Suchitoto et le lac Suchitlan

Depuis Antigua, il y a deux moyens de rejoindre le Salvador : soit par la Panaméricaine via Guatemala City, soit par Escuintla et une route de plaine. Nous ne sommes pas vraiment motivés à passer par la capitale, encore moins par les routes de montagne, nous choisissons donc la deuxième option surtout qu’il n’y a pas une grande différence de kilomètres. Encore une fois, tout se fait facilement en Chicken bus qui nous mène jusque devant le poste frontière après avoir habilement dépassé l’énorme file de camions qui attendent de passer la douane.

Passer la frontière n’est qu’une simple formalité. Le Guatemala nous donne notre tampon de sortie sans autre forme de procès. Ensuite, il faut quand même compter une bonne dizaine de minutes de marche dans le no man’s land avant de changer de pays. C’est super sympa, les Guatémaltèques nous souhaitent un bon voyage tandis que les Salvadoriens nous souhaitent la bienvenue. Nous sommes toujours autant touchés par la gentillesse des gens dans la région.

Petit fun fact : pour ce périple transfrontalier, nous sommes accompagnés par un ami voyageur qui vient de Malaisie, le pays d’Asie dans lequel nous avons passé le plus de temps lors de notre séjour asiatique de presque deux ans! Et devinez quoi? En bon Malaisien, il nous a parlé principalement de bouffe nous rendant nostalgiques des saveurs de ce coin du monde. Il est vrai que la gastronomie d’Amérique Centrale n’est de loin pas la meilleure du monde.

Côté salvadorien, on nous contrôle juste que le Guatemala nous ait bien mis le tampon de sortie mais on ne nous met pas d’autre tampon. A ce que nous avons lu, c’est totalement normal. Nous retrouvons également les Chicken bus qui sont tout autant efficaces mais pour trois fois moins cher! Après sept heures de périple, nous arrivons enfin dans la petite ville de Sansonate, lieu sans intérêt mais où nous avons trouvé de quoi nous restaurer et un endroit pour dormir.

Santa Ana

L’Ayuntamiento, la mairie de Santa Ana

Nous nous arrêtons à Santa Ana afin de nous acclimater à ce nouveau pays, de bosser un peu et de préparer la suite. C’est la deuxième ville du Salvador pourtant elle ressemble plus à un grand village avec ses marchés et sa douceur de vivre. Il faut dire que le Salvador est un tout petit pays, environ la moitié de la Suisse, nous n’allons donc pas y trouver de grandes métropoles. La ville possède tout de même quelques bâtiments coloniaux comme la mairie où le magnifique théâtre de Santa Ana. Il y a également une superbe cathédrale néogothique qui domine le Parque de la Libertad, la place centrale mais Madame s’offre une cure de jouvence et est totalement dissimulée derrière des échafaudages.

Nous continuons notre route avec les Chicken Bus salvadoriens. C’est pratique, facile d’utilisation et bon marché. Mais ce que c’est loooooong! Pourtant, nous avons évité le trafic de la capitale en changeant de bus à Apopa, la banlieue nord de San Salvador afin de gagner un peu de temps. Mais ça n’avance pas quand même. Ce n’est pas de la faute aux routes qui sont en bon état mais aux bus qui s’arrêtent tous les trois mètres et aux vendeurs à la sauvette qui monopolisent les temps d’arrêt. Nous avons mis six heures juste pour couvrir une distance d’à peine cent kilomètres!

Suchitoto

une ruelle du centre historique qui descend sur le lac

La petite ville de Suchitoto était déjà habitée à l’époque précolombienne par l’ethnie Nahua qui est encore aujourd’hui l’origine principale de la population locale. Mais les ruelles en damiers et les maisons coloniales que nous voyons à présent nous viennent évidemment des Espagnols et datent du XVIe siècle. En réalité, ce que nous voyons est issu d’une grande campagne de restauration de la fin du XXe siècle car la ville a vraiment souffert des stigmates de la guerre civile salvadorienne. (1979-1992). Comme à Antigua, les pavés de basalte font ressortir les façades des maisons qui ne sont pas si colorées que ça mais plutôt blanchies à la chaux. Sûrement à cause du climat qui est très chaud dans le coin. D’ailleurs, Suchitoto n’est pas sans nous rappeler nos petits villages blancs andalous dans la torpeur d’une journée estivale. La température n’y est pas très différente (36 degrés!). Autre souvenir d’Andalousie, les patios, tous plus beaux les uns que les autres, que nous apercevons depuis une porte ou une fenêtre ouverte et qui ne feraient pas tâche à Cordoba, la capitale internationale du patio.

Parque Central
Cathédrale Santa Lucia

Comme toute ville coloniale d’Amérique latine qui se respecte, Suchitoto a son parque central avec ses bâtiments administratifs à arcades et sa cathédrale. Cette dernière ne date pas du temps de la colonisation car celle qui avait été construite à cette époque a été détruite par un incendie. Le bâtiment actuel, de style néoclassique, date de 1853 et nous éblouit presque avec sa façade immaculée. Nous soupçonnons fortement un coup de peinture assez récent, et comme il n’y a pas trop de trafic, un miracle pour la région, le blanc reste propre.

Lac Suchitlan

Suchitoto est construite sur une colline qui domine le lac Suchitlan. C’est difficile à croire avec tout ce paysage très découpé mais Suchitlan n’est pas un lac naturel. Il a été formé suite à la construction d’un barrage en 1973. Malgré son côté artificiel, une faune lacustre s’y est installée et les autorités ont décidé de la protéger, ce qui est plutôt une bonne nouvelle! Ces petits îlots et ces collines très rondes nous rappellent fortement le lac Bunyonyi dans le sud de l’Ouganda.

Cascade los Tercios

Nous sommes en pleine saison sèche qui, du côté du Pacifique, a l’air particulièrement aride cette année. Donc c’est fichu pour la cascade, mais nous nous en doutions un peu. Nous avons quand même fait le déplacement, une bonne vingtaine de minute de marche depuis le centre-ville, pour voir cette impressionnante paroi verticale haute de dix mètres qui ressemble à la Chaussée des Géants en Irlande du Nord. On doit cette curiosité naturelle à une éruption volcanique produisant une énorme masse de magma en fusion mais qui s’est refroidie très rapidement. Même sans eau, ça vaut le détour surtout que ça nous a fait une belle petite marche dans la nature.

Suchitoto est une très belle étape bien que méconnue du Salvador. Elle dégage une très belle douceur de vivre qu’on peut connaître l’été en Europe du Sud lors des grosses chaleurs.

Par contre, nous ne sommes pas sûrs de nous attarder au Salvador. Ce n’est pas que le pays nous plaît pas, bien au contraire, mais les transports sont tellement lents que nous voulons être sûrs d’être à temps à San José, dans un peu plus de trois semaines, pour retrouver la famille de Van. Nous devons encore traverser deux pays avant d’arriver au Costa Rica et entre la lenteur des transports et les formalités douanières qui ont l’air plus pointilleuses que ce que nous avons eu jusqu’à présent, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre la dernière minute avant de nous bouger.

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