Zafra, la plus andalouse des villes d’Estrémadure.

Lors de notre retour d‘Amérique Centrale, nous nous sommes arrêtés quelques jours en Estrémadure, petite région un peu oubliée d’Espagne, pour laquelle nous avons eu un véritable coup de cœur! Le printemps arrivant apportant avec lui l’envie de sortir de notre hibernation pour aller découvrir le monde, nous nous sommes dit que nous pourrions y retourner faire un tour surtout que depuis Séville, le sud de la région n’est pas si loin.

Zafra

N’ayant pas beaucoup de temps à disposition, nous avons choisi Zafra pour sa proximité avec Séville et sa facilité d’accès. En effet, la petite ville se situe à 135 kilomètres au nord de la capitale andalouse et se rejoint facilement avec le bus de Mérida. Il faut compter une heure et demie de trajet environ. Zafra est communément surnommée la « Pequeña Sevilla » (petite Séville) parce que son centre historique rappellerait notre belle andalouse. Mérite-t-elle-vraiment ce surnom? C’est ce que nous allons découvrir dans cet article.

Centre historique

L’histoire de Zafra ne diffère pas beaucoup du reste du sud-ouest de la péninsule ibérique. La ville a été fondée par les Romains et faisait partie de la Bética, province romaine correspondant grosso modo à l’actuelle Andalousie. Pendant la période arabe, elle était pile sur la frontière qui séparait les taïfas de Séville à celle de Badajoz. Voilà pourquoi elle est encore tiraillée entre les deux cultures aujourd’hui! Elle a été reconquise par les rois catholiques en 1241 avec le reste de l’Estrémadure à laquelle elle a été rattachée. Zafra a été très active dans la conquête du Nouveau Monde et y a envoyé plusieurs de ses habitants notamment à la conquête de l’Amazonie et du Yucatan.

Aujourd’hui Zafra est une petite ville tranquille qui profite toute de même de sa situation privilégiée entre les deux capitales régionales. Le centre historique est plutôt assez pittoresque pour sa taille très modeste. Les petites ruelles sont super mignonnes bordées de maisons blanchies à la chaux que ne renierait pas n’importe quelle village blanc andalou.

Arco de Jerez

C’est la seule porte d’entrée qui nous reste de l’ancienne muraille de la ville. Les fortifications datent de 1030 en pleine période almohade mais cette porte a totalement été remaniée en 1426 par les rois catholiques. Ils y ont notamment ajouté un clocher de style Renaissance et à l’intérieur, ils y ont construit une petite chapelle dédiée à Notre Dame de la Charité. Le nom Jerez n’a rien à voir avec la belle andalouse Jerez de la Frontera mais avec une autre ville, Jerez de los Caballeros située à l’ouest de Zafra, point cardinal où se situe cette porte.

Plaza Chica

Son nom signifie « petite place » et c’est vrai qu’elle n’est pas bien grande. Pourtant, elle ne manque pas de charme avec ses colonnes en marbre et ses arcades. C’est la plus ancienne place de Zafra et date de l’époque romaine. Elle était utilisée par les commerçants, locaux et itinérants, comme place du marché. En plus de cafés et bars à tapas super cool, la place est bordée aujourd’hui de la mairie et du palais de justice.

Plaza Grande

On l’appelle Plaza Grande par analogie à la Plaza Chica. Elle a été construite au XVIe siècle à la place de l’ancienne cathédrale et de l’ancien cimetière de la ville. Certains portiques bordant la place dateraient d’un siècle plus tôt. La place est séparée en deux : une partie très épurée où peuvent se garer quelques voitures et une deuxième partie, un peu surélevée, où on y a mis des palmiers, des fontaines, des bancs ainsi que des terrasses où il fait bon traîner pendant les chaudes soirées d’été.

Les deux places sont contigües et reliées entre elles par l’Arquillo del Pan (arche du pain) appelé ainsi parce que c’est là que les boulangers installaient leur étal les jours de marché.

Iglesia de la Candelaria

Impossible de louper ce mastodonte gothique qui domine Zafra surtout avec son clocher de couleur rouge sang! L’édifice a été construit dans les années 1540 et remplace une plus ancienne qui a été détruite lors de la construction de la Plaza Grande. La cathédrale est dédiée à la Candelaria (oui, la chandeleur!) connue pour être la patronne des Canaries. Malheureusement, comme c’est souvent le cas dans les centres historiques espagnols, l’église est coincée entre les petites ruelles médiévales et nous avons de la peine à nous faire une idée de sa grandeur, respectivement d’avoir un cadrage correct pour les photos. Sorry!

Palacio de los Duques de Feria

La construction de ce palais date d’après la Reconquista (1437 environ) et a été ordonnée par les ducs de Feria, une famille seigneuriale locale. Non, là le nom Feria n’a rien a voir avec les fêtes traditionnelles mais avec la ville de Feria située non loin de Zafra. C’est un château assez typique de l’époque médiévale, d’architecture gothique avec quelques touches Renaissance. Aujourd’hui, il abrite un parador, c’est à dire un hôtel de charme située dans un bâtiment historique.

Vous avez peut-être remarqué sur nos photos que certains balcons étaient ornés de tapisseries brodées. Ce sont tout simplement les décorations de la Semana Santa (semaine sainte, avant Pâques) qui est une fête, sans atteindre le niveau de celle de Séville, très importante pour la ville de Zafra.

NB : Si vous voulez voir à quoi ressemble les processions de la Semana Santa, rendez-vous sur notre page Instagram @vanfab_in_sevilla. Il y a des stories à la une de quelques-unes d’entre elles à Séville. Malheureusement, toutes n’ont pas pu avoir lieu à cause des fortes pluies qui nous ont arrosés cette semaine là.

Pierres sacrées

A première vue, ce ne sont que quelques pierres perdues dans la végétation printanière de ce mois de mars. Pourtant, elles étaient le lieu de rites sacrés dans la Préhistoire notamment pour des fêtes de la fécondité. Ces quelques pierres sont juste une petite part de tous les sites sacrés et autres dolmens qu’on peut rencontrer en Estrémadure. Voilà encore de quoi rallonger notre liste à idée déjà bien longue! Aujourd’hui on y célèbre encore les solstices d’été.

Les pierres se trouvent à un petit kilomètre à l’ouest du centre historique. Le chemin est facile mais le site n’est pas indiqué, sûrement pour limiter l’afflux touristique. Les pierres sont encore aujourd’hui considérées comme sacrées. Mais n’importe quelle application Maps vous aidera à les trouver.

Embalse de Zafra

Puisque nous étions déjà en route pour aller voir les pierres sacrées, autant pousser le vice plus loin! Nous nous promenons dans les superbes paysages de la Sierra de Castellar qui est en fait le prolongement de la Sierra de Aracena au nord de Huelva. Le printemps est vraiment la meilleure saison pour les balades car la végétation est verdoyante et les montagnes sont couvertes de magnifiques tapis de fleurs multicolores. Malheureusement, le ciel est un peu voilé car nous avons droit à un épisode de calima, le sable du Sahara en suspension dans l’air, qui est un phénomène assez courant en cette saison.

L’embalse de Zafra est un lac de retenue de 38 kilomètres carré construit en 1975 sur la rivière Alconera afin d’alimenter la ville de Zafra en eau douce. L’Estrémadure subissant plus les influences de l’océan Atlantique que l’Andalousie, est plus pluvieuse que sa voisine du sud et les niveaux d’eau ne sont pas encore trop bas même si ce n’est pas encore optimal pour ne pas se soucier de la sècheresse qui guette. Nous avons juste trouvé les paysages incroyables et avons trouvé le coin idéal pour un pique-nique avec vue sur le lac.

Nous avons bien aimé cette petite excursion à Zafra. Ça nous a sorti un peu de notre grande ville tout en nous permettant quand même de faire quelques découvertes culturelles.

Alors, Zafra mérite-t-elle son surnom de Pequeña Sevilla?

En tant que Sévillans, nous aurions tendance à dire non. Nous voyons plus les différences que les similitudes. Mais objectivement, il y a quelques points communs : la Semana Santa, les façades blanches et jaunes, la douceur de vivre et l’histoire. Par contre, la gastronomie, les places bordées d’arcades, le château totalement médiéval chrétien et la cathédrale gothique sont plutôt tournés vers l’Estrémadure. En gros, Zafra a pris des influences d’un peu partout et tient très bien son rôle de trait d’union entre l’Andalousie et sa voisine du nord.

L’Estrémadure reste notre deuxième région préférée d’Espagne. Elle ne détrône pas notre Andalousie chérie mais possède un charme unique auquel nous avons succombé encore une fois. Les beaux jours arrivant, nous allons sûrement en profiter pour venir y découvrir encore d’autres trésors.

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