu se situe à 610 km à l’est de Kuching (oui c’est toujours sur l’île de Bornéo!) et son avantage sur celle-ci c’est qu’elle se situe au bord de la mer, sinon ça reste une ville sans aucun intérêt. S’il y a une ville dans le coin c’est parce qu’il y a de belles réserves de pétrole, pas pour attirer les touristes! Ici ce n’est pas farniente sur le sable blanc, c’est plutôt « fais gaffe c’est infesté de crocodiles »! Mais si nous sommes venus à Bornéo, c’est bien pour voir des petites et moins petites bébêtes, sympas ou pas.

Malgré la présence des crocodiles, la plage est assez sympa, même si ce sont plutôt des martins-pêcheurs et des crabes que nous avons aperçu.

Même en bord de mer la végétation reste luxuriante, notamment avec les cocotiers dignes d’un catalogue de voyage! Par contre pour la plage, c’est pas trop ça…

Taman Tumbina

Il y a la possibilité d’effectuer un trail directement depuis la ville, sans se casser la tête pour trouver des transports publics. Bien sûr, ce n’est pas la grosse jungle profonde, mais c’est accessible, pas assez prestigieux pour les touristes en tongs et gratuit! Ça ne nous a pas empêché d’observer des papillons, des oiseaux, des écureuils, des libellules et même des petits singes, même si tout ce beau monde était bien trop rapide pour l’objectif de l’appareil photo. Comme toujours, nous sommes fascinés par la végétation luxuriante qui se trouve sous ces latitudes.

A notre grande surprise, le chemin n’est quand même pas pour débutants, il est assez technique et les cordes nous sont d’un grand secours dans les passages vraiment escarpés!

Il y a également des petits cours d’eau pour égayer la balade. (en saison des pluies, ils ne sont pas si petits!). S’il il existe des petits ponts de fortune pour en traverser quelques-uns, il faut traverser à gué la plupart d’entre eux.

Ces petites balades nous ont mis en jambe pour la suite car, comme vous l’imaginez sûrement, nous ne nous sommes pas déplacés jusqu’à la ville la moins intéressante de Malaisie, juste pour le plaisir! D’ailleurs s’il y a une ville ici, c’est parce qu’il n’y a pas mal de pétrole et qu’il faut bien loger les ouvriers de l’immense raffinerie toute moche construite en périphérie de la ville.

Similajau National Park

Le Similajau National Park se situe à une trentaine de kilomètres du centre de Bintulu. Evidemment, il ne faut pas songer à trouver des transports publics dans le coin. Heureusement, il existe l’application Grab (Uber pour l’Asie du Sud-Est) qui fonctionne super bien. Comme à chaque fois que nous avons sollicité un Grab, le chauffeur a été super sympa et nous a même donné son numéro pour que nous l’appelions dès que nous avions fini notre randonnée.

Le Similajau couvre près de 90 kilomètres carré de forêt primaire, il fallait bien que nous fassions un petit détour par là!  A notre arrivée, nous avons l’impression d’être dans un parc national à l’américaine, et pour une fois, ce n’est pas un reproche! Nous sommes accueillis par des gens compétents qui se soucient de savoir si nous avons emporté assez d’eau avec nous. Il faut aussi nous enregistrer, indiquer notre destination et donner une heure approximative de retour et essayer de s’y tenir. Les réceptionnistes sont également très serviables. Ce sont eux qui ont appelé notre chauffeur pour qu’il vienne nous chercher.

La balade commence vers un estuaire magnifique et nous sommes directement mis au parfum par des panneaux d’avertissement. Ici c’est infesté de crocodiles et pas n’importe lesquels! Ici se trouvent des crocodiles des estuaires, c’est-à-dire, qu’ils sont à l’aise autant dans l’eau douce que dans l’eau salée. Nous risquons donc de les croiser sur la plage, dans des cours d’eau ou dans les mangroves mais en saison sèche, en général, ils préfèrent le large de la Mer de Chine Méridionale aux cours d’eau à faible débit.

Le trail

Le chemin a l’air tranquille au premier coup d’œil mais à force d’enjamber les racines, d’escalader des rochers, de contourner les arbres tombés sur le sentier , d’éviter les trous, d’être vigilants de ne pas glisser sur les feuilles mortes mouillées et d’être attentifs à certaines petites bestioles pas commodes, le tout sous une chaleur étouffante, ça ne s’avère pas si facile que ça. Mais les paysages sont superbes et très vite, nous apercevons les premiers singes, des macaques ils nous semble. Nous en verrons d’autres durant toute notre randonnées mais ce sont des animaux farouches et ils ont tendance à se cacher dès qu’ils nous repèrent. Et c’est tant mieux, ça signifie qu’ils ne sont pas habitués aux humains et que le coin est vraiment sauvage.

Nous sommes toujours autant fascinés par la végétation luxuriante et comment elle utilise son environnement, voire les autres espèces, pour s’épanouir. La faune est très riche également mais plus difficilement observable. A notre palmarès : des singes, des papillons, des oiseaux, des lézards et des libellules.

Les passerelles

Ici, pas question de traverser les cours d’eau à gué sous peine de réveiller Monsieur Crocodile de sa sieste, même si en cette saison il préfère la mer! Les passerelles  ou les ponts permettent aussi de passer les cours d’eau pendant la saison des pluies lorsque le débit d’eau est très fort et les courants très dangereux.

La mer

En fait, nous ne sommes pas dans la jungle profonde. Vous aurions-nous menti? Non, rassurez-vous, nous sommes dans une forêt côtière. D’ailleurs, le bruit des vagues nous accompagne sur tout le chemin et nous pouvons même, parfois, apercevoir la mer à travers les arbres et nous débouchons sur de jolies petites criques.

Teluk Padok

Après un peu plus d’un kilomètre, nous débouchons sur la plage de Teluk Padok, à nos yeux, le paradis sur terre! La mer turquoise, le sable, non pas blanc, mais jaune or, presque aussi beau et pas âme humaine qui vive! Par contre, il y a de nombreux singes, crabes, bernard-l’hermite ainsi que autres coquillages qui marchent qui peuplent la plage.

Nous aurions pu continuer le sentier sur encore plus de dix kilomètres mais après deux bonnes heures de marche, nous décidons de rebrousser chemin. Nos réserves d’eau ne sont pas inépuisables et randonner dans la jungle est bien plus compliqué et pénible que dans les Alpes. Parole de bons marcheurs!

Nous essayons de rentrer en longeant la côte, en espérant que Monsieur Crocodile et ses acolytes soient bien en train de batifoler au large. La marée est encore assez basse et la plage est dégagée sur un bon kilomètre avant qu’elle nous oblige à nous renfoncer dans la forêt.

Pour le dernier kilomètre, nous trouvons un itinéraire bis, histoire de faire durer le plaisir encore un peu! Ce sentier-ci s’éloigne un peu de la mer et du coup, sans les vagues, nous prenons conscience du nombre d’animaux qui peuplent la forêt grâce à leur chant ou leur cri. D’ailleurs, nous nous demandons toujours à qui peut bien appartenir cet espèce de miaulement bien rauque que nous avons déjà pu entendre au Kubah National Park.

Franchement, c’est un des plus beaux parcs nationaux que nous avons visités. Nous n’avons pas de mots pour décrire ce que nous avons vu tellement c’était grandiose. Nous sommes rentrés dégueulasses et épuisés mais super heureux d’avoir découvert une merveille pareille!

Nous n’en avons encore pas fini avec Bornéo et nous espérons pouvoir encore être scotchés comme nous l’avons été au Similajau!