Jardín et ses cascades, la perle de l’Eje cafetero de Antioquia

Après notre petite pause citadine, culturelle et surtout printanière à Medellín, nous sommes rechargés à bloc pour repartir à l’assaut des hauteurs de la cordillère occidentale des Andes. Depuis Medellín, les bus partent depuis le terminal Sur, situé au sud de la ville. Il n’y a pas de transports publics qui y vont, il faut prendre un taxi ou un Uber. Les deux compagnies de bus qui desservent Jardín sont Rapido Ochoa ou Suroeste Antioqueño. C’est du kif et dans les deux cas un trajet coûte 40’000 pesos (8,65€ ou 8,10CHF) par personne.

Officiellement, le trajet dure trois heures, en pratique, il faut bien en compter une de plus. Ce sont de petites routes de montagnes et ça n’avance pas. Ça nous a laissé le temps d’observer le superbe paysage qui s’offre à nous même si notre oreille interne n’a que moyennement apprécié le voyage.

Jardín

Jardín est un village perché à 1750 mètres d’altitude dans la cordillère occidentale des Andes. Il fait partie de l’Eje Cafetero de Antioquia du nom du département auquel il appartient. Il a été fondé en 1860 par des colons de Medellín, les mêmes qui partirent plus tard fonder les villages du Quindio autour de Salento. D’ailleurs, les petites maisons colorées toutes mignonnes avec leurs magnifiques balcons en bois sont quasiment identiques. Nous avons eu une chance inouïe car nous sommes arrivés avec le soleil, ce qui fait ressortir encore plus les façades colorées. La météo n’avait, jusqu’ici, pas été aussi clémente avec nous, surtout en montagne!

Jardín s’appelle ainsi car, selon la légende, les fondateurs du village se seraient extasiés devant la végétation luxuriante de la région riche en fleurs de toutes sortes et se seraient exclamés : « Eso es un jardín! »(Ceci est un jardin!)

Basilica Menor de la Inmaculada Concepción

Impossible de la louper cette basilique vu qu’elle doit faire à peu près la moitié de la superficie du village! Elle domine le Parque Principal tout aussi joli mais en partie inaccessible à cause de travaux. Dommage, parce que c’est vraiment le cœur névralgique de Jardín. Ce monstre néogothique date de 1932 et est l’œuvre d’un architecte italien Giovanni Buscaglione. Ses briques grisâtres, sa hauteur et ses toits en flèche sur les clochers contrastent joliment avec les petites maisons colorées aux alentours. Fait assez rare en Colombie, la basilique est ouverte et il est possible d’y découvrir l’intérieur qui est encore plus impressionnant que l’extérieur.

Rando Escalera – Café Jardín – Cristo Rei

Nous avons un peu triché avec cette rando puisque nous nous sommes fait amener en tuk-tuk, qu’on appelle ici moto-chiva, jusqu’à notre point de départ. Nous pensions que la marche était plus longue et plus pénible de ce qu’elle est en réalité. Mais c’est toujours fun de prendre ce mode de transports même si c’est un peu chaotique sur les routes non asphaltées.

A noter que nous ne sommes pas en Thaïlande, les voyages en tuk-tuk ne se négocient pas en Colombie! Les prix sont même affichés! Ils dépendent du trajet que vous voulez faire.

Cascada la Escalera

La moto-chiva nous dépose au chemin d’accès de la cascade. Ça grimpe un peu mais ça n’a rien de difficile et nous atteignons notre but en une petite dizaine de minutes. La cascade, haute de soixante mètres environ, s’appelle ainsi (escalier en français) car l’eau a formé avec l’érosion de petits paliers sur la roche faisant penser à un escalier.

C’est une jolie petite cascade libre d’accès qu’on n’a pas disneylandisé pour les touristes et c’est plutôt cool. Il n’y a pas de passerelle d’accès donc pour prendre une photo, c’est les pieds dans l’eau! Mais c’est comme ça que nous concevons une balade en nature et la Colombie nous a, jusqu’à présent, bien gâtés de ce côté-là!

Café Jardín

Depuis la cascade nous revenons sur nos pas puis continuons sur la route où le tuk-tuk nous a déposés. C’est facile, c’est une route carrossable juste non asphaltée et c’est presque tout plat! Le Café Jardín, comme son nom l’indique, est un café. Il surplombe le village de Jardín, au milieu des caféiers. Il propose d’ailleurs son propre café et, comme c’est une petite structure qui n’exporte pas sa production, il garde les meilleurs grains pour le servir aux clients de passage, comme nous. Du coup, le café est bien meilleur que le tinto de base qu’on peut trouver partout ailleurs. Il vaut la peine de s’y asseoir pour y admirer la vue, surtout que, vu la situation, les prix des consommations n’est pas trop surfait. Nous avons payé un espresso 3500 pesos (0,75€ ou 0,70 CHF) juste quelques centimes de plus qu’en ville.

Cristo Rei

Depuis le café Jardín, nous entamons gentiment notre descente sur le village. Nous nous arrêtons vers la statue du Cristo Rei mais l’accès y était fermé durant notre passage. De toute façon, c’est la vue qui est la plus impressionnante. De là, il y a un petit chemin qui descend à travers les bananiers. C’est super joli mais il y a un peu de boue et comme c’est assez raide, ça devient assez glissant.

Il faut faire super attention car la vue sur Jardín est tellement belle qu’on en oublie de se concentrer sur le chemin!

Si c’était à refaire : nous partirions directement de Jardín en commençant par la montée sur le Cristo Rei, c’est moins scabreux en montant. Puis nous ferions l’itinéraire Café Jardín – Cascada la Escalera à l’envers. Enfin, nous finirions en descendant tranquillement sur le village par la route. Sur le papier, ça nous paraissait plus long et plus pénible. Mais bon, on est toujours plus intelligent après. Puis la balade en tuk-tuk était quand même assez sympa finalement.

NB : Malgré la végétation luxuriante, les chemins sont assez à découvert et le soleil tape vite fort en cas de beau temps. N’oubliez pas votre crème solaire, vos lunettes et votre casquette!

La Herradura

Cette fois, nous avons tiré des leçons de nos erreurs et nous avons commencé notre petite rando directement depuis le village en montant à pied. La Herradura est un chemin muletier construit à la fin du XIXe siècle lors de la fondation des villages de l’Eje Cafetero. C’était la toute première voie d’accès entre les départements de Antioquia et de Caldas. Le chemin est super facile, en partie sur la route, et pas très raide. Il n’y a pas la superbe vue comme celle depuis le Café Jardín ou le Cristo Rei mais nous avons quand même préféré cette balade à celle de la veille. La flore et la faune sont plus intéressantes et il y a de nombreux points d’eau comme des petites cascades ou encore le Charco Corazón, une belle rivière tumultueuse, que nous suivons un pendant une partie de la marche.

Cascada del Amor

En chemin, nous tombons sur cette jolie cascade. Nous n’avons aucune idée pourquoi elle porte ce nom (cascade de l’amour en français) mais nous le trouvons tellement mignon! Nous sommes super contents car les alentours de Jardín regorgent de ce type de cascades super accessibles, sans tour, sans payer d’entrée, ou sans infrastructures digne de Disneyland (ou du Costa Rica, ce qui revient au même!). Il faut chausser de bonnes baskets et marcher un peu et on se retrouve vite juste nous et la nature et c’est un vrai bonheur!

Après une petite heure de montée, assez douce, nous avons quand même droit à une petite vue sur le village de Jardín.

La Garrucha

Après cette petite marche bien sympa, il faut songer à redescendre au village. Nous pourrions aisément rentrer à pied mais nous voulons quand même expérimenter le transport local : la garrucha. C’est une petite cabine un peu branlante tenue par deux câbles qui traverse la vallée. A la base, la garrucha était un moyen très pratique pour transporter les marchandises comme les bananes ou le café des fincas dans les montagnes jusqu’au centre du village. Aujourd’hui, on y accepte les passagers dans un but purement touristique même si les marchandises y sont toujours transportées.

Le trajet n’est pas très long mais ce n’est pas très stable, ça secoue pas mal et il faut bien penser à répartir le poids latéralement pour ne pas pencher dangereusement sur un seul côté. (Oui, c’est du vécu!) Finalement, nous sommes arrivés en bas sains et saufs mais ça peut être impressionnant pour les gens souffrant de vertige. Nous avons d’ailleurs des vidéos dans nos stories Instagram si vous voulez vous faire une idée.

Le trajet simple coûte 6000 pesos (1,30€ ou 1,20 CHF) par personne

C’est sur ces sensations fortes que nous achevons notre séjour à Jardín. Nous avons eu un véritable coup de cœur (encore un!) pour ce lieu! Encore plus qu’à Salento! Oui, c’est vrai, la météo nous a un peu plus gâtés cette fois, ça change sûrement un peu notre perception.

Nous aurions voulu, à la base, faire un petit tour du côté de Jericó mais les transports sont bof pour y aller et l’offre hôtelière est super chère. Nous y avons vu un signe et avons décidé d’y renoncer. En plus, nous nous sommes rendus compte que nous n’avancions pas trop dans notre périple. C’est super pour le slow travel, pour la rencontre avec les gens et pour l’équilibre entre le job et les découvertes. Mais la Colombie c’est énorme et il reste encore énormément de choses à découvrir. Nous devrons malheureusement en zapper quelques-unes si nous voulons atteindre d’autres régions avant notre date de retour.

Tajao et les villages côtiers de l’est de Tenerife

Nous n’avons pas été très productifs en découvertes ces derniers temps. Les mesures anti-Covid nous recommandent, entre autres, de ne pas quitter notre commune. C’est une recommandation pas une obligation mais nous préférons tout de même nous y conformer le plus possible et jouer le jeu si nous voulons que cette situation cesse enfin! Et comme il y a pas mal de petites balades à faire dans les volcans à côté de chez nous, ce n’est pas vraiment une contrainte.

La météo est également venue jouer les trouble-fêtes. Nous n’avons pas vu les sommets des montagnes depuis un bon mois et le temps est très instable. Pas facile dans ces conditions d’organiser une randonnée. Le coup de grâce nous a été donné par Filomena, une tempête venue tout droit de l’Atlantique qui nous a apporté des fortes rafales de vent ainsi que des pluies torrentielles et qui nous a contraints de rester à l’intérieur pendant trois jours consécutifs! Ça ne nous était jamais arrivé, même en Suisse en plein hiver! Evidemment, dès la première accalmie, nous avons chaussé nos baskets et sommes partis à l’aventure même si nous avons dû composer avec une météo très changeante et capricieuse.

San Miguel de Tajao

Depuis notre déménagement à San Isidro, en dessus de la station balnéaire d’El Medano, nous sommes bien situés pour aller découvrir la côte est de Tenerife. Nous nous arrêtons à la localité de San Miguel de Tajao, appelée tout simplement Tajao pour ne pas être confondue avec l’autre San Miguel, celui de Abona. C’est un petit village de moins de deux cents âmes qui vit exclusivement de la pêche. Il y a d’ailleurs plus de restaurants de poissons que d’habitants! Mais ils sont tellement réputés que les gens viennent exprès des quatre coins de l’île, et même d’ailleurs, pour déguster des fruits de mer fraîchement pêchés. En journée, l’ambiance est vraiment calme, loin de l’agitation touristique des stations balnéaires du sud et de l’ouest. Il n’y a pas un hôtel ni aucune infrastructure touristique et ça nous plait énormément!

Les falaises

Au nord du village, sur la côte, se dressent de magnifiques et impressionnantes falaises qui appartiennent déjà au parc national du Teide. Pour rappel, le Teide est, avec ses 3718 mètres d’altitude le point culminant de Tenerife, et de toute l’Espagne. Mais il ne se laisse pas vraiment observer ces derniers temps, il se cache en permanence sous une épaisse couche de nuages. Aux dernières nouvelles, la tempête Filomena lui aurait apporté un joli manteau neigeux.

Barranco de Vijagua et Arco de Tajao

Nous devons ce coin extraordinaire, juste en dessus de San Miguel de Tajao, à Dame Nature et à des années d’érosion. A l’origine, ce n’était qu’une grosse masse de lave que nous devons au Teide himself. Et voilà ce que ça donne plus de deux mille ans plus tard! Après le passage de Filomena, c’est la première fois que nous pouvons observer un barranco avec de l’eau!

Nous aurions pu nous contenter de cette petite boucle, déjà très intéressante, autour de San Miguel de Tajao mais nous étions motivé à continuer un peu notre randonnée en longeant la côte en direction du sud même si l’arrivée de la pluie a failli nous faire changer d’avis.

Las Arenas

Appeler un village « Las Arenas » (les sables en français) dans un endroit où il n’y a que de la roche et des galets, il fallait oser! C’est tout aussi calme et endormi que le voisin San Miguel. Le village à la particularité d’être construit en cercle autour d’un éperon rocheux. Le relief a Tenerife est très accidenté, il faut une bonne dose d’ingéniosité pour y construire les urbanisations.

Nous continuons notre chemin en direction du sud dans un paysage de falaises et d’éperons rocheux vraiment incroyable. Nous devons tout cela aux diverses éruptions du Teide.

La Caleta

Ce petit hameau porte bien son nom (caleta signifie crique en français) car il est construit sur un éperon rocheux encerclé par deux petites criques. Ici aussi il a fallu faire preuve d’ingéniosité pour construire le village sur ce relief très particulier.

Las Maretas

C’est le plus grand village que nous avons traversé et aussi le plus animé. Mais nous sommes encore loin de la frénésie de Los Cristianos ou d’El Medano. Le village est construit sur divers éperons rocheux et longe une superbe plage de galets. C’est le dernier village de notre petite randonnée car ensuite, il y a un grand parc éolien et ce n’est pas très intéressant.

Barranco del Rio

Comme il nous faut remonter sur l’autoroute pour prendre notre guagua de retour, nous empruntons une partie du barranco del rio qui longe le village de las Maretas dans sa partie sud. Suite aux pluies diluviennes de la veille, nous avons de la chance d’y apercevoir un peu d’eau.

En pratique

  • Itinéraire : Nous avons pris la guagua 111 depuis l’intercambiador de San Isidro, celui qui fait le tour de Santa Cruz à Adeje par l’autoroute en s’arrêtant partout. Nous sommes descendus à l’arrêt Tajao. Nous avons emprunté le barranco de Vijagua pour aller observer l’arco de Tajao avant de descendre en direction de l’océan et rejoindre San Miguel de Tajao. Le sentier n’étant pas balisé, il faut prévoir une application maps sur votre smartphone. Une fois à San Miguel, c’est facile, il suffit de longer la côte et les villages se succèdent en étant très proches. Depuis, Las Maretas, nous avons emprunté le barranco del Rio pour rejoindre l’autoroute. Là aussi une application maps peut être utile.
  • Distance : environ 6,5 kilomètres
  • Temps de parcours : environ deux heures et demies
  • Dénivelé : 60 mètres en descente, 80 mètres en montée
  • Difficulté : moyen. Le chemin n’est pas toujours évident à trouver dans les barrancos mais il n’y a rien de très difficile.

Nous sommes contents d’avoir enfin pu découvrir quelque-chose de nouveau même si la météo a changé au moins quatorze fois durant les deux heures et demi de marche! (Et notre humeur aussi du coup). Nous avons arrêté de compter combien de fois nous avons dû enlever et remettre notre veste! Si les restrictions Covid restent en vigueur au moins jusqu’à la fin du mois, la météo s’annonce, quant à elle, plus clémente. Nous espérons qu’elle nous permettra de prendre un peu d’altitude afin de marcher un peu du côté de Granadilla qui fait encore partie de notre commune. Mais les prévisions climatiques aux Canaries sont aussi fiables que l’horoscope dans le journal!