Carmona et ses clochers

Les trésors de la province de Séville ont tendance à être éclipsés par la beauté de leur capitale (Séville donc) et par leur éloignement des spots plus touristiques des côtes andalouses. Pourtant, beaucoup d’entre eux valent la peine qu’on s’y attarde un petit peu. Nous vous l’avions démontré la dernière fois avec Osuna, nous allons vous le démontrer à nouveau cette fois avec la petite ville de Carmona.

Carmona est une petite ville sévillane située à une trentaine de kilomètres de la capitale régionale en direction de Cordoba dans la plaine du Guadalquivir. Il y a des bus de la Junta de Andalucia qui partent toutes les heures des gares sévillanes de San Bernardo ou Santa Justa et le trajet dure entre 45 minutes et une heure. Aucune excuse pour zapper le coin lors de votre prochain séjour à Séville!

Il est vrai que ces derniers temps nous nous attardons pas mal dans les environs de la capitale andalouse! La première raison est tout simplement météorologique : il devient de moins en moins agréable à l’approche de l’hiver de se prendre les vents glaciaux de l’Atlantique et accessoirement, l’intérieur de l’Andalousie est presque impossible à visiter pendant les chaleurs estivales. La deuxième raison est que nous profitons des largesses gouvernementales qui nous offrent un abonnement de train gratuit jusqu’à la fin de l’année pour compenser l’inflation. Nous avons choisi le trajet JerezSéville, déjà parce-que nous adorons cette dernière et aussi parce-que ça nous permet d’explorer d’autres coins de notre si belle région.

C’est vrai qu’il manque le soleil en hiver!

Casco antiguo

La Puerta de Sevilla, la porte d’accès au centre historique

Pour accéder au centre historique, il faut passer par la Puerta de Sevilla. Impossible de la louper, elle est tellement imposante, que c’est la première chose qu’on aperçoit à la sortie du bus! En fait, la porte fait partie de tout un système défensif et d’un alcazar. D’après certaines archives découvertes, les toutes premières fortifications de Carmona dateraient du XIVe AVANT Jésus-Christ et celles qu’on peut encore voir aujourd’hui ont été construites par les Carthaginois (IIIe siècle avant J.-C.!) Imaginez donc toute l’histoire dont est imprégnée la ville! La porte en elle-même date de l’époque romaine mais elle a été transformée par les Omeyyades puis les Almohades (les musulmans andalous entre les IXe et XIIe siècles). On peut d’ailleurs apercevoir la fameuse forme en serrure typiquement arabe. Bref, la porte et ce qu’il reste de l’alcazar sont super impressionnants et c’est un très beau point de départ pour commencer la visite.

Intra-muros, il ne reste plus beaucoup de vestiges de la période musulmane à part quelques petits détails architecturaux. C’est un vrai labyrinthe de petites ruelles qui correspondent à l’ancienne Juderia (le quartier juif). Les maisons, quant à elles, sont typiquement andalouses et datent du XVIIIe siècle et sont blanchies à la chaux comme dans pratiquement toutes les villes de la région. La ville de Carmona est candidate pour une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO pour son ensemble historique et franchement, elle le mérite amplement, c’est vraiment superbe!

La ville aux mille églises
Convento de la Trinidad

L’Espagne est un pays catholique, nous ne sommes donc pas surpris de rencontrer des églises mais dans le centre historique de Carmona, il y en a vraiment partout. Nous avons d’ailleurs demandé aux habitants combien il y en a, personne n’a été en mesure de nous répondre, à part un laconique « mucho » (beaucoup!) tellement elles sont nombreuses! C’est sûrement parce qu’ il fallait bien convertir les mosquées lors de la Reconquista et utiliser le budget provenant de l’or pillé en Amérique du Sud lors de la colonisation. Bon, nous parlons du terme générique d’église mais en fait il y a deux couvents, un monastère, des églises paroissiales, des basiliques,… Chaque édifice a une fonction précise au sein du catholicisme mais nous ne sommes pas assez calés, ni assez intéressés par les bondieuseries pour vous en faire un exposé détaillé.

Avec tous ces édifices religieux, la skyline de Carmona est composée essentiellement de clochers et c’est plutôt sympa de les apercevoir au bout d’une petite ruelle. Il y en a pour tous les goûts : des gothiques dans un style bien médiéval ou, nos préférés, des baroques plus colorés qui nous donnent un avant-goût de l’Amérique latine.

Alcazar de Arriba

Son vrai nom est Alcazar del Rey Don Pedro mais on l’appelle plus communément Alcazar de Arriba (Alcazar d’en haut) par analogie à la Puerta de Sevilla qui est « l’Alcazar du bas » à cause de sa situation plus bas dans la ville. L’Alcazar de Arriba se situe effectivement en haut de la ville mais rassurez-vous, nous sommes ici en plein dans la plaine du Guadalquivir le relief est vraiment peu marqué et c’est plus un faux plat constant qu’une vraie grimpette qui vous mènera à la forteresse. Il date évidemment de l’époque musulmane et a été réformé par les Rois Catholiques après la Reconquista dont Don Pedro qui donna son nom à l’édifice. L’extérieur des murailles ont été endommagées par deux tremblements de terre successifs et ça se voit encore aujourd’hui, La cour intérieure est, par contre, bien restaurée et abrite un parador, c’est-à-dire un hôtel de luxe dans un cadre historique.

Pour les passionnés de vexillologie (on se la pète avec des termes savants mais en fait nous avons appris ce mot grâce à Sheldon dans Big Bang Theory!), l’étude des drapeaux, l’emblème dans la galerie ci-dessous avec les lions est celui de la région Castille et Leon qui se situe au nord-ouest de Madrid. Nous n’avons pas trouvé d’explication sur le fait qu’il se retrouve sur un édifice en plein cœur de l’Andalousie mais, à notre avis, vu que la Reconquista s’est faite par les rois castillans, ils ont sûrement voulu poser leur emblème bien en vue après la conquête de la ville.

Iglesia de San Pedro

Encore une église! Celle-ci se trouve extra-muros en face de la puerta de Sevilla et c’est également une des premières choses qu’on remarque à la descente du bus, surtout le campanile qui est bien imposant. L’édifice, de pur style baroque, date du XVe siècle, donc après la Reconquista. Ils ont dû penser à l’époque qu’il n’y avait pas assez d’églises à Carmona et qu’il fallait en rajouter une! Même s’il nous fait penser à un ancien minaret, le clocher date du XVIIIe siècle en pleine époque catholique. On l’appelle la Giraldilla car il a été bâti sur le modèle de la Giralda de Séville qui elle, est effectivement le vestige du minaret de l’ancienne grande mosquée de la ville. Avec la construction de la ville moderne, il est un peu compliqué d’admirer l’église dans toute sa splendeur. C’est dommage car les détails baroques comme la jolie coupole ont vraiment l’air dignes d’intérêt.

La nécropole romaine

A l’ouest de la ville, à environ 10 minutes de marche de la Puerta de Sevilla, se trouve une grande nécropole romaine datant des Ier et IIe siècles de notre ère. Ce serait le plus grand monument funéraire romain de la péninsule ibérique, et effectivement, c’est énorme et tout n’a pas encore été découvert. On ne parle pas ici de simples tombes mais de véritables mausolées où on ne se contentait pas seulement d’y enterrer les morts. En effet, les funérailles se célébraient à l’intérieur même du tombeau. Nous parlons de l’époque romaine donc il ne s’agissait pas de simples agapes mais de véritables banquets pour célébrer la mémoire du défunt. Tout était prévu : des salles à manger, des latrines, des cuisines, des salles pour les domestiques, etc…

A noter que le site se trouve dans un joli parc bien arboré et, qu’outre l’intérêt historique, c’est sympa de s’y promener et d’y observer la végétation et les perruches qui s’y abritent. L’entrée au site est gratuit pour les citoyens de l’Union Européenne.

Il y a un bâtiment qui abrite un petite musée exposant les objets trouvés dans la nécropole ainsi que quelques explications intéressantes, notamment sur les banquets. Sur le toit, il y a un mirador qui donne sur un ancien amphithéâtre romain, le premier découvert en Espagne. On ne peut pas y accéder de près et son état de conservation n’est pas top. On peut également avoir un bon aperçu de la ville de Carmona avec ses clochers et ses murailles mais la météo n’était pas vraiment avec nous. On est loin de l’image de carte postale mais il y a quand même certains jours, surtout en hiver, où le soleil ne brille pas en Andalousie!

Nous sommes super contents d’avoir accès à cet abonnement de train gratuit! La province de Séville, bien que très différente que celle de Cadiz où nous vivons, a l’air de regorger de coins sympas! En plus décembre approche à grand pas et les villes andalouses vont s’illuminer pour Noël! Nous avons hâte d’aller découvrir ces symphonies de lumières, même si ce sera un peu limité cette année, sobriété énergétique oblige.

Osuna, le coeur de l’Andalousie

La province de Séville n’a aucun village sous l’appellation officielle « pueblos blancos », c’est à dire, les fameux villages blancs. Pourtant, elle possède également quelques petits trésors perdus dans sa campagne. C’est le cas de la petite ville d’Osuna que nous allons vous faire découvrir dans cet article.

Osuna se situe presque au coeur géographique de l’Andalousie au milieu des champs d’oliviers et la fabrication d’huile d’olive reste sa principale ressource économique. Le paysage qui l’entoure est le cliché parfait de la carte postale du sud de l’Espagne. Elle se trouve à un carrefour stratégique de voies de communication et est facilement accessible par la route ou par le train sur la ligne SévilleMalaga. Nous avons choisi ce dernier moyen de transport pour nous y rendre, déjà par conviction écologique et puis parce-que nous avons reçu des points RENFE (les chemins de fer espagnols) que nous devons utiliser avant la fin de l’année. Nous n’avons pas besoin d’excuse pour partir en vadrouille mais puisque la RENFE a décidé de se montrer généreuse, ce serait bête de ne pas en profiter!

Le Centre historique

Le centre historique date de ce qu’on appelle la Renaissance sévillane. C’est la période qui coïncide avec la conquête du Nouveau Monde (XVIe siècle) et qui a apporté beaucoup de richesse à la ville de Séville, alors siège des colonies, et à sa région. Rien de bien nouveau par rapport aux autres localités andalouses : ce sont toujours les maisons blanchies à la chaux, des édifices religieux et quelques détails baroques. Mais, c’est toujours autant joli et c’est toujours un plaisir de déambuler dans les petites ruelles et de découvrir des détails architecturaux ou de discuter avec les anciens du villages qui sont de vraies encyclopédies vivantes.

Plaza Mayor

Elle est plutôt petite pour une Plaza Mayor (littéralement Grand-Place) mais elle contient quelques-uns des édifices les plus emblématiques d’Osuna. Parmi eux, le couvent de la Concepcion, l’Ayutamiento (la mairie) et ses arcades ainsi que le casino de style architectural moitié andalou, moitié art-nouveau. De là, on peut apercevoir la collégiale qui domine toute la place depuis la ville haute.

Calle San Pedro

Du XVIe au XIXe siècle, la ville était dirigée par les ducs d’Osuna, une famille noble très importante en Espagne, et accessoirement très riche. Lors de la Renaissance, il firent construire la calle San Pedro, une rue bordée d’édifices andalous aux détails architecturaux baroques. Ce n’est pas si original pour l’Andalousie nous direz-vous. Sauf que là, ils se sont vraiment lâchés sur le baroque. Tout le faste des villes comme Florence ou Vienne se retrouvent sur quelques bâtiments dans une ruelle au milieu de la campagne sévillane! C’est certes très joli mais quand même un poil chargé parfois. Il y a même la Giralda de Séville qui s’est incrustée dans le décor. Saurez-vous la retrouver dans la galerie ci-dessous?

La ville haute

On l’appelle ville haute car le quartier surplombe un peu le centre historique mais dans les faits, nous sommes dans une plaine bien plate juste arrondie par quelques petites collines. Donc la grimpette pour y accéder s’apparente plus à du faux plat qu’à une vraie montée, c’est vraiment accessible à tous. Les ducs d’Osuna ont profité de ce vague relief à l’époque pour édifier quelques bâtiments emblématiques symbole de leur pouvoir et de leur richesse. On y trouve également les traces d’un passé plus ancien comme l’ancienne muraille romaine, l’ancien château médiéval ou un ermitage mais il n’en reste que de vagues ruines. Il y a également un théâtre romain mais nous n’avons pas pu y accéder parce-que c’était tout simplement fermé. Visiter Osuna un lundi hors saison n’était peut-être pas l’idée du siècle.

Iglesia Colegial de Nuestra Señora de la Asunción

C’est ce mastodonte un peu austère qui domine la Plaza Mayor dans le centre historique. Cet édifice date du XVe siècle, comme la plupart des bâtiments de la ville, mais est construit sur l’ancienne église du château qui avait été détruite par un incendie deux siècles auparavant. Si l’extérieur reste très sobre, il paraît que l’intérieur regorge d’œuvres très baroques d’artistes locaux toutes plus belles les unes que les autres. Mais là aussi nous sommes tombés sur un jour de fermeture. Fun fact : quelques scènes de la cinquième saison de la série Game of Thrones ont été tournée dans l’enceinte de la collégiale. Le musée d’Osuna situé dans le centre historique dédié une de ses salles à une exposition très intéressante sur le tournage de la série dans la ville.

L’Université d’Osuna

Osuna était prospère grâce notamment à la culture des oliviers mais souffrait un peu de sa réputation rurale et paysanne vis à vis de Séville, plus citadine et érudite. En 1548, on décida donc de fonder une université, grâce aux deniers des ducs d’Osuna, pour montrer à la grande ville que les paysans d’Osuna avaient également un cerveau! Le bâtiment a été intégralement construit à cet usage même si les deux minarets peuvent laisser penser à un héritage de la période musulmane. Malgré la Reconquista, il était de bon goût à l’époque d’orner les nouvelles constructions de détails piqués à l’architecture mudéjare. L’université était très prestigieuse et même Cervantes, l’écrivain espagnol le plus connu, en parle dans quelques-unes de ses œuvres. Elle a accueilli des milliers d’étudiants pendant près de trois siècles avant de fermer définitivement ses portes en 1824 où tout l’enseignement supérieur a été centralisé dans les capitales provinciales. En 1995, elle a finalement réouvert ses portes et accueille les facs de commerce et des sciences de la santé de l’université de Séville.

Hors de la ville

Si vous avez un peu de temps, il vaut la peine, depuis la ville haute, de sortir de l’urbanisation et de se promener sur les sentiers alentours. Ce sont des balades très faciles et c’est presque à plat. Avec les champs d’oliviers, c’est LA carte postale typique de l’Andalousie rurale.

La nécropole

Nous allons être honnêtes. Si ce n’était pas indiqué, nous n’aurions jamais deviné que ce site est une ancienne nécropole car l’état de conservation n’est pas top. Les archéologues y ont découverts des objets appartenant indubitablement à l’Epoque Romaine même si certains signes laissent à penser que la nécropole a également été utilisés par leurs successeurs, les Wisigoths. Le site ne serait qu’un petit aperçu de tout un complexe funéraire qui n’a pas encore été découvert.

Coto de las Canteras

Les locaux appellent ce site la Petra de l’Andalousie. Cette comparaison nous paraît un peu surfaite mais comme nous n’y avons pas encore été, nous serons obligés de nous rendre en Jordanie dans le seul but de vérifier cette information. (Arf, l’excuse à deux balles!) En fait, ce sont des carrières dont la pierre a été extraite au fil des siècles pour construire les différents édifices de la ville d’Osuna. Elles ont été actives depuis l’époque des Ibères jusqu’au milieu du XXe siècle. Le bâtiment administratif des carrières avait été construit dans la roche tel une maison troglodytique. Il se visite mais uniquement le week-end.

L’extraction de la roche a laissé un superbe paysage sur le versant des collines du piémont sub-bétique. Avec cette roche couleur ocre, ce paysage taillé au burin et ces cactus, nous aurons plus tendance à comparer tout ça à l’Arizona plutôt qu’à la Jordanie, mais ce n’est qu’un avis personnel. Quoiqu’il en soit, c’est une très jolie balade à faire à pied depuis Osuna.

Même si le relief n’est pas très élevé, monter ces petites collines nous permet quand même de profiter d’une jolie vue sur Osuna et ses champs d’oliviers. Malgré un climat très doux, l’automne est quand même là et le soleil a parfois tendance à se cacher derrière une belle couche nuageuse rendant les photos un peu tristounettes.

Si vous voulez voir le cœur de l’Andalousie, Osuna est une très bonne option. Elle a gardé son caractère très terrien, très rural tout en étant très accueillante envers les visiteurs de passage. Une bonne grosse journée de visite peut suffire, il faudrait en ajouter une deuxième pour bien se promener dans les alentours. Ce fut encore un gros coup de cœur pour nous, c’est une ville très accessible qui a beaucoup à offrir tout en étant légèrement en dehors des grandes routes touristiques. C’est un endroit que nous recommandons chaudement!

Ronda et ses ponts

Ce ne sont pas les villages blancs qui manquent en Andalousie mais il y en un qui ressort souvent, c’est celui de Ronda. Comme il est bien desservi par les transports publics, nous décidons d’aller vérifier s’il mérite vraiment sa réputation.

Arco de San Felipe et Puente Viejo
Quelques petits conseils pour visiter Ronda
  • Venez si possible en transports publics. Ronda est très bien desservie par les bus, un peu moins par le train mais tout à fait faisable depuis Algeciras ou Malaga. En voiture, c’est la galère! Il n’y a pas de véritable parking digne de ce nom et circuler dans les ruelles de la ville est un véritable cauchemar.
  • Munissez-vous de bonnes chaussures. Ceci est valable pour toutes les villes d’Andalousie mais plus particulièrement pour Ronda. C’est très mal plat et les ruelles sont pavées de cailloux super mignons mais peu agréables pour la plante des pieds. Enfin, les sentiers pour aller admirer le Puente Nuevo depuis en bas sont en terre battue, raides et un peu glissants.
  • Essayer d’y dormir au moins une nuit. Il y a toute une gamme de logements pour tous les budgets et ça vous permettra de profiter de la ville hors des heures de grande fréquentation touristiques dues aux visites à la journée depuis la Costa del Sol.
  • Sortez de la vieille ville juste de quelques mètres pour vous restaurer. Les bistrots sont moins pittoresques mais les tapas sont à tomber et les prix beaucoup plus raisonnables. Nous avons d’ailleurs l’adresse d’une œnothèque vraiment sympa avec des vins du terroir et de super petits plats. N’hésitez pas à nous contacter, nous vous donnerons le contact avec plaisir.
Petite douceur marocaine pour rappeler l’histoire musulmane de Ronda

Une situation géographique particulière

Les gorges du Rio Guadalevin

Ronda est située sur les versants est des montagnes de la Sierra de Grazalema, une petite chaîne de montagnes appartenant aux cordillères bétiques, qui sépare les provinces de Cadiz et de Malaga. La ville est située sur une énorme faille appelée Tajo de Ronda. C’est un canyon impressionnant d’une centaine de mètres de profondeur au fond duquel s’écoule le Rio Guadalevin. Une partie des maisons de Ronda se trouve au bord de cette faille et il faut avouer que c’est assez impressionnant. Les falaises sont quasi à la verticale et seuls quelques cactus ou quelques figuiers osent s’y accrocher. D’ailleurs, il est fort dommage qu’il soit impossible de vous transmettre les odeurs car un figuier réchauffé par le soleil sent super bon, à condition d’aimer les figues bien sûr!

Autre fun fact géographique, Ronda se situe aux antipodes exactes de la ville d’Auckland en Nouvelle-Zélande.

Une cité fortifiée

Puerta de Almocabar

Ce sont les Romains qui, les premiers, construisirent des fortifications après avoir chassé les Carthaginois du lieu. Les murailles qui nous restent aujourd’hui ont été édifiée par les Arabes entre le Xe et le XIe siècles et ont été modifiée par la suite notamment par le roi Charles V. Malgré une longue histoire musulmane, il n’y a pas beaucoup d’autres monuments que les remparts qui nous rappellent cette époque à Ronda.

Barrio San Francisco

San Francisco est le centre historique qui se trouve à l’intérieur des remparts. Il correspond à l’ancienne médina de l’époque musulmane. Ronda appartient à la province de Malaga pourtant beaucoup de choses ici nous rappellent Granada comme les ruelles mal plates pavées de cailloux inconfortables, les maisons blanchies à la chaux ainsi que les vendeurs de thé à la menthe marocain et de pâtisseries orientales. Ce qui est logique vu que la ville appartenait au royaume de Grenade, la dernière partie arabe de la péninsule ibérique ayant résisté à la Reconquista jusqu’à la fin du XVe siècle. Sachant cela, nous nous attendions à découvrir plus d’architecture mudéjare dans le quartier. A part les remparts, un minaret et quelques détails sur quelques bâtiments religieux, il ne reste plus grand chose de cette époque faste. Ceci s’explique sûrement par l’effondrement économique que connut Ronda après la Reconquista et l’intolérance religieuse qui en découla (les musulmans et les juifs durent fuir la ville ou se convertir au catholicisme) fit que beaucoup d’édifices rappelant la religion musulmane furent détruits. La ville ne connut un regain économique qu’au XVIIIe siècle et les maisons andalouses qui bordent les ruelles datent de cette époque.

Malgré cette histoire pas très jolie, le quartier de San Francisco est vraiment pittoresque et ça reste un régal pour les yeux de déambuler à travers ses petites ruelles.

El Mercadillo

Iglesia de la Merced

Le Mercadillo est le quartier qui se situe sur l’autre rive du Rio Guadalevin par rapport à la ville fortifiée du quartier de San Francisco. C’est la « ville nouvelle » construite au XVIIIe siècle (même si certains bâtiments sont plus anciens) lors du regain économique de la ville dû notamment à l’agriculture et aux richesses rapportées des colonies. Les rues sont plus droites et plus larges que dans la médina mais les maisons andalouses et les différents palais ou édifices religieux sont tout aussi pittoresques.

Plaza del Socorro

Cette magnifique place du Socorro bordée par l’église du même nom est le coeur névralgique du Mercadillo. Les bâtiments sont plutôt modernistes et datent du début du XXe siècle, après la guerre d’Indépendance contre les Français. La statue en son centre avec les deux lions et les couleurs vertes et blanches est tout simplement l’emblème de l’Andalousie.

El Puente Nuevo

Voici le clou du spectacle de Ronda! On l’appelle Puente Nuevo (pont neuf) par rapport aux autres ponts plus anciens qui traversent le Rio Guadalevin. Cette prouesse architecturale complètement ouf date du XVIIIe siècle (1793) et fut pendant plus d’un siècle, avec ses 98 mètres de haut, le pont le plus haut du monde! Il permet de relier les anciens quartiers de San Francisco avec la ville nouvelle en traversant le Tajo de Ronda. En son centre, on peut apercevoir une petite fenêtre. C’était une prison construite là parce-que, à cette hauteur, c’était très compliqué, voire impossible pour un prisonnier de s’échapper. Aujourd’hui, c’est un petit centre d’interprétation de l’histoire du pont.

Le plus fou est d’emprunter le sentier qui descend dans la gorge afin d’admirer le pont depuis dessous et d’en mesurer l’impressionnante prouesse architecturale, surtout pour l’époque. Attention, la descente n’est pas une sinécure : ce n’est pas un trail de haute montagne mais c’est quand même raide un peu glissant et surtout, il y a des hordes de touristes dont certains ont apparemment oublié de prendre les règles élémentaires de politesse dans leurs valises. Evidemment, nous ne faisons pas une généralité et avec beaucoup d’entre eux, ça se passe merveilleusement bien mais il y en a d’autres qui n’hésitent pas à pousser ou à courir juste pour un selfie et avec le vide, les cailloux et les branches d’arbres, ça peut vite provoquer quelques petites catastrophes.

Mais nous avons réussi à faire abstraction de ces petits désagrément pour profiter de la vue exceptionnelle sur le pont et sur la gorge et il faut avouer que nous avons été très impressionnés.

Au pied du pont, le Rio Guadalevin forme une petite cascade et, même si ce n’est pas Iguazu, c’est super joli.

Jardines de Cuenca

C’est plus une promenade qu’un véritable jardin même si on y trouve quelques palmiers ainsi que des rosiers. La particularité du lieu est d’être suspendu à flanc de falaise sur les gorges du Guadalevin. Si vous êtes sujets au vertige, abstenez-vous de faire la balade, c’est vraiment au-dessus du vide et très impressionnant! Malheureusement, ces jardins ont une réputation un peu macabre. Il y a, chaque année, des dizaines personnes qui s’y jettent dans le vide afin de mettre fin à leurs jours. Le nom Cuenca vient sûrement de la ville du même nom, en Castille-la-Manche, car elle possède également des maisons suspendues à flanc de falaises. Encore une idée à rajouter à notre interminable liste!

Puente Viejo

On l’appelle Puente Viejo (vieux pont) par analogie au Puente Nuevo (pont neuf). Il se situe au pied des jardins de Cuenca. Il a été construit par les arabes comme chemin d’accès à la médina mais certains éléments laissent à penser qu’il y avait déjà un pont romain bien avant. Il est certes moins pittoresque que son homologue plus récent et bien plus impressionnant mais il a l’avantage d’être beaucoup moins fréquenté!

L’autre clou du spectacle

L’avantage d’avoir une ville construite sur des falaises c’est qu’il y a plein de miradors pour observer la vue. Bien entendu, plus on s’éloigne du Puente Nuevo moins ils sont fréquentés! Malheureusement, l’Andalousie a vraiment souffert de la sècheresse cet été et ça se voit mais le paysage sur la Sierra de Grazalema reste époustouflant!

Vu d’en bas

Vu que nous avons pris la peine de descendre les jardins de Cuenca, autant en profiter pour faire une petite balade dans les champs d’oliviers! Plus andalou, tu meurs! Et nous avons bien fait! La vue de Ronda depuis le pied des remparts est tout aussi pittoresque que tout ce que nous avons vu jusqu’à présent dans cette ville incroyable!

Nous avons eu un véritable coup de coeur pour Ronda et c’est une chose à laquelle nous ne nous attendions pas du tout! Nous savions le grand potentiel touristique de la ville et pensions que ce serait infernal et que ça gâcherait une partie du plaisir. A part vers le Puente Nuevo, ce n’est pas le cas. Il y a beaucoup de cars remplis de touristes venant de la Costa del Sol qui s’arrêtent juste le temps de prendre une photo du pont et basta. Le reste de la ville a certes son lot de visiteurs étrangers mais n’est pas complètement étouffé par le tourisme de masse et a réussi à garder son âme typiquement andalouse et nous avons été particulièrement conquis par ce dernier point… et par les vins locaux aussi!

Tarifa, entre deux mers

Il y a deux raisons principales pour lesquelles nous voulions nous rendre à Tarifa. La première est sa situation géographique particulière et vous commencez à le savoir que nous sommes férus de géographie. La deuxième, c’est son nom. Tarifa avec ses sonorités arabisantes nous évoque l’âge d’or du royaume d’Al-Andalus et promet une petite incursion dans l’Histoire. Mais est-ce que Tarifa tient-elle vraiment ses promesses? C’est ce que nous allons voir plus bas.

Tarifa côté Méditerranée

L’arrivée à Tarifa déçoit un peu. Sur la route principale s’alignent des dizaines de magasins de sports dédiés principalement au surf et à ses dérivés. C’est vrai qu’avec la situation privilégiée de la ville sur le détroit qui reçoit les courants de la Méditerranée et de l’Océan Atlantique, ça promet de belles vagues. Mais il ne faut pas s’arrêter sur le côté très station balnéaire de Tarifa car la localité a quelques autres choses à offrir comme le château de Guzman el Bueno, une forteresse almohade du Xe siècle qui ceinture encore aujourd’hui une partie de la vieille ville.

Centre de Tarifa

Tarifa n’est de loin pas la ville la plus pittoresque d’Andalousie mais les ruelles du centre historique possèdent quand même un certain charme! Par de sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar, elle a attiré les convoitises de nombreux royaumes même si son histoire reste très similaire aux autres régions du sud de la péninsule ibérique, c’est à dire les Ibères, les Romains / Carthaginois, les Wisigoths, les Arabes puis la Reconquista en 1292. Avec la prise de Gibraltar par les Anglais en 1704, Tarifa devint un poste stratégique pour l’armée et la marine espagnoles. Aujourd’hui, la ville est devenue très touristique mais comme elle attire une majorité de surfeurs et autres sportifs de la mer, l’ambiance est très chill et reste somme toute très bon enfant.

Plazuela del Viento

Cette jolie petite esplanade a été construite par les Arabes avec la forteresse mais les maisons typiques blanchies à la chaux qui la bordent datent d’après la Reconquista (XVIIe siècle environ) et, avec les bancs en azulejos, nous rappellent que nous sommes bien en Andalousie et qu’il faut encore traverser le détroit pour arriver enfin sur le continent africain.

Mais le clou du spectacle reste la vue côté mer, où par beau temps on peut nettement apercevoir les côtes marocaines de l’autre côté du détroit. Mais être aussi près de l’Afrique (14 petits kilomètres seulement) et du désert du Sahara nous soumet à un régime de calima (Ah les bons souvenirs de Tenerife!) et nous brouille un peu la vue. Nous avons quand même essayé de prendre quelques photos mais ce n’est pas très concluant. Nous devrons donc nous sacrifier pour traverser le détroit afin d’aller voir tout ça de plus près. C’est d’ailleurs dans nos projets mais pour un peu plus tard, nous n’en avons pas fini avec l’Andalousie qui est devenue ces derniers mois notre véritable terre de cœur.

La Pointe de Tarifa
Admirez cette couleur de flotte!

Comme nous l’avons mentionné en début d’article, notre principal intérêt pour Tarifa est son emplacement géographique et c’est plus particulièrement cette pointe qui nous intéresse! En réalité c’est une petite île, reliée au continent par un isthme, où se trouvent un fort et un phare mais ils ne sont pas accessibles au grand public. Par contre, il est possible de se promener sur la chaussée d’accès et c’est assez fou car à droite viennent se fracasser les vagues de l’Océan Atlantique tandis qu’à gauche on trouve les eaux plus calmes de la mer Méditerranée. Tarifa est baignée par deux mers bien distinctes! Déjà ça, ce n’est pas rien! Et ce n’est pas tout! L’extrémité du cap est le point le plus méridional de l’Europe continentale*! En tant que grand passionnés de cartes et de points géographiques particuliers nous ne pouvions décemment pas laisser passer ça!!

*Par Europe continentale nous entendons la partie « continent » européen sans les îles. Sinon le point le plus méridional se trouve à Gavdos, une petite île grecque située à 40 kilomètres au sud de la Crète. Tandis que pour l’Union Européenne, le sud extrême se trouve à la Restinga, sur El Hierro, dans les Canaries, toujours en Espagne donc. Avec tous ces points, notre liste à idées n’est pas prête de cesser de se rallonger!

Côté terre, la pointe de Tarifa est surplombée par le château de Santa Catalina sur la colline du même nom. Nous ne pouvons pas y accéder à cause de travaux et c’est bien dommage car c’est un beau témoignage de l’histoire de la Guerre Civile Espagnole. L’édifice a été construit comme bâtiment défensif en 1933 avant d’être bombardé par les Républicains en 1936. Il fut reconstruit dans les années 1940 en pleine Seconde Guerre Mondiale et a été affublé des fameux bunkers qu’on peut encore trouver un peu partout en Espagne. Bon, pour ces derniers, nous les avons juste aperçu entre les palissades de chantier, mais ils sont bien là!

La Playa

Pour la playa, c’est du côté Atlantique que ça se passe. Il y en a bien une du côté Méditerranée pour ceux qui n’aiment pas les courants mais c’est vraiment tout mini. Elle se nomme d’ailleurs « Playa Chica », la petite plage. Le côté mer est plutôt réservé aux départs de ferries pour Tanger et au port de pêche, le détroit regorgeant de poissons.

Donc la « vraie » plage borde l’océan et il faut avouer qu’elle en jette! Ce sont presque 8 kilomètres de sable fin, un peu malmenés par le vent c’est vrai, qui s’étendent le long d’une eau turquoise presque digne de la Mer Rouge! Et pour ne rien gâcher, le paysage de montagnes surplombant la playa est juste magnifique. Le tout fait partie de la réserve naturelle du détroit de Gibraltar qui abrite quelques espèces de faune et de flore endémiques. En plus, il paraît que plus on se dirige vers l’ouest, plus les plages sont belles! Promis, nous ne manquerons pas d’aller vérifier tout ça de plus près!

Par contre, avec les forts courants du détroit, rester sur le sable peut être désagréable et même dangereux, l’air y est constamment rafraîchi et on ne sent pas forcément les forts rayons du soleil sur la peau. Pour la baignade, ce n’est pas beaucoup mieux, c’est beaucoup plus adapté pour le wind-surf ou d’autres sports avec une planche de surf. En plus, l’eau est glacée, et c’est Fab le même pas frileux qui le dit!

Si vous êtes dans le coin, il peut valoir la peine de s’arrêter une petite journée à Tarifa. Si vous êtes des adeptes de coins pittoresques, préférez plutôt la route des villages blancs. Par contre, si vous êtes des fans de surf, planche à voile, kite-surf, etc.. Foncez! Le coin y est idéal pour la pratique de ces sports et l’ambiance de la station balnéaire est vraiment sympa!

Baie de Cadiz : Puerto Real

Nous n’étions pas censés vous offrir encore un article sur la baie de Cadiz de sitôt. En effet, nous avions un autre but de balade plus au nord à un endroit que nous n’allons pas spoiler car nous allons tout de même vous le faire découvrir plus tard. Mais voilà, nous sommes en plein « puente de agosto », les vacances d’été espagnoles de la mi-août et quand nous sommes arrivés à la gare de Jerez pour prendre nos billets, nous avons découvert que le train que nous voulions prendre était complet. En soi, c’est plutôt une bonne nouvelle, ça signifie que beaucoup de monde utilise les transports publics plutôt que la voiture et peut-être que ça motivera la RENFE (les chemins de fer espagnols) à étoffer son offre. En tout cas, nous l’espérons très fort!

Bref, nous n’allions pas nous laisser abattre par ce petit contretemps et comme nous n’avions pas envie d’attendre deux heures le train suivant, nous l’avons pris dans l’autre sens, en direction de Cadiz. Nous avons déjà découvert plein d’endroits fabuleux de la baie de Cadiz mais il en manquait un que nous n’avons pas pris en compte plus tôt car il nous semblait moins intéressant. C’est Puerto Real, situé entre Puerto de Santa Maria et la ville de Cadiz. Voilà, nous avons donc trouvé notre plan B!

L’Ayuntamiento de Puerto Real

La ville de Puerto Real a été fondée par les rois catholiques à la fin du XVe siècle, d’où son nom. (Port Royal en français). Mais les alentours étaient déjà habités depuis le néolithique. C’est à l’époque romaine que la région connut son apogée grâce à la baie qui offrait un port naturel d’où partait l’or des mines de la Sierra Morena a destination de Rome, la capitale de l’empire. C’était également le départ de la Via Augusta qui reliait Rome à Cadiz via les Pyrénées et qui est encore utilisé aujourd’hui comme point de départ pour le chemin de pèlerinage de St-Jacques de Compostelle. De toute cette époque faste, il ne reste aujourd’hui que les vestiges d’un four datant du Ier siècle.

Le centre historique

A la chute de l’empire romain, les lieux ont été complètement désertés et abandonnés à leur triste sort jusqu’à la deuxième Reconquista au XVe siècle. Les Arabes ont complètement boudé le coin donc il n’y a aucun vestige mudéjar à Puerto Real. Quant aux Rois Catholiques, ils avaient besoin d’un endroit stratégique ouvert sur la mer pour aller reconquérir le Royaume de Grenade, le dernier bastion musulman encore en activité sur la péninsule ibérique. C’est pourquoi ils fondèrent la ville de Puerto Real qui devint vite une place de commerce importante avec le Nouveau Monde. Elle se développa encore au cours des XVIIIe et XIXe siècle grâce à la construction navale et le centre historique date de cette époque avec les maisons typiques de la baie de Cadiz blanchies à la chaux. Le chantier naval est encore en activité aujourd’hui et participe activement à la bonne santé économique de la ville.

Cathédrale de San Sebastian

Elle est vraiment pas ouf la cathédrale, il faut le reconnaître. C’est un simple bâtiment du XVIe siècle avec un clocher et une petite coupole, le tout blanchi à la chaux. Les villes andalouses nous ont habitués à bien mieux, d’où notre petite déception. Comme la porte était ouverte, nous avons quand même été guigner à l’intérieur. Ça paraît tout autant épuré et sobre qu’à l’extérieur au premier abord mais c’est sans compter sur les petites chapelles superbement décorées dont une dédiée à Notre Dame de Lourdes qui n’est autre que la Sainte Patronne de la ville! N’oubliez pas que ce sont les Rois Catholiques qui ont fondé la ville, il leur fallait une patronne digne de ce nom!

Playa de la Cachucha

Puerto Real possède sa propre plage mais pour la baignade, ce n’est vraiment pas le top! Elle est située dans la baie côté port, ce n’est pas très glamour et elle est très exposée aux marées. On est plutôt sur de la lagune vaseuse que sur de la plage de rêve! Pour cela, il faut aller à Valdelagrana juste plus au nord où la plage est bien plus belle mais le village bien plus moche, c’est un peu le Benidorm local. Par contre, la Cachucha est un lieu idéal, surtout à marée basse, pour observer la faune locale notamment les crabes et les oiseaux. D’ailleurs, nous avons l’impression que ces derniers ont fait un retour en force dans la région en ce mois d’août. Nous en avons vu beaucoup plus que ces derniers mois, pour notre plus grand bonheur!

Pinar las Canteras

En tant qu’amoureux des arbres, nous n’allons pas partir de Puerto Real sans faire un détour par la pinède. Certes, ce n’est pas une forêt tropicale comme on les aime mais c’est déjà un très joli lot de consolation. Les 25 hectares de cette pinède étaient occupés, du XVIe au XIXe siècle, par une carrière dont la pierre a servi à la construction de nombreux édifices de la région dont la majestueuse cathédrale de Séville. Ensuite le site a été abandonné et la nature a repris peu à peu ses droits. La municipalité de Puerto Real a racheté le terrain au début du XXe siècle et a participé à la reforestation du lieu. Ce ne sont pas les forêts de pins qui manquent en Andalousie et dans tout le bassin méditerranéen mais celle-ci est incontestablement une des plus belles!

Petit fun fact : en Andalousie, une clairière se dit « patio », exactement comme les cours intérieures typiques de la région et plus particulièrement de la ville de Cordoba. Ici on est 100% Andalou jusqu’au fin fond des forêts!

Pays catholique oblige, nous sommes accueillis au milieu de la forêt comme il se doit par la Patronne herself! En effet, une petite grotte a été construite pour abriter une statue de Notre Dame de Lourdes, la patronne de la ville.

Effectivement, Puerto Real n’est pas le point le plus pittoresque de la baie et ce n’est pas le coin que nous vous recommanderions en premier, sauf pour la pinède. Par contre, c’est le coin idéal pour fuir les touristes surtout pendant la saison estivale!

Nous avons beaucoup aimé son ambiance assez tranquille et son esprit très « Bahia de Cadiz ». Il y a une âme particulière dans la baie entre les lagunes, les activités portuaires, les salines et la grandeur de Cadiz que nous sommes incapable de décrire précisément mais qui est unique au monde et qui nous fait juste nous sentir bien.

Promis, la prochaine fois nous essaierons de vous emmener dans un autre coin que la baie. Nous sommes d’ailleurs déjà en train de travailler sur d’autres articles. Donc, restez attentifs, d’autres aventures vont suivre très bientôt….

Sanlucar de Barrameda , le point de départ des conquistadors

Pour être honnêtes, la première fois que nous nous sommes déplacés jusqu’à Sanlucar, c’était juste pour la playa. En effet, c’est l’endroit le plus pratique et le plus court depuis notre quartier à Jerez pour nous rendre sur le littoral. Mais après plusieurs journées passés là-bas à lézarder sur la plage, à parler avec les locaux et à nous rendre au centre-ville pour manger des tapas, il a bien fallu nous rendre à l’évidence que nous devions troquer nos tongs contre une paire de basket pour aller découvrir Sanlucar autrement que par ses chiringuitos. (le petit nom des bars de plages en Espagne)

On s’est quand même bougé de là pour vous faire découvrir Sanlucar!

Sanlucar de Barrameda est située sur la côte Atlantique à l’embouchure du Guadalquivir, le fleuve le plus important d’Andalousie. Son histoire est similaire au reste de l’Andalousie est elle connut également l’occupation musulmane jusqu’au XIIIe siècle. Mais ça devient vraiment intéressant depuis le XVe siècle avec les grands explorateurs et la découverte du Nouveau Monde. C’est d’ici qu’est parti Christophe Colomb en 1498 pour son troisième voyage à destination des Amériques, même s’il était toujours persuadé d’arriver aux Indes. Plus tard, en 1504, c’est au tour d’Hernan Cortés, conquistador du Mexique, d’embarquer à Sanlucar. En 1519, c’est au tour de Fernand de Magellan himself de hisser les voiles pour partir en tour du monde qu’il n’achèvera pas. Il fut malheureusement tué aux Philippines mais une partie de sa flotte reviendra trois ans plus tard en ayant bien effectué le tour de la Terre.

Oui c’est vrai, ces périples ont débouché sur la conquête du continent américain et ensuite sur la colonisation et c’est vraiment une histoire horrible dont l’Espagne n’a pas à être fière mais il faut avouer que ces voyages à la découverte de territoires totalement inconnus à l’époque ont de quoi fasciner notre âme de voyageurs!

La ville se développa donc au XVIe siècle en devenant une plateforme portuaire d’importance pour les traversées de l’Atlantique. Le centre historique est typique de cette époque avec ses ruelles bordées de maisons andalouses blanchies à la chaux.

Plaza del Cabildo

C’est le cœur névralgique de la ville. Elle date du XVe siècle mais a été plusieurs fois remaniée au cours des siècles. La preuve avec les bâtiments qui la bordent qui sont tous de style architectural différent! Aujourd’hui, ses belles terrasses attirent les touristes venant faire une pause de leurs activités de la plage. Pourtant, une fois n’est pas coutume, nous ne vous déconseillons pas de vous y rendre! Bien au contraire! Les restos sont vraiment sympas, pas surfaits du tout et il n’est, bien entendu, pas interdit d’y venir hors saison. C’est ici, avec Chipiona à quelques kilomètres de là, que vous dégusterez le meilleur choco (la seiche) d’Espagne. Ceux qui maitrisent la langue de Cervantes savent que « seiche » se dit « sepia » en castillan. C’est vrai, mais pas dans la province de Cadiz où on utilise le terme typiquement gaditano (de Cadiz) de « choco ».

Castillo de Santiago

Il est rare de voir des châteaux typiquement médiévaux en Espagne du Sud à cause de l’occupation musulmane qui a laissé de beaux vestiges de palais arabes dans la région. Sanlucar est donc une exception avec sa forteresse de style gothique tardif construit entre 1477 et 1478. Son emplacement correspond bien à l’ancienne citadelle mudéjare mais il n’en reste absolument rien aujourd’hui. C’est depuis ce château que la reine Isabelle la catholique, la reine d’Espagne au XVe siècle aussi connue et emblématique que la reine Victoria au Royaume-Uni, a vu la mer pour la première fois.

Palacio de Orleans y Borbon

Ah nous avons fini par le trouver notre palais mudéjar! Même si c’est un faux car construit au XIXe siècle! C’était courant à l’époque de reconstituer le style mudéjar en Andalousie. La région ayant perdu de sa superbe avec la décolonisation, il fallait bien mettre un peu de faste pour se rappeler des temps un peu meilleurs. Il appartenait à la famille Orleans y Borbon (logique!), une famille noble franco-espagnole dont la partie « Borbon » est la branche de la famille royale encore sur le trône d’Espagne actuellement. Aujourd’hui il appartient à la ville de Sanlucar et abrite la mairie ainsi qu’une cave. Ce palais est grandiose et vraiment superbe mais aurait bien besoin d’une bonne rénovation!

Il vaut la peine de faire le tour du palais car à l’arrière on y trouve un joli jardin tropical même s’il souffre lui aussi d’un manque de restauration. Le climat doux du sud de l’Andalousie et la proximité de l’océan offrent un climat propice pour y faire pousser des espèces de plantes tropicales. C’est un bon compromis pour nous car, parfois, la végétation luxuriante des Tropiques nous manque énormément. Il y a également les fameux dragons des Canaries qui ont l’air de bien s’y plaire dans la région. D’ailleurs, il nous semble en avoir vu plus dans la baie de Cadiz qu’à Tenerife!

Vous prendrez bien une camomille?

Mais non on rigole! Nous n’allons pas vous parler d’une infusion même si « manzanilla » signifie vraiment « camomille ». Dans les provinces de Séville et de Cadiz, la manzanilla est un vin et plus particulièrement à Sanlucar où il a droit à une appellation d’origine contrôlée. C’est un vin blanc assez sec et très oxydé qui se boit surtout pour l’apéritif et dont les caves font partie du paysage de la ville. Il y a d’ailleurs une bonne odeur de raisin fermenté dans l’air lors des fortes chaleurs estivales.

Si vous êtes dans le sud de l’Andalousie et que vous voulez vraiment un thé à la camomille, précisez bien que vous aimeriez une infusion sinon on vous servira un verre de vin! SAUF à Jerez, où la manzanilla se dit « Tio Pepe » du nom de la cave la plus importante de la ville et où on vous fera remarquer avec une mauvaise foi typiquement espagnole que la « manzanilla » c’est du thé!

La playa!!

Nous avons quand même découvert Sanlucar grâce à sa playa! Avec les vagues de chaleurs successives que nous avons connu en ce début d’été, nous avons été super contents de nous baigner dans l’océan Atlantique pour nous rafraîchir. Oui même Van la frileuse! Bon d’accord, nous sommes dans l’estuaire du Guadalquivir et pas en plein océan, l’eau y est un peu plus tempérée, c’est vrai.

Pour être honnêtes, ce n’est pas la plage la plus pittoresque de la côte Atlantique andalouse mais nous, nous l’aimons bien car elle est proche et elle est sujette à de fortes marées et ce phénomène nous fascine au plus haut point.

C’est quand même la classe d’avoir un coin comme Sanlucar à une vingtaine de minutes de bus de notre maison! En plus, en pleine canicule, on y perd facilement 5 ou 6 degrés par rapport à Jerez.

Et ce n’est pas tout! Il y a encore un coin encore bien plus fou en face du Guadalquivir que nous n’allons découvrir qu’à l’automne à cause de la migration des oiseaux! On l’aperçoit bien depuis la plage de Sanlucar et nous donne chaque fois envie de traverser l’estuaire. C’est le parc national de la Doñana et nous n’allons bien sûr pas quitter la région avant d’aller visiter cette merveille de la nature!

Sevilla, un concentré d’Andalousie dans un musée à ciel ouvert

Un voyage en Andalousie ne serait pas complet sans une visite dans sa capitale. Et comme notre train de retour pour Valence partira de Séville, autant en profiter de s’y arrêter quelques jours surtout que le patrimoine historique est très riche. Il paraîtrait même que c’est un des plus riche d’Europe!

C’est d’ailleurs tellement riche et super cool que pendant que nous habitions à Jerez de la Frontera, 80 kilomètres plus au sud, en 2022, nous avons choisi Sevilla comme destination de notre abonnement RENFE gratuit auquel nous avions droit grâce aux mesures gouvernementales anti-inflation.

La torre de Oro sur les berges du Guadalquivir

Séville n’est pas une ville inconnue puisque nous l’avons déjà visitée par le passé. Mais y revenir était une bonne idée car les urbanistes ont fait un sacré boulot (pistes cyclables, piétonisation du centre-ville, tram, réaménagement des berges du Guadalquivir,…) transformant une ville infernale et polluée en endroit très agréable à vivre. Fab a également pu voir la ville sous le soleil car, lors de ses deux précédents passages, la météo n’était pas au beau fixe. Dans le genre « pas de bol », il a fait très fort car l’Andalousie est une des région les plus arides d’Europe avec une pluviométrie de moins de 300 mm par an et il a réussi à se choper la pluie à chaque fois!

La cathédrale catholique vue à travers une porte musulmane

Centre historique

Séville est la quatrième ville d’Espagne et possède le titre officieux de « capitale du sud », elle a donc un centre historique digne de ce nom et de son histoire très éclectique. Comme tout le sud de l’Espagne, la ville a vu défiler les Romains, les Wisigoths, les Arabes, les rois catholiques, et plusieurs guerres. A noter qu’en période de Covid-19, plusieurs édifices sont fermés à la visite. Mais vu le temps splendide et les températures estivales, nous n’avons pas été frustrés de devoir rester à l’extérieur surtout que le centre-ville est un vrai musée à ciel ouvert.

L’architecture mudéjare est également bien présente à Séville, les musulmans ayant occupé la ville pendant plus de deux siècles.

Plaza de Cabildo

Comme Salta en Argentine, Séville possède sa place du cabildo qui signifie bordée d’arcades. Elle est située derrière la cathédrale, à laquelle elle appartient. Elle a été construite sur un plan semi-circulaire de sorte à donner de la fraîcheur tout au long de la journée pendant les canicules estivales très courantes en Andalousie.

Cathédrale Santa Maria de la Sede

Ce monstre gothique est la plus grande cathédrale d’Espagne. C’est également la troisième cathédrale gothique du monde après Westminster et Milan. Elle date du XVe siècle et a été construite sur le site de l’ancienne grande mosquée de la ville. Il en subsiste aujourd’hui la Giralda, le campanile de style mudéjar qui en était le minaret. C’est une tour de 104 mètres de haut, le plus haut clocher du pays, qui a été construite sur le modèle de la mosquée Koutoubia de Marrakech. Un clocher de style Renaissance a été rajouté lors de la conversion de la mosquée en cathédrale.

Torre del Oro

Cette tour de 36 mètres date du début du XIIIe siècle, en pleine période musulmane, et a été construite afin de contrôler l’accès à la ville depuis le fleuve Guadalquivir (oui c’est le même fleuve qui traverse Cordoba). Son nom (tour de l’or en français) proviendrait de l’aspect doré qu’elle arborait à l’époque. Une autre hypothèse raconte que son nom vient de l’or ramené en Espagne lors de la conquête des Amériques aurait été conservé dans la tour.

Triana

Triana est à Séville ce que Trastevere est à Rome, un ancien quartier ouvrier de l’autre côté du fleuve devenu branché. C’était le quartier gitan et celui des artisans notamment dans le domaine de la poterie et des azulejos, les céramiques typiquement andalouses. Aujourd’hui, les bars et les restos branchés ont pris le relais mais il y règne toujours une ambiance assez détendue.

Exposition ibéro-américaine de 1929

Plaza de España, le point d’orgue de l’Expo de 1929

A la fin du XIXe siècle, l’Espagne perd ses dernières colonies américaines. Elle doit donc redorer son blason et essayer de lier des liens d’amitié avec l’Amérique hispanophone. Séville est la ville qui a été choisie pour organiser cette manifestation car l’Andalousie est considérée comme la capitale de la colonisation américaine. L’Expo devait se dérouler en 1911 mais entre la Première Guerre Mondiale et les différentes crises politiques qu’a connu le pays à l’époque (et qui en connaît toujours aujourd’hui, mais de moindre importance) elle n’ouvrit ses portes qu’en 1929. Quelques pavillons sont encore debout et ils sont occupés par des musées, par l’université de Séville et, pour la Colombie, par un consulat.

Théâtre Lope de Vega

Ce magnifique bâtiment de style baroque italien, qu’on doit à un architecte valencien, a été construit exprès pour l’Expo pour y abriter un théâtre et un casino pendant la manifestation. Malgré les dégâts causés sur l’édifice par la Guerre Civile et les crues du Guadalquivir, quelques représentations théâtrales ont continué à être jouées au milieu du XXe siècle. Ce n’est qu’après la transition démocratique, dans les années 1980, que des campagnes de restaurations ont été lancées , avec succès. Aujourd’hui, le théâtre est très actif avec plus de 180 représentations par an (hors Covid, bien sûr!). Nous, nous lui trouvons un petit air du magnifique palais Sans-Souci, à Potsdam près de Berlin.

Pavillon mudéjar
Le pavillon mudéjar sur la Plaza America

Comme son nom l’indique, ce pavillon, construit entre 1913 et 1915, représente le passé mudéjar de la ville de Séville et de l’Andalousie en général. L’architecture n’a pas été laissée au hasard et le style de l’époque musulmane a été reproduit jusque dans les moindre détails. Aujourd’hui, il abrite le musée des coutumes et des arts populaires.

Plaza de España

C’est le clou du spectacle de l’Exposition et les Sévillans en sont très fiers! Il y a de quoi! Encore aujourd’hui, presque 100 ans après sa construction, elle en jette toujours autant et fait partie des places les plus spectaculaires d’Espagne, voire d’Europe! La symbolique du lieu est très forte. La forme ovale de la place signifie l’Espagne accueillant à bras ouvert ses anciennes colonies tout en étant tournée en direction du Guadalquivir qui représente le chemin vers l’Atlantique, puis l’Amérique. La défaite des guerres d’indépendance, la perte des colonies et du prestige en découlant avait encore du mal à passer dans le Royaume à l’époque d’où la tentative, presque désespérée de redorer son blason et son égo avec cette place de mégalo. Pendant la manifestation, le palais abritait une exposition très nostalgique retraçant l’histoire de la conquête espagnole en Amérique.

Les azulejos
tableau en Azulejos représentant la province de Valencia

Afin de montrer au monde la splendeur de l’art andalou, des centaines d’azulejos ornent le palais et les alentours de la plaza de España. Il y a cinquante magnifiques tableaux représentants chacune des cinquante provinces d’Espagne accompagnés d’une carte géographique. Nous, qui sommes passionnés de géographie, avons pris le temps de nous arrêter sur chacune d’elles rallongeant par la même occasion notre liste à idées, déjà bien conséquente, de lieux à visiter!

Santiponce

Théâtre romain au cœur de Santiponce

C’est notre conductrice de Bla-Bla Car qui nous a conseillé de nous rendre à Santiponce et comme souvent les conseils des locaux valent la peine, nous avons tenté le coup surtout que la localité est très accessible avec le bus urbain depuis Séville.

Mosaïque romaine en superbe état de conservation

Santiponce est un petit village typique andalou un peu endormi avec ses maisons blanchies à la chaux. Il y règne un calme absolu. Difficile à croire que la trépidante Séville n’est distante que de sept petits kilomètres!

Monastère San Isidro del Campo

Nous qui avons passé ces derniers jours à traquer l’art mudéjar dans chaque édifice nous avons été surpris par l’architecture gothique et les peintures 100% Renaissance de ce monastère. Elles nous ont paru presque exotiques! Le monastère a été fondé au début du XIVe siècle par Alonzo Pérez de Guzman, un seigneur local, dans le but d’en faire son mausolée familial. Il a ensuite été donné aux cisterciens qui occupent toujours le monastère aujourd’hui.