Baie de Cadiz : Rota et El Puerto de Santa Maria

Lors de notre passage à Cadiz, nous n’avons pas caché notre émerveillement pour la baie du même nom. Puisque nous sommes basés en Andalousie du Sud-Ouest, à proximité de cette dite baie, nous en avons profité pour aller la découvrir un peu plus.

C’est un peu brumeux mais en face c’est Cadiz!

Rota

Rota est située à l’extrémité occidentale de la baie de Cadiz, à mi-chemin entre Gibraltar et le Portugal. L’endroit y est d’ailleurs tellement stratégique que les Américains y occupent l’énorme base navale qui couvre la moitié de la superficie de la commune depuis 1955. Evidemment, nous ne nous y sommes pas approchés avec notre appareil photo! C’est un endroit sensible et les Américains sont assez chatouilleux sur le sujet!

La marine espagnole occupe également une partie de la base navale et le ministère espagnol de la défense reste le propriétaire du lieu. Mais la base est occupée par l’US Navy et l’US Marine Corps. C’est la plus grande communauté militaire américaine en Espagne.

Comme nous sommes tout de même un poil téméraires, nous avons « volé » une photo que nous avons prise de loin au smartphone. La qualité de l’image est vraiment pourrie, sorry, mais au moins ça ne vous donnera pas d’indices pour aller attaquer la marine Américaine.

Rota n’est pas que sa base navale! Nous avons d’ailleurs cru comprendre que la présence de l’armée américaine n’était pas bien perçue dans la population locale. Les deux peuples ne se mélangent pas! Les Américains vivent dans des pavillons à l’intérieur du périmètre sécurisé de la base tandis que les Espagnols s’approprient le village et la playa, en gros, les coins les plus sympas.

La playa de Rota. On aperçoit la base sur la droite, en arrière-plan

Le Centre historique

Le château de la Luna

A défaut de (non) culture américaine, plongeons-nous dans la culture andalouse! Tant mieux! Nous préférons de loin cette dernière! L’histoire de Rota est similaire de celle de sa voisine Cadiz. La ville fut également fondée par les Phéniciens. Puis l’histoire se répète : les Ibères, les Romains, les Wisigoths, les Arabes puis la Reconquista. A la fin du XIIe siècle, la ville devint prospère grâce au commerce avec l’Afrique du Nord, distante d’une petite vingtaine de kilomètres. Mais, en 1522, l’épidémie de peste toucha la ville de plein fouet et quand enfin ce cauchemar fut terminé, elle fut assiégée et mise à genoux par l’armée anglo-néerlandaise. Rota ne s’en relèvera jamais et c’est la ville de Cadiz, mieux située, qui lui ravit son attractivité.

Malgré son histoire en demi-teinte, le centre historique vaut la peine d’être visité pour la beauté et la blancheur immaculée de ses maisons andalouses.

Callejones medievales

Il ne reste presque plus rien de l’époque médiévale à Rota, la ville ayant très mal survécu à l’épidémie de peste. Mais, dans une partie du centre historique, le tracé des ruelles n’a pas changé depuis le Moyen-Age. C’est un véritable labyrinthe de rues très étroites qui ne sont pas droites et partent dans tout les sens. C’est un quartier à part dans le Rota historique où il est facile d’y perdre son sens de l’orientation et où l’heure de la sieste a l’air de durer toute la journée.

Iglesia de la O

Soyons francs, ce n’est de loin pas la cathédrale la plus ouf d’Espagne. C’est plutôt son nom qui nous a interpellé, mais là aussi, petite déception. Nous n’avons pas réussi à trouver pourquoi cette église s’appelle tout simplement O. L’édifice date du XVIe siècle et est de style gothique tardif qu’en Espagne on appelle « gotico isabelino » du nom d’Isabel, une des reines catholiques de l’époque.

Château de la Luna

Malgré un style un peu arabisant, ce château provient à 100% de la noblesse catholique, la Casa de Arcos. Il date du XVe siècle et était destiné à un usage purement militaire avant qu’un excentrique marquis le rachète au début du XXe siècle pour en faire sa résidence d’été. Aujourd’hui, il se situe au cœur du centre historique et abrite la mairie de Rota. Nous avons beau savoir que la forteresse date d’après la Reconquista, le style du château, les palmiers et les oliviers nous transportent directement en Afrique du Nord.

La Playa

Pour une localité située à proximité d’une base navale militaire, Rota possède une magnifique plage! L’ambiance est tout de suite plus balnéaire, pourtant, ce n’est pas blindé de touristes et, comme déjà dit plus haut, les Américains ne se mélangent pas tellement à la population locale. La position abritée dans la baie fait de l’Océan Atlantique un vrai lac calme où la baignade est agréable, mais sûrement bien dégueu vu la situation.

Rota nous a beaucoup surpris. Nous nous attendions pas à autant d’histoire et de culture et nous pensions trouver plus de présence américaine. Finalement, nous ne sommes pas du tout mécontents qu’il en soit ainsi.

El Puerto de Santa Maria

Plaza de España

Toujours dans la baie de Cadiz, du côté est de la base militaire de Rota, se trouve la ville d’El Puerto de Santa Maria. C’est la première localité atlantique quand on vient depuis la plaine du Gadalquivir et la dernière sur le continent avant l’île de San Fernando et celle de la ville de Cadiz. Son économie repose principalement sur les activités portuaires même si elle a autre chose à offrir que son gros port tout moche.

Centre historique

Selon la légende, la ville aurait été fondée par Ménesthée, un roi d’Athènes qui aurait pris la mer après la guerre de Troie et aurait débarqué par hasard en ce lieu. En vrai, l’histoire varie très peu des autres villes de la baie. Les Romains y bâtirent déjà un port mais la ville connut son apogée aux XVII et XVIIIe siècles pendant la colonisation de l’Amérique et le commerce avec celle-ci. Le centre historique date d’ailleurs de cette époque et on y retrouve les maisons à galerie que nous avons déjà pu voir à San Fernando.

Les bodegas

El Puerto de Santa Maria est un des lieu de production du vin de Jerez. Les deux villes ne sont distantes que d’une petite quinzaine de kilomètres et les vignes se situent sur les collines entre deux. Le centre historique est en partie constitué de bodegas, encore plus qu’à Jerez de la Frontera! Ceci s’explique sûrement par la proximité du port d’où partent les caisses de vins dédiées à l’exportation.

Si vous vous promenez dans le centre historique par une chaude journée d’été, vos narines vont être envahies par une odeur persistante de raisin fermenté!

Plaza de España

Quand on parle de Plaza de España, on pense tout de suite à Séville. Et c’est normal, c’est quand même une des places les plus ouf du pays! Mais El Puerto de Santa Maria possède sa propre Plaza de España, pas aussi pittoresque et monumentale que sa grande sœur sévillane mais fort jolie tout de même avec sa cathédrale, ses palais Renaissances et ses petites terrasses. Elle constitue le cœur névralgique de la vieille ville.

Iglesia Mayor Prioral

Cette jolie petite cathédrale date de la fin du XVe siècle est a été construite dans un style gothique typique de l’époque. Les éléments baroques y ont été ajoutés deux siècles plus tard. L’édifice est magnifique mais il ne peut être apprécié à sa juste valeur que depuis la Plaza de España. Les deux façades latérales sont coincées dans des petites ruelles tandis que l’arrière est caché par un mur qui la sépare d’un parking. Apparemment, des travaux sont prévus dans le coin et le mur ne serait que provisoire, affaire à suivre…

Castillo San Marcos

L’origine arabe de ce château est visible au premier coup d’œil! En effet, nous devons bien cette sublime forteresse aux musulmans qui la construisirent, en 1264, sur les restes d’une ancienne mosquée. Les rois catholiques en firent ensuite une église fortifiée tout en gardant les murailles d’origine. Lors de l’époque bénie des conquistadors, le palais a reçu d’illustres marins comme Juan de la Cosa où Christophe Colomb himself! Aujourd’hui le château abrite, on vous le donne en mille, une bodega! On ne rigole pas par ici avec le vin!

Sur une façade arrière du château, nous avons découvert un vrai trésor! Enfin, pour nous c’est un trésor! C’est une reproduction de la carte de Juan de la Cosa, un marin de Cantabrie du XVe siècle qui a participé aux sept premiers voyages en direction de l’Amérique. Cette carte est la toute première du Nouveau Monde et a été dessinée en 1500! La partie verte, à gauche sur la photo représente le Nouveau Monde tandis que la partie blanche, à droite représente l’Ancien Monde. Pour ceux que ça intéresse, la carte originale se trouve au Musée naval de Madrid.

Monastère de la Victoria

Si, comme nous, vous arrivez à El Puerto de Santa Maria en train, le monastère de la Victoria est le premier bâtiment que vous apercevez car il se situe juste à côté de la gare. Cet ancien couvent gothique a été érigé au XVI par les ducs de Medinaceli, des nobles de la couronne de Castille. Durant son histoire, il a également servi de prison et d’arsenal militaire pendant la guerre civile et une partie de la dictature franquiste. Vu la taille de leurs troncs, les oliviers du jardin doivent être aussi vieux que le monastère!

La Playa de San Anton

El Puerto de Santa Maria possède plusieurs plages. Nous nous sommes contentée de San Anton proche du centre-ville à cause de la tempête de sirocco qui nous a apporté une forte calima rendant la promenade sur la playa assez désagréable. En règle générale, c’est à dire sans le vent, les plages sur la baie sont assez abritées et assez propices à la baignade même si la proximité du port rend la qualité de l’eau un peu douteuse.

Le gros atout de cette plage, c’est la pinède! Il y a une magnifique petite forêt de pins qui poussent directement sur les dunes et qui offrent une ombre plus que bienvenue pour les plagistes. Malheureusement, elle n’est pas assez dense pour nous protéger des assauts du vents et de la calima. Malgré tout, ça reste un endroit naturel assez exceptionnel.

Nous sommes à chaque fois enchantés de ce que nous découvrons dans cette magnifique baie de Cadiz, malgré sa taille modeste et ses activités portuaires. Vous allez encore découvrir d’autres coins de la côte Atlantique grâce à nous, car elle reste un bon coin pour échapper un petit peu à l’été torride andalou, quand il n’y a pas le scirocco bien sûr!

En attendant de nouvelles découvertes, nous vous envoyons plein de bisous puisque autant à Rota qu’à El Puerto de Santa Maria, est célébré en grande pompe chaque année le 13 avril, le jour international du bisou!

Traduction des photos ci dessous : embrasser est un art / embrasse-moi dans ce coin!

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