Seremban et Cabo Rachado

Écourter notre séjour à Sabah pour cause de météo c’est une chose, mais trouver de quoi nous occuper jusqu’au 10 février en Malaisie péninsulaire c’en est une autre! Nous ne voulions pas trop nous éloigner de Kuala Lumpur car les trajets prennent vite du temps et nous voulions revoir la mer. Nous venons d’un canton montagnard et pourtant, nous sommes toujours irrésistiblement attirés par la mer! Port Dickson, station balnéaire pour les habitants de la capitale, aurait fait un bon compromis mais les hébergements sont hors de prix, c’est pourquoi nous nous sommes rabattus sur Seremban.

Seremban est la capitale de l’état de Negeri Sembilan, elle est située à 54 kilomètres de Kuala Lumpur et à environ trente kilomètres de la côte, le compromis idéal pour nous! En plus, la ville est accessible et super bien desservie avec les trains de banlieue depuis la gare « Sentral » de KL. Nous ne nous attendions pas à grand chose, notre but était juste de pouvoir dormir pas cher! Pourtant, Seremban s’avère être une petite ville, certes sans grand intérêt, mais agréable, à taille humaine avec quelques vestiges coloniaux et, multiculturalisme oblige, divers temples, mosquées et églises, et surtout, des stands de bouffe!

Taman Tasik

Comme toutes les villes de Malaisie ayant connu la colonisation britannique, Seremban possède son jardin municipal avec ses plantes tropicales, ses étangs et ses promenades agréables au calme et, pourtant, en plein centre-ville. Taman Tasik signifie en malais, le jardin des lacs, même s’il n’y en a pas beaucoup comparé à Taiping. On peut y observer des écureuils, des tortues, des libellules et une variété incroyable d’oiseaux multicolores. Les étangs étaient à la base dédiés à la pêche mais les autorités ont finalement décidé d’y interdire cette activité afin de préserver les espèces qui y vivent.

Cabo Rachado

C’est la raison pour laquelle nous avons atterri dans cette région méconnue! Dès que nous voyons une étendue verte sur une carte, nous fonçons! Bon, là nous avons dû nous débrouiller et faire sans les transports publics mais en Malaisie, l’application Grab, l’Uber local, fonctionne très bien.

Cabo Rachado ça sonne drôlement latin comme nom, ne trouvez-vous pas? En effet, c’est du portugais! C’est une petite péninsule terminée par un cap où les Portugais, lors de la colonisation de Malacca, y construisirent un phare afin d’avoir le contrôle sur tout le détroit. D’ailleurs, aujourd’hui encore, le territoire de la péninsule est une exclave de l’état de Malacca. Il y a une dense forêt tropicale de plus de 157 hectares servant d’aire de repos aux oiseaux migrateurs qui passent l’hiver sur l’île de Sumatra et qui viennent y reprendre des forces avant, respectivement après la traversée du détroit de Malacca. Mais même hors période de migrations, nous pouvons observer une multitude d’oiseaux multicolores, des papillons, des écureuils et un grand nombre de macaques.

Le phare

A l’extrémité du cap se trouve évidemment un phare. Celui d’origine datait du XVIe siècle et avait été érigé par les Portugais afin de surveiller tout le détroit de Malacca. C’était le premier phare construit en Malaisie. Le phare actuel date de 1863, en pleine ère britannique et mesure vingt-quatre mètres de hauteur. Depuis 1990, il est accompagné d’un radar à avion car la péninsule se trouve en pleine zone d’approche de l’aéroport international de Kuala Lumpur. D’ailleurs, le cap et la forêt se voient très bien depuis le hublot de l’avion lors de la phase d’atterrissage. Le promontoire où se trouve le phare offre une superbe vue sur le détroit et nous avons juste pu deviner le relief de l’île de Sumatra, située en face à trente-huit kilomètres de là.

Pantai Cremin

Depuis le phare, nous descendons droit en direction de la mer au milieu de la forêt et nous débouchons sur une superbe plage de sable blanc. Si ce n’est pas le paradis, ça y ressemble fortement! Surtout qu’il n’y a absolument personne! Vu la clarté de l’eau, nous n’avons pas pu nous empêcher d’improviser une baignade, surtout que l’eau est aussi chaude que des bains thermaux et que nous n’avons pas vu de bébêtes chelous genre méduses ou crocodiles. Il est sûr que cet endroit fera son entrée dans notre top cinq des plus belles plages de notre tour du monde!

Retour par la côte

Nous rentrons par un petit chemin dans une forêt côtière qui débouche de temps en temps sur de superbes plages et petites criques.

La mangrove

Pour terminer le trail, il faut traverser une magnifique mangrove. Là, ça se corse! Le chemin n’est plus vraiment tracé, il faut faire attention de ne pas s’enfoncer dans la vase et ça grouille de crabes. Et nous ne voulons pas abîmer cet écosystème fragile et tellement indispensable pour protéger le littoral et pour en empêcher son érosion. Nous avons été peut-être un peu trop têtus en voulant à tout prix traverser la mangrove. Honnêtement, il aurait sûrement mieux valu retourner en arrière par la forêt. Mais bon, nous sommes toujours plus intelligents après. Quoi qu’il en soit, la mangrove est magnifique et il vaut la peine d’y jeter un coup d’œil même si vous êtes assez raisonnables pour ne pas la traverser.

Pour cette étape, rien n’était prévu, ça a été décidé à l’arrache à la dernière minute après avoir juste jeté un coup d’œil sur une carte. Finalement, nous sommes tombés sur un petit bijou, comme ça nous est souvent arrivé dans ces cas là! Nous ne regrettons pas une seconde d’avoir laissé tomber Sabah pour revenir en Malaisie péninsulaire car le soleil est vraiment au rendez-vous et, même s’il fait très chaud, c’est bien agréable de ne pas se retrouver sous des trombes d’eau! Et sans ces mésaventures météorologiques, nous n’aurions jamais découvert ce sanctuaire à oiseaux loin des gros circuits touristiques.

Pour la suite, nous remettrons notre casquette de citadins pendant quelques jours car c’est le Nouvel An Chinois et nous aimerions profiter de Kuala Lumpur pour assister aux festivités et effectuer quelques achats avant de nous envoler vers de nouvelles aventures.