Tarifa, entre deux mers

Il y a deux raisons principales pour lesquelles nous voulions nous rendre à Tarifa. La première est sa situation géographique particulière et vous commencez à le savoir que nous sommes férus de géographie. La deuxième, c’est son nom. Tarifa avec ses sonorités arabisantes nous évoque l’âge d’or du royaume d’Al-Andalus et promet une petite incursion dans l’Histoire. Mais est-ce que Tarifa tient-elle vraiment ses promesses? C’est ce que nous allons voir plus bas.

Tarifa côté Méditerranée

L’arrivée à Tarifa déçoit un peu. Sur la route principale s’alignent des dizaines de magasins de sports dédiés principalement au surf et à ses dérivés. C’est vrai qu’avec la situation privilégiée de la ville sur le détroit qui reçoit les courants de la Méditerranée et de l’Océan Atlantique, ça promet de belles vagues. Mais il ne faut pas s’arrêter sur le côté très station balnéaire de Tarifa car la localité a quelques autres choses à offrir comme le château de Guzman el Bueno, une forteresse almohade du Xe siècle qui ceinture encore aujourd’hui une partie de la vieille ville.

Centre de Tarifa

Tarifa n’est de loin pas la ville la plus pittoresque d’Andalousie mais les ruelles du centre historique possèdent quand même un certain charme! Par de sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar, elle a attiré les convoitises de nombreux royaumes même si son histoire reste très similaire aux autres régions du sud de la péninsule ibérique, c’est à dire les Ibères, les Romains / Carthaginois, les Wisigoths, les Arabes puis la Reconquista en 1292. Avec la prise de Gibraltar par les Anglais en 1704, Tarifa devint un poste stratégique pour l’armée et la marine espagnoles. Aujourd’hui, la ville est devenue très touristique mais comme elle attire une majorité de surfeurs et autres sportifs de la mer, l’ambiance est très chill et reste somme toute très bon enfant.

Plazuela del Viento

Cette jolie petite esplanade a été construite par les Arabes avec la forteresse mais les maisons typiques blanchies à la chaux qui la bordent datent d’après la Reconquista (XVIIe siècle environ) et, avec les bancs en azulejos, nous rappellent que nous sommes bien en Andalousie et qu’il faut encore traverser le détroit pour arriver enfin sur le continent africain.

Mais le clou du spectacle reste la vue côté mer, où par beau temps on peut nettement apercevoir les côtes marocaines de l’autre côté du détroit. Mais être aussi près de l’Afrique (14 petits kilomètres seulement) et du désert du Sahara nous soumet à un régime de calima (Ah les bons souvenirs de Tenerife!) et nous brouille un peu la vue. Nous avons quand même essayé de prendre quelques photos mais ce n’est pas très concluant. Nous devrons donc nous sacrifier pour traverser le détroit afin d’aller voir tout ça de plus près. C’est d’ailleurs dans nos projets mais pour un peu plus tard, nous n’en avons pas fini avec l’Andalousie qui est devenue ces derniers mois notre véritable terre de cœur.

La Pointe de Tarifa
Admirez cette couleur de flotte!

Comme nous l’avons mentionné en début d’article, notre principal intérêt pour Tarifa est son emplacement géographique et c’est plus particulièrement cette pointe qui nous intéresse! En réalité c’est une petite île, reliée au continent par un isthme, où se trouvent un fort et un phare mais ils ne sont pas accessibles au grand public. Par contre, il est possible de se promener sur la chaussée d’accès et c’est assez fou car à droite viennent se fracasser les vagues de l’Océan Atlantique tandis qu’à gauche on trouve les eaux plus calmes de la mer Méditerranée. Tarifa est baignée par deux mers bien distinctes! Déjà ça, ce n’est pas rien! Et ce n’est pas tout! L’extrémité du cap est le point le plus méridional de l’Europe continentale*! En tant que grand passionnés de cartes et de points géographiques particuliers nous ne pouvions décemment pas laisser passer ça!!

*Par Europe continentale nous entendons la partie « continent » européen sans les îles. Sinon le point le plus méridional se trouve à Gavdos, une petite île grecque située à 40 kilomètres au sud de la Crète. Tandis que pour l’Union Européenne, le sud extrême se trouve à la Restinga, sur El Hierro, dans les Canaries, toujours en Espagne donc. Avec tous ces points, notre liste à idées n’est pas prête de cesser de se rallonger!

Côté terre, la pointe de Tarifa est surplombée par le château de Santa Catalina sur la colline du même nom. Nous ne pouvons pas y accéder à cause de travaux et c’est bien dommage car c’est un beau témoignage de l’histoire de la Guerre Civile Espagnole. L’édifice a été construit comme bâtiment défensif en 1933 avant d’être bombardé par les Républicains en 1936. Il fut reconstruit dans les années 1940 en pleine Seconde Guerre Mondiale et a été affublé des fameux bunkers qu’on peut encore trouver un peu partout en Espagne. Bon, pour ces derniers, nous les avons juste aperçu entre les palissades de chantier, mais ils sont bien là!

La Playa

Pour la playa, c’est du côté Atlantique que ça se passe. Il y en a bien une du côté Méditerranée pour ceux qui n’aiment pas les courants mais c’est vraiment tout mini. Elle se nomme d’ailleurs « Playa Chica », la petite plage. Le côté mer est plutôt réservé aux départs de ferries pour Tanger et au port de pêche, le détroit regorgeant de poissons.

Donc la « vraie » plage borde l’océan et il faut avouer qu’elle en jette! Ce sont presque 8 kilomètres de sable fin, un peu malmenés par le vent c’est vrai, qui s’étendent le long d’une eau turquoise presque digne de la Mer Rouge! Et pour ne rien gâcher, le paysage de montagnes surplombant la playa est juste magnifique. Le tout fait partie de la réserve naturelle du détroit de Gibraltar qui abrite quelques espèces de faune et de flore endémiques. En plus, il paraît que plus on se dirige vers l’ouest, plus les plages sont belles! Promis, nous ne manquerons pas d’aller vérifier tout ça de plus près!

Par contre, avec les forts courants du détroit, rester sur le sable peut être désagréable et même dangereux, l’air y est constamment rafraîchi et on ne sent pas forcément les forts rayons du soleil sur la peau. Pour la baignade, ce n’est pas beaucoup mieux, c’est beaucoup plus adapté pour le wind-surf ou d’autres sports avec une planche de surf. En plus, l’eau est glacée, et c’est Fab le même pas frileux qui le dit!

Si vous êtes dans le coin, il peut valoir la peine de s’arrêter une petite journée à Tarifa. Si vous êtes des adeptes de coins pittoresques, préférez plutôt la route des villages blancs. Par contre, si vous êtes des fans de surf, planche à voile, kite-surf, etc.. Foncez! Le coin y est idéal pour la pratique de ces sports et l’ambiance de la station balnéaire est vraiment sympa!

Gibraltar : british style sur Méditerranée

Nous avons beaucoup été du côté de l’Atlantique ces derniers temps pour des raisons purement pratiques puisque l’océan ne se situe qu’à 12 petits kilomètres de notre lieu d’habitation à Jerez. Cette fois, nous nous rendons un petit plus à l’est, du côté méditerranéen de la force.

Algeciras

La Plaza Alta, seul coin un peu joli d’Algeciras

Algeciras ne se situe qu’à une petite centaine de kilomètres au sud-est de Jerez mais les deux villes sont mal reliées entre elles par les transports publics. Nous avons d’ailleurs fait le trajet en BlaBlaCar. A propos de la ville d’Algeciras, circulez, il n’y a rien à voir! C’est super moche mais c’est une bonne base pour se déplacer ailleurs dans la baie. C’est le plus grand port d’Espagne et le quatrième d’Europe grâce à sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar. Malgré le manque total d’intérêt touristique dans la ville, nous avons adoré le coin, surtout pour l’ambiance marquée par les voyages à travers le détroit. Nous ne sommes plus vraiment en Espagne, pas encore tout à fait au Maroc mais dans un espèce de melting pot où les habitants côtoient les gens de passage qui voyagent en ferry entre les deux continents. Ces différentes cultures, langues et histoires dotent Algeciras d’une âme unique que nous affectionnons tout particulièrement.

Gibraltar

Pour accéder à Gibraltar, il faut passer par la petite ville frontière de la Linea de la Concepcion. Il y a des bus toutes les 30 minutes depuis Algeciras qui nous déposent à la station de bus à proximité de la douane. Si vous êtes en voiture, garez-là également du côté espagnol, la ville de Gibraltar n’est pas du tout adaptée aux voitures et les parkings y sont rares. Si vous voulez tout de même y faire le plein d’essence, il y a un rond-point juste après la station service qui vous permettra de retourner à la Linea pour vous garer.

La ville de la Linea de la Concepcion est aussi inintéressante que sa voisine Algeciras sauf pour sa plage qui vaut vraiment le détour et qui offre une superbe vue sur le rocher de Gibraltar.

Gibraltar appartenant au Royaume-Uni, il faut donc traverser une frontière depuis l’Espagne. Rassurez-vous, depuis le Brexit, le passage en douane s’est bien adouci.

Euh Van et Fab là je crois que le vin de Jerez a bien dû vous monter à la tête car un des but du Brexit est justement de NE PAS adoucir le passage à la frontière!

Eh bien, pour Gibraltar le Brexit a justement eu l’effet inverse, après d’âpres négociations entre Londres et Madrid of course! En effet, Gibraltar aurait perdu l’accès au marché commun de l’UE duquel il dépend énormément vu sa situation géographique. En plus, plus de 15’000 frontaliers passent la frontière chaque jour pour travailler à Gibraltar, plus quelques touristes comme nous, des automobilistes profitant du bas prix de l’essence ainsi que de fins gastronomes voulant profiter de l’exquise cuisine anglaise. Nan, pour le dernier point on déconne!

Un accord a finalement été conclu entre l’Espagne et le Royaume-Uni permettant la libre circulation des personnes et des marchandises entre les deux entités. Du coup, le passage d’un pays à l’autre n’est qu’une simple formalité. Imaginez le bordel à la douane sans cet accord! Oui c’est vrai, ça arrive parfois lorsque les douaniers espagnols font preuve d’excès de zèle à cause des revendications territoriales de leur gouvernement. On nous contrôle quand même nos passeports mais c’est surtout pour s’assurer que nous avons le « bon faciès » et le bon passeport. C’est horrible de dire ça comme ça mais c’est la cruelle vérité!

Une fois passé la douane, il reste une petite formalité à accomplir. Traverser la piste de l’aéroport… à pied! Bon ce n’est pas un gros hub avec plein de trafic non plus, il y a juste quelques vols quotidiens pour Londres et des barrières qui bloquent le passage en cas de décollage ou d’atterrissage d’un avion. Quand on a un territoire grand comme un mouchoir de poche, il faut optimiser l’espace et c’est plutôt bien foutu, à condition d’avoir des pilotes chevronnés car entre le rocher, la baie et la mer Méditerranée, ce ne doit pas être la piste la plus facile à appréhender!

Evidemment, entre la douane et les installations aéroportuaires, nous n’avons pas été autorisés à prendre des photos…

L’entrée de la vieille ville
En fait, pourquoi Gibraltar est-il britannique?

A la base, l’histoire de Gibraltar ne diffère pas de celle de l’Andalousie. C’est à dire qu’elle a été sous domination musulmane avant la Reconquista espagnole. Mais, en 1704, pendant la guerre de succession d’Espagne, les Britanniques s’emparèrent de ce petit territoire. Le traité d’Utrecht qui signa la fin de la guerre en 1713 reconnut officiellement le Rocher comme propriété du Royaume-Uni. Bien évidemment, les Espagnols ont essayé à plusieurs reprises, et essaient toujours de reconquérir le territoire, sans succès. Les habitants, quant à eux, ont toujours souhaité rester britanniques. C’est assez logique : nous avons remarqué que les gens sont autant espagnols que le pudding.

Mais le Brexit pourrait changer la donne…. Gibraltar a souhaité, à une grande majorité, rester dans l’UE et n’exclut pas totalement une sortie du Royaume-Uni. De là à dire que la couronne espagnole va récupérer le rocher… Affaire à suivre…

Pour l’instant l’Union Jack flotte encore fièrement à Gibraltar

Manque de bol, nous avons complètement zappé que le jour de notre virée à Gibraltar coïncidait avec les funérailles de la Reine Elisabeth II. Du coup, nous avons trouvé porte close à peu près partout sauf dans quelques pubs et, sur la place centrale, un écran géant avec retransmission de la messe d’enterrement en direct depuis Westminster. Décidément, nous avons le don des mauvais timings! Ce n’est pas la première fois que ce genre de mésaventure nous arrive.

C’est également pour cette raison que nous avons renoncé à la montée en télécabine sur le rocher. (Et aussi pour les 18 £ soit 20,50€ ou 19,85 CHF) En effet, c’étaitt une des seules choses ouvertes en ville en ce jour de deuil national et c’était blindé de monde. En plus la météo était mitigée : couverture nuageuse le matin et calima l’après-midi, la vue n’aurait de toute façon pas été optimale.

Le centre-ville
Avez-vous reconnu le repère pour passage piétons sooo british?

La ville de Gibraltar se trouve au pied de son rocher sur la côte ouest, côté baie, donc à l’abri du vent qui peut parfois souffler violemment depuis le détroit. Pas de doute, nous sommes bien au Royaume-Uni avec ses pubs, son architecture victorienne et ses restos de « fish and chips ». Mais les parois abruptes du rocher, les constructions à flanc de coteau, le mini territoire, l’humidité de l’air et la végétation subtropicale nous rappellent Hong Kong qui était, rappelons-le, également une colonie anglaise jusqu’en 1997.

Et s’ils nous reste quelques doutes sur le fait que nous soyons bien au Royaume-Uni, nous avons des preuves ci-dessous! Bon d’accord le « Look left » (regardez à gauche) est un peu louche. Mais c’est parce-qu’à Gibraltar on roule à droite, comme dans le reste de l’Europe continentale.

Alameda Botanical Gardens

S’il y a bien quelque-chose qu’il faut laisser aux Britanniques, ce sont les jardins botaniques! Bon celui de Gibraltar n’est pas le plus pittoresque mais il a fallu composer avec le relief très mal plat du territoire. Et puis, après avoir vu celui de Kuala Lumpur et surtout celui de Singapour (tous deux fondés par les Anglais), il y a de quoi être blasé. Le climat étant très humide à cause des montagnes de la baie bloquant les nuages et également très doux, le jardin se dote d’une très belle végétation subtropicale (plus de 1900 espèces de plantes!) qui nous manque parfois. Nous retrouvons également les fameux dragons des Canaries. A Tenerife, on nous a bassiné avec ces dragons sur le fait qu’on en trouverait jamais ailleurs. Nous n’en avons jamais autant vus depuis que nous sommes en Andalousie!

Catalan Bay

Comme nous n’avons pas grimpé sur le rocher, nous l’avons contourné. Vu d’en bas, c’est un immense monolithe de calcaire haut de 426 mètres. Bien qu’il paraisse isolé, il fait partie des cordillères bétiques, trois chaînes de montagnes qui traversent la péninsule ibérique du sud-est au sud-ouest, en gros d’Alicante à Cadiz. Au sommet, on y trouve des grottes, les restes d’un fort et… des macaques! C’est la seule colonie de singes sauvages en Europe et une légende raconte que tant qu’ils y resteront, le rocher restera britannique.

Au pied de l’autre versant du rocher, se trouve Catalan Bay, surnommée affectueusement « la Caleta ». C’est le côté balnéaire de Gibraltar avec ses petites maisons colorées et sa petite plage plus adaptée à la pratique du surf qu’à la baignade. Malheureusement, ce côté idyllique ne va pas durer. Une marina et des buildings très moches sont déjà en cours de construction, alors qu’il y en a déjà côté baie, laissant les habitants légitimement très en colère!

Si vous avez de très bons yeux, vous pourrez deviner sur la première photo, une partie des côtes africaines. Ce ne sera pas facile car nous n’avons pas un zoom assez performant pour bien les faire ressortir et l’air est un peu flou à cause de la calima. Même nous qui les avons vues « en vrai » et qui savons où regarder, nous avons du mal à les retrouver sur la photo.

C’était sympa d’avoir fait une journée à Gibraltar et d’avoir, pour un temps, changé de pays. Mais nous ne sommes pas des fans du Royaume-Uni en général. Nos précédents séjour chez la Perfide Albion ne nous ont pas du tout enchantés et ce petit bout de territoire n’aura pas changé la donne. Nous n’avons même pas trouvé la douceur méditerranéenne à laquelle nous nous attendions un peu. Nous nous sommes bien marrés avec tous ces clichés « so british » mais ça s’arrête là. Nous ne sommes pas du tout à l’aise avec la froideur des gens et leur air très guindé. Et ils n’ont même pas une gastronomie digne de ce nom pour compenser un peu!

Vous ne verrez donc pas de sitôt d’autres articles sur le Royaume-Uni, à moins que nous ayons l’opportunité une fois de nous prélasser sur le sable fin des plages des Iles Vierges. C’est permis de rêver, non?

Kizkalesi et ses forteresses

Comme nous vous l’avons expliqué dans notre précédent article, notre périple par l’ouest se fera par la côte méditerranéenne. En effet, la Turquie connaît ces temps de fortes chutes de neige totalement inhabituelles pour un mois de mars. Il y a juste le sud qui est plus ou moins épargné par ce retour inattendu de l’hiver. Plus ou moins car la neige n’est pas tombée sur le littoral (mais on la voit bien sur les Monts Taurus pas loin!) mais la région connaît une vague de froid tout aussi inhabituelle avec des températures qui flirtent dangereusement avec zéro degré la nuit et qui ne dépassent pas 10 degrés la journée. Le tout accompagné d’un vent du nord glacial à décorner des bœufs. (Ceux qui connaissent la bise noire savent parfaitement de quoi nous parlons!) Enorme manque de bol : pendant le jour le plus froid, il y a eu une grosse panne d’électricité d’une bonne demi-journée et nous avons été privés de chauffage!Le réveil a été un peu rude ce jour-là, surtout pour Van la frileuse, mais, heureusement, tout a fini par rentrer dans l’ordre. Cette anecdote nous a quand même donné une bonne piqûre de rappel sur le fait qu’en Occident, nous avons quand même beaucoup de chance d’avoir accès à l’électricité et surtout au chauffage pendant l’hiver!

Malgré le temps maussade, nous reprenons quand même la route car notre temps n’est pas illimité et, selon les prévisions météo, nous avons bon espoir que la situation s’améliore les prochains jours. Depuis Adana, nous avons repris le train jusqu’à Mersin et ensuite un dolmus (un minibus local) jusqu’à la petite localité de Kizkalezi. Ce n’est qu’une petite station balnéaire un peu endormie à cette saison mais nous ne nous sommes pas arrêtés pour la baignade même si ces jours avec l’inertie, l’eau est probablement moins froide que l’air. Ce qui nous intéresse ce sont les quelques sites culturels qui se trouvent dans le coin et que nous sommes impatients d’aller découvrir.

Korykos beach et son château.

La ville a été fondée par des Romains au VIIIe siècle. Elle a connu ensuite, comme toute la région, différentes civilisations comme les Arméniens, les Chypriotes, les Mamelouks, les Karamanides, les Ottomans et finalement les Turcs d’aujourd’hui. La forteresse témoigne de toutes ces époques avec des nécropoles romaines, un arc de triomphe, des églises chrétiennes et des fortifications médiévales. Malheureusement, le site est fermé aux visites en hiver. Il se trouve sur une superbe petite plage aux eaux cristallines et, à voir les dépôts blancs sur le sable, bien salées. Côté terre, la végétation a été laissée à l’état sauvage et constitue un petit sanctuaire pour les oiseaux. D’ailleurs, à notre grande surprise, nous avons pu observer des espèces aux couleurs chatoyantes.

Kiz Kalesi

En turc, Kiz Kalesi signifie château de la jeune fille ou de la sirène selon les traductions. Le château en question se situe sur un petit îlot à environ 300 mètres au large de la plage et a donné son nom au village. On y accède en bateau mais seulement pendant la saison touristique. Apparemment, il existait une jetée qui reliait le continent à l’île mais, vu ce qu’il en reste, elle a dû essuyer pas mal de tempêtes. L’îlot a d’abord été habité par des pirates qui ont été chassés par les Byzantins qui y construisirent un premier fort. La forteresse que nous voyons aujourd’hui date du Royaume Arménien de Cilicie et date du XIIIe siècle. La Cilicie était la province romaine qui constitue aujourd’hui la plaine d’Adana et qui est voisine de la Lycie beaucoup plus connue. Vu depuis le continent, la forteresse paraît de taille modeste. Pourtant l’ensemble s’étend sur 15’000 mètres carrés et est entouré par 192 mètres de remparts.

Prenons un peu de hauteur!
Le canyon de Kizkalesi

Nous avons enfin une journée à la météo assez clémente pour nous permettre d’effectuer notre petite grimpette traditionnelle. Depuis le village de Kizkalesi, nous montons sur les collines environnantes, qui sont en fait les premiers contreforts de la chaîne des Monts Taurus, sur sept kilomètres entre les oliviers, les citronniers et des garrigues typiquement méditerranéennes. Malgré le vent du nord qui pique un peu, nous sommes ravis de pouvoir enfin crapahuter en nature!

Adamkayalar

Le but de notre balade se situe sur un petit promontoire rocheux haut de 140 mètres d’altitude. Oui, c’était une grimpette de santé! On y retrouve la ville antique d’Adamkayalar datant du IIe siècle, donc de l’Epoque Romaine. Les ruines sont un peu laissées à l’abandon entre les ronces et les pierres. Mieux vaut s’équiper de bonnes chaussures et d’avoir les chevilles bien accrochées pour se rendre sur le site!

Sur les parois de calcaire en face du site, il y a des trous creusés dans la roche. Ce sont des tombes qui datent de la même époque que la cité. Vu où elles se trouvent, les gens de l’époque étaient bien balèzes de creuser une nécropole dans des endroits aussi inaccessibles! De loin, on peut même apercevoir quelques gravures en bas-relief!

Nous savons pertinemment que dans l’Antiquité, si les villes étaient construites sur des éperons rocheux, c’était uniquement dans un but stratégique de défense. Mais nous pensons quand même que les Romains ont bien du kiffer la vue qui s’étend sur la côte, sur Kizkalesi (ok le village n’existait pas encore à l’époque!) et sur le magnifique canyon de Kizkalesi au fond duquel coule la rivière Karyagdi. Nous l’avons bien appréciée en tout cas et le paysage, bien que très calcaire méditerranéen, nous a rappelé les nombreux barrancos de Tenerife.

Nous avons bien aimé notre petit arrêt à Kizkalesi. Nous avons pu allier nature et culture et avons enfin retrouvé un peu de soleil, même si les températures ont encore de la peine à grimper. Mais si les prévisions météo sont correctes (spoiler : elles le sont rarement!), le printemps devrait s’installer durablement dans le courant de la semaine.

Qui dit printemps dit temps qui passe et si nous voulons respecter notre timing et rentrer en Espagne comme prévu en avril, il nous faut reprendre la route, toujours en direction de l’ouest où nous sommes sûrs de trouver encore quelques petites pépites qui feront notre bonheur!

Anamur et ses sites archéologiques

Comme nous vous l’avions annoncé dans notre précédent article, notre retour en Europe commence par un crochet par la Turquie car c’était un énorme coup de cœur et parce que nous avions envie d’y repasser encore un peu de temps. Retourner au sud à été motivé par les conditions météorologiques et par la logique de l’itinéraire pour rentrer en Espagne par voie terrestre. C’est pour ça que nous avons atterri à Antalya. Mais notre curiosité maladive nous a motivés à aller voir d’abord un peu plus à l’est avant de prendre la route du retour en Occident.

Gazipaşa

Un petit air de Martigny, n’est-ce pas?

Nous faisons un premier petit arrêt à Gazipaşa située à environ 50 kilomètres à l’est d’Alanya. La ville en elle-même n’a pas grand chose à offrir et elle n’est même pas tournée vers la mer! Elle est entourée d’un horrible océan de plastique constitué de serres en tout genre. Construite sur une étroite bande côtière au pied des Monts Taurus, elle ressemble à une ville de la plaine du Rhône, impression renforcée en cette saison avec la neige qui recouvre le sommet des montagnes.

Selinus

Si nous nous sommes arrêtés à Gazipaşa, c’est pour une première mise en jambe sur le site de l’ancienne Selinus. C’était une cité grecque fondée par les Phéniciens au VIe siècle avant Jésus-Christ dont il reste quelques ruines aujourd’hui dont la forteresse sur une colline dominant la ville. Certes, les remparts ne sont pas aussi impressionnants qu’à Alanya, qui est vraiment un site de ouf, mais la petite montée est assez sympa. Selinus est connu pour être le lieu où est mort l’empereur romain Trajan qui, pour la petite histoire, est né à Italica, l’actuelle Santiponce près de Séville dans notre belle Andalousie. Nous avons donc visité son lieu de naissance ainsi que son lieu de décès.

Evidemment, au sommet il y a une superbe vue sur la plage, car oui, il y en a une et sur la mer Méditerranée qui ressemble toujours autant à un lac paisible.

Anamur

Mamure Kalesi

Nous continuons toujours notre périple vers l’est via une route vraiment pittoresque à flanc de coteau surplombant la mer Méditerranée et les plantations de bananes. (Ces paysages sont sur nos stories instagram) Malheureusement, la région a connu un épisode de gel il y a quelques semaines et les bananiers ont bien morflé et ont perdu leurs superbes feuilles vertes. Malgré cela, le paysage nous laisse bouche-bée même si notre oreille interne n’apprécie que moyennement tous ces virages. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi la route principale Adana – Antalya passe par Konya.

Anamur se situe dans une cuvette au pied des monts Taurus. C’est le seul endroit plus ou moins plat à cent kilomètres à la ronde! La ville en elle-même n’est pas terrible mais elle possède quand même une petite plage, un peu tristounette en hiver, mais sûrement sympa en saison. Il y a un petit parc qui longe la plage en l’honneur de l’amitié entre la Turquie et la République Turque de Chypre du Nord. Non, ne cherchez pas, ce pays n’existe pas! Il n’est reconnu que par la Turquie. C’est la partie nord de l’île de Chypre, distante de seulement 64 kilomètres d’Anamur, qui a été envahie par la Turquie en 1974 et qui l’occupe encore actuellement militairement et qui crée un monstre bordel politique autant à Chypre que dans l’Union Européenne.

Anemurium

L’Eglise des Saints Apôtres

Ce site archéologique se situe à 12 kilomètres à l’ouest d’Anamur dans la petite localité d’Ören. Il y a un dolmuş (un minibus qui assure le transport urbain) qui s’arrête à un petit kilomètre du site mais quand le chauffeur a su que nous allions à Anemurium, il a fait le détour pour nous déposer à l’entrée du site. Encore une fois, la gentillesse turque n’est plus à démontrer.

Anemurium était une ville fondée par les Grecs au Ier siècle avant Jésus-Christ pour devenir ensuite une ville importante de la province romaine de Cilicie située au sud-est de l’Anatolie. Le site archéologique est énorme, ce qui démontre bien la grandeur de la ville à l’époque. Nous sommes assez étonnés par le nombre de murs qui sont restés debout. Toutes ces ruines ne sont pas sans nous rappeler Kayaköy, le village fantôme de la voie lycienne en dessus d’Öludeniz même si ça ne date pas du tout de la même époque!

Il y a tout ce dont avait besoin d’une ville de cette envergure : un aqueduc, des églises, un théâtre, les petits bains, les grands bains, les bains centraux et les bains publics. Il n’y avait vraisemblablement pas de problème d’hygiène à Anemurium!

Le site est surplombé par une acropole qui signifie ville haute en grec (acro = haut et polis = ville) entourée de remparts. La forteresse est inaccessible sinon nous aurions évidemment effectué la petite grimpette!

Fun fact : le promontoire sur lequel se situe l’acropole est le point le plus au sud de l’Anatolie, appelée Asie Mineure du temps des Romains. Pas de Turquie, car la province d’Hatay est plus méridionale mais d’Anatolie qui est la péninsule entre le Bosphore, la mer Méditerranée, la mer Egée, la mer de Marmara et la mer Noire. Pour nous, qui sommes passionnés de géographie, cette info a toute son importance et nous sommes contents d’avoir pu voir encore un point géographique intéressant.

La nécropole

Le truc impressionnant d’Amenurium, c’est que la nécropole s’étend sur presque la moitié de la superficie du site! Elle possède sa propre église dont les arcades sont superbement conservées. On peut y deviner différentes époques et différentes cultures car on y trouve des tombes directement creusées dans la roche ou des tombeaux dont certains sont très similaires à ceux que nous avons vu le long de la voie lycienne.

Côté mer

Anemurum était également un port important et la ville était donc tournée sur la mer. Malgré une météo un peu capricieuse et une mer complètement déchaînée, l’eau a une couleur incroyable et fait du site un vrai Tulum sur Méditerranée!

Mamure Kalesi

La forteresse se situe à six petits kilomètres à l’est du centre d’Anamur, elle est donc facilement accessible à pied. On y accède tout simplement par une superbe plage sauvage qui, en cette saison, s’apparente plus à la mer du Nord qu’à la Méditerranée.

L’emplacement idéal sur un petit promontoire rocheux avait déjà séduit les Romains puisqu’ils y construisirent un petit château au IVe siècle afin de se protéger des pirates. La forteresse actuelle a été construite au IXe siècle par les souverains du Royaume Arménien de Cilicie appelé ainsi car composé de réfugiés arméniens. Il a été agrandi au XIIIe siècle par les Seldjoukides puis par les Karamanides (en gros, des montagnards turkmènes). En 1469, les Ottomans annexèrent la région à leur vaste empire et modifièrent plusieurs fois le château pendant leur règne. Durant toute son histoire, le site avait un usage, bien sûr, défensif mais servait également de caravansérail.

Aujourd’hui, le château occupe un espace de 23500 mètres carrés et possède encore 39 tours et bastions reliés entre eux par d’immenses remparts. Nous en avons vu des châteaux mais celui-là restera un des plus impressionnants. Même notre magnifique château de Chillon sur le lac Léman n’est pas aussi pittoresque que celui-là!

Manque de bol, l’intérieur de la forteresse était fermée lors de notre passage. C’est vrai, rien que l’extérieur justifie amplement une visite. Nous avons quand même réussi à jeter un petit coup d’œil à la cour intérieure depuis les grillages.

La météo n’a pas été vraiment de la partie pour notre visite à Anamur, et encore, nous avons eu du bol, nous étions bien à l’abri quand un violent orage de grêle s’est abattu sur nous, mais nous avons quand même bien kiffé notre passage dans ce coin somme toute assez méconnu du sud de la Turquie.

Malaga, la plus méditerranéenne des Andalouses

Encore une fois, ce n’était pas notre premier choix de nous rendre à Malaga mais comme c’est en partie le budget qui décide, nous avons trouvé des offres de logement plus sympas de ce côté-ci de l’Andalousie. Comme la ville se trouve en bord de mer, nous n’avons pas hésité longtemps à nous y rendre. Comme vous le savez, nous sommes des amoureux de la mer et ça fait quand même une semaine que nous ne l’avons pas vue!

Malaga est également une ville où nous sommes déjà venus auparavant mais aussi en coup de vent. C’était, à l’époque, la seule ville d’Andalousie connectée directement par voie aérienne à l’aéroport de Genève, grâce à la compagnie low coast de couleur orange.

Playa de la Malagueta, en plein Malaga

Malaga n’est de loin pas aussi pittoresque que les autres grandes villes andalouses mais elle a une douceur de vivre et un caractère bien à elle. Le fait qu’elle soit tournée vers la mer est un vrai atout et son climat doux lui donne une ambiance presque tropicale. Ses cafés et restaurants branchés, son front de mer, son centre historique très éclectique, ses sols en marbre et sa baie protégée par les montagnes lui donnent un air de riviera italienne, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Un mer très calme et des montagnes verdoyantes, il y a comme un petit côté Lugano, n’est-ce pas?

Centre historique

La cathédrale de l’Incarnation qui domine le centre historique

Après les centres historiques de dingues de Granada et de Cordoba, celui de Malaga fait un petit peu pâle figure à côté mais il n’est pas inintéressant. La ville a été fondée par les Phéniciens et a connu une histoire similaire à celles des autres villes espagnoles : l’époque romaine, les Wisigoths, les Maures puis les Chrétiens lors de la Reconquista. Au début du XIXe siècle, la ville est envahie par les troupes napoléoniennes. Ensuite, dès 1812, Malaga devint la pionnière de la révolution industrielle en Espagne et la ville connut une certaine prospérité grâce à la sidérurgie et à l’arrivée du chemin de fer. De nombreux bâtiments du centre historique datent d’ailleurs de cette époque.

Le théâtre romain

Superbement situé au pied de l’Alcazaba, le théâtre a été découvert par hasard dans les années 1950 lors de la construction d’une maison. Il date de l’époque d’Auguste et sa situation au pied de la colline lui permettait d’avoir une très bonne acoustique. Les objets trouvés lors des fouilles sont exposés dans le petit centre d’interprétation situé tout à côté. Il vaut la peine d’y aller faire un petit tour et l’entrée est gratuite.

Cathédrale de l’Incarnation

Bon, après avoir vu les gigantesques cathédrales de Granada et de Murcia, nous commençons à devenir un peu blasés. Pourtant, c’est un très bel édifice Renaissance que nous offre Malaga. Cette fois, pas de mosquée à cet emplacement, l’édifice est original et les travaux ont duré de 1528 à 1782. La cathédrale paraît asymétrique car elle est inachevée, il manque une tour côté sud. Les habitants l’appellent d’ailleurs « la manquita » (la manchotte). Nous n’avons pas trouvé pourquoi il manque une tour mais ce n’est apparemment pas dû à une particularité technique vue que les autorités municipales songent à construire la deuxième.

Colline du Gibralfaro

Vue du centre historique depuis le sommet de la colline du Gibralfaro

Après une Cordoba désespérément plate, Malaga nous offre enfin une petite grimpette jusqu’à l’altitude honorable de 130 mètres. Le sentier est très facile mais vraiment sympa au milieu d’une magnifique pinède offrant un peu de verdure au milieu de la ville.

Château de Gibralfaro

La récompense au sommet est cette immense forteresse construite au XIVe siècle sur un ancien site phénicien. Le but de cette fortification était de protéger l’Alcazaba située en contrebas. En 1487, le château fut assiégé par les rois catholiques et Ferdinand II d’Aragon décida de s’y installer. Aujourd’hui, seule la muraille est vraiment bien conservée mais l’intérieur a été aménagé en jardin subtropical et c’est vraiment sympa de s’y promener.

La promenade des remparts
Vue du port de Malaga et de la Sierra Blanca depuis les remparts

Le clou du spectacle est la promenade sur les remparts d’où on peut profiter d’une superbe vue sur Malaga, la mer Méditerranée et la Sierra Blanca. Automne oblige, le ciel est voilé d’une légère brume mais par temps très clair, il est possible d’apercevoir la chaîne de montagnes du Rif située de l’autre côté du détroit de Gibraltar, en Afrique du Nord.

L’Alcazaba

C’est sûrement le plus beau monument de Malaga et un très bon lot de consolation de ne pas avoir pu visiter l’Alhambra de Granada. L’Alcazaba date du XIe siècle, en pleine époque musulmane mais elle a été bâtie sur un ancien site romain. D’ailleurs elle se situe juste au-dessus du théâtre romain dont certaines pierres ont été utilisées pour sa construction. Elle avait un rôle défensif et était reliée directement aux remparts de la ville, aujourd’hui disparus mais elle faisait également office de résidence du gouverneur. Après la prise de la ville par les catholiques, plusieurs rois y ont habité.

L’intérieur

L’architecture est typiquement arabe avec ses patios, ses mosaïques et ses arches. L’alcazaba aurait été construite sur le modèle du Krak des Chevaliers, une autre forteresse musulmane de ouf située près de Homs, en Syrie. Aujourd’hui, c’est le patrimoine de l’Espagne musulmane le mieux conservé.

Même si l’usure du temps est passée par là, on peut encore admirer le travail d’orfèvre des Arabes qui avaient (et ont toujours) vraiment le sens du détail.

L’enfant du pays

Désolés Mesdames, si vous vous étiez préparées à vous pâmer devant le bel Antonio Banderas vous allez être déçues car nous n’allons pas parler de l’acteur espagnol, bien qu’il soit natif de Malaga. Nous allons vous parler d’un autre enfant du pays encore plus célèbre : Pablo Picasso. Même les plus incultes en histoire de l’art (comme nous) savent qui est Picasso! Il est né en 1881 sur la place de la Merced dans le centre-ville où il passera les dix premières années de sa vie avant le déménagement de sa famille en Galice. A part pour quelques séjours à Malaga pour les vacances, Picasso ne vécut plus jamais dans sa ville natale même s’il se revendiquait profondément « Malagueño ». Il refusa même la nationalité française bien qu’il ait vécu la plupart de sa vie en France. La ville de Malaga rend hommage au peintre avec une fondation Picasso située dans sa maison natale et un musée Picasso où sont exposées quelques-unes de ses œuvres. Nous n’y sommes pas rentrés car la capacité maximum de personnes, restreinte à cause de la Covid-19, était atteinte et nous n’étions pas motivés à faire la queue.

Maison natale de Picasso sur la place de la Merced

Côté mer

Le grand atout de Malaga c’est indéniablement son front de mer! Enfin, nous ne savons pas si nous pouvons vraiment parler de mer car l’eau est tellement calme que ça s’apparente plus à un lac. Grâce à sa position au fond d’une baie surmontée de hautes montagnes Malaga est protégée des courants. Pourtant le détroit de Gibraltar et les forts vents de l’Atlantique ne sont plus très loin.

Playa de la Malagueta

Si Malaga ne brille pas par son centre historique (et encore, ça se discute!), elle se rattrape par sa plage! Franchement, connaissez-vous beaucoup de villes avec une plage urbaine aussi belle? Même la Barceloneta ne lui arrive pas à la cheville. La plage de la Malagueta, longue d’un bon kilomètre, est bien protégée des courants et ensoleillée tout au long de l’année, de quoi faire bronzette, même en hiver! (Euh… peut-être pas pour Van)

Parque de Malaga

Ce qui nous a attiré dans ce lieu, c’est la végétation tropicale qui nous rappelle, un peu avec nostalgie, de bons souvenirs d’Asie du Sud-Est. Malaga a un climat très doux et des espèces comme les hibiscus, les frangipaniers ou encore les oiseaux de paradis s’y plaisent bien. Le parc longe le front de mer car c’est l’endroit le plus humide de la ville. Les premières plantation datent de 1899 mais un remaniement complet du jardin eut lieu en 2007 avec l’ajout de 300 espèces de plantes supplémentaires. Des bancs et des fontaines typiquement andalous ornent le jardin.

Les perruches de Malaga

On en trouve par milliers dans tous les espaces verts de la ville. On les entend surtout car elles ne sont pas du tout discrètes! Ces magnifiques perruches sont des cornures veuves et appartiennent à la famille des perroquets. Elles nous viennent tout droit d’Argentine mais se sont parfaitement adaptées au climat méditerranéen au point d’en devenir presque invasives.

Petit tipp spécial backpackers : si vous passez par Malaga le dimanche, les lieux culturels (château, alcazaba, musées, etc…) y sont gratuits l’après-midi! Attendez vous juste à y voir du monde!

Malaga n’a pas la beauté de ses sœurs andalouses comme Grenade ou Cordoue mais elle a une douceur de vie unique que nous avons vraiment bien appréciée. Le fait qu’elle soit tournée vers la mer lui donne un caractère un peu balnéaire et chill. Un vrai coup de cœur en ce qui nous concerne.

Malaga sera déjà l’avant-dernière étape de notre petit trip au sud de l’Espagne. Nous avons déjà notre billet de train depuis Séville pour notre retour à Valence car pour bénéficier des prix dégriffés de la RENFE, il faut s’y prendre à l’avance. Mais nous allons profiter de nos derniers jours en Andalousie et ensuite, nous pourrons prendre le temps de plancher sur un nouveau projet de voyage pour cet hiver. Ce ne sont pas les idées qui nous manquent mais vu les circonstances actuelles, nous ne savons pas encore ce qu’il sera possible de faire. Mais, sauf nouveau confinement, il y aura quelque-chose de nouveau.

Torrevieja & Murcia

Notre but premier était de continuer le long de la côte afin de rejoindre la ville de Cartagena. Mais l’offre des logements en a décidé autrement. Impossible de trouver un lieu où dormir à Cartagena sans exploser le budget. Il nous a donc fallu trouver un plan B et changer notre itinéraire. Mais nous sommes habitués à ce genre de changements de dernière minute et nous trouverons sûrement d’autres coins sympas à découvrir. Cartagena ne sera pas pour cette fois, à moins que nous trouvons une solution de repli à la dernière minute.

Playa de los Locos, Torrevieja

Torrevieja

Torrevieja fait encore partie de notre plan A. C’est notre dernière étape dans la Communauté Valencienne car la ville s’y situe à l’extrême sud. Après il y a … (ceux qui ont répondu Andalousie ont perdu!) la région de Murcia qu’on a tendance, c’est vrai, à oublier tant c’est une toute petite communauté autonome peu connue coincée entre la Communauté Valencienne, la Castille-la-Manche et l’Andalousie.

Les calanques du bords de mer à Torrevieja

Nous n’attendions absolument rien de Torrevieja, c’est juste une station balnéaire et une étape idéale avant de continuer en direction du sud. Pourtant, l’ambiance est plutôt sympa. C’est très cosmopolite; beaucoup de ressortissants d’Europe du Nord ou de l’Est y vivent à l’année, mais ça a gardé un caractère très espagnol. Ce n’est ni Majorque, ni Benidorm. Il paraîtrait même que Torrevieja serait la ville de moins de 100’000 habitants la plus cosmopolite d’Europe! D’ailleurs, si nous devions vous recommander qu’une seule station balnéaire en Espagne, ce serait Torrevieja.

Le bord de mer

Le truc de ouf à Torrevieja, c’est le bord de mer! A part une plage de sable, très belle soit dit en passant, il n’y a que des rochers formant des piscines naturelles. L’environnement y est assez grandiose! Et comme le tout forme de petites baies protégées, on peut s’y baigner très tôt au printemps et jusqu’à très tard en automne. Début octobre, la température atteignait les 30 degrés et les plages étaient encore bien fréquentées. Et pas seulement par des Suédois pas du tout frileux! A noter que la qualité de l’eau de la Méditerranée est assez exceptionnelle et, à part la température, elle n’a pas grand chose à envier au Golfe de Thaïlande ou autres mers du sud.

Les salines

A l’instar de Santa Pola, Torrevieja possède ses propres salines. Ce sont d’ailleurs les mêmes! C’est la plus grande saline d’Europe. L’extraction du sel pèse presque autant que l’industrie touristique dans l’économie de la ville. La particularité du lac salé est sa couleur rose qui est due à une bactérie qui y vit et qui libère un pigment rosé qui se propage grâce à la très haute teneur au sel de l’étendue d’eau.

Malgré notre changement d’itinéraire, nous ne regrettons pas d’avoir par passé par Torrevieja, surtout pour sa douceur de vivre.

Murcia

Le Rio Segura qui traverse Murcia

Comme nous n’avons pas pu aller à Cartagena pour les raisons citées plus haut, nous nous sommes rabattus sur Murcia. Nous n’en attendions vraiment rien et même notre hôte nous a averti qu’il n’y avait pas grand chose à voir. Mais vous nous connaissez, il fallait que nous aillons voir ça de nos propres yeux pour nous faire une opinion. Il nous a fallu une bonne heure et demie de bus depuis Torrevieja à travers la Cordillera Sur, une chaîne de montagne aride qui n’a pas beaucoup à envier au paysage d’Oman.

Le centre historique
Le théâtre Romea

Effectivement, le centre historique est assez petit, la faute à diverses crues de la rivière Segura. La ville a même été presque entièrement détruite à cause d’une grande inondation au XVIIe siècle. Mais le peu de bâtiments que nous pouvons observer sont vraiment beaux, dans un style mi andalou, mi Renaissance italienne.

Convento San Domingo y Capilla del Rosario

La construction de ce complexe religieux a été entamée dès le XIIIe mais des modifications, ainsi que des destructions durant les diverses guerres qui ont sévi dans la région, ont été apportées au fil du temps jusqu’au XVIIIe siècle. Au XIX le bâtiment a été donné aux Jésuites qui l’occupent encore aujourd’hui.

Real Casino

Comme son nom ne l’indique pas, ce n’est PAS un casino. Cet édifice complètement ouf à été construit au XIXe siècle et servait de club privé pour les habitants fortunés de Murcia. Son architecture mixe les différents courants artistiques existants en Espagne à cette époque.

Côté arabe

Le patio d’entrée nous emmène tout droit dans un conte des Mille et Une Nuits. Vous aurez reconnu l’architecture islamique. C’est de l’art appelé néonazari (attention ne lisez pas ce mot trop vite pour ne pas faire un amalgame avec un courant de pensée d’extrême droite!) ou tout simplement « art de Grenade« . Ces termes désignent la dernière époque de l’art hispano-musulman en Espagne.

Côté Angleterre

On retrouve un côté so british avec la bibliothèque et la salle de chasse, bien que cette dernière soit décorée avec des tableaux de peintres espagnols du XIXe siècle. Dans ces deux salles, se rencontraient les personnes influentes pour l’économie de la ville de Murcia. Les dames, elles, avaient le droit de se détendre dans le salon de thé.

Côté Versailles
La salle de bal

L’époque n’est pas du tout la même mais toutes ces moulures, le mobilier et les lustres ne sont pas sans rappeler Louis XIV et son château de Versailles. Dans ce style, on trouve la salle de bal, son antichambre et le vestiaire des dames.

Côté Renaissance italienne

Dans toutes les sociétés aisées, il était de bon ton d’étaler sa richesse avec des statues, des tableaux et des décoration venues tout droit des ateliers des plus grands artistes italiens. Le Real Casino ne déroge pas à la règle avec sa galerie de statue appelée judicieusement « Pompéi ».

Le Real Casino était une petite visite vraiment sympa et un vrai petit voyage architectural. Il vaut la peine de s’y arrêter et de dépenser 5€ d’entrée. Nous y avons croisé une vieille connaissance : la Dame d’Elche.

Cathédrale Santa Maria

Nous en avons vu des cathédrales mais celle-ci peut sûrement prétendre au titre d’une des plus belles cathédrales d’Espagne! Et peut-être une des plus grandes! Nous pouvons aisément deviner les différents courants architecturaux qui ont orné l’édifice à travers les siècles. L’histoire est la même que dans pratiquement toutes les villes du sud du pays. Il y avait à cet emplacement une mosquée et quand le fameux Jaime I (oui, encore lui!) est venu conquérir Murcia, il a ordonné de la transformer en temple chrétien. C’était au XIIIe siècle. La première construction fut de style gothique comme c’était de coutume à l’époque puis se sont ajoutés des détails Renaissance et baroques. Le bâtiment principal est déjà balèze en soi mais le campanile, c’est carrément un truc de malade! C’est une haute tour haute de 98 mètres, la deuxième plus grande d’Espagne après la Giralda de Séville! En 1519, on profita de la présence à Murcia de l’architecte italien Francisco Florentino pour lancer ce projet un peu fou de campanile. Les travaux débutèrent deux ans plus tard pour ne se terminer que deux siècles plus tard! Mais le résultat est à la hauteur des espérances, dans tous les sens du terme!

Heureusement que l’alphabet comporte 26 lettres, ça nous permet de changer quand le plan A ne fonctionne pas, surtout que le plan B (Murcia donc!) était une bonne surprise.

Cartagena ne se fera pas cette fois-ci, nous n’arrivons pas à trouver quelque-chose qui nous convienne. Ce sera pour une prochaine fois… ou pas! Par contre, nous avons déniché quelque-chose qui promet d’être vraiment très cool!

Santa Pola

Etre backpacker en Espagne, ce n’est pas impossible mais c’est un peu la galère pour trouver un logement dans notre budget. Il faut anticiper et bien comparer les prix. Le système de « partir à l’arrache » comme en Asie ou en Amérique du Sud ne fonctionne pas en Europe à moins d’avoir un budget illimité. Nos recherches nous ont mené dans la petite ville côtière de Santa Pola, un coin dont nous n’avions jamais entendu parler. Mais comme ça se situe en bord de mer, nous n’avons pas hésité à tenter le coup.

Les salines à Santa Pola

Santa Pola est une petite ville côtière et une station balnéaire au sud d’Alicante située sur un petit cap. C’est un fief de retraités anglais et scandinaves dont la plupart y possède une résidence secondaire afin de profiter du climat clément du sud de l’Espagne toute l’année.

Château-forteresse de Santa Pola

C’est vraiment le seul site digne d’intérêt dans la ville de Santa Pola. Cette forteresse, en très bon état de conservation, fut construite dès 1557. Des ingénieurs italiens ont été engagés pour les travaux afin de donner à l’édifice un style Renaissance. Le but du château était de protéger les marins des attaques de pirates très courantes à l’époque.

Patio de Armas

C’est la cour intérieure du château qui fait office de place centrale de la ville. Aujourd’hui, on y trouve le musée de la mer ainsi que quelques salles municipales. La cour sert également de lieu pour les évènements culturels (hors Covid, bien sûr!). Au centre du patio, se trouve l’emblème de la ville de Santa Pola.

Côté mer…

Si Santa Pola n’offre que très peu d’intérêt côté ville, elle se rattrape un peu côté mer. La ville est située sur un cap et possède 13 kilomètres de côtes.

Le port de pêche

La pêche est la principale économie de la ville et emploie 8,3% de la population. C’est une tradition qui remonte à l’époque romaine pour connaître son apogée dans les années 1980 quand Santa Pola possédait la plus grande flotte de bateau de pêcheurs de toute la Communauté Valencienne. Aujourd’hui, c’est une activité qui a un peu diminué mais qui reste essentielle pour la survie d’une partie des habitants de la ville. Une grande variété de poissons et de fruits de mer y est pêchée chaque jour avant d’être vendue au marché attenant au port. Il faut venir aux aurores pour assister à la criée, mais comme nous ne sommes pas du matin et que nous ignorions que ça existait, nous l’avons loupée. Nous avons, en revanche, assisté, dans la torpeur d’un chaud après-midi d’arrière été, à l’entretien des bateaux et des filets.

La marina

Bienvenue dans le quartier chic de Santa Pola conçue pour exaucer tous les désirs des touristes fortunés d’Europe du Nord. En gros, il y a des yachts, des restaurants de poissons surfaits, des bars tout aussi surfaits et des menus écrits en anglais. Vous l’aurez compris, nous ne nous y sommes pas attardés.

Playa de Tamarit

C’est la plage urbaine de Santa Pola située au bout du cap. C’est une des seules plages de la Communauté Valencienne à être située plein sud. Le sable est gris et paraît inesthétique au premier abord mais il est super doux sous la plante des pieds. L’eau, quant à elle, est limpide et grouille de poissons mais elle commence à être vraiment froide et seuls quelques téméraires venus du nord s’adonnent à la baignade. Par contre, les températures restent très estivales pour rester sur le sable.

Playa la Gola

Il suffit de longer la côte en direction du sud sur un bon kilomètres pour arriver sur cette superbe plage complètement sauvage. L’eau n’y est pas plus chaude qu’en ville mais elle reste très belle et cristalline. La plage est protégée par de magnifiques dunes.

Les salines

Les salines de Santa Pola couvrent 2470 hectares et ont été déclarées parc naturel car plusieurs espèces d’oiseaux comme des flamands roses, des cormorans ou encore des grues qui viennent nicher dans les lagunes salées et car il y pousse une espèce unique de végétation capable de vivre dans un environnement très salé. L’activité dans les salines a commencé un peu par hasard au début du XXe siècle. On a d’abord découvert que l’eau de mer avait une forte teneur en sel. Nous confirmons : nous avons été tremper nos gambettes dans la mer et elles en sont ressorties blanches de sel! Puis, grâce au climat semi-aride et très ensoleillé de la région, on a découvert que l’eau s’évaporait rapidement laissant des montagnes de sel. Avec la pêche, l’extraction de sel est une de principales activités économiques de la ville.

Non, ce blanc étincelant n’est PAS de la neige!

C’est une montagne de sel qui a été extrait des salines et qui est prêt à être conditionné pour atterrir dans nos plats ou sur des routes enneigées. Avec tout ce sel, l’air ambiant est vraiment très iodé. Un bon remède pour nos bronches mises à mal par le climat semi-aride du sud de l’Espagne.

Casamatas

Lors de notre balade dans les salines, nous sommes tombés complètement par hasard sur ces vestiges de la Guerre Civile Espagnole. Ces petits édifices en béton armés servaient principalement à l’observation du littoral et de l’espace aérien. Ils sont restés en très bon état car, selon les services secrets de Franco, la région n’avait rien de stratégique et la zone n’a pas été bombardée.

Faro de Santa Pola

Lors de notre pause estivale à Alicante en 2021, nous avons été découvrir le nord du Cap de Santa Pola que nous avons zappé lors de notre premier passage dans la station balnéaire en septembre 2020. Il y a un petit phare sur un promontoire rocheux, à 3,5 kilomètres du centre de Santa Pola, accessible en marchant dans une petite garrigue depuis la localité de Gran Alacant, sur la ligne de bus Alicante – Santa Pola. Il a été construit en 1858 et domine toute la baie d’Alicante ainsi que la huerta d’Elche. La particularité de ce rocher est qu’il ne se jette pas dans la mer mais surplombe une petite plaine côtière bordée par des dunes et de superbes plages. Il y a un mirador pour observer la superbe vue mais nous vous le déconseillons si vous souffrez de vertige : la passerelle s’avance un peu dans le vide et le sol est grillagé, donc vous pouvez voir le vide sous vos pieds. Mais il est possible de profiter du site sans passer par la passerelle.