Bilan de notre traversée du Salvador

Notre voyage au Salvador aura été de courte durée, notamment pour des raisons de timing puisque nous voulons être à temps à San José pour accueillir la famille de Van qui vient faire un petit bout de voyage en notre compagnie. Nous avons d’ailleurs plus traversé le pays que vraiment visité mais nous nous sommes quand même fait notre petite idée et nous nous sommes dit que ça valait quand même la peine de dresser un petit bilan.

les couleurs du Salvador à Suchitoto

En chiffres

Durée du séjour.

8 jours. Oui, le Salvador aurait mérité un peu plus de temps de notre part mais comme déjà dit plus haut, nous ne voulons pas être trop serrés dans le timing pour la suite de notre voyage. Nous ne pensons pas non plus qu’il faille y rester des mois, ça reste un petit pays.

Budget

308$ soit 290,65€ ou 290,10 CHF ce qui fait une moyenne journalière de 44$ soit 41.50€ ou 41,45 CHF. Ce sont les logements qui nous ont coûté le plus cher car le pays n’est pas vraiment adapté au backpacking. Mais nous nous en sortons quand même bien car les transports sont vraiment bon marché et nous avons, la plupart du temps, cuisiné nous même.

Distance parcourue

405 km de La Hachadura (frontière du Guatemala), Sonsonate, Santa Elena, Suchitoto, San Miguel, Santa Rosa de Lima (frontière du Honduras), tout en bus local. Avec ces 405 petits kilomètres, nous avons littéralement traversé tout le pays, la preuve que ce n’est pas bien grand. Par contre, ça nous a pris des plombes.

Départements traversés

9. Ahuachapan, Sansonate, Santa Elena, La Libertad, San Salvador, Cuscatlan, San Vicente, San Miguel et La Unión.

Extrêmes d’altitude

90 mètres à Santa Rosa de Lima à la frontière du Honduras et 665 mètres à Santa Ana. Le Salvador possède quelques volcans culminants entre 2500 et 2700 mètres mais reste quand même un pays relativement peu élevé. Il ne possède pas de villes d’altitude comme ses voisins. Donc nous n’allions pas atteindre des extrêmes au niveau de l’altitude.

Extrêmes de températures

Comme nous sommes dans un climat tropical, quoique un peu sec il nous semble, et que nous sommes restés à basse altitude, nous avons eu chaud tous les jours, entre 34 et 36 degrés. Il fait chaud mais ce n’est pas pire que l’été en Andalousie.

Record du transport le plus long

6 heures pour parcourir à peine 110 km! Ce qui fait une moyenne de 18 km/h! Ce n’est même pas la faute à la route qui est en bon état, ni au trafic. C’est juste que le bus s’arrête tous les trois mètres environ pour laisser monter / descendre les passagers puis pour laisser le temps aux vendeurs à la sauvette ou aux prédicateurs venus nous parler de Jésus.

le lac Suchitlan

Coups de cœur / Coups de gueule

Comme d’habitude, nous allons vous faire part de nos petits coups de cœur ou coups de gueule de ce pays. Nous allons commencer par le négatif histoire de finir sur une note joyeuse.

C’est bof

USA 2.0

En 2001, le Salvador a adopté le dollar américain comme monnaie officielle afin de booster son économie. Nous n’avons pas grand chose à dire à ce sujet surtout que c’est très pratique pour nous de payer en dollars et que nous avons moins à nous casser la tête pour les taux de change. Par contre, et nous trouvons ça très dommage, ce n’est pas la seule chose que le Salvador a pris du grand voisin du nord. Nous avons été choqués par l’accès à la malbouffe, les grands malls aseptisés temples de la surconsommation, le tout bagnole et le formatage des serveurs dans les restos, et pourtant nous ne mangeons que dans des petites gargotes! Evidemment, tout n’est pas à jeter, comme l’accès aux médicaments par exemple, mais nous avons quand même l’impression que le Salvador a vendu son âme à l' »American Way of Life » et que ce n’est pas forcément pour le meilleur.

Trop top!

Les gens

Déjà, nous adorons leur accent! On dirait des Italiens qui parlent espagnol et c’est trop joli! Ensuite, contrairement au Guatemala, il n’y a pas trop besoin de casser la glace, c’est tout de suite très chaleureux. Comme la population salvadorienne est très métissée, il y a une minorité importante de descendants des colons espagnols qui sont typés méditerranéens. Ce qui fait que nous ne passons pas toujours pour des étrangers au premier abord et, comme nous n’avons pas tous les codes sociétaux, ça peut être un peu déstabilisant. Mais une fois les choses mises à plat, il n’y a plus aucun problème.

Les transports

Malgré leur lenteur exaspérante, nous n’avons rien à redire sur la qualité des transports publics au Salvador. Comme au Guatemala, ce sont, en général, des anciens bus scolaires reconvertis en bus publics mais nous avons aussi eu parfois de super bus modernes, confortables et climatisés. Tout est bien organisé avec des numéros de lignes et des terminaux de bus dignes de ce nom. Et cerise sur le gâteau : c’est super économique!

Suchitoto

Nous avons longuement hésité sur notre étape au Salvador. Nous pensions à la base rejoindre la côte car la mer commence vraiment à nous manquer, Oui, déjà! Nous sommes d’irrécupérables amoureux de la mer! Mais nous avons eu de la peine à trouver notre bonheur niveau logement et, après diverses recherches et discussions avec d’autres voyageurs, nous en avons conclu que le littoral salvadorien est le paradis des surfeurs et autres sportifs de la vague mais moins des amoureux des jolies plages pour faire des promenades au bord d’une mer calme. Nous nous sommes donc rabattus sur Suchitoto et nous ne regrettons pas une seconde. Même si ce n’est pas du niveau d’Antigua, la ville coloniale est superbe dans une ambiance village tranquille et le paysage sur le lac est à couper le souffle. C’est une très belle alternative aux stations balnéaires du Pacifique.

Les marchés

Quel plaisir de voir tous ces beaux fruits et légumes sur leur étalage qui n’attendent que nous! Vu que nous avons pratiquement chaque fois eu accès à une cuisine, nous en avons profité de faire une razzia sur tous ces bons produits frais, surtout que nous ne sommes pas les plus grands fans de la cuisine locale. Notre seul petit regret et de ne pas être dans la saison des mangues car, avec tous les manguiers que nous avons vus en traversant le pays, ça promet de vrais plaisirs gustatifs avec ce fruit auquel nous vouons presque un culte.

Les oiseaux

Nous ne savions pas que le Salvador était un pays avec une si grande variété d’oiseaux. Certes, ça ne vaut pas l’Ouganda qui est le boss en la matière mais c’est déjà pas mal pour observer ces petites bébêtes. Il y en a pour tous les goûts, des petits très colorés, des loris ou des rapaces comme des condors ou des vautours. Un très beau pays pour les passionnés d’ornithologie.

Bizarreries made in El Salvador

Les prises

Nous pensions que c’était une spécialité du Guatemala, mais pas seulement, le Salvador installe aussi ses prises n’importe où. Maintenant que nous sommes habitués, nous trouverions bizarre qu’une prise soit installée dans un endroit logique.

Les messages bibliques sur les bus

Sur le principe, nous nous fichons complètement que les gens soient super croyants et qu’ils l’affichent partout. C’est leur droit et chacun sa croyance, nous respectons ça. Mais quand nous sommes au bord de la route, que nous attendons un bus, que nous aimerons y lire les numéros de lignes ainsi que la destination et que tout ce que nous arrivons à déchiffrer c’est un énorme Jesus Cristo écrit en travers de la vitre, ça devient frustrant. Nous n’avons absolument rien contre ce Monsieur Jésus mais il ne va pas nous aider à trouver le bon bus.

On ne demande pas une pupusa sans fromage!

Oh le crime de lèse-majesté! Déjà, c’est quoi une pupusa? C’est le plat national du Salvador et il a même le droit à un jour férié! C’est une galette faite de farine de maïs, du même style que les arepas colombiennes ou vénézuéliennes, avec, à l’intérieur, une garniture de notre choix et une quantité astronomique de fromage fondu. Comme il fait vraiment très chaud et comme Van ne digère pas vraiment les produits laitiers, nous les avons innocemment demandées sans fromage. Grave erreur! Vu les réactions qu’a suscitées notre demande, c’est apparemment aussi grave que de mettre de l’ananas sur une pizza en Italie, du très haut niveau sur l’échelle du crime alimentaire! Promis, on ne recommencera plus!

le théâtre de Santa Ana

Le Salvador aurait mérité que nous nous y attardions un peu plus. En même temps, c’est un pays qui n’a pas totalement développé son industrie touristique. C’est super cool mais ça reste compliqué de trouver des coins où se loger. Globalement, nous avons vraiment apprécié ce pays même si nous ne l’avons que traversé. Si, comme nous, vous traversez l’Amérique Centrale et que vous avez un peu de temps, nous vous recommandons chaudement un arrêt par le Salvador pour en découvrir un peu plus.

Suchitoto et le lac Suchitlan

Depuis Antigua, il y a deux moyens de rejoindre le Salvador : soit par la Panaméricaine via Guatemala City, soit par Escuintla et une route de plaine. Nous ne sommes pas vraiment motivés à passer par la capitale, encore moins par les routes de montagne, nous choisissons donc la deuxième option surtout qu’il n’y a pas une grande différence de kilomètres. Encore une fois, tout se fait facilement en Chicken bus qui nous mène jusque devant le poste frontière après avoir habilement dépassé l’énorme file de camions qui attendent de passer la douane.

Passer la frontière n’est qu’une simple formalité. Le Guatemala nous donne notre tampon de sortie sans autre forme de procès. Ensuite, il faut quand même compter une bonne dizaine de minutes de marche dans le no man’s land avant de changer de pays. C’est super sympa, les Guatémaltèques nous souhaitent un bon voyage tandis que les Salvadoriens nous souhaitent la bienvenue. Nous sommes toujours autant touchés par la gentillesse des gens dans la région.

Petit fun fact : pour ce périple transfrontalier, nous sommes accompagnés par un ami voyageur qui vient de Malaisie, le pays d’Asie dans lequel nous avons passé le plus de temps lors de notre séjour asiatique de presque deux ans! Et devinez quoi? En bon Malaisien, il nous a parlé principalement de bouffe nous rendant nostalgiques des saveurs de ce coin du monde. Il est vrai que la gastronomie d’Amérique Centrale n’est de loin pas la meilleure du monde.

Côté salvadorien, on nous contrôle juste que le Guatemala nous ait bien mis le tampon de sortie mais on ne nous met pas d’autre tampon. A ce que nous avons lu, c’est totalement normal. Nous retrouvons également les Chicken bus qui sont tout autant efficaces mais pour trois fois moins cher! Après sept heures de périple, nous arrivons enfin dans la petite ville de Sansonate, lieu sans intérêt mais où nous avons trouvé de quoi nous restaurer et un endroit pour dormir.

Santa Ana

L’Ayuntamiento, la mairie de Santa Ana

Nous nous arrêtons à Santa Ana afin de nous acclimater à ce nouveau pays, de bosser un peu et de préparer la suite. C’est la deuxième ville du Salvador pourtant elle ressemble plus à un grand village avec ses marchés et sa douceur de vivre. Il faut dire que le Salvador est un tout petit pays, environ la moitié de la Suisse, nous n’allons donc pas y trouver de grandes métropoles. La ville possède tout de même quelques bâtiments coloniaux comme la mairie où le magnifique théâtre de Santa Ana. Il y a également une superbe cathédrale néogothique qui domine le Parque de la Libertad, la place centrale mais Madame s’offre une cure de jouvence et est totalement dissimulée derrière des échafaudages.

Nous continuons notre route avec les Chicken Bus salvadoriens. C’est pratique, facile d’utilisation et bon marché. Mais ce que c’est loooooong! Pourtant, nous avons évité le trafic de la capitale en changeant de bus à Apopa, la banlieue nord de San Salvador afin de gagner un peu de temps. Mais ça n’avance pas quand même. Ce n’est pas de la faute aux routes qui sont en bon état mais aux bus qui s’arrêtent tous les trois mètres et aux vendeurs à la sauvette qui monopolisent les temps d’arrêt. Nous avons mis six heures juste pour couvrir une distance d’à peine cent kilomètres!

Suchitoto

une ruelle du centre historique qui descend sur le lac

La petite ville de Suchitoto était déjà habitée à l’époque précolombienne par l’ethnie Nahua qui est encore aujourd’hui l’origine principale de la population locale. Mais les ruelles en damiers et les maisons coloniales que nous voyons à présent nous viennent évidemment des Espagnols et datent du XVIe siècle. En réalité, ce que nous voyons est issu d’une grande campagne de restauration de la fin du XXe siècle car la ville a vraiment souffert des stigmates de la guerre civile salvadorienne. (1979-1992). Comme à Antigua, les pavés de basalte font ressortir les façades des maisons qui ne sont pas si colorées que ça mais plutôt blanchies à la chaux. Sûrement à cause du climat qui est très chaud dans le coin. D’ailleurs, Suchitoto n’est pas sans nous rappeler nos petits villages blancs andalous dans la torpeur d’une journée estivale. La température n’y est pas très différente (36 degrés!). Autre souvenir d’Andalousie, les patios, tous plus beaux les uns que les autres, que nous apercevons depuis une porte ou une fenêtre ouverte et qui ne feraient pas tâche à Cordoba, la capitale internationale du patio.

Parque Central
Cathédrale Santa Lucia

Comme toute ville coloniale d’Amérique latine qui se respecte, Suchitoto a son parque central avec ses bâtiments administratifs à arcades et sa cathédrale. Cette dernière ne date pas du temps de la colonisation car celle qui avait été construite à cette époque a été détruite par un incendie. Le bâtiment actuel, de style néoclassique, date de 1853 et nous éblouit presque avec sa façade immaculée. Nous soupçonnons fortement un coup de peinture assez récent, et comme il n’y a pas trop de trafic, un miracle pour la région, le blanc reste propre.

Lac Suchitlan

Suchitoto est construite sur une colline qui domine le lac Suchitlan. C’est difficile à croire avec tout ce paysage très découpé mais Suchitlan n’est pas un lac naturel. Il a été formé suite à la construction d’un barrage en 1973. Malgré son côté artificiel, une faune lacustre s’y est installée et les autorités ont décidé de la protéger, ce qui est plutôt une bonne nouvelle! Ces petits îlots et ces collines très rondes nous rappellent fortement le lac Bunyonyi dans le sud de l’Ouganda.

Cascade los Tercios

Nous sommes en pleine saison sèche qui, du côté du Pacifique, a l’air particulièrement aride cette année. Donc c’est fichu pour la cascade, mais nous nous en doutions un peu. Nous avons quand même fait le déplacement, une bonne vingtaine de minute de marche depuis le centre-ville, pour voir cette impressionnante paroi verticale haute de dix mètres qui ressemble à la Chaussée des Géants en Irlande du Nord. On doit cette curiosité naturelle à une éruption volcanique produisant une énorme masse de magma en fusion mais qui s’est refroidie très rapidement. Même sans eau, ça vaut le détour surtout que ça nous a fait une belle petite marche dans la nature.

Suchitoto est une très belle étape bien que méconnue du Salvador. Elle dégage une très belle douceur de vivre qu’on peut connaître l’été en Europe du Sud lors des grosses chaleurs.

Par contre, nous ne sommes pas sûrs de nous attarder au Salvador. Ce n’est pas que le pays nous plaît pas, bien au contraire, mais les transports sont tellement lents que nous voulons être sûrs d’être à temps à San José, dans un peu plus de trois semaines, pour retrouver la famille de Van. Nous devons encore traverser deux pays avant d’arriver au Costa Rica et entre la lenteur des transports et les formalités douanières qui ont l’air plus pointilleuses que ce que nous avons eu jusqu’à présent, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre la dernière minute avant de nous bouger.