Notre petite exploration du nord de la Castille : Medina del Campo et Zamora

Puisque nous avions déjà subi sept longues heures de bus jusqu’à Salamanca, nous nous sommes dit que nous allions en profiter d’être dans la région pour aller explorer ce qu’il y a pas trop loin dans les alentours.

Medina del Campo

Depuis Salamanca, le moyen de transport le plus rapide est le plus pratique est le train. Il faut prendre celui qui va en direction de Valladolid et en un peu plus de trente minutes, il vous emmène à Medina del Campo. La gare est un peu excentrée et donne l’impression d’être au milieu de nulle part mais il suffit juste d’un bon quart d’heure à pied pour rejoindre le centre ville.

Castillo de la Mota

Une fois n’est pas coutume, nous commençons notre visite par le château! C’est parce que, contrairement à la plupart des villes d’Espagne, le château de la Mota ne se trouve pas sur un promontoire qui domine la ville. Il se trouve de l’autre côté du Rio Zapardiel par rapport au centre-ville, donc du même côté de la gare. Si vous arrivez à Medina del Campo par le rail, il suffit de prendre à droite à la sortie de la gare et, ensuite, de marcher une dizaine de minutes tout droit. Vous n’allez pas le louper, il va tout d’un coup, se dresser devant vous!

Ce château, construit aux XIVe et XVe siècles sur une ancienne forteresse du XIe siècle, a un style architectural typique de la région qu’on appelle communément « école de Valladolid » du nom de la province à laquelle appartient Medina del Campo. Il a toujours appartenu à la royauté espagnole jusqu’à l’avènement de la Première République Espagnole à la fin du XIXe siècle. Ce qui explique sûrement son très bel état de conservation Lors de son arrivée au pouvoir, le dictateur Franco en fit le quartier général de la section féminine de la Phalange, le parti unique de l’Espagne franquiste. Aujourd’hui, l’édifice appartient à la communauté de Castille-et-León et ses salles sont utilisées pour des cours ou des séminaires.

Il est possible d’accéder à quelques parties du château comme la cour extérieure, la cour intérieure et la petite chapelle que nous trouvons trop mignonne avec ses murs en brique. L’entrée est gratuite.

Le centre historique

Pour accéder au centre historique depuis le château, il vous faut revenir sur vos pas quelques centaines de mètres en direction de la gare et emprunter le passage sous voies. Tout est super bien indiqué!

Ne vous attendez pas à Versailles! C’est assez petit et il n’y a pas de grands monuments de ouf! Tout est fait de briques rouges comme c’est souvent le cas dans les alentours de Madrid. Même son histoire est un peu décevante par rapport à d’autres villes d’Espagne et malgré les sonorités méridionales du nom Medina, les Arabes ont, eux aussi, boudé le lieu. Les premiers à s’être vraiment intéressés au coin sont les Wisigoths et leur roi Leovigildo. Au Moyen-Age, on consentit à y construire un château, celui de la Mota, car la reine Leonor de Albuquerque, femme de Fernando Ier d’Aragon était de Medina del Campo. C’est à partir du XVIIe siècle que la ville se développa un peu grâce au commerce de la laine qu’on envoyait directement aux manufactures d’Anvers qui étaient super réputées à l’époque.

Plaza Mayor de la Hispanidad

Mais que sommes-nous venus faire dans ce coin perdu du nord de la Castille si c’est si décevant? Nous sommes juste venu voir la Plaza Mayor! Mais ce n’est pas n’importe quelle place puisque, avec ses 14’000 mètres carré, c’est la plus grande d’Espagne voire une des plus grandes d’Europe! A l’origine, elle n’était pas plus grande que les autres mais il y eut plusieurs incendies au XVe siècle, ce qui a fait de l’espace! Comme le commerce de la laine était florissant à l’époque, on laissa la place telle quelle pour en faire un des plus gros marché de la région. Avec toute cette place à disposition, on commença également a y organiser des ferias qui ont encore cours aujourd’hui!

Les abords de la place sont très bigarrés avec des bâtiments datant de toutes les époques : du Moyen-Age à la décennie hideuse des années 1970. On y trouve quand même l’Ayuntamiento, la collégiale San Antolín et la maison où la reine Isabel la Catholique a écrit son testament. C’est le principal endroit pour se restaurer dans le centre ville et il y a plein de bistrots avec des terrasses sympas pour combler notre estomac! Mais attention! Nous avons appris à nos dépends que la cuisine locale est bien plus roborative que dans le sud et que les portions sont deux fois plus grandes! Mais c’est compréhensible, les hivers y sont bien plus rigoureux que dans notre douce Andalousie!

En se promenant sur la place, nous avons aperçus au sol de petites plaques métalliques sculptées. Elles marquaient l’endroit où les différents corps de métier avaient le droit d’installer leur étal pendant les marchés.

Très franchement, Medina del Campo ne mérite pas franchement un détour lors d’un voyage en Espagne. Nous sommes contents d’avoir vu la Plaza Mayor la plus grande du pays mais ça s’arrête là. Il y a tellement d’autres lieux bien plus pittoresques à y découvrir!

Zamora

Puisque nous étions déjà dans le nord, autant pousser le vice encore plus loin! Zamora se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord de Salamanca, à la hauteur de la frontière nord du Portugal. Entre les deux villes, il n’y a pas trente-six solutions en termes de transports publics, c’est le bus. C’est la compagnie Zasa qui a le monopole avec un prix fixe de 6,25€ par trajet et puis c’est tout! Nous avons essayé par BlaBlaCar mais il n’y avait rien de disponible ce jour-là.

Avec notre tendance aux timings vraiment pourris, nous sommes arrivés à Zamora en pleine fête du fromage! Il y avait des stands avec d’horribles tentes blanches dans toute la ville. Et quand on dit toute la ville, c’est TOUTE la ville! Donc nous nous excusons pour le cadrage pourri de nos photos et ces horribles tentes blanches qui enlaidissent le coin.

Mis à part ça, la fête du fromage est un évènement vraiment sympa et toutes les régions d’Espagne, et parfois d’ailleurs, y étaient représentées. La province de Zamora peut se targuer d’avoir pas moins de huit sortes de fromages différents estampillés DOP (l’équivalent espagnol de l’AOP). La part belle de la manifestation était dédiée à la dégustation de fromage mais aussi de jambon et autres charcuteries car nous sommes en Castille et ici, tout est bon dans le cochon!

Le centre historique

On pourrait qualifier le centre historique de bipolaire. C’est un mélange assez surprenant d’architecture romane du X au XIIe siècle et d’architecture art-déco du XIXe siècle qui sont les deux périodes les plus florissantes de Zamora. La ville fut peuplée dès l’Age de Fer, non pas par les Ibères, mais par les Celtes. On sent que la Galice, terre celtique par excellence, n’est plus très loin! Les Romains en firent une petite étape sur la fameuse Via de la Plata. Quant aux Arabes, ils réussirent à prendre la ville mais y furent vite chassés par le roi Alfonso II de Asturias au IXe siècle déjà! Zamora connut son apogée entre les Xe et XIIIe siècles en devenant une ville très importante du royaume de León. Son emplacement stratégique sur une colline dominant le Rio Duero n’y était pas pour rien! C’est de cette période que nous vient toute l’architecture romane qu’on peut trouver un peu partout en ville. D’ailleurs Zamora tient officiellement le titre de capitale romane d’Espagne!

Plus les frontières du Royaume d’Espagne se déplaçait vers le sud avec la Reconquista, plus Zamora perdit de l’importance. La ville fut peu à peu abandonnée pour des villes plus stratégiques, plus méridionales. Elle ne bénéficia d’aucune retombée de la découverte de l’Amérique et du commerce du Nouveau Monde. Il faut attendre la fin du XIXe siècle, l’arrivée du chemin de fer en 1864 et une certaine industrialisation pour que Zamora renaisse un peu de ses cendres et connaisse un essor économique. Les maisons art-déco du centre historique témoignent de cette deuxième époque faste.

Street Art

En déambulant entre les stands de fromage dans le centre ville, nous sommes tombés sur plusieurs façades et murs décorés de jolies peintures murales style street art comme à Georgetown ou à Malacca. Nous avons découvert que ce genre d’art est super courant, non seulement en ville de Zamora, mais aussi dans les quartiers périphériques et même dans toute la province. Il y a même une « Ruta de las Murales », un itinéraire touristique qui permet d’aller admirer toutes ces œuvres d’art lors d’un road trip dans la région. Nous nous sommes contentés d’admirer celles du centre qui sont très jolies! Mention spéciale pour le quetzal (deuxième image ci-dessous), cet oiseau mythique, emblème du Guatemala, très difficilement observable mais que nous mourrons quand même d’envie de croiser une fois dans notre vie.

Le château

A l’instar de Medina del Campo, le château ne se trouve pas sur un promontoire rocheux qui domine la ville. Il se trouve à l’extrémité occidentale du centre historique et il domine le Rio Duero. Il fut construit au XIe siècle et servit de base de départ pour la Reconquista catholique contre les musulmans d’Al-Andalus. La forteresse extérieure ainsi que quelques tours sont plutôt bien conservées, ce qui n’est pas le cas de tout le reste.

Catedral del Salvador

Nous avons vraiment été maudits avec cette cathédrale. La façade sud est en pleine restauration et est couverte d’échafaudages recouverts d’une horrible bâche verte. Quant à la façade sud, elle est obstruée par tous les stands de fromage. Quand nous vous disions que la fête du fromage squattait TOUTE la ville! C’est dommage car elle a l’air vraiment superbe et c’est un des meilleurs témoignages d’architecture romane du XIIe siècle de cette ampleur en Espagne. En plus, sa situation sur l’esplanade qu’elle partage avec le château aurait dû nous donner un excellent angle de vue! Tant pis, vous reprendrez bien un morceau de Zamorano (fromage local) à la place?

Nous exagérons peut-être un peu avec la fête du fromage mais quelle n’a pas été notre surprise de voir quel stand se payait la meilleure place de la ville! Celle où nous aurions dû nous trouver pour prendre des belles photos de la cathédrale!

Rio Duero

Une fois n’est pas coutume, nous n’effectuons pas notre traditionnelle grimpette du jour mais une descente, qu’il faudra regrimper après quand même! Zamora surplombe le Rio Duero, plus connu en français sous le nom portugais Douro. C’est le fleuve qui traverse également la ville de Porto et dont ses rives, des deux côtés de la frontière, sont réputées pour ses vignobles. Nous nous sommes évidemment sacrifiés pour vérifier cette dernière information et nous devons reconnaître que les pinards locaux sont excellents!

Le joli pont de pierre qui traverse le fleuve date du XIIe siècle et faisait également partie de la fameuse Via de la Plata qui reliait Augusta Emerita (Mérida) à Austurica Augusta (Astorga). Avec notre sens du timing légendaire, nous avons trouvé le pont en travaux et n’avons pas pu y accéder pour observer le centre historique de Zamora dans ses remparts.

Aceñas de Olivares

Nous avons quand même fini par trouver quelque-chose qui ne soit pas en chantier, où la fête du fromage n’a pas installé ses quartiers et qui, en plus, est gratuit! Ces trois jolis petits moulins d’époque médiévale utilisaient la force de l’eau pour moudre le blé en farine. Ils ont été utilisés jusqu’au début du XXe siècle. Ils abritent aujourd’hui un petit musée qui explique leur fonctionnement et qui documente toute l’industrie de l’eau du Douro à travers l’histoire.

Nous avons mentionné plus haut le fait que nous prenons notre job d’explorateurs très au sérieux au point d’aller tester les produits locaux, principalement ceux qui sont fabriqués avec du raisin! En voici la preuve ci-dessous! Mais à Zamora, un verre de vin s’accompagne toujours d’un « pincho moruno »! En fait, c’est juste une brochette de porc. Mais il y a quand même une petite subtilité. A la commande, il faut savoir si vous voulez « uno que si » ou « uno que no », c’est-à-dire piquant ou pas. Si vous êtes amateurs de curry thai, ne vous emballez pas! La « que si » est juste saupoudrée d’un peu de pimiento de la vera, le paprika local. Donc ça n’arrache pas mais ça se laisse facilement déguster!

C’est sur cette petite note gastronomique que s’achève notre petite découverte de Castille-et-León. Nos estomacs commencent à réclamer des plats plus légers avec plein de légumes!

Sur les trois villes que nous avons visitées, c’est indubitablement Salamanca la plus belle mais notre coup de cœur aura été pour Zamora. Certes, l’ambiance de la fête du fromage y a sûrement contribué mais nous y trouvons quand même une petite douceur de vivre assez sympa à laquelle nous avons été particulièrement sensibles.

Salamanca, la plus vieille ville étudiante d’Espagne

Après un superbe été passé dans notre belle andalouse et sur les plages de Cádiz, il est temps pour nous d’effectuer notre rentrée et de partir à la découverte d’autres coins de notre beau pays.

Notre curiosité nous a poussés, une fois n’est pas coutume, tout droit en direction du nord dans la communauté autonome de Castille-et-León, une région qui était totalement méconnue pour Van. Le choix de Salamanca ne s’est pas fait au hasard, la ville est reconnue pour son université et son patrimoine architectural médiéval intéressant.

Nous avons choisi le bus pour nous y rendre. Ça nous paraissait logique vu que depuis Séville, l’autoroute va tout droit en direction du nord en empruntant le tracé de l’ancienne voie romaine « Via de la Plata ». Ce que nous n’avions pas prévu, c’est que le bus en question dessert tous les petits bleds d’Estrémadure! Nous n’avons rien contre l’Estrémadure, au contraire, c’est notre deuxième région d’Espagne préférée après l’Andalousie, mais là, nous aurions quand même préféré avancer un peu plus vite! Bref, la prochaine fois nous prendrons le train même s’il faut passer par Madrid et y changer de gare.

Mais nous n’allons pas nous décourager à cause d’un trop long trajet de bus et nous sommes toujours motivés à aller découvrir cette nouvelle ville.

Le centre historique

Salamanca possède une histoire très riche et a été habitée par les Ibères dès le premier millénaire avant notre ère. Elle a été conquise par le carthaginois Hanibal avant d’être prise par les Romains qui l’ont intégrée à leur province de Lusitania avec le Portugal et la Galice. D’ailleurs, la frontière portugaise est à une petite centaine de kilomètres de là à la hauteur de Porto à peu près et les habitants ont déjà, dans leur accent, une façon de bien appuyer les « S » presque comme des « ch » qui nous rappelle les sonorités lusophones de nos voisins.

Ensuite Salamanca fut prise par les Alains, un peuple barbare venu de Perse qui conquit toute la Lusitanie après la chute de l’empire romain. Mais l’endroit ne les intéressa pas, pas plus qu’aux Wisigoths venus après eux. Salamanca fut peu à peu abandonnée à son triste sort. Les Arabes sont passés par là également mais ne montrèrent pas plus d’enthousiasme que leurs prédécesseurs. De toute façon, ces derniers ne restèrent pas longtemps dans le coin puisque la Reconquista eut lieu en 939 déjà. Là, les choses commencèrent à changer et la ville se repeupla gentiment et Salamanca devint rapidement une des villes les plus importantes du royaume de León.

Le centre historique date en partie de cette époque avec ses petites ruelles et ses maisonnettes datant du Haut-Moyen-Age. Le tout est bien concentré dans ce qui reste des remparts, bien conservé et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un peu la Córdoba du Nord. C’est une architecture qui n’existe pas dans le sud puisqu’à cette période, la région était conquise par les musulmans qui nous ont laissé leur superbe architecture mudéjar. C’était d’ailleurs le but de notre virée de voir une architecture et une histoire différente de celle que nous voyons tous les jours.

Plaza Mayor

Nous devons avouer qu’elle nous a un peu laissés sur notre faim cette Plaza Mayor. C’est vrai, qu’à notre passage la feria locale était en train de se préparer et une énorme scène était en train d’être montée au centre de la place. Oui, malgré la pause estivale, nous sommes toujours les rois des timings chelous! Ça ne nous a pas aidés à apprécier la place à sa juste valeur. Mais ce n’est pas la principale raison de notre petite déception. Certes, la place est objectivement vraiment jolie avec son style baroque du XVIIIe siècle et ses arcades mais nous la trouvons trop carrée, trop uniforme. Elle a été commandée telle quelle à un architecte local et n’a pas été bordée de bâtiments bâtis à l’arrache au fil des siècles. Ceci explique sûrement cela. Nous préférons les places un peu plus biscornues et WTF comme à Cáceres.

Nous ne pouvons pas mettre non plus cette petite déception sur le compte de notre chauvinisme andalou puisque le concept de Plaza Mayor est typiquement castillan et n’existe pas en Andalousie. Même si en vrai notre Plaza de España reste la plus belle, on est d’accord!

La Casa de las Conchas

En français, elle s’appelle la maison des coquillages et on peut aisément comprendre pourquoi! Ses façades sont recouvertes de plus de trois cents coquilles Saint-Jacques. A part cette fantaisie décorative, le bâtiment est un édifice médiéval typique de style gothique tardif qui a été construit entre 1493 et 1517 pour une noble famille locale. On ne sait pas vraiment pourquoi ces coquillages ont été choisis pour orner la façade mais il y a deux légendes, plus ou moins plausibles, qui circulent en ville à ce sujet. La première est que la famille qui fit construire la maison appartenait à l’ordre de Santiago (Saint-Jacques), un ordre religieux et militaire du royaume de León qui avait pour mission de protéger les pèlerins des chemins de Compostelle mais aussi d’expulser les non-catholiques de la péninsule ibérique et dont l’emblème était la coquille Saint-Jacques. L’autre légende, plus romantique, raconte que le fils du propriétaire de la maison fit poser ces décos par amour pour sa femme dont les armoiries de sa famille contenaient des coquillages. Aujourd’hui, l’édifice appartient à la municipalité de Salamanca et abrite une bibliothèque. Il y a pire comme endroit pour s’adonner au plaisir de la lecture!

La Clerencia

Juste en face de la Casa de las Conchas, se dresse la Clerencia et sa magnifique façade baroque! Construite au XVIIe siècle, elle abritait le collège de la Compagnie de Jésus (les Jésuites). Aujourd’hui, elle abrite l’université pontificale de Salamanca, une université catholique privée. Malheureusement, la Clerencia et la Casa de las Conchas se font face dans une ruelle très étroite et il est difficile d’observer les deux édifices à leur juste valeur. (voir notre première photo de la galerie ci-dessus pour vous faire idée de la proximité des bâtiments)

Les cathédrales

Salamanca possède deux cathédrales une vieille (vieja) et une nouvelle (nueva). Bon, il est très difficile de les différencier parce que la nouvelle à été, en partie, construite sur l’ancienne après que cette dernière ait été bien endommagée par le tremblement de terre de Lisbonne en 1755. En gros, la partie arrière de style roman est la « catedral vieja » qui date du XIe siècle, et le reste, plus grand de style gothico-Renaissance qui date des XVIIe et XVIIIe siècles, est la « catedral nueva ». L’ensemble est vraiment joli avec ses différents styles architecturaux et comme tout a été bâti sur une petite esplanade, on le voit de loin. Ce qui fait un très bon repère quand on se perd dans le dédale de ruelles du centre historique.

L’université

Non, nous ne sommes pas venus à Salamanca reprendre nos études car nous avons un projet encore plus fou que celui d’apprendre de nouvelles choses pour le mois d’octobre! Si nous vous en parlons c’est parce que, déjà, les différentes facultés de la ville se trouvent dans des édifices historiques vraiment remarquables. Ensuite, Salamanca peut se targuer d’avoir la plus vieille université d’Espagne et la deuxième d’Europe après Bologne, en Italie. Elle a été fondée en 1218. Oui, ils sont studieux les gens du sud! Enfin, l’université a reçu de prestigieux élèves comme le navigateur Hernan Cortés ou l’écrivain Miguel de Cervantes, le Molière espagnol. Christophe Colomb y est même venu préparer une partie de son expédition qui le mena à la découverte de l’Amérique. Paradoxalement, c’est également à l’intérieur de ces murs qu’ont été discutés la mise en place de droits pour les indigènes du Nouveau Monde. On y a également accueilli la première femme étudiante du monde, Beatriz Galindo qui était une dame de compagnie de la reine Isabel et on y a crée la première grammaire du castillan en 1492. Rien que ça!

Aujourd’hui, l’université de Salamanca reste très prisée des étudiants locaux et internationaux et la municipalité en tire la plupart de ses revenus. L’ambiance en ville est d’ailleurs très cool, très jeune et très dynamique. Nous avions un peu peur, avant de venir dans le nord, de retrouver l’ambiance de Zaragoza très froide. Heureusement, ça n’a pas du tout été le cas. Certes, les gens n’ont pas l’exagération des Andalous mais ils restent ouverts et très sympas!

Les archives de la Guerre Civile

Nous y sommes rentrés pour nous protéger du froid. Oui, vous avez bien lu, du froid! Le matin de notre départ, il y avait un vent glacial à décorner des bœufs et c’était beaucoup trop tôt pour aller boire l’apéro. Donc nous avons été nous abreuver d’histoire plutôt que de pinard local, très bon soit dit en passant! Nous n’y avons pas pris de photo à l’intérieur, même si c’est autorisé, car les documents de propagande de l’époque que nous y avons trouvés sont super nauséabonds et nous savons que la population espagnole est encore très mal à l’aise avec cette partie de son histoire. Mais ça reste très intéressant même si nous avons été hallucinés par certains écrits de l’époque, de la part des deux camps.

Il y a une partie dédiée à la loge maçonnique de Salamanca qui, comme toutes les sociétés de francs-maçons, a été persécutée par le régime de Franco.

L’entrée est gratuite et il y a des visites guidées à certaines heures. Malheureusement pour nous, elle étaient complètes ce jour-là. Mieux vaut s’y inscrire à l’avance.

Le pont romain

Il faut sortir de l’enceinte de la vieille ville pour observer le seul vestige romain encore visible à Salamanca. Ce magnifique pont date du Ier siècle mais a dû subir plusieurs campagnes de restauration au cours des siècles à cause des crues du Rio Tormes, la rivière qui traverse Salamanca. C’était un important passage de la Via de la Plata, une voie romaine d’Hispanie occidentale reliant Augusta Emerita (Mérida) à Austurica Augusta (Astorga) et qui est aujourd’hui un des itinéraires des chemins de Compostelle. La plus-value de ce pont c’est qu’il donne une vue incroyable sur les cathédrales qui dominent la ville.

Nous avons bien fait de nous bouger à 460 kilomètres au nord de notre belle Séville et de subir un interminable trajet en bus ainsi qu’un vent glacial du nord! Salamanca est vraiment une très belle ville avec un patrimoine historique incroyable. Nous vous recommandons plutôt d’y accéder par Madrid à environ deux heures de bus ou de train. L’Espagne n’a pas que des plages et des bars à tapas à offrir mais aussi ce genre de petites villes où il fait bon d’y passer quelques jours.