Nous avons visité León, c’était notre devoir de nous rendre chez sa grande rivale, Granada. Dans un conflit, il faut toujours avoir les deux versions, les torts étant souvent partagés!
Il n’y a pas de bus direct qui relie les deux villes, il faut changer à Managua, la capitale du pays. Depuis le terminal des bus de León, accessible en bus urbain depuis le marché, il faut prendre le minibus pour la Universidad de Central America (UCA, à prononcer « ouka »). C’est vraiment important de prendre ce minibus-ci, et PAS les Chicken bus, sinon, il faut changer de terminal à Managua et c’est super compliqué. Attention également à être bien au clair avec le bus que vous voulez prendre et à ne pas trop écouter les rabatteurs car ils vont essayer de vous refiler des courses en taxi. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à demander aux autres utilisateurs des transports publics, ils sont en général très aimables et de bon conseil. L’autre avantage du minibus, c’est qu’il ne s’arrête pas en chemin, donc il avance assez vite. Une fois arrivé à l’université de Managua, il suffit de trouver un bus pour Granada et le tour est joué.

Centre historique

Comme sa rivale León, Granada fut fondée en 1524 par Francisco Hernandez de Cordoba, bien qu’elle porte le nom d’une autre ville andalouse tout aussi pittoresque. C’est une des toutes premières villes à avoir été fondées par les Espagnols sur le continent américain. Il en reste aujourd’hui un superbe patrimoine colonial très coloré. Contrairement à León qui a été le berceau de la révolution sandiniste dans les années 1970-1980, Granada est plutôt restée en retrait des manifestations et nous le ressentons dans l’ambiance. Elle est plus calme, plus sereine que son ennemie jurée qui est plus dynamique, plus révolutionnaire. Dans les deux cas, l’environnement est très sympa. C’est vraiment intéressant de se rendre compte que le passé d’une ville peut impacter sur son ambiance générale.





Parque Colón

Le Parque Colón est la place centrale et le cœur névralgique de la ville. C’est super agréable car il y a plein de bancs et d’arbres. Il faut juste faire abstraction des quelques rabatteurs, mais ça va, ils ne sont pas trop insistants, un simple « gracias » poli suffit à les faire partir. La place est nommée en l’honneur de Christophe Colomb (Cristóbal Colón en espagnol) afin de commémorer sa découverte de l’Amérique. En prolongement de la place, se trouve la Plaza de la Independencia inaugurée en 1921 pour le centenaire de l’indépendance. Vous aussi vous trouvez paradoxal qu’au même endroit on célèbre un gars qui est venu coloniser le pays depuis l’Europe ainsi que l’indépendance de ce même pays? A moins que ce soit de l’humour local auquel nous n’avons rien compris! Malgré cette bizarrerie historique, la place est superbe et bordée de bâtiments coloniaux tous plus beaux les uns que les autres comme la cathédrale, le palais épiscopal, le cabildo ou encore la mairie.





Cathédrale Nuestra Señora de la Asunción

Elle est vraiment trop belle la cathédrale avec ses façades jaunes, ses colonnes grecques et ses coupoles baroques rouges à la florentine. Cette église n’est pourtant pas espagnole puisque sa construction ne date que de 1888. Elle a quand même été construite sur le modèle de l’ancienne qui a été complètement détruite par un incendie. Elle est tellement immense qu’elle se voit depuis toute la ville et ça peut être un bon point de repère si on est perdu dans le fameux plan en damier de la ville.





La Calzada

Depuis le Parque Colón, il y a une grande rue piétonne qui descend en direction du lac. Oui, vous avez bien lu : PIETONNE! Hourra, nous avons encore une fois trouvé notre licorne! Elle est bordée de superbes petites maisons coloniales très colorées souvent reconverties en petits cafés ou en bars sympas. C’est d’ailleurs la ville la plus colorée que nous avons vu depuis Campeche. Au sol, il y a de très jolies mosaïques représentant la ville de Granada ou des scènes au bord du lac.






A l’extrémité de la Calzada, se trouve l’église de la Guadalupe. Elle a été fondée en 1626 par des frères espagnols. En 1856, William Walker, un flibustier américain tentant de conquérir l’Amérique Centrale, se fit brièvement nommer président du Nicaragua avant de se faire renverser quelques mois plus tard. Après son renversement, il utilisa cette église comme forteresse avant de s’échapper au Honduras où il fut exécuté. Cette église est tout ce qu’il y a de plus catholique mais elle nous fait tout de même penser aux monastères arméniens avec ses clochers en forme de triangle.



Lac Cocibolca

Un des gros atouts de Granada est d’être situé au bord d’un lac dont les rives sont accessibles en à peine dix minutes de marche depuis le centre-ville. Si vous regardez une carte du Nicaragua, vous apercevrez à l’ouest du pays une immense étendue d’eau. C’est le lac Cocibolca, le plus grand du pays mais aussi de toute l’Amérique Centrale et possèderait plus de 400 îles dont la plupart sont d’origine volcanique. Même si nous n’avons pas besoin de fuir à tout prix le centre de Granada qui est somme toute assez tranquille et presque sans trafic, c’est quand même agréable de se promener au bord du lac à l’ombre des grands arbres. Seul gros point noir : les tonnes de déchets sur les rives. Le Nicaragua est un très mauvais élève au sujet de la conscience écologique! Mais, nous avons aussi vu quelques personnes ramasser ces déchets, il y a peut-être de l’espoir. Le lac est également intéressant pour sa faune aviaire. Parmi une multitude d’échassiers dont la plupart nous sont inconnus, nous avons quand même reconnu des grues, des hérons et des ibis.





Masaya

Masaya se situe à 14 petits kilomètres au nord de Granada depuis laquelle il est facile d’y faire une excursion à la journée. Pour s’y rendre, il suffit de prendre le bus. Il faut bien prendre le bus qui se rend à Masaya car celui qui va à Managua passe effectivement par Masaya mais il vous posera sur la route nationale et il vous faudra prendre un taxi pour vous rendre au centre-ville. A l’arrivée au terminal, veillez à bien sortir par le portail. Nous avons fait l’erreur de nous engouffrer dans le marché et nous nous sommes perdus dans le labyrinthes de ruelles obstruées par les étals et par la foule. Quand nous avons enfin réussi à sortir de ce dédale, nous étions de l’autre côté de la ville. Que ce soit clair, ce n’est absolument pas dangereux de passer par le marché mais il est impossible de garder son sens de l’orientation là-dedans! La seule conséquence a été de devoir effectuer quelques milliers de pas de plus mais nous ne sommes de toute façon pas du genre à économiser nos pas.



Laguna de Masaya

Si nous sommes venus jusqu’à Masaya, ce n’était pas pour nous perdre dans le marché, même si les étals de fruits et légumes sont magnifiques, mais pour cette petite merveille de la nature. Cette superbe caldera de 8,5 kilomètres carré est une importante source d’eau douce pour tout le département. Elle fait partie du parc national du volcan Masaya qui a pour but de préserver le lac, le volcan, la forêt tropicale et la faune. Nous qui nous plaignons depuis notre arrivée dans le pays que le Nicaragua est un désastre écologique, nous sommes contents de voir que tout n’est pas perdu et qu’il y a quand même une (petite!) volonté de protéger une partie de l’environnement. Depuis le centre-ville, il suffit de marcher dix petites minutes pour arriver au malécon qui surplombe la caldera. C’est la seule construction autour du lac, tout le reste est laissé à la vie sauvage et c’est super cool. Nous avons d’ailleurs vu une quantité de lézards, d’oiseaux et de papillons peupler les lieux.
volcan Masaya

La caldera est dominée par le volcan Masaya. Ce n’est pas un volcan majestueux en forme de triangle parfait comme c’est courant en Amérique Centrale. Il ne culmine « qu’à » 635 mètres et son cratère a été grignoté par les différentes éruptions volcaniques d’où son aspect un peu tassé. C’est un volcan très actif, d’ailleurs si vous étudiez attentivement nos photos, vous pourrez remarquer que ce ne sont pas des nuages au dessus du sommet mais de la fumée formée de gaz et de dioxyde de souffre.
Alors c’est León ou Granada qui sort vainqueur de cette rivalité historique? Granada est bien plus pittoresque et a l’avantage d’avoir un plan d’eau en ville avec le lac Cocibolca mais nous avons préféré l’ambiance de León qui a l’avantage de se trouver à proximité de l’océan Pacifique. Bref, les deux villes ont leurs atouts, méritent une visite et, surtout, les deux possèdent une zone piétonne. A notre avis, elles sont a égalité tout en étant très différentes, c’est ce qui les rend intéressantes.