Sevilla, un concentré d’Andalousie dans un musée à ciel ouvert

Un voyage en Andalousie ne serait pas complet sans une visite dans sa capitale. Et comme notre train de retour pour Valence partira de Séville, autant en profiter de s’y arrêter quelques jours surtout que le patrimoine historique est très riche. Il paraîtrait même que c’est un des plus riche d’Europe!

C’est d’ailleurs tellement riche et super cool que pendant que nous habitions à Jerez de la Frontera, 80 kilomètres plus au sud, en 2022, nous avons choisi Sevilla comme destination de notre abonnement RENFE gratuit auquel nous avions droit grâce aux mesures gouvernementales anti-inflation.

La torre de Oro sur les berges du Guadalquivir

Séville n’est pas une ville inconnue puisque nous l’avons déjà visitée par le passé. Mais y revenir était une bonne idée car les urbanistes ont fait un sacré boulot (pistes cyclables, piétonisation du centre-ville, tram, réaménagement des berges du Guadalquivir,…) transformant une ville infernale et polluée en endroit très agréable à vivre. Fab a également pu voir la ville sous le soleil car, lors de ses deux précédents passages, la météo n’était pas au beau fixe. Dans le genre « pas de bol », il a fait très fort car l’Andalousie est une des région les plus arides d’Europe avec une pluviométrie de moins de 300 mm par an et il a réussi à se choper la pluie à chaque fois!

La cathédrale catholique vue à travers une porte musulmane

Centre historique

Séville est la quatrième ville d’Espagne et possède le titre officieux de « capitale du sud », elle a donc un centre historique digne de ce nom et de son histoire très éclectique. Comme tout le sud de l’Espagne, la ville a vu défiler les Romains, les Wisigoths, les Arabes, les rois catholiques, et plusieurs guerres. A noter qu’en période de Covid-19, plusieurs édifices sont fermés à la visite. Mais vu le temps splendide et les températures estivales, nous n’avons pas été frustrés de devoir rester à l’extérieur surtout que le centre-ville est un vrai musée à ciel ouvert.

L’architecture mudéjare est également bien présente à Séville, les musulmans ayant occupé la ville pendant plus de deux siècles.

Plaza de Cabildo

Comme Salta en Argentine, Séville possède sa place du cabildo qui signifie bordée d’arcades. Elle est située derrière la cathédrale, à laquelle elle appartient. Elle a été construite sur un plan semi-circulaire de sorte à donner de la fraîcheur tout au long de la journée pendant les canicules estivales très courantes en Andalousie.

Cathédrale Santa Maria de la Sede

Ce monstre gothique est la plus grande cathédrale d’Espagne. C’est également la troisième cathédrale gothique du monde après Westminster et Milan. Elle date du XVe siècle et a été construite sur le site de l’ancienne grande mosquée de la ville. Il en subsiste aujourd’hui la Giralda, le campanile de style mudéjar qui en était le minaret. C’est une tour de 104 mètres de haut, le plus haut clocher du pays, qui a été construite sur le modèle de la mosquée Koutoubia de Marrakech. Un clocher de style Renaissance a été rajouté lors de la conversion de la mosquée en cathédrale.

Torre del Oro

Cette tour de 36 mètres date du début du XIIIe siècle, en pleine période musulmane, et a été construite afin de contrôler l’accès à la ville depuis le fleuve Guadalquivir (oui c’est le même fleuve qui traverse Cordoba). Son nom (tour de l’or en français) proviendrait de l’aspect doré qu’elle arborait à l’époque. Une autre hypothèse raconte que son nom vient de l’or ramené en Espagne lors de la conquête des Amériques aurait été conservé dans la tour.

Triana

Triana est à Séville ce que Trastevere est à Rome, un ancien quartier ouvrier de l’autre côté du fleuve devenu branché. C’était le quartier gitan et celui des artisans notamment dans le domaine de la poterie et des azulejos, les céramiques typiquement andalouses. Aujourd’hui, les bars et les restos branchés ont pris le relais mais il y règne toujours une ambiance assez détendue.

Exposition ibéro-américaine de 1929

Plaza de España, le point d’orgue de l’Expo de 1929

A la fin du XIXe siècle, l’Espagne perd ses dernières colonies américaines. Elle doit donc redorer son blason et essayer de lier des liens d’amitié avec l’Amérique hispanophone. Séville est la ville qui a été choisie pour organiser cette manifestation car l’Andalousie est considérée comme la capitale de la colonisation américaine. L’Expo devait se dérouler en 1911 mais entre la Première Guerre Mondiale et les différentes crises politiques qu’a connu le pays à l’époque (et qui en connaît toujours aujourd’hui, mais de moindre importance) elle n’ouvrit ses portes qu’en 1929. Quelques pavillons sont encore debout et ils sont occupés par des musées, par l’université de Séville et, pour la Colombie, par un consulat.

Théâtre Lope de Vega

Ce magnifique bâtiment de style baroque italien, qu’on doit à un architecte valencien, a été construit exprès pour l’Expo pour y abriter un théâtre et un casino pendant la manifestation. Malgré les dégâts causés sur l’édifice par la Guerre Civile et les crues du Guadalquivir, quelques représentations théâtrales ont continué à être jouées au milieu du XXe siècle. Ce n’est qu’après la transition démocratique, dans les années 1980, que des campagnes de restaurations ont été lancées , avec succès. Aujourd’hui, le théâtre est très actif avec plus de 180 représentations par an (hors Covid, bien sûr!). Nous, nous lui trouvons un petit air du magnifique palais Sans-Souci, à Potsdam près de Berlin.

Pavillon mudéjar
Le pavillon mudéjar sur la Plaza America

Comme son nom l’indique, ce pavillon, construit entre 1913 et 1915, représente le passé mudéjar de la ville de Séville et de l’Andalousie en général. L’architecture n’a pas été laissée au hasard et le style de l’époque musulmane a été reproduit jusque dans les moindre détails. Aujourd’hui, il abrite le musée des coutumes et des arts populaires.

Plaza de España

C’est le clou du spectacle de l’Exposition et les Sévillans en sont très fiers! Il y a de quoi! Encore aujourd’hui, presque 100 ans après sa construction, elle en jette toujours autant et fait partie des places les plus spectaculaires d’Espagne, voire d’Europe! La symbolique du lieu est très forte. La forme ovale de la place signifie l’Espagne accueillant à bras ouvert ses anciennes colonies tout en étant tournée en direction du Guadalquivir qui représente le chemin vers l’Atlantique, puis l’Amérique. La défaite des guerres d’indépendance, la perte des colonies et du prestige en découlant avait encore du mal à passer dans le Royaume à l’époque d’où la tentative, presque désespérée de redorer son blason et son égo avec cette place de mégalo. Pendant la manifestation, le palais abritait une exposition très nostalgique retraçant l’histoire de la conquête espagnole en Amérique.

Les azulejos
tableau en Azulejos représentant la province de Valencia

Afin de montrer au monde la splendeur de l’art andalou, des centaines d’azulejos ornent le palais et les alentours de la plaza de España. Il y a cinquante magnifiques tableaux représentants chacune des cinquante provinces d’Espagne accompagnés d’une carte géographique. Nous, qui sommes passionnés de géographie, avons pris le temps de nous arrêter sur chacune d’elles rallongeant par la même occasion notre liste à idées, déjà bien conséquente, de lieux à visiter!

Santiponce

Théâtre romain au cœur de Santiponce

C’est notre conductrice de Bla-Bla Car qui nous a conseillé de nous rendre à Santiponce et comme souvent les conseils des locaux valent la peine, nous avons tenté le coup surtout que la localité est très accessible avec le bus urbain depuis Séville.

Mosaïque romaine en superbe état de conservation

Santiponce est un petit village typique andalou un peu endormi avec ses maisons blanchies à la chaux. Il y règne un calme absolu. Difficile à croire que la trépidante Séville n’est distante que de sept petits kilomètres!

Monastère San Isidro del Campo

Nous qui avons passé ces derniers jours à traquer l’art mudéjar dans chaque édifice nous avons été surpris par l’architecture gothique et les peintures 100% Renaissance de ce monastère. Elles nous ont paru presque exotiques! Le monastère a été fondé au début du XIVe siècle par Alonzo Pérez de Guzman, un seigneur local, dans le but d’en faire son mausolée familial. Il a ensuite été donné aux cisterciens qui occupent toujours le monastère aujourd’hui.

Italica
Ancien temple de Neptune

Italica était une ville romaine importante située dans la localité actuelle de Santiponce. C’est la première ville romaine fondée en Hispanie (l’Espagne et Portugal actuels) et en dehors de la péninsule italienne. Les empereurs Trajan et Hadrien y sont nés. Il y a un site archéologique qui ne nous montre qu’une petite partie de la ville car tout n’a pas encore été fouillé par les archéologues. On y retrouve un amphithéâtre, des thermes, des habitations, des temples, une voie romaine et de superbes mosaïques encore bien conservées.

Santiponce est un conseil que nous avons bien fait de suivre. C’est facile à s’y rendre en bus depuis la station d’autobus de la Plaza de Armas de Séville et les visites sont gratuites si vous êtes citoyens de l’Union Européenne, sinon, l’entrée au site archéologique vous coûtera 1,50€

La mosaïque aux oiseaux d’Italica

Une vie ne suffirait pas pour tout voir à Séville tellement le patrimoine historique est riche mais y passer quelques jours en vaut déjà la peine! Nous sommes très contents d’y être retournés car la ville a vraiment changé d’aspect grâce à un urbanisme au top et nous avons aussi beaucoup modifié notre façon de voir les choses après notre voyage au long cours.

Le pont Isabel II reliant le centre historique au quartier de Triana

Voilà, Séville est notre dernière étape de notre trip dans le sud de l’Espagne. C’était une super (re)découverte et nous avons pu profiter des températures encore estivales et d’un soleil très généreux. Ce petit voyage aura été très culturel et urbain car nous sommes partis en minimalistes, à la base uniquement pour quelques jours et nous n’avons pas pris nos affaires de randonnée mais nous n’avons pas économisé nos pas pour autant! Promis, nous nous rattraperons avec les marches dans la Sierra Calderona près de chez nous! Nous allons également préparer sérieusement notre migration pour l’hiver mais vu les circonstances actuelles, ça promet d’être compliqué et sans aucune garantie. Nous avons une quantité invraisemblables d’idées mais nous ne savons pas du tout ce qui pourra être concrétisé. D’ailleurs, dans cet article, nous vous avons glissé un indice sur une des destinations sur laquelle nous planchons pour cette hiver. Sauriez-vous la retrouver?

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