Dans l’épisode précédent, Van et Fab, après mûres réflexions, ont réussi à passer, sans trop d’encombres, la frontière malaisienne pour aller se confiner sur l’île de Penang. Comment va se passer le quotidien des globe-trotters qui ont dû arrêter de bouger? Réponse dans quelques lignes.
A notre arrivée en Malaisie, rien ne semble avoir vraiment changé si ce n’est que plus de gens portent des masques. Mais le port du masque est assez courant en Asie donc ça ne nous choque pas. Mais, 24 heures après notre entrée dans le pays, on annonce que le premier ministre va faire une allocution télévisée concernant le Covid 19.
L’annonce du lockdown
16 mars : le discours du premier ministre, Muhyiddin Yassin, prend une heure et demie. Nous ne le suivons pas car notre malais devient très rudimentaire quand il ne s’agit pas de bouffe. Mais les médias malaisiens anglophones sont au taquet et transmettent les informations en direct. Sans surprise, un lockdown est décrété jusqu’au 31 mars et sera, quelques jours plus tard, prolongé jusqu’au 14 avril.
C’est un moment décisif pour le premier ministre, qui doit faire ses preuves puisqu’il n’est en fonction que depuis le 1er mars. La crise du Covid 19 tombe assez mal puisqu’elle se relève à peine d’une énième crise politique. L’ancien premier ministre, un jeune homme fringant de 94 ans, a dû démissionner avec effet immédiat suite à une tentative avortée de coup d’état de la part de son propre parti. Ben quoi? Si à son âge on ne peut même plus s’amuser un peu! Et dire qu’il avait poursuivi son prédécesseur en justice pour corruption! En Malaisie, pas besoin d’humoristes, il y a le gouvernement! (Mais il y a quand même de très bons humoristes)
En résumé : 15 mars arrivée en Malaisie, 16 mars annonce du premier ministre, 18 mars début du lockdown. Soit nous avons des dons de voyance qu’il nous faudra développer, soit nous avons une chance inouïe et il nous faudra sérieusement songer à jouer à la loterie.
Mais concrètement, en quoi consiste ce lockdown?
Au début, c’était encore la fête du slip! Certes, tous les commerces non essentiels et les restaurants ont fermé mais il était permis de sortir à condition de ne pas se rassembler. Cette situation n’a pas duré 48 heures! Le peuple malaisien n’étant pas très discipliné, des mesures plus restrictives ont vite été mises en place. Maintenant, tout le monde doit rester confiné à la maison avec permission de sortir, une personne à la fois, que pour les courses ou pour aller chez le médecin. Et ne comptez pas jouer les rebelles, la police, renforcée par l’armée, veille et n’hésite pas à coffrer les récalcitrants! Ne comptez pas non plus changer d’état ou même de localité, sauf pour des motifs en béton car des checkpoint fleurissent un peu partout et vous êtes bon pour un interrogatoire en règle. On ne rigole pas avec le lockdown en Malaisie! Depuis l’extérieur, ça peut paraître tyrannique, liberticide et dictatorial (et ça l’est!) mais quand nous regardons la situation dans les pays d’Europe (surtout le nôtre où les sept guignols qui nous servent de ministres préfèrent courir au chevet des banques et de l’économie que des malades), nous trouvons, pour l’instant, que la crise est gérée de manière exemplaire.
Van et Fab en lockdown, ça donne quoi?
Sûrement la même chose que n’importe qui en confinement, n’importe où dans le monde…
Avant l’annonce officielle du lockdown, nous avions déjà comme but de nous poser et d’attendre que la situation se tasse un peu. De ce côté-là, ça n’a pas beaucoup changé nos plans. Nous avons eu de la chance de trouver une maison avec terrasse, cuisine, un lit confortable, un lave-linge et un wifi au top dans notre budget. Il nous a juste fallu apprendre à occuper nos journées de sédentaires mais nous nous adaptons pas trop mal. Nous redécouvrons le bonheur de mater un film ou de glander sur la terrasse avec une bonne tasse de thé et un bon livre (nos liseuses sont devenues notre meilleur investissement, merci Emilie!). D’ailleurs, nous nous trouvons à moins de cinq kilomètres du parc national et certains de ses habitants, comme des magnifiques oiseaux, des papillons multicolores ou encore des écureuils, viennent nous dire bonjour pendant nos séances de bronzage et c’est vraiment un gros kif! Nous ne pouvons pas aller dans la nature donc c’est la nature qui vient à nous.
Ce qui nous manque le plus, c’est la rando, et de marcher en général. Nous avons l’habitude de parcourir des dizaines de kilomètres à pied par jour. Mais rassurez-vous, nous ne sommes pas devenus des larves pour autant! Grâce à la technologie moderne, il est possible de suivre un cours de gym ou de fitness sur internet. Nous nous sommes également mis au yoga, une discipline pour laquelle nous avons eu un gros coup de cœur et qui nous suivra très certainement dans nos prochaines aventures.


La cuisine

Pour notre plus grand plaisir, nous avons dû nous remettre à la cuisine. Si en Amérique du Sud nous cuisinions souvent, ce n’était quasiment jamais le cas en Asie. Avec la Stret Food et les prix dérisoires, ce n’est pas rentable de faire la cuisine soi-même et pas vraiment dans la culture. Les différentes échoppes du villages sont bien achalandées et nous permettent de varier un peu les plats avec des légumes, des légumineuses, du curry et du tofu. Nous nous mettons aux spécialités locales, surtout indo-malaisiennes, et les résultats se font de plus en plus concluants, même si nos chappattis ne ressemblent que rarement à des chappattis. Bon, il faut avouer que nous en avons profité pour nous faire une petite orgie de pâtes (mais nous n’avons pas été dévaliser les rayons du supermarché non plus!)
Et puis nettoyer le désastre que nous laissons derrière nous après avoir joué aux apprentis sorciers est aussi un bon moyen de passer le temps!




Et l’après Covid 19?
C’est une très bonne question et nous n’avons pas la réponse. Nous ne savons même pas s’il y aura vraiment un après Covid 19. Peut-être que le monde du voyage ne sera plus le même. Nous nous contentons, pour l’instant, de vivre au jour le jour au gré des annonces du gouvernement. La tendance actuelle est de ne pas prolonger le lockdown au delà du 14 avril mais nous savons que la situation peut évoluer très vite. Quoi qu’il en soit, notre visa court jusqu’à mi-juin et les autorités malaisiennes ont annoncé faire preuve d’indulgence à ce sujet. Nous sommes donc assez sereins.
Nous profitons de cette pause pour nous remettre en question et pour éventuellement donner un nouveau souffle à notre aventure. Mais, nous sommes sûrs de ne toujours pas vouloir d’une « vie normale »! Pour l’instant, rien de concret à l’horizon mais nos discussions sont intéressantes et donnent un peu de piquant à cette vie sédentaire forcée.
Bon courage à ceux qui doivent bosser au front, prenez soin de vous où que vous soyez et surtout, RESTEZ CHEZ VOUS!!!