Visite de la cathédrale Santa Maria de la Sede de Sevilla et de sa Giralda

Ça fait des mois, voire plus, que nous vous promettons un article sur notre belle ville Séville. Désolés si nous vous avons donné de faux espoirs, mais c’est encore « Work in progress » et ça ne sera pas pour cette fois encore. Rassurez-vous, l’article est en cours d’écriture et il avance, à la sévillane certes, mais il avance quand même. Nous nous sommes juste rendus compte que nous avons tellement de choses à dire sur notre ville que nous n’allons pas pouvoir le faire en une seule fois, ce serait beaucoup trop long et indigeste. Alors nous allons scinder et vous proposer plusieurs articles sur des sujets précis de Séville. Aujourd’hui, nous allons vous emmener en visite dans notre belle cathédrale.

NB : n’hésitez pas à nous dire si vous aimez cette façon de faire ou si vous préférez n’avoir qu’un seul gros article à lire en une fois!

La cathédrale

La cathédrale se trouve en plein cœur du centre historique de Séville juste à côté de l’alcazar. Sa Giralda se voit de loin et le bâtiment est tellement énorme qu’il est impossible de le louper même en ayant abusé de la manzanilla! Non, à Séville une manzanilla (camomille en français) n’est pas une infusion mais un vin blanc local sec mais quand même un peu licoreux très prisé des locaux même si en vrai il vient de Sanlúcar de Barrameda, 90 kilomètres plus au sud, à l’embouchure du Guadalquivir, le fleuve qui traverse notre ville.

Mais revenons à nos moutons ou plutôt à notre cathédrale! De toute façon, il ne faut pas abuser de la manzanilla surtout par les chaleurs estivales sous peine de se retrouver avec un mal de tête carabiné! (C’est du vécu!) Et l’abus d’alcool est dangereux pour la santé!

Ce monstre gothique qui s’étend sur plus de 11’500 mètres carré est la plus grande cathédrale d’Espagne, la deuxième plus grande cathédrale gothique du monde après Milan mais juste à quelques mètres carrés près ainsi qu’une des plus grandes du monde chrétien en général. Oui, on se la pète un peu avec notre cathédrale, mais elle en jette vraiment, n’est-ce pas? Sa construction commença à la fin du XIVe siècle et dura plus d’un siècle. On remarque d’ailleurs bien les évolutions architecturales entre le gothique, le style Renaissance et le baroque. A cet emplacement, il y avait la mosquée principale d’ Ishbiliya, le petit nom de Séville durant le califat almohade, c’est-à-dire, l’époque musulmane. Il en subsiste aujourd’hui la Giralda, le campanile de style mudéjar qui en était le minaret. C’est une tour de 104 mètres de haut, le plus haut clocher du pays, qui a été construite sur le modèle de la mosquée Koutoubia de Marrakech. Ayant été à Marrakech, nous confirmons la ressemblance troublante! Un clocher de style Renaissance a été rajouté au XVIe siècle lors de la conversion de la mosquée en cathédrale.

Notre cathédrale est tellement ouf qu’elle a été inscrite, avec l’alcazar et les archives des Indes, au patrimoine mondial de l’UNESCO!

Notre Giralda a également servi de modèle à la tour Hassan de Rabat. Bon, cette dernière n’a jamais été achevée mais il faut reconnaître qu’il y a un air de ressemblance, ne trouvez-vous pas?

A gauche, notre Giralda sévillane, à droite, la tour Hassan de Rabat.

L’intérieur

Nous avons usé plusieurs fois de nos passe-droits de résidents pour visiter l’intérieur de la cathédrale gratuitement. L’entrée pour les touristes coûte douze euros et nous vous conseillons de prendre vos billets à l’avance sur internet afin de ne pas devoir faire la queue, souvent en plein cagnard, pour accéder à l’intérieur du monument.

Si vous pensez trouver des traces de l’ancienne mosquée, passez votre chemin et allez plutôt visiter la mezquita de Córdoba, qui elle a gardé son architecture mudéjare magnifique. Ici à Séville, c’est du gothique, puis du baroque sur chaque centimètre carré de la cathédrale. Dans la nef principale, il n’y a plus aucun vestige architectural de l’époque musulmane.

La nef centrale est énorme. Elle n’a pas la forme d’abside comme une cathédrale gothique traditionnelle mais plutôt d’un énorme carré. Rappelons-nous, nous sommes dans un ancienne mosquée même si ça ne se voit plus trop, d’où cette forme un peu particulière. La hauteur est impressionnante et le plafond possède les voutes typiques de l’architecture gothique.

Capilla Mayor

La grande chapelle se trouve au centre de la nef centrale et est reconnaissable grâce à son énorme retable doré. Cette magnifique œuvre d’art commencée en 1481 mesure vingt-six mètres de haut, dix-huit mètres de large et cinq mètres de profondeur et serait le plus grand retable de toute la chrétienté. Sa superficie atteindrait les quatre cents mètres carrés et il a fallu plus de 80 ans pour terminer les travaux. Oui, elle se la pète vraiment cette cathédrale! L’accès à la chapelle en elle-même n’est pas possible mais il vaut quand même la peine de s’en approcher le plus possible afin d’admirer tous les détails architecturaux incroyables.

Le choeur

En face de la grande chapelle, se trouve le choeur qui est tout aussi impressionnant. La structure en bois date de 1523 et possède un style déjà plus Renaissance. Quant à l’orgue, il date de 1901 en remplacement de l’ancien qui s’était effondré quelques années auparavant mais le meuble en bois dans lequel il est encastré date de 1724.

Les chapelles latérales

Comme toute cathédrale digne de ce nom, celle de Séville possède une multitude de chapelles latérales toutes plus belles les unes que les autres. Certaines possèdent même des tombeaux de certains monarques espagnols ou de célèbres hommes d’églises. Il y a de nombreux tableaux magnifiques de la Renaissance, parfois de la part de parfaits inconnus, mais plus généralement d’illustres peintres flamands, espagnols comme Francisco de Goya de Zaragoza ou encore plus locaux comme Murillo, notre Michel-Ange local. Pour des vrais amateurs d’art, les tableaux des chapelles doivent être exceptionnels mais nous devons reconnaître que n’avons pas (encore) été sensibilisés à la peinture et que nous sommes très incultes en la matière. Nous sommes juste capables de dire si nous trouvons un tableau joli ou non.

Les sacristies et le trésor

Après avoir traversé un patio qui pourrait nous rappeler la mosquée, on délaisse complètement le gothique pour nous retrouver dans des salles cent pour cent baroques. C’est là qu’est exposé le trésor composé d’innombrables pièces en or et en argent finement sculptées. Ces objets sont magnifiques mais il ne faut pas oublier qu’on les doit quand même au pillage d’or dans les colonies. Séville était la première à se servir puisque c’était le port d’arrivée des navires arrivant depuis le Nouveau-Monde. A ce titre, elle possède donc un des plus beau et plus riche trésor d’Espagne.

Le tombeau de Christophe Colomb

Certes, Christophe Colomb était génois mais il a surtout travaillé pour le Royaume d’Espagne tout au long de sa vie. L’explorateur est mort en 1502 mais ce tombeau ne date que de 1899. Il a d’abord été enterré à Valladolid, une petite ville au nord-ouest de Madrid, qui est le lieu de son décès. Puis, son corps a été transféré une première fois à Séville, puis à Santo Domingo, puis à La Havane. Après l’indépendance de Cuba, les Cubains consentirent à restituer les restes de Christophe Colomb à l’Espagne. Le choix de la cathédrale de Séville se fit assez facilement : la ville étant un avant poste important du Nouveau Monde du temps de l’empire espagnol, il était logique que celui qui l’a découvert soit enterré ici.

Patio de los naranjos

Ce patio est le plus grand espace qui nous reste de l’ancienne mosquée. Nous devons avouer qu’il nous a un peu déçus. C’est vrai que l’intérieur de la cathédrale est tellement grandiose que ce patio fait un peu pâle figure avec sa petite fontaine et son alignée d’orangers. C’est un peu dommage car c’est de là qu’on sort de l’édifice, du coup on laisse le plus décevant pour la fin.

La Giralda

Bon, nous, nous avons un peu triché dans l’ordre de la visite et avons gardé le meilleur de la cathédrale pour la fin : la grimpette sur la Giralda! Nous sommes ici sur le minaret de l’ancienne mosquée qui date du XIIe siècle et qui possède encore quelques vestiges d’architecture mudejar. Par contre, au sommet, c’est un vrai clocher catholique qui nous attend et qui a été rajouté au XVIe siècle. La montée en rampe et en pente douce qui existe encore aujourd’hui est d’époque musulmane et a été conçue pour pouvoir accéder au sommet avec des chevaux.

La vue

Le clou du spectacle reste la vue que nous avons sur la ville et sur le toit de la cathédrale depuis le sommet! Les détails gothiques du sommet du bâtiment sont juste incroyables! Avec le soleil écrasant de l’été et les façades blanchies à la chaux, nous nous imaginons sans peine dans une ville nord-africaine. Seules les coupoles et les clochers des églises nous rappellent que nous sommes en terres catholiques. Voir notre ville d’en haut nous a donné une belle piqûre de rappel sur la chance que nous avons de vivre dans magnifique endroit comme celui-ci.

Malgré son gigantisme, la cathédrale n’est qu’une toute petite partie de tout ce qu’il y a à voir à Séville. Même si nous y passons devant plusieurs fois par semaine, nous sommes toujours impressionnés par ce monstre qui trône fièrement en plein centre historique et encore plus chaque fois que nous pénétrons à l’intérieur et que nous découvrons les œuvres d’art incroyables. A chaque visite, nous découvrons des nouveaux détails.

Nous espérons que cette première petite mise en bouche vous aura donné envie d’en découvrir un peu plus sur notre magnifique ville. Nous allons essayer de ne pas trop tarder avant de publier d’autres articles sur la ville. Mais ce n’est pas évident. Déjà, nous sommes conscients de manquer cruellement d’objectivité. Ensuite, nous avons trop de choses à dire pour que ça reste cohérent et facile à lire. Enfin, à force de connaître la ville, nous commençons à devenir un peu perfectionnistes sur ce que nous voulons vous raconter. Mais promis, nous allons essayer de faire un travail sur nous et vous livrer très bientôt d’autres aventures sévillanes!

Jaén, un avant-goût d’Amérique du Sud

Quand on parle d’Andalousie, ce n’est pas Jaén qui nous vient en premier à l’esprit. Et à raison! Ce n’est pas dans les habituels circuits touristiques, c’est loin de la mer, l’offre hôtelière n’est pas ouf et ça ne se trouve pas en bonne position sur les différentes voies de communication de la région. Ce sont justement tous ces petits défauts qui nous ont donné envie d’en découvrir un peu plus.

Afin de mener à bien notre projet, nous avons posé nos sacs à Granada, une ville que nous adorons et qui ne se trouve qu’à une petite heure de bus au sud de Jaén. Nous aurions pu prendre un train « media distancia » directement depuis Séville mais c’est long, c’est cher et nous avons trouvé de meilleures offres hôtelières à Granada.

Grâce au cerro Santa Catalina qui domine la ville, Jaén fut habitée très tôt dans la préhistoire. Les Ibères en firent un important oppidum qui fut, plus tard, largement disputé entre les Carthaginois et les Romains. A la chute de l’empire romain, la ville fut complètement boudée par les Visigoths. Ce sont les Arabes qui firent de Jaén une ville renommée grâce à la fabrication de tapisseries qui furent exportées dans tout le royaume d’Al-Andalus et même jusqu’au Maghreb! En 1225, la ville fut attaquée par les troupes du roi Fernando III mais les musulmans se défendirent férocement jusqu’en 1246 où Jaén fut finalement reconquise par les rois catholiques. La cour royale espagnole s’y installa même pendant la conquête du Nouveau Monde. Mais les différentes guerres qu’à connu la péninsule ibérique les siècles suivants laissèrent la ville exsangue et sans aucune ressource.

Aujourd’hui, Jaén est une petite capitale provinciale qui vit principalement de la production de l’huile d’olive, véritable or vert pour la région. Le centre historique a souffert des différentes mises à sac de la ville notamment par les troupes napoléoniennes mais il reste quelques petites ruelles toutes mignonnes qui correspondent grosso modo à l’ancienne Juderia (quartier juif). L’architecture est plutôt du style de la Mancha (centre-sud de l’Espagne) C’est normal car nous sommes ici tout au nord de l’Andalousie et la frontière avec la région Castilla-la-Mancha se trouve à quelques encablures dans la Sierra de Andújar.

Catedral de la Asunción

C’est le clou du spectacle du centre historique de Jaén! Il y avait, comme souvent en Espagne du sud, une mosquée à cet emplacement mais elle fut totalement détruite par les rois catholiques. La construction de la cathédrale commença en 1249 et dura plus de cinq siècles. L’édifice mélange d’ailleurs les styles architecturaux des différentes époques. Ce que nous voyons aujourd’hui date des XVe et XVIe siècles et est un pur exemple du baroque espagnol. Nous la trouvons juste majestueuse, magnifique et très « latino-américaine ». Elle nous rappelle d’ailleurs un peu Cuzco.

En parlant d’Amérique Latine, la cathédrale est candidate pour être inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO sous prétexte qu’elle servit de modèle à plusieurs cathédrales du Nouveau Monde dont celles de Mérida (au Mexique pas en Estrémadure!), Lima, Cuzco et Antigua Guatemala que nous avons eu l’occasion de voir.

Ci-dessous, voici des images de la cathédrale de la Virgen de la Asunción de Cuzco, de la cathédrale San Idelfonso de Mérida (Mexique) ainsi que de la cathédrale métropolitaine de Lima que nous avons prises lors de nos différents voyages. Il faut reconnaître qu’il y a effectivement un air de famille avec la cathédrale de Jaén!

La grimpette du jour

Jaén se situe au cœur de la cordillère Subbétique, celle qui se situe au milieu des trois cordillères bétiques qui traversent toute l’Andalousie. Ce qui renforce la ressemblance avec des villes andines comme Cuzco. Le relief est donc tout indiqué pour nous permettre d’effectuer notre traditionnelle grimpette. Nous montons donc sur le cerro Santa Catalina qui domine la ville de Jaén du haut de ses 820 mètres d’altitude. Il y a une route qui rejoint le sommet et nous avons même vu un minibus à la station de bus qui dessert le château. Mais nous avons choisi de faire travailler nos gambettes. Le chemin est un peu scabreux dans la caillasse, c’est raide, un peu vertigineux et il y a plein d’herbes piquantes qui nous ont offert une séance d’acupuncture gratuite. Mais le jeu en vaut la chandelle : la paroi est impressionnante et nous avons eu la chance d’apercevoir deux chamois se promenant dans le coin et que nous avons même pu immortaliser en vidéo sur nos stories instagram.

Castillo de Santa Catarina

Au sommet du cerro Santa Catalina se dresse le château du même nom. Ce que nous voyons aujourd’hui date de l’époque castillane donc après 1246 même si ce sont les Arabes qui ont, en premier, érigé une forteresse à cet endroit. Ce qui restait de l’époque musulmane a été complètement détruit au XIXe siècle par les troupes napoléoniennes. Aujourd’hui, l’édifice abrite un parador, c’est-à-dire un hôtel de charme dans un bâtiment historique.

Le 25 novembre, jour de Santa Catalina (ou Sainte-Catherine en français), la tradition est de monter à pied jusqu’au château et d’y griller des sardines. Nous ne comprenons pas trop le pourquoi des sardines car Jaén n’a pas d’accès à la mer mais nous trouvons la tradition des grillades plutôt sympa.

Après une grimpette pareille, nous pouvons nous attendre à une jolie vue n’est-ce-pas? En effet, nous n’avons pas été déçus. La cordillère nous offre un paysage incroyable et avec les pluies de la Semana Santa, tout est bien vert et c’est magnifique! Il y a également une belle vue sur la ville de Jaén dans la cuvette avec la cathédrale qui se détache tellement elle est énorme! Le climat frais du printemps vient renforcer l’ambiance très andine du lieu. Il y a juste les champs d’oliviers qui nous rappellent que nous sommes bien en Andalousie.

Pour redescendre en ville, nous empruntons le chemin qui longe la muraille nord. C’est tout aussi raide mais c’est beaucoup moins scabreux et vertigineux qu’à l’aller. Ces remparts, en cours de restauration, sont les derniers vestiges de l’époque califale de toute la forteresse de Jaén.

On nous avait conseillé d’aller visiter les bains arabes et effectivement ils ont vraiment l’air de valoir le coup mais nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’aller les voir.

Jaén n’est effectivement pas la ville la plus pittoresque d’Andalousie mais nous avons adoré sa douceur de vivre, son ambiance un peu montagnarde, ses champs d’oliviers à perte de vue et sa cathédrale de ouf qui nous a rappelé de très bon souvenirs d’Amérique latine.