El Medano et la Montaña Pelada

La météo ne nous a pas gâtés ces derniers jours. Tempêtes et pluies se sont succédé dans l’archipel compromettant nos activités à l’extérieur. C’est le revers de la médaille de vivre au milieu de l’océan Atlantique Nord connu pour ses bourrasques hivernales. Heureusement, les températures sont tout de même restées assez clémentes même si le Teide, du haut de ses 3718 mètres, s’est paré d’un magnifique manteau neigeux.

Evidemment, dès que le soleil est revenu, nous avons vite rechaussé nos baskets et sommes partis à la découverte d’un nouveau coin de Tenerife. Seul bémol, il y a un vent à décorner des bœufs formant des mini tempêtes de sable. Nous avons littéralement « bouffé du sable ». Mais tout ce qui ne tue pas rend plus fort et ça ne nous a pas empêché de profiter d’une jolie petite balade dans un superbe paysage, une fois de plus.

Playa de la Jaquita

Comme la météo en montagne est encore mitigée, nous nous sommes, encore une fois, rabattus sur le littoral. Mince alors! Comme pour la Montaña Roja, notre point de départ est la station balnéaire d’El Medano. Mais cette fois, nous partons en direction du nord en longeant la superbe plage de la Jaquita qui possède quelques dunes. Elle ressemble à une plage de rêve, surtout à Tenerife ou les longues plages de sables sont assez peu nombreuses, mais attention, les courants marins peuvent être très forts et la baignade est plutôt dangereuse. Par contre, c’est un véritable paradis pour pratiquer le kite-surf!

Montaña Pelada

Notre but du jour est la boucle de la Montaña Pelada. Elle se situe juste après la playa de la Jaquita. On doit la formation de ce volcan à une éruption volcanique il y a plusieurs millions d’années. Le phénomène d’hydromagmatisme, c’est-à-dire l’interaction violente entre la lave brûlante et l’océan plutôt froid, a créé ce cône volcanique d’un kilomètre et demi de diamètre. Nous ignorons l’origine du nom « Montaña Pelada » (montagne pelée en français) mais nous imaginons que c’est dû à ses flancs complètement « pelés », dépourvus de végétation car constamment balayés par les forts vents de l’océan Atlantique.

Nous entamons l’ascension du volcan par le côté océan ce qui, par fort vent, n’est pas l’idée du siècle. Nous sommes près du bord et les rafales jouent dangereusement avec notre équilibre, surtout celui de Van qui, avec sa petite taille, ne pèse pas bien lourd. Mais qui dit vent dit également érosion et cette dernière a façonné un paysage extraordinaire, presque lunaire, depuis des millénaires.

Playa de la Montaña Pelada

Si nous avons pris le chemin côtier pour monter, c’est pour pouvoir observer d’en haut, entre deux bourrasques, la magnifique plage de la Montaña Pelada qui, comme son nom l’indique, est située juste au pied du volcan. Cette plage est superbe coincée dans sa petite baie. Mais ne vous y trompez pas! Elle est vraiment déconseillée pour la baignade, les courants sont forts et les rochers dangereux!

C’est après cette magnifique grimpette que nous arrivons, finalement assez facilement au sommet qui culmine à l’altitude très honorable de 67 mètres! La vue sur El Medano et la Montaña Roja est magnifique. De l’autre côté, c’est moins glamour, il y a l’institut technologique des énergies renouvelables avec ses éoliennes et ses panneaux solaires. Ce n’est pas très joli pour le paysage mais c’est important. Les Canaries veulent à tout prix cesser de dépendre des énergies fossiles qui sont très polluantes et qui doivent être importées. Et comme, il y a du vent et du soleil à volonté dans l’archipel, autant en profiter! Nous saluons en tout cas l’effort fourni par la région pour essayer de créer une énergie propre!

Barranco de la Rajita

Comme la plupart des reliefs à Tenerife, la Montaña Pelada possède aussi son barranco, cette grande faille façonnée par l’érosion. Il est assez impressionnant et descend directement sur l’océan où il débouche sur une petite plage naturiste.

La caldera

Nous avons grimpé au sommet de la Montaña Pelada… pour mieux nous plonger dans la caldera (ou cratère si vous préférez). On y distingue plusieurs sortes de roches, résultat des diverses phases de l’hydromagmatisme. Nous arrivons mieux à apercevoir les différentes couleurs de roches que sur la Montaña Colorada pourtant réputée pour ses différentes couches géologiques colorées. Il y a juste quelques buissons, qu’on appelle ici « tabaidal dulce » qui résistent à l’acidité du sol et au fort vent, même s’il est un peu plus modéré à l’intérieur de la caldera.

Nous redescendons par le chemin à l’intérieur des terres, plus abrité. C’est moins pittoresque qu’à l’aller mais la végétation s’y plait beaucoup mieux.

Antena de Central

A la fin de notre promenade, nous sommes tombés sur cette énorme antenne parabolique abandonnée, semble-t-il, depuis des années. Pourtant, elle ne date que de 2008! Elle faisait partie d’un grand projet de centrale thermique fonctionnant à l’énergie solaire. Mais voilà, la centrale n’avait pas reçu l’autorisation de construire dans la zone protégée de la Montaña Pelada et le proche voisinage s’est empressé d’aller dénoncer ce vice de forme aux autorités compétentes. Les Espagnols sont sympas et chaleureux mais ce sont également les rois de la délation, ce qui les rend insupportables! Donc la centrale a dû être laissée à son triste sort créant ainsi un site abandonné complètement surréaliste.

En pratique

  • Trajet : Boucle depuis El Medano pour la Montaña Pelada. A la sortie du village, côté nord, longer la plage de la Jaquita. Ensuite, le chemin n’est pas indiqué mais il est bien tracé.
  • Distance : Environ douze kilomètres (boucle depuis le centre du village de El Medano)
  • Temps de parcours : deux heures et demies
  • Difficulté : facile, le chemin est bien tracé. Il faut juste éviter le versant côté océan en cas de vertige.
  • Dénivelé : Environ 80 mètres

Finalement, devoir composer avec la météo nous a fait découvrir encore un coin sympa. Bonne nouvelle, les basses pressions venues de l’océan Atlantique devraient être derrière nous et laisser la place à un temps beaucoup plus clément! Nous allons donc pouvoir repartir à la découverte de coins sympas!

Sentier côtier El Medano – Los Abrigos – Golf del Sur

Nous qui étions venus aux Canaries pour avoir un hiver pas trop froid nous avons été servi ces jours! Une belle vague de chaleur, avec des températures dépassant allègrement les trente degrés, s’est invitée sur l’archipel pour notre plus grand bonheur! Petit revers de la médaille, l’absence de vent et, par conséquent, de nuages ainsi que de l’air qui nous vient tout droit du Sahara nous laisse une sècheresse de l’air à la limite du supportable. Nous sommes donc redescendu côté mer pour aller chercher un petit peu d’humidité avec cette petite balade côtière au bord de l’Atlantique.

El Medano

C’est le point de départ de notre promenade du jour. A la base, c’était un petit village de pêcheurs qui s’est transformé en station balnéaire avec l’arrivée du tourisme. Mais El Medano est restée modeste, il n’y a pas de grands blocs de béton qui font office d’hôtels ni de grands centres commerciaux. Elle a gardé son ambiance village où les habitants et les visiteurs vivent au rythme des différents vents afin de pratiquer le wind-surf ou le kite-surf. Il y a également une plage de sable, un luxe à Tenerife, assez abritée ou l’océan est un peu moins froid qu’ailleurs. L’Atlantique est froid pour nous qui nous sommes parfaitement habitués aux mers chaudes du sud mais les Européens du Nord s’en donnent à cœur joie pour la baignade!

Reserva natural de la Montaña Roja

Depuis El Medano, nous suivons la plage en direction du sud. C’est facile car nous avons la Montaña Roja comme point de repère. Nous arrivons vite dans une zone plus sauvage de dunes où se trouvent plus de 136 espèces végétales dont certaines endémiques. Elles ont quand même du mérite de pousser et de vivre dans cet endroit semi-aride soumis aux forts vents de l’Atlantique!

La Montaña Roja

Ce promontoire rocheux qui domine l’océan du haut de ses 171 mètres est en fait un cône volcanique qui s’est formé assez récemment. Il a quand même plusieurs milliers d’années mais pour un volcan, c’est encore jeune! C’est grâce à lui s’il y a des plages de sable à proximité. Son nom, qui signifie « montagne rouge » en français provient évidemment de la couleur de sa roche. Nous ne sommes pas montés au sommet pour des raisons de timing, nous ne voulions pas louper notre guagua de retour mais sachez qu’il y a un chemin pour y aller. Il faut compter un peu plus d’une heure pour l’aller-retour. Nous, nous sommes juste contentés de la contourner, mais ce n’est que partie remise.

Playa la Tejita

Au pied de la Montaña Roja se trouve une des plus longues plages de sable de Tenerife et une des plus belles! Ne vous emballez pas! Elle ne fait qu’un petit kilomètre mais pour une île volcanique, c’est tout à fait respectable. Le relief est plutôt escarpé avec des rochers se jetant dans la mer, donc les plages de sable ne sont pas légion sur l’île. Elle est assez éloignée des urbanisations, ce qui lui donne un côté un peu sauvage. Elle est prisée pour le kite-surf, le wind-surf ou encore le naturisme. Nous, nous la trouvons juste très belle!

Bunker Allemand de la Seconde Guerre Mondiale

Peu après la Playa Tejita, nous sommes tombés sur ce bâtiment visiblement d’utilité militaire. Nous en avons basiquement déduit qu’il datait de la Guerre Civile Espagnole. Perdu! Cette guerre n’a pas atteint les Canaries, elles en ont juste beaucoup souffert économiquement. Ce bunker est un blockhaus construit par les Allemands pendant la Deuxième Guerre Mondiale. L’Espagne n’a pas participé au conflit mondial et est restée officiellement neutre mais le Général Franco a plus ou moins donné son soutien à l’Allemagne nazie qui en échange a construit plusieurs bunkers dans l’archipel afin de défendre les côtes d’attaques éventuelles, qui n’eurent jamais lieu.

Très vite, nous retrouvons un paysage un peu plus commun de Tenerife, c’est-à-dire de la caillasse et des rochers. Mais nous ne nous plaignons pas, c’est ce qui donne à l’île un caractère unique.

Les falaises de Los Abrigos

Le chemin continue ensuite sur les falaises de Los Abrigos qui surplombent de magnifiques piscines naturelles. Le sentier est large et le sommet des falaises est plat, il n’y a aucun souci pour les personnes souffrant de vertige.

Los Abrigos

Après la superbe balade sur les falaises, nous arrivons dans la petite localité de Los Abrigos. Pour ceux qui parlent espagnol, vous aurez remarqué que le nom du village signifie « Les Manteaux », pourtant il y a rarement besoin d’en porter ici! L’ambiance change complètement de El Medano et le coin a gardé son âme de village de pêcheurs. C’est un lieu de villégiature pour des vacanciers un peu plus âgés loin de la vie nocturne trépidante de Los Cristianos.

Los Abrigos est connu pour ses magnifiques piscines naturelles. La roche volcanique et les anciennes coulées de lave rencontrent une eau cristalline et c’est superbe! La baignade y est possible mais non surveillée. Avec les courants forts de l’Atlantique et les cailloux, nous vous conseillons fortement d’être des excellents nageurs avant de tenter d’y faire trempette.

Et voici un petit aperçu depuis le bas des falaises sur lesquelles nous sommes venus depuis El Medano.

La marche peut parfaitement se terminer à Los Abrigos mais nous avons poussé le vice un peu plus loin pour des raisons de transports publics. Nous empruntons donc un chemin bien aménagé pour longer une magnifique plage de galets.

Golf del Sur

C’est notre terminus du jour. Là, nous changeons encore une fois complètement d’ambiance et pourtant, nous ne sommes qu’à une petite demi-heure de marche de Los Abrigos. Ici, c’est une station balnéaire cinq étoiles pour vacanciers fortunés. Si le lieu s’appelle ainsi c’est parce qu’il y a un golfe et qu’il est situé tout au sud de l’île de Tenerife. Quelle originalité! A part des grands hôtels avec piscine et, bien sûr, un golf, il n’y a vraiment rien d’intéressant. Il y a juste une jolie vue sur Los Abrigos et la Montagne Rouge derrière.

En pratique

  • Trajet : El Medano – Los Abrigos – Golf del Sur. Tout à fait faisable en sens inverse. Depuis El Medano suivre la plage en direction de la Montaña Roja. Ensuite, le chemin est bien délimité avec des pierres, le but étant d’empêcher les marcheurs de piétiner la réserve naturelle. Après la Playa Tejita, il suffit de suivre la côte
  • Distance : 12,5 kilomètres
  • Temps de parcours : deux heures et quarante-cinq minutes
  • Dénivelé : quasiment nul, c’est presque tout plat
  • Difficulté : facile, c’est plat et les sentiers sont bien marqués

Avec un temps aussi splendide et un ciel sans nuage, nous avons eu un compagnon de route qui nous a suivi tout le long du parcours du haut de ses 3718 mètres d’altitude. Nous parlons évidemment du Teide, le point culminant de Tenerife, et de toute l’Espagne. (C’est le pic sous la flèche sur la photo) Il est, comme souvent, surmonté d’un nuage qu’ici on surnomme affectueusement « El sombrero ».

En plus gros… (C’est la même photo recadrée, d’où la qualité douteuse)

Nous ne nous lassons pas des paysages extraordinaires de Tenerife même si nous devons nous adapter à la météo. Mais le soleil est, en principe, généreux, les températures sont agréables et nous pouvons profiter de belles sorties dans la nature. Que demander de plus?