Depuis Kanchanaburi, nous reprenons le train encore plus en direction de l’ouest sur l’ancienne ligne Siam-Birmanie bâtie par les Japonais durant la Seconde Guerre Mondiale, plus communément appelée « voie ferrée de la mort » en raison des grandes pertes humaines qu’ont causées les travaux de sa construction et dont nous parlons en détail dans notre précédent article.
Le trajet, qui longe en partie la rivière Kwai, traverse de magnifiques paysages de rizières au pied des montagnes. Parfois, la voie passe à flanc de falaise soutenue grâce à des structures en bois accrochées aux rochers. Il faut reconnaître que les Japonais ont fait preuve de beaucoup d’ingéniosité pour mener à bien leur ambitieux projet ferroviaire.
Terminus, tout le monde descend!

Aujourd’hui, la ligne se termine dans la localité de Nam Tok, à 150 kilomètres de la frontière birmane. Le week-end, le train dessert la petite halte butoir de Nam Tok Sai Yok Noi afin de permettre aux habitants de Bangkok de profiter de la nature en à peine trois heures de trajet. Le tracé restant de la ligne a soit été laissé à l’abandon, soit été englouti lors de la construction d’un barrage en 1985. Côté birman, ce sont les Anglais qui se sont attelés à démanteler la ligne juste après la fin de la guerre mais le chemin de fer existe encore entre Yangon et Dawei.
Sai Yok Noi

A un kilomètre du village de Nam Tok, se trouve une petite partie du Sai Yok National Park. La forêt n’est pas très luxuriante, nous sommes en pleine saison sèche et la végétation souffre d’un cruel manque d’eau surtout que la dernière saison des pluies n’a pas été très virulente. Le clou du spectacle est la petite cascade. Il n’y a pas beaucoup de débit en cette période de l’année mais ça reste joli à voir et ça apporte un bon bol de fraîcheur bienvenu en ces temps de canicule.





Hellfire pass

Voici encore un lieu emblématique du chemin de fer de la mort. On doit ce lieu de mémoire à d’anciens prisonniers australiens qui, lors d’un voyage un Thaïlande 40 ans après la guerre pour retrouver les traces de l’ancienne voie ferrée, ont décidé de créer un petit musée à ciel ouvert pour faire connaître au monde leurs conditions de travail inhumaines. Le nom « Hellfire », feu de l’enfer en anglais, vient du fait que l’endroit était éclairé de torches ou de lampes à pétrole durant la nuit (Fire) et que vu le contexte, on peut aisément imaginer que c’était un enfer (Hell). Le site se trouve à 18 kilomètres à l’ouest de Tam Nok et est facilement accessible en bus.
Pour descendre jusqu’au pass, il faut emprunter un sentier dans la forêt. L’extrême sècheresse que subit la région rajoute une ambiance un peu sinistre au lieu, déjà pas gai en temps normal.





Le pass

Imaginez un peu des prisonniers de guerre maltraités, mal nourris et souvent malades creuser cette tranchée avec des outils très sommaires pour y laisser passer la voie ferrée! Sans compter la mousson et les bombardements des Alliés dont le chantier a été victime à plusieurs reprises! Ici aussi des milliers de pertes humaines sont à déplorer. Le Hellfire pass est l’endroit où les travaux ont été le plus difficile à cause, évidemment, de la topographie du terrain mais aussi à cause de l’énorme pression mise par les Japonais qui commençaient à s’impatienter de voir leur chef-d’œuvre enfin achevé. Le vent commençait à tourner du côté des Alliés et les délais devenaient de plus en plus courts.





Le mémorial

Chaque année, le 25 avril, se tient une célébration rendant hommage à tous les prisonniers de guerre qui ont perdu la vie dans cet immense chantier. La date du 25 avril n’a pas été choisie au hasard. C’est Anzac Day, le jour où l’Australie et la Nouvelle-Zélande commémorent la perte de leurs soldats dans un conflit. Evidemment, les soldats et civils d’autres nationalités sont aussi honorés à Hellfire Pass durant cette journée!



C’est un parcours historique très enrichissant que nous venons de découvrir dans cette région assez méconnue de l’ouest de la Thaïlande. Mais nous avons été encore une fois confrontés à la dure réalité de la bêtise humaine. Nous nous demandons toujours comment et pourquoi cela a pu se produire et pourquoi ça se produit toujours aujourd’hui dans certaines parties du monde…
Pour conclure cet article sur une note moins tragique, nous vous partageons des photos du superbe panorama sur la vallée de la rivière Kwai.

