Quand on parle d’Andalousie, ce n’est pas Jaén qui nous vient en premier à l’esprit. Et à raison! Ce n’est pas dans les habituels circuits touristiques, c’est loin de la mer, l’offre hôtelière n’est pas ouf et ça ne se trouve pas en bonne position sur les différentes voies de communication de la région. Ce sont justement tous ces petits défauts qui nous ont donné envie d’en découvrir un peu plus.
Afin de mener à bien notre projet, nous avons posé nos sacs à Granada, une ville que nous adorons et qui ne se trouve qu’à une petite heure de bus au sud de Jaén. Nous aurions pu prendre un train « media distancia » directement depuis Séville mais c’est long, c’est cher et nous avons trouvé de meilleures offres hôtelières à Granada.

Grâce au cerro Santa Catalina qui domine la ville, Jaén fut habitée très tôt dans la préhistoire. Les Ibères en firent un important oppidum qui fut, plus tard, largement disputé entre les Carthaginois et les Romains. A la chute de l’empire romain, la ville fut complètement boudée par les Visigoths. Ce sont les Arabes qui firent de Jaén une ville renommée grâce à la fabrication de tapisseries qui furent exportées dans tout le royaume d’Al-Andalus et même jusqu’au Maghreb! En 1225, la ville fut attaquée par les troupes du roi Fernando III mais les musulmans se défendirent férocement jusqu’en 1246 où Jaén fut finalement reconquise par les rois catholiques. La cour royale espagnole s’y installa même pendant la conquête du Nouveau Monde. Mais les différentes guerres qu’à connu la péninsule ibérique les siècles suivants laissèrent la ville exsangue et sans aucune ressource.
Aujourd’hui, Jaén est une petite capitale provinciale qui vit principalement de la production de l’huile d’olive, véritable or vert pour la région. Le centre historique a souffert des différentes mises à sac de la ville notamment par les troupes napoléoniennes mais il reste quelques petites ruelles toutes mignonnes qui correspondent grosso modo à l’ancienne Juderia (quartier juif). L’architecture est plutôt du style de la Mancha (centre-sud de l’Espagne) C’est normal car nous sommes ici tout au nord de l’Andalousie et la frontière avec la région Castilla-la-Mancha se trouve à quelques encablures dans la Sierra de Andújar.






Catedral de la Asunción

C’est le clou du spectacle du centre historique de Jaén! Il y avait, comme souvent en Espagne du sud, une mosquée à cet emplacement mais elle fut totalement détruite par les rois catholiques. La construction de la cathédrale commença en 1249 et dura plus de cinq siècles. L’édifice mélange d’ailleurs les styles architecturaux des différentes époques. Ce que nous voyons aujourd’hui date des XVe et XVIe siècles et est un pur exemple du baroque espagnol. Nous la trouvons juste majestueuse, magnifique et très « latino-américaine ». Elle nous rappelle d’ailleurs un peu Cuzco.





En parlant d’Amérique Latine, la cathédrale est candidate pour être inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO sous prétexte qu’elle servit de modèle à plusieurs cathédrales du Nouveau Monde dont celles de Mérida (au Mexique pas en Estrémadure!), Lima, Cuzco et Antigua Guatemala que nous avons eu l’occasion de voir.
Ci-dessous, voici des images de la cathédrale de la Virgen de la Asunción de Cuzco, de la cathédrale San Idelfonso de Mérida (Mexique) ainsi que de la cathédrale métropolitaine de Lima que nous avons prises lors de nos différents voyages. Il faut reconnaître qu’il y a effectivement un air de famille avec la cathédrale de Jaén!



La grimpette du jour

Jaén se situe au cœur de la cordillère Subbétique, celle qui se situe au milieu des trois cordillères bétiques qui traversent toute l’Andalousie. Ce qui renforce la ressemblance avec des villes andines comme Cuzco. Le relief est donc tout indiqué pour nous permettre d’effectuer notre traditionnelle grimpette. Nous montons donc sur le cerro Santa Catalina qui domine la ville de Jaén du haut de ses 820 mètres d’altitude. Il y a une route qui rejoint le sommet et nous avons même vu un minibus à la station de bus qui dessert le château. Mais nous avons choisi de faire travailler nos gambettes. Le chemin est un peu scabreux dans la caillasse, c’est raide, un peu vertigineux et il y a plein d’herbes piquantes qui nous ont offert une séance d’acupuncture gratuite. Mais le jeu en vaut la chandelle : la paroi est impressionnante et nous avons eu la chance d’apercevoir deux chamois se promenant dans le coin et que nous avons même pu immortaliser en vidéo sur nos stories instagram.


Castillo de Santa Catarina

Au sommet du cerro Santa Catalina se dresse le château du même nom. Ce que nous voyons aujourd’hui date de l’époque castillane donc après 1246 même si ce sont les Arabes qui ont, en premier, érigé une forteresse à cet endroit. Ce qui restait de l’époque musulmane a été complètement détruit au XIXe siècle par les troupes napoléoniennes. Aujourd’hui, l’édifice abrite un parador, c’est-à-dire un hôtel de charme dans un bâtiment historique.
Le 25 novembre, jour de Santa Catalina (ou Sainte-Catherine en français), la tradition est de monter à pied jusqu’au château et d’y griller des sardines. Nous ne comprenons pas trop le pourquoi des sardines car Jaén n’a pas d’accès à la mer mais nous trouvons la tradition des grillades plutôt sympa.





Après une grimpette pareille, nous pouvons nous attendre à une jolie vue n’est-ce-pas? En effet, nous n’avons pas été déçus. La cordillère nous offre un paysage incroyable et avec les pluies de la Semana Santa, tout est bien vert et c’est magnifique! Il y a également une belle vue sur la ville de Jaén dans la cuvette avec la cathédrale qui se détache tellement elle est énorme! Le climat frais du printemps vient renforcer l’ambiance très andine du lieu. Il y a juste les champs d’oliviers qui nous rappellent que nous sommes bien en Andalousie.
Pour redescendre en ville, nous empruntons le chemin qui longe la muraille nord. C’est tout aussi raide mais c’est beaucoup moins scabreux et vertigineux qu’à l’aller. Ces remparts, en cours de restauration, sont les derniers vestiges de l’époque califale de toute la forteresse de Jaén.



On nous avait conseillé d’aller visiter les bains arabes et effectivement ils ont vraiment l’air de valoir le coup mais nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’aller les voir.

Jaén n’est effectivement pas la ville la plus pittoresque d’Andalousie mais nous avons adoré sa douceur de vivre, son ambiance un peu montagnarde, ses champs d’oliviers à perte de vue et sa cathédrale de ouf qui nous a rappelé de très bon souvenirs d’Amérique latine.





