Santa Pola, ses plages et ses salines

Etre backpacker en Espagne, ce n’est pas impossible mais c’est un peu la galère pour trouver un logement dans notre budget. Il faut anticiper et bien comparer les prix. Le système de « partir à l’arrache » comme en Asie ou en Amérique du Sud ne fonctionne pas en Europe à moins d’avoir un budget illimité. Nos recherches nous ont mené dans la petite ville côtière de Santa Pola, un coin dont nous n’avions jamais entendu parler. Mais comme ça se situe en bord de mer, nous n’avons pas hésité à tenter le coup.

Santa Pola est une petite ville côtière et une station balnéaire au sud d’Alicante située sur un petit cap. C’est un fief de retraités anglais et scandinaves dont la plupart y possède une résidence secondaire afin de profiter du climat clément du sud de l’Espagne toute l’année.

Château-forteresse de Santa Pola

C’est vraiment le seul édifice digne d’intérêt dans la ville de Santa Pola. Cette forteresse, en très bon état de conservation, fut construite dès 1557. Des ingénieurs italiens ont été engagés pour les travaux afin de donner à l’édifice un style Renaissance. Le but du château était de protéger les marins des attaques de pirates très courantes à l’époque.

Patio de Armas

C’est la cour intérieure du château qui fait office de place centrale de la ville. Aujourd’hui, on y trouve le musée de la mer ainsi que quelques salles municipales. La cour sert également de lieu pour les évènements culturels (hors Covid, bien sûr!). Au centre du patio, se trouve l’emblème de la ville de Santa Pola.

Côté mer

Si Santa Pola n’offre que très peu d’intérêt côté ville, elle se rattrape un peu côté mer. La ville est située sur un cap et possède treize kilomètres de côtes.

Le port de pêche

La pêche est la principale économie de la ville et emploie plus de huit pour cent de la population. C’est une tradition qui remonte à l’époque romaine pour connaître son apogée dans les années 1980 quand Santa Pola possédait la plus grande flotte de bateau de pêcheurs de toute la Communauté Valencienne. Aujourd’hui, c’est une activité qui a un peu diminué mais qui reste essentielle pour la survie d’une partie des habitants de la ville. Une grande variété de poissons et de fruits de mer y est pêchée chaque jour avant d’être vendue au marché attenant au port. Il faut venir aux aurores pour assister à la criée, mais comme nous ne sommes pas du matin et que nous ignorions que ça existait, nous l’avons loupée. Nous avons, en revanche, assisté, dans la torpeur d’un chaud après-midi d’arrière été, à l’entretien des bateaux et des filets.

La marina

Bienvenue dans le quartier chic de Santa Pola conçue pour exaucer tous les désirs des touristes fortunés d’Europe du Nord. En gros, il y a des yachts, des restaurants de poissons surfaits, des bars tout aussi surfaits et des menus écrits en anglais. Vous l’aurez compris, nous ne nous y sommes pas attardés.

Playa de Tamarit

C’est la plage urbaine de Santa Pola située au bout du cap. C’est une des seules plages de la Communauté Valencienne à être située plein sud. Le sable est gris et paraît inesthétique au premier abord mais il est super doux sous la plante des pieds. L’eau, quant à elle, est limpide et grouille de poissons mais elle commence à être vraiment froide et seuls quelques téméraires venus du nord s’adonnent à la baignade. Par contre, les températures restent très estivales pour rester sur le sable.

Playa la Gola

Il suffit de longer la côte en direction du sud sur un bon kilomètres pour arriver sur cette superbe plage complètement sauvage. L’eau n’y est pas plus chaude qu’en ville mais elle reste très belle et cristalline. La plage est protégée par de magnifiques dunes.

Les salines

Les salines de Santa Pola couvrent 2470 hectares et ont été déclarées parc naturel car plusieurs espèces d’oiseaux comme des flamands roses, des cormorans ou encore des grues qui viennent nicher dans les lagunes salées et car il y pousse une espèce unique de végétation capable de vivre dans un environnement très salé. L’activité dans les salines a commencé un peu par hasard au début du XXe siècle. On a d’abord découvert que l’eau de mer avait une forte teneur en sel. Nous confirmons : nous avons été tremper nos gambettes dans la mer et elles en sont ressorties blanches de sel! Puis, grâce au climat semi-aride et très ensoleillé de la région, on a découvert que l’eau s’évaporait rapidement laissant des montagnes de sel. Avec la pêche, l’extraction de sel est une de principales activités économiques de la ville.

Non, ce blanc étincelant n’est PAS de la neige!

C’est une montagne de sel qui a été extrait des salines et qui est prêt à être conditionné pour atterrir dans nos plats ou sur des routes enneigées. Avec tout ce sel, l’air ambiant est vraiment très iodé. Un bon remède pour nos bronches mises à mal par le climat semi-aride du sud de l’Espagne.

Casamatas

Lors de notre balade dans les salines, nous sommes tombés complètement par hasard sur ces vestiges de la Guerre Civile Espagnole. Ces petits édifices en béton armés servaient principalement à l’observation du littoral et de l’espace aérien. Ils sont restés en très bon état car, selon les services secrets de Franco, la région n’avait rien de stratégique et la zone n’a pas été bombardée.

Faro de Santa Pola

Lors de notre pause estivale à Alicante en 2021, nous avons été découvrir le nord du Cap de Santa Pola que nous avons zappé lors de notre premier passage dans la station balnéaire en septembre 2020. Il y a un petit phare sur un promontoire rocheux, à 3,5 kilomètres du centre de Santa Pola, accessible en marchant dans une petite garrigue depuis la localité de Gran Alacant, sur la ligne de bus Alicante – Santa Pola. Il a été construit en 1858 et domine toute la baie d’Alicante ainsi que la huerta d’Elche. La particularité de ce rocher est qu’il ne se jette pas dans la mer mais surplombe une petite plaine côtière bordée par des dunes et de superbes plages. Il y a un mirador pour observer la superbe vue mais nous vous le déconseillons si vous souffrez de vertige : la passerelle s’avance un peu dans le vide et le sol est grillagé, donc vous pouvez voir le vide sous vos pieds. Mais il est possible de profiter du site sans passer par la passerelle.

Le petit îlot que nous apercevons au large, c’est l’île de Tabarca, la plus grande île de la Communauté Valencienne et la seule à être habitée. (51 habitants quand même!) En gros, les autres îles de la région sont de simples rochers émergeant de la mer. Elle est accessible en bateau d’Alicante ou de Santa Pola et elle est surtout connue pour ses eaux transparente et sa réserve marine.

Clot de Galvany

En descendant de la colline du phare en direction du nord, nous avons aperçu de petits étangs au milieu du maquis ressemblant étrangement à des zones humides. Il nous fallait absolument voir ça de plus près! En fait, il y a en tout cinq étangs d’eau douce alimentés par l’eau de pluie en automne et en hiver. C’est un sanctuaire à oiseaux comme des canards, des poules d’eau, des grues, des flamands roses, etc… Une grande boucle de quatre kilomètres en fait le tour (et nous qui pensions que c’était tout petit!). Le chemin est facile et, sauf pour monter à certains miradors, c’est tout plat. Avec les complexes touristiques de Gran Alacant et d’Arenas del Sol tout proches, nous ne nous attendions absolument pas à trouver autant de nature dans le coin!

Sur le chemin, nous croisons quelques casamatas. Le clot de Galvany se trouve exactement sur l’ancienne ligne de défense républicaine de la ville d’Alicante durant la Guerre Civile.

Les dunes

Il y a tout un système de dunes mobiles, c’est à dire constituées entièrement de sable et qui changent au gré du vent. Elles abritent la superbe plage de Arenas del Sol. Malgré la haute fréquentation du mois d’août, nous avons eu vrai coup de cœur et n’avons pas pu nous empêcher de nous tremper dans les eaux dignes d’une mer des Caraïbes afin d’en tester la température. Verdict : l’eau est super bonne même pour Van la frileuse!

Nous ne nous attendions vraiment à rien de Santa Pola. Finalement, ce sera une étape vraiment sympa et une grosse surprise pour les espaces naturels. Nous nous sommes cultivés sur l’extraction du sel et avons bien profité des températures estivales au bord de la mer. C’est très bien pour des vacances balnéaires en famille et si la culture vous manque, Alicante et Elche ne sont vraiment pas loin.

Alicante et sa citadelle

Il y a fort longtemps, Fab fit une promesse à Van : « Un jour, je t’emmènerai à Alicante. » C’était même bien avant que nous sortions ensemble. Et c’est le genre de promesse que Van n’oublie pas! Il était donc temps que Fab honore sa parole et emmène Van à la découverte de ce nouveau coin.

Nous profitons donc des billets dégriffés de la RENFE (les chemins de fer espagnols) afin de nous rendre à Alicante et en moins de deux heures de train, nous y sommes. C’est la deuxième ville de la Communauté Valencienne, après Valence mais l’atmosphère y est totalement différente. Alicante est beaucoup plus tranquille, plus provinciale, plus italienne aussi grâce à la diaspora transalpine très présente en ville.

Le centre historique est assez petit et il faut bien chercher pour admirer quelques bâtiments intéressants car les années 1960-1970 et leur massacre architectural sont malheureusement passés par là.

Basilique Santa Maria

Située au pied du château, c’est l’église la plus ancienne d’Alicante. Elle a été construite entre les XIVe et XVIe siècles sur les restes de l’ancienne mosquée principale de la ville. Elle est de style gothique mais on remarque bien que les fioritures baroques de la façade ont été rajoutées par après (sûrement au XVIIIe siècle). Durant la Guerre Civile Espagnole, elle a été utilisée comme arsenal militaire, ce qui ne l’a pourtant pas mise à l’abri des déprédations.

Cathédrale St-Nicolas de Bari

Ici, il est plus facile d’apercevoir les traces de l’ancienne mosquée sur laquelle la cathédrale a été construite. Il reste un carré central avec une coupole. Elle a été construite au XVIIe siècle dans un style Renaissance tardif et on peut également voir quelques vestiges du baroque balbutiant de l’époque. Son nom proviendrait des fresques à l’intérieur sur lesquels apparaît Nicolas de Bari. Pour une église de cette importance, nous la trouvons particulièrement sobre.

L’intérieur paraît, au premier abord, tout aussi sobre que l’extérieur. Mais ce n’est qu’une impression. Très vite, apparaissent des détails richement décorés.

Quartier de Santa Cruz

Adossé à la colline Benancatil, au pied du château de Santa Barbara, Santa Cruz est le quartier médiéval d’Alicante. L’ambiance en ville est déjà relativement tranquille mais ici, le temps s’est carrément arrêté. Pas de bruit, pas de voitures, juste quelques habitants qui vaquent à leurs occupations dans leurs superbes petites maisons blanchies à la chaux. C’est une balade incontournable lors d’un passage à Alicante!

Ermitage de Santa Cruz

Au dessus du quartier du même nom, se trouve le petit mais mignon ermitage de Santa Cruz qui date de la fin du XVIIIe siècle. On y accède par quelques escaliers mais la montée n’a rien de bien méchant.

Même si nous ne sommes pas montés bien haut, nous pouvons déjà jouir d’une jolie vue sur Alicante et son château.

Château Santa Barbara

Là, c’est déjà du promontoire rocheux de ouf! Ils ont bien dû s’amuser à construire le château dessus à l’époque. Mais c’était une bonne stratégie de défense car le mont Benacantil (c’est le nom du promontoire rocheux) est vraiment escarpé, difficile d’accès et culmine à 169 mètres au dessus de la mer. D’ailleurs le nom est dérivé de l’arabe et signifie plus ou moins « la pointe d’Alicante ».

Evidemment que monter au château se mérite, surtout qu’un panneau au début du chemin nous annonce une déclivité de vingt pour cent! Mais nos mollets adorent ce genre de petite grimpette! Il existe des ascenseurs à l’intérieur de la roche pour les personnes à mobilité réduite (aux dernières nouvelles, il ne serait pas en service pour cause de Covid-19) mais pour nous, l’intérêt est de marcher. Assez vite, nous nous trouvons à longer les murailles qui descendent presque jusqu’à la mer et nous pouvons avoir un petit aperçu de la vue qui nous attend au sommet.

Nous en avons vu des châteaux en Espagne mais celui-là, c’est du niveau de compétition et mérite amplement l’effort fourni pour monter jusqu’à lui! Le château de Santa Barbara (rien à voir avec une série pourrie des années 1980) doit son nom à Sainte-Barbe, une martyre qui aurait vécu au IIIe siècle en Anatolie et qui a choisi la voie du Christ plutôt qu’un mariage arrangé par son père et qui a été torturée, puis tuée pour cela. La prise du château par les Castillans date du 4 décembre 1248, jour de la Sainte-Barbe pour les catholiques, d’où son nom.

La colline a été occupée dès l’Age de Bronze, ce qui n’est guère étonnant vu l’emplacement du promontoire rocheux. Quant à l’histoire du château, elle remonte au IXe siècle, en pleine période musulmane. Les Castillans sont arrivés en 1248 sous les ordres du futur roi Alphonse X avant de laisser la place aux Aragonais de Jacques II d’Aragon ( le fils de notre fameux Jaime Ier!) en 1296. C’est à cette période qu’il fut agrandi. Il a même été anglais durant trois ans, puis bombardé par les Français pendant la guerre de Succession d’Espagne dont l’enjeu était le trône d’Espagne après la mort, sans héritier, du roi Charles II. Evidemment que plusieurs puissances européennes de l’époque étaient intéressées à gouverner le territoire espagnol! Il a servi de prison pendant la Guerre Civile Espagnole avant d’être définitivement abandonné. Il a rouvert ses portes en 1963 dans un but purement touristique et culturel.

L’intérieur

Le château étant relativement bien conservé, il est possible de visiter les quelques salles qui restent. C’est une petite oasis de fraîcheur bienvenue car, même si nous sommes en automne, le matin, les températures atteignent allègrement les trente degrés, ce qui n’est, évidemment, pas pour nous déplaire! A l’intérieur, se trouvent les armoiries des différentes familles influentes du château, des drapeaux ainsi que quelques toiles.

Il vaut vraiment la peine de monter au château, il est vraiment superbe, bien conservé et en plus, l’entrée est gratuite!

La vue

Déjà, lors de la montée la vue promettait d’être belle et la promesse a bel et bien été tenue! Depuis le château, nous avons une magnifique vue sur Alicante au sud, la cathédrale, la marina, la plage, la mer Méditerranée à l’est, et la cordillère bétique à l’ouest. Le coin nous rappelle un peu la montée à la Kasbah d’Agadir.

Château San Fernando

Il en jette moins que son grand frère le château de Santa Barbara! Il est bien plus récent également. Pourtant, son histoire est quand même très intéressante. Il a été construit en 1813 sur le mont Tossal durant la Guerre d’Indépendance contre les Français afin de renforcer la défense du château de Santa Barbara. En 1939, lors de la prise de la ville par les Franquistes, la forteresse a été utilisée comme camp de concentration pour loger la grande quantité de Républicains faits prisonniers. Pour rappel, la Communauté Valencienne est restée républicaine jusqu’au bout! Nous n’avons malheureusement pas pu accéder à l’intérieur des murailles car le site est fermé pour cause de travaux mais nous avons tout de même pu observer la vue sur le nord d’Alicante et Santa Barbara.

Côté mer

Alicante se trouve directement sur les rives de la Méditerranée et est partiellement tournée vers elle. L’ambiance se fait beaucoup plus chic, la présence de la marina n’y est pas pour rien. C’est ici que se pressent le peu de touristes que compte la ville. Hors Covid, vous pensez bien que le coin est beaucoup plus touristique!

La plage El Postiguet

Nous sommes loin des plages de rêve mais Alicante peut se targuer d’avoir une plage en plein centre-ville pas trop pourrie. Le coin vaut plus le détour pour la vue sur le mont Benacantil et le château que pour la baignade même si les températures encore très estivales incitent à faire trempette.

L’Esplanade d’Espagne

C’est sûrement le coin le plus connu d’Alicante. C’est une promenade en bord de mer longue de cinq cents mètres bordée de palmiers. Elle date de la première moitié du XXe siècle et son sol a été recouvert avec plus de six millions et demi de mosaïques de couleurs rouge, bleue et blanche formant un dessin de vagues géantes. Avec la crise de la Covid-19, la promenade est presque vide. C’est cool pour nos photos mais c’est catastrophique pour le tourisme en Espagne qui, en temps normal, compte, en septembre, pas mal de ressortissants d’Europe du Nord venus chercher un peu de douceur d’arrière-été méditerranéen.

En continuant notre balade en direction du nord, nous arrivons dans un coin un peu moins urbanisé. C’est notre endroit préféré d’Alicante avec sa plage sauvage de galets surplombée par la colline de la Serra Grossa.

En général, les vacanciers passent par Alicante juste pour se rendre dans les stations balnéaires de la Costa Blanca sans s’y arrêter. C’est bien dommage car la ville a plus à offrir qu’un aéroport. Donc n’hésitez pas à vous y arrêter si vous passez dans le coin surtout qu’une grosse journée de visite suffit amplement si vous n’êtes pas des escargots qui aiment prendre leur temps comme nous.

Maintenant, Fab sait qu’il ne doit pas lancer des promesses en l’air, surtout celles qui concernent les voyages! Mais puisque nous sommes dans le coin, nous allons profiter pour aller explorer les alentours au gré de nos envies et des opportunités.