Almenara et les vestiges de la Guerre Civile Espagnole

Lors de notre visite au Vall d’Uixo, nous étions partis sur les traces de la Guerre Civile Espagnole via la ligne de défense XYZ. Nous avons découvert que cette fameuse ligne partait de la localité d’Almenara, à mi-chemin entre Sagunto et Vall d’Uixo, donc tout près de chez nous. La motivation fut vite trouvée pour nous rendre dans ce nouveau coin à découvrir.

Notre visite s’est faite en deux fois : la première fois, début septembre, dans la plaine car nous avons bénéficié d’une visite guidée de la ligne XYZ. Mais avec la chaleur écrasante de l’époque et la longueur de la visite, nous avions renoncé à grimper jusqu’au château le même jour. C’est par une belle journée d’octobre avec des températures plus agréables bien qu’encore estivales que nous sommes partis à la découverte du village d’Almenara.

Vue d’Almenara depuis le chemin menant au château

Le village d’Almenara n’est pas le plus pittoresque de la région mais il subsiste un petit patrimoine historique comme l’église paroissiale du XVIIIe siècle, un reste de muraille du XVIe siècle ainsi que l’ancien lavoir.

Le nom Almenara est directement tiré de l’arabe Al-manara et signifie tour de garde, en référence aux deux tours de garde, encore bien conservée, qui entouraient le château.

Une des tours de garde qui servait à la surveillance de la plaine côtière
Le château

Vous commencez à avoir l’habitude de notre petite grimpette du jour. Almenara ne déroge pas à la règle puisqu’elle aussi possède sa colline avec son château. La montée est facile et accessible à tous, il faut toutefois se munir de bonnes chaussures! Le sentier traverse un superbe maquis méditerranéen. La veille de notre balade, il a plu toute la journée, la végétation était donc bien verte.

En chemin, nous croisons une petite grotte de chauves-souris mais comme nous sommes en journée, elles dorment et nous ne nous attardons pas afin de ne pas les déranger.

Le château date du Xe siècle et a été construit sur d’anciens restes romains. Après la conquête de Jaime Ier (le fameux!), il fut rattaché au royaume d’Aragon puis peu à peu laissé à l’abandon d’où un état de conservation déplorable. Les deux tours de gardes sont, quant à elles, bien conservées.

La vue de ouf!

Si nous avons pris la peine de grimper jusqu’au château, c’est quand même pour la vue sur la Huerta et la Sierra de Espadan. Mais nous ne nous attendions pas à quelque-chose d’aussi grandiose! Il faut dire que le temps est splendide, la végétation bien verte et la mer Méditerranée a une couleur incroyable qui n’a rien à envier à la mer des Caraïbes!

En chemin, nous avons découvert quelques vestiges dont nous soupçonnons fortement qu’ils nous viennent tout droit de la guerre civile, la ligne XYZ passant dans le coin.

Estanys
Il y a comme un petit air de sud-est asiatique, n’est-ce-pas?

Estany en Valencien signifie étang. Effectivement, il y a trois lagunes d’eau douce classées parc naturel, vestiges d’une ancienne grande zone humide qui couvrait toute la plaine côtière avant l’arrivée des cultures. Elles se situent entre le village d’Almenara et la mer Méditerranée. Le coin ressemble plus aux plaines cambodgiennes qu’à la côte méditerranéenne espagnole. Une fois n’est pas coutume, nous avons une bonne nouvelle concernant cette petite réserve : le niveau de l’eau n’a jamais été aussi élevé en été depuis 25 ans! Ceci grâce à des militants écolos de la région qui ont convaincu les agriculteurs de diminuer les cultures intensives dans la plaine et de ne pas pomper l’eau des lagunes pour l’arrosage des champs. Le pari est réussi et nous en sommes évidemment ravis! Le mouvement écologique prend de plus en plus d’ampleur en Espagne et ses membres commencent vraiment à être pris au sérieux. Une petite victoire qu’il vaut la peine de souligner.

Marjal de los Ullals

C’est une grande zone humide couvrant 1486 hectares dont font partie les Estanys. C’est exactement le même environnement que la Marjal del Morro près de Puçol. Ici aussi les écologistes ont réussi leur pari de garder un niveau d’eau assez élevé pour l’été. En hiver, pendant les jours pluvieux, il n’est pas rare que la plaine soit inondée.

Ligne XYZ

Si nous avons fait tout ce chemin depuis le village jusqu’à la Marjal, ce n’est pas uniquement pour la beauté du paysage. Quoique, il vaudrait la peine de ne venir que pour ça. On y trouve également quelques vestiges de la fameuse ligne XYZ. Lors de notre précédent article mentionnant cette ligne, certains d’entre vous vous êtes étonnés de son nom. Donc, oui, XYZ c’est bien son vrai nom! Mais pourquoi ce nom? Car ce sont les trois dernières lettres de l’alphabet et après, il n’y a plus rien. Et c’est vrai, c’était la dernière ligne où les Républicains défendaient la ville de Valence, devenue capitale d’Espagne depuis la chute de Madrid au mains des Franquistes. La Communauté Valencienne étant la dernière région a avoir résisté à l’assaut des Nationalistes. Pour y accéder, il faut se rendre au centre d’interprétation de la ligne XYZ située près des Estanys et demander une visite guidée. N’essayez pas de vous y rendre tout seul, vous ne trouverez pas les vestiges cachés au milieu de la végétation de la réserve! Surtout que la balade est gratuite et très intéressante. Il faut juste comprendre le castillan ou le valencien. Le seul petit hic, c’est que les historiens galèrent à trouver des archives fiables sur le sujet dans la région car tout ce qui avait trait aux Républicains a été détruit ou brûlé sur ordre du Général Franco après la guerre. Ils se basent donc sur les récits des anciens combattants ou de leurs descendants et, bien sûr, toutes les histoires ne sont pas vérifiables.

La construction de la ligne a été commencée durant l’été 1938 et a été terminée en 3 semaines. Une vraie prouesse car les travaux s’effectuaient principalement de nuit afin de ne pas attirer l’attention de l’ennemi. Les conditions de travail étaient difficiles. C’est une zone humide, inondable, les températures grimpent facilement jusqu’à 40 degrés et les moustiques prolifèrent. Beaucoup d’ouvriers moururent du paludisme, ce qui peut paraître fou aujourd’hui mais pas à l’époque. La maladie n’a été éradiquée d’Espagne qu’en 1964. Mais une ligne de défense dans les marécages n’a pas que des inconvénients. Les bâtiments se fondent dans la végétation et sont pratiquement indétectables vus d’avion. C’est grâce à ce flou géographique que les Républicains réussirent à maintenir le front de guerre quelques kilomètres plus au nord laissant la localité d’Almenara relativement paisible pendant les périodes de combats.

Après 3 heures de visite, il commence à faire chaud, la fatigue se fait sentir et le cerveau de Van commence à saturer à force de se concentrer sur les explications en castillan. Mais la balade s’achève en beauté sur la Belle Bleue!

Voilà encore un petit trésor valencien que nous venons de découvrir. Almenara a le mérite de mixer culture et nature, c’est exactement ce que nous aimons!

Petite spoiler alert!

Souvenez-vous, dans notre article sur Séville, nous avons glissé un indice sur notre retraite hivernale! Vous avez été plusieurs à jouer le jeu de la devinette, certains d’entre vous ont même essayé de lire entre les lignes ou d’interpréter nos propos afin d’essayer de trouver notre destination. En fait, il fallait juste observer les photos. L’indice qu’il fallait trouver est celui-là :

Bravo à notre ami Seb qui a été le premier à trouver la réponse! Si la situation sanitaire le permet, nous devrions partir pour Tenerife le 28 octobre. La tendance actuelle est plutôt d’instaurer un couvre-feu nocturne donc nous avons bon espoir de pouvoir nous y rendre. Nous avons avancé notre programme d’un mois car avec la Covid qui joue les trouble-fêtes nous avons préféré anticiper un éventuel reconfinement. Vu l’actualité, nous avons renoncé à quitter l’Espagne pour ne pas nous retrouver avec des problèmes de visa comme ça a fini par être le cas en Malaisie. De toute façon, Tenerife est une île que nous ne connaissons pas du tout et c’est un coin où nous n’aurions pas forcément pensé à y aller en d’autres circonstances.

Santa Pola

Etre backpacker en Espagne, ce n’est pas impossible mais c’est un peu la galère pour trouver un logement dans notre budget. Il faut anticiper et bien comparer les prix. Le système de « partir à l’arrache » comme en Asie ou en Amérique du Sud ne fonctionne pas en Europe à moins d’avoir un budget illimité. Nos recherches nous ont mené dans la petite ville côtière de Santa Pola, un coin dont nous n’avions jamais entendu parler. Mais comme ça se situe en bord de mer, nous n’avons pas hésité à tenter le coup.

Les salines à Santa Pola

Santa Pola est une petite ville côtière et une station balnéaire au sud d’Alicante située sur un petit cap. C’est un fief de retraités anglais et scandinaves dont la plupart y possède une résidence secondaire afin de profiter du climat clément du sud de l’Espagne toute l’année.

Château-forteresse de Santa Pola

C’est vraiment le seul site digne d’intérêt dans la ville de Santa Pola. Cette forteresse, en très bon état de conservation, fut construite dès 1557. Des ingénieurs italiens ont été engagés pour les travaux afin de donner à l’édifice un style Renaissance. Le but du château était de protéger les marins des attaques de pirates très courantes à l’époque.

Patio de Armas

C’est la cour intérieure du château qui fait office de place centrale de la ville. Aujourd’hui, on y trouve le musée de la mer ainsi que quelques salles municipales. La cour sert également de lieu pour les évènements culturels (hors Covid, bien sûr!). Au centre du patio, se trouve l’emblème de la ville de Santa Pola.

Côté mer…

Si Santa Pola n’offre que très peu d’intérêt côté ville, elle se rattrape un peu côté mer. La ville est située sur un cap et possède 13 kilomètres de côtes.

Le port de pêche

La pêche est la principale économie de la ville et emploie 8,3% de la population. C’est une tradition qui remonte à l’époque romaine pour connaître son apogée dans les années 1980 quand Santa Pola possédait la plus grande flotte de bateau de pêcheurs de toute la Communauté Valencienne. Aujourd’hui, c’est une activité qui a un peu diminué mais qui reste essentielle pour la survie d’une partie des habitants de la ville. Une grande variété de poissons et de fruits de mer y est pêchée chaque jour avant d’être vendue au marché attenant au port. Il faut venir aux aurores pour assister à la criée, mais comme nous ne sommes pas du matin et que nous ignorions que ça existait, nous l’avons loupée. Nous avons, en revanche, assisté, dans la torpeur d’un chaud après-midi d’arrière été, à l’entretien des bateaux et des filets.

La marina

Bienvenue dans le quartier chic de Santa Pola conçue pour exaucer tous les désirs des touristes fortunés d’Europe du Nord. En gros, il y a des yachts, des restaurants de poissons surfaits, des bars tout aussi surfaits et des menus écrits en anglais. Vous l’aurez compris, nous ne nous y sommes pas attardés.

Playa de Tamarit

C’est la plage urbaine de Santa Pola située au bout du cap. C’est une des seules plages de la Communauté Valencienne à être située plein sud. Le sable est gris et paraît inesthétique au premier abord mais il est super doux sous la plante des pieds. L’eau, quant à elle, est limpide et grouille de poissons mais elle commence à être vraiment froide et seuls quelques téméraires venus du nord s’adonnent à la baignade. Par contre, les températures restent très estivales pour rester sur le sable.

Playa la Gola

Il suffit de longer la côte en direction du sud sur un bon kilomètres pour arriver sur cette superbe plage complètement sauvage. L’eau n’y est pas plus chaude qu’en ville mais elle reste très belle et cristalline. La plage est protégée par de magnifiques dunes.

Les salines

Les salines de Santa Pola couvrent 2470 hectares et ont été déclarées parc naturel car plusieurs espèces d’oiseaux comme des flamands roses, des cormorans ou encore des grues qui viennent nicher dans les lagunes salées et car il y pousse une espèce unique de végétation capable de vivre dans un environnement très salé. L’activité dans les salines a commencé un peu par hasard au début du XXe siècle. On a d’abord découvert que l’eau de mer avait une forte teneur en sel. Nous confirmons : nous avons été tremper nos gambettes dans la mer et elles en sont ressorties blanches de sel! Puis, grâce au climat semi-aride et très ensoleillé de la région, on a découvert que l’eau s’évaporait rapidement laissant des montagnes de sel. Avec la pêche, l’extraction de sel est une de principales activités économiques de la ville.

Non, ce blanc étincelant n’est PAS de la neige!

C’est une montagne de sel qui a été extrait des salines et qui est prêt à être conditionné pour atterrir dans nos plats ou sur des routes enneigées. Avec tout ce sel, l’air ambiant est vraiment très iodé. Un bon remède pour nos bronches mises à mal par le climat semi-aride du sud de l’Espagne.

Casamatas

Lors de notre balade dans les salines, nous sommes tombés complètement par hasard sur ces vestiges de la Guerre Civile Espagnole. Ces petits édifices en béton armés servaient principalement à l’observation du littoral et de l’espace aérien. Ils sont restés en très bon état car, selon les services secrets de Franco, la région n’avait rien de stratégique et la zone n’a pas été bombardée.

Faro de Santa Pola

Lors de notre pause estivale à Alicante en 2021, nous avons été découvrir le nord du Cap de Santa Pola que nous avons zappé lors de notre premier passage dans la station balnéaire en septembre 2020. Il y a un petit phare sur un promontoire rocheux, à 3,5 kilomètres du centre de Santa Pola, accessible en marchant dans une petite garrigue depuis la localité de Gran Alacant, sur la ligne de bus Alicante – Santa Pola. Il a été construit en 1858 et domine toute la baie d’Alicante ainsi que la huerta d’Elche. La particularité de ce rocher est qu’il ne se jette pas dans la mer mais surplombe une petite plaine côtière bordée par des dunes et de superbes plages. Il y a un mirador pour observer la superbe vue mais nous vous le déconseillons si vous souffrez de vertige : la passerelle s’avance un peu dans le vide et le sol est grillagé, donc vous pouvez voir le vide sous vos pieds. Mais il est possible de profiter du site sans passer par la passerelle.

Le petit îlot que nous apercevons au large, c’est l’île de Tabarca, la plus grande île de la Communauté Valencienne et la seule à être habitée. (51 habitants quand même!) En gros, les autres îles de la région sont de simples rochers émergeant de la mer. Elle est accessible en bateau d’Alicante ou de Santa Pola et elle est surtout connue pour ses eaux transparente et sa réserve marine.

Clot de Galvany

En descendant de la colline du phare en direction du nord, nous avons aperçu de petits étangs au milieu du maquis ressemblant étrangement à des zones humides. Il nous fallait absolument voir ça de plus près! En fait, il y a en tout cinq étangs d’eau douce alimentés par l’eau de pluie en automne et en hiver. C’est un sanctuaire à oiseaux comme des canards, des poules d’eau, des grues, des flamands roses, etc… Une grande boucle de 4 kilomètres en fait le tour (et nous qui pensions que c’était tout petit!). Le chemin est facile et, sauf pour monter à certains miradors, c’est tout plat. Avec les complexes touristiques de Gran Alacant et d’Arenas del Sol tout proches, nous ne nous attendions absolument pas à trouver autant de nature dans le coin!

Sur le chemin, nous croisons quelques casamatas. Le clot de Galvany se trouve exactement sur l’ancienne ligne de défense républicaine de la ville d’Alicante durant la Guerre Civile.

Les dunes

Il y a tout un système de dunes mobiles, c’est à dire constituées entièrement de sable et qui changent au gré du vent. Elles abritent la superbe plage de Arenas del Sol. Malgré la haute fréquentation du mois d’août, nous avons eu vrai coup de cœur et n’avons pas pu nous empêcher de nous tremper dans les eaux dignes d’une mer des Caraïbes afin d’en tester la température. Verdict : l’eau est super bonne même pour Van la frileuse!

Nous ne nous attendions vraiment à rien de Santa Pola. Finalement, ce sera une étape vraiment sympa et une grosse surprise pour les espaces naturels. Nous nous sommes cultivés sur l’extraction du sel et avons bien profité des températures estivales au bord de la mer. C’est très bien pour des vacances balnéaires en famille et si la culture vous manque, Alicante et Elche ne sont vraiment pas loin.

Elche et sa palmeraie

Ce qu’il y a de bien avec Alicante, c’est qu’elle est située dans une région où il y a une multitude de choses à découvrir. Il suffit de prendre le train! Mais pour ça, il faut se rendre à la gare. Comme nous ne logeons pas directement au centre-ville, nous nous rendons à la petite halte de San Gabriel au sud du centre-ville plus proche qu’Alicante Terminal, la gare centrale. Nous n’avons pas pour habitude de vous parler des gares, surtout qu’en Espagne elle sont, en général, peu dignes d’intérêt mais quand celle-ci est située en bord de mer, ça vaut le coup d’œil!

Notre but du jour est de nous rendre à Elche, accessible en 15 minutes d’Alicante avec le Cercanias (le TER ou S-Bahn espagnol).

Tour de la Calahorra avec ses fenêtres d’architecture islamique (XIIIe siècle)

Nous avons trouvé Alicante très calme. Elche, c’est cent fois plus tranquille! C’est quand même en partie à cause de la pandémie. Pourtant, c’est la troisième ville de toute la Communauté Valencienne! Si vous aimez les villes dynamiques pour faire la fête, passez votre chemin! Par contre, si vous êtes férus d’histoire et fascinés par les Mille et Une Nuits, foncez!

l’Ayuntamiento (la mairie) d’Elche

Centre historique

Ici, il saute au yeux que le sud de la péninsule ibérique a un passé arabe! L’architecture islamique y est encore très présente! Certaines places nous ramènent au Maroc. Pourtant, la ville a un passé très multiculturel. Ce sont les Ibères qui les premiers s’y sont installé, suivi des Carthaginois, des Romains, des Wisigoths, des Arabes et enfin des Castillans. Vu l’ambiance du centre-ville, nous sentons que nous nous sommes rapprochés un peu de l’Andalousie.

La Dame d’Elche

A notre arrivée dans le centre historique, nous sommes accueillis par une femme au look particulier, la Dame d’Elche. Ce n’est pas une personnalité connue mais juste une sculpture. Mais pas n’importe laquelle! C’est sûrement l’œuvre d’art hispanique la plus ancienne (Ve siècle avant J-C). Cette statue haute de 56 centimètres a été découverte en très bon état de conservation sur le site romain d’Elche, à deux kilomètres du centre-ville. Il y a une cavité dans le buste qui servait probablement a y introduire des reliques, des objets sacrés ou des offrandes. L’œuvre originale se trouve au musée archéologique national de Madrid mais on peut observer des reproductions dans le centre-ville et au musée archéologique local.

Le Mystère d’Elche
Sculpture représentant un acte de la pièce du Mystère d’Elche

Le Mystère d’Elche, ou Festa, est une représentation théâtrale qui se tient chaque année au mois d’août dans la basilique. Elle se joue en valencien et en latin. Elle a été créée au XIIIe ou XVe siècle (tout le monde n’arrive pas à se mettre d’accord sur la date d’origine) et possédait des droits spéciaux car, selon le Concile de Trente, il était interdit de jouer une pièce de théâtre dans des églises. Chaque personnage était incarné par des hommes car il était interdit, à l’époque, aux femmes de prendre part à des représentations de ce genre. Cette pièce est unique en son genre car elle a été jouée sans interruption depuis sa création au Moyen-Age jusqu’à aujourd’hui. Elle a même eu lieu en cette année de pandémie, mais, évidemment, sous des conditions particulières. Grâce à son histoire et son caractère uniques, elle figure sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO.

La basilique Santa Maria

L’histoire se répète, la basilique a été construite sur les ruines de l’ancienne mosquée. La première église chrétienne, de style gothique, a été construite en 1265 lors de la conquête de la ville par Jaime I (oui, encore lui!) Le bâtiment actuel date des XVIIe et XVIIIe siècles et est de style baroque espagnol. Pour être francs, nous n’avions pas vraiment capté l’architecture baroque car, à part pour le portail sur la façade d’entrée, la basilique est plutôt sobre et de style bien médiéval. Rien à voir avec Vienne ou les villes italiennes où le baroque est beaucoup plus chargé.

Palais d’Altamira

La première partie du palais a été construite par les Arabes dès les XIIe siècle. Ensuite, il fut agrandi au XVe siècle par Guttiere de Cardenas, le premier seigneur catholique de la ville qui en fit sa résidence principale. Pendant la Guerre Civile Espagnole, il a été utilisé comme camp de concentration pour Républicains. Elche, comme sa voisine Alicante et toute la Communauté Valencienne, a été une résistante républicaine jusqu’à la victoire des Franquistes.

Le musée archéologique

Il se trouve à l’intérieur du palais d’Altamira et couvre toutes les époques depuis la période Ibérique. Les vestiges proviennent de diverses fouilles archéologiques situées dans les alentours d’Elche. Il est intéressant sans être trop pompeux. Il vaut la peine d’y jeter un coup d’œil surtout que l’entrée est gratuite! Nous ne l’avons pas mentionné dans nos précédents articles (ouh les vilains!) mais l’accès à la culture est très facile et peu couteux en Espagne. Pour l’instant, nous n’avons pas déboursé un centime pour une visite culturelle, un musée, un site archéologique, un château, etc…. Voilà, il valait la peine de le préciser.

Un des intérêts du musée est de pouvoir découvrir la cour intérieure du palais d’Altamira. On peut même y apercevoir les vestiges d’un ancien aqueduc romain!

Les remparts
La palmeraie qui déborde sur le palais d’Altamira

Le clou de la visite reste la balade sur les remparts supérieurs du palais d’Altamira. De là, il y a une superbe vue sur le centre-ville, la basilique Santa Maria et la palmeraie.

La palmeraie

C’est la raison principale de notre trip à Elche, même si le centre historique mérite à lui seul la visite. Avec ses 500 hectares, c’est la plus grande palmeraie d’Europe et même une des plus grandes du monde. Elle possède plus de 200’000 palmiers de plusieurs espèces mais aussi des cactus, des rosiers, des citronniers et d’autres espèces tropicales. Ce sont les Carthaginois qui trouvèrent un terrain propice à la culture du palmier-dattier, le climat de la région étant semi-aride. Les Romains qui arrivèrent par après y prirent bien soin. Les Arabes agrandirent la plantation et y installèrent un système d’irrigation. Depuis le Moyen-Age, la palmeraie fait l’objet de diverses lois de protection. Finalement, en 2000, l’UNESCO la met sur sa liste du patrimoine mondial. Nous avons adoré déambuler à travers les différentes espèces de palmiers. Nous ne nous y connaissons rien mais nous vouons un culte à ces arbres juste parce qu’ils nous rappellent le soleil et les climats chauds.

Aujourd’hui, la culture de dattes est plutôt modeste. La palmeraie a plutôt un intérêt touristique et paysager. D’ailleurs, le parc a été aménagé avec des fontaines, des bancs, des étangs, etc tout en gardant le style arabisant typique du sud de l’Espagne. L’effet est plutôt réussi, nous arrivons presque à croire que nous sommes en Afrique du Nord.

Elche vaut vraiment la peine qu’on lui consacre un peu de temps, et pas uniquement pour la palmeraie! Elle n’est située qu’à une petite vingtaine de kilomètres d’Alicante et est super accessible que ce soit par la route ou par le rail. Une journée de visite suffit amplement même en prenant tout son temps.

Pour la suite, nous allons nous rapprocher de la côte pour découvrir d’autres facettes du sud de la Communauté Valencienne.

Alicante et sa citadelle

Il y a fort longtemps, Fab fit une promesse à Van : « Un jour, je t’emmènerai à Alicante. » C’était même bien avant que nous sortions ensemble. Et c’est le genre de promesse que Van n’oublie pas! Il était donc temps que Fab honore sa parole et emmène Van à la découverte de ce nouveau coin.

Vue du château sur la Costa Blanca en direction du nord

Nous profitons donc des billets dégriffés de la RENFE (les chemins de fer espagnols) afin de nous rendre à Alicante et en moins de deux heures de train, nous y sommes. C’est la deuxième ville de la Communauté Valencienne, après Valence mais l’atmosphère y est totalement différente. Alicante est beaucoup plus tranquille, plus provinciale, plus italienne aussi grâce à la diaspora transalpine très présente en ville.

Le centre historique est assez petit et il faut bien chercher pour admirer quelques bâtiments intéressants car les années 1960-1970 et leur massacre architectural ont malheureusement passé par là.

Basilique Santa Maria

Située au pied du château, c’est l’église la plus ancienne d’Alicante. Elle a été construite entre les XIVe et XVIe siècles sur les restes de l’ancienne mosquée principale de la ville. Elle est de style gothique mais on remarque bien que les fioritures baroques de la façade ont été rajoutées par après (sûrement au XVIIIe siècle). Durant la Guerre Civile Espagnole, elle a été utilisée comme arsenal militaire, ce qui ne l’a pourtant pas mise à l’abri des déprédations.

Cathédrale St-Nicolas de Bari

Ici, il est plus facile d’apercevoir les traces de l’ancienne mosquée sur laquelle la cathédrale a été construite. Il reste un carré central avec une coupole. Elle a été construite au XVIIe siècle dans un style Renaissance tardif et on peut également voir quelques vestiges du baroque balbutiant de l’époque. Son nom proviendrait des fresques à l’intérieur sur lesquels apparaît Nicolas de Bari. Pour une église de cette importance, nous la trouvons particulièrement sobre.

L’intérieur paraît, au premier abord, tout aussi sobre que l’extérieur. Mais ce n’est qu’une impression. Très vite, apparaissent des détails richement décorés.

Quartier de Santa Cruz

Adossé à la colline Benancatil, au pied du château de Santa Barbara, Santa Cruz est le quartier médiéval d’Alicante. L’ambiance en ville est déjà relativement tranquille mais ici, le temps s’est carrément arrêté. Pas de bruit, pas de voitures, juste quelques habitants qui vaquent à leurs occupations dans leurs superbes petites maisons blanchies à la chaux. C’est une balade incontournable lors d’un passage à Alicante!

Ermitage de Santa Cruz

Au dessus du quartier du même nom, se trouve le petit mais mignon ermitage de Santa Cruz qui date de la fin du XVIIIe siècle. On y accède par quelques escaliers mais la montée n’a rien de bien méchant.

Même si nous ne sommes pas montés bien haut, nous pouvons déjà jouir d’une jolie vue sur Alicante et son château.

Château Santa Barbara

Là, c’est déjà du promontoire rocheux de ouf! Ils ont bien dû s’amuser à construire le château dessus à l’époque. Mais c’était une bonne stratégie de défense car le mont Benacantil (c’est le nom du promontoire rocheux) est vraiment escarpé, difficile d’accès et culmine à 169 mètres au dessus de la mer. D’ailleurs le nom est dérivé de l’arabe et signifie plus ou moins « la pointe d’Alicante ».

Evidemment que monter au château se mérite, surtout qu’un panneau au début du chemin nous annonce une déclivité de 20%! Mais nos mollets adorent ce genre de petite grimpette! Il existe des ascenseurs à l’intérieur de la roche pour les personnes à mobilité réduite (aux dernières nouvelles, il ne serait pas en service pour cause de Covid-19) mais pour nous, l’intérêt est de marcher. Assez vite, nous nous trouvons à longer les murailles qui descendent presque jusqu’à la mer et nous pouvons avoir un petit aperçu de la vue qui nous attend au sommet.

Nous en avons vu des châteaux en Espagne mais celui-là, c’est du niveau de compétition et mérite amplement l’effort fourni pour monter jusqu’à lui! Le château de Santa Barbara (rien à voir avec une série pourrie des années 1980) doit son nom à Sainte-Barbe, une martyre qui aurait vécu au IIIe siècle en Anatolie et qui a choisi la voie du Christ plutôt qu’un mariage arrangé par son père et qui a été torturée, puis tuée pour cela. La prise du château par les Castillans date du 4 décembre 1248, jour de la Sainte-Barbe pour les catholiques, d’où son nom.

La colline a été occupée dès l’Age de Bronze, ce qui n’est guère étonnant vu l’emplacement du promontoire rocheux. Quant à l’histoire du château, elle remonte au IXe siècle, en pleine période musulmane. Les Castillans sont arrivés en 1248 sous les ordres du futur roi Alphonse X avant de laisser la place aux Aragonais de Jacques II d’Aragon ( le fils de notre fameux Jaime Ier!) en 1296. C’est à cette période qu’il fut agrandi. Il a même été anglais durant 3 ans, puis bombardé par les Français pendant la guerre de Succession d’Espagne dont l’enjeu était le trône d’Espagne après la mort, sans héritier, du roi Charles II. Evidemment que plusieurs puissances européennes de l’époque étaient intéressées à gouverner le territoire espagnol! Il a servi de prison pendant la Guerre Civile Espagnole avant d’être définitivement abandonné. Il a rouvert ses portes en 1963 dans un but purement touristique et culturel.

L’intérieur

Le château étant relativement bien conservé, il est possible de visiter les quelques salles qui restent. C’est une petite oasis de fraîcheur bienvenue car, même si nous sommes en automne, le matin, les températures atteignent allègrement les 30 degrés, ce qui n’est, évidemment, pas pour nous déplaire! A l’intérieur, se trouvent les armoiries des différentes familles influentes du château, des drapeaux ainsi que quelques toiles.

Il vaut vraiment la peine de monter au château, il est vraiment superbe, bien conservé et en plus, l’entrée est gratuite!

La vue

Déjà, lors de la montée la vue promettait d’être belle et la promesse a bel et bien été tenue! Depuis le château, nous avons une magnifique vue sur Alicante au sud, la cathédrale, la marina, la plage, la mer Méditerranée à l’est, et la cordillère bétique à l’ouest. Le coin nous rappelle un peu la montée à la Kasbah d’Agadir.

Château San Fernando

Il en jette moins que son grand frère le château de Santa Barbara! Il est bien plus récent également. Pourtant, son histoire est quand même très intéressante. Il a été construit en 1813 sur le mont Tossal durant la Guerre d’Indépendance contre les Français afin de renforcer la défense du château de Santa Barbara. En 1939, lors de la prise de la ville par les Franquistes, la forteresse a été utilisée comme camp de concentration pour loger la grande quantité de Républicains faits prisonniers. Pour rappel, la Communauté Valencienne est restée républicaine jusqu’au bout! Nous n’avons malheureusement pas pu accéder à l’intérieur des murailles car le site est fermé pour cause de travaux mais nous avons tout de même pu observer la vue sur le nord d’Alicante et Santa Barbara.

Côté mer

Alicante se trouve directement sur les rives de la Méditerranée et est partiellement tournée vers elle. L’ambiance se fait beaucoup plus chic, la présence de la marina n’y est pas pour rien. C’est ici que se pressent le peu de touristes que compte la ville. Hors Covid, vous pensez bien que le coin est beaucoup plus touristique!

La plage El Postiguet

Nous sommes loin des plages de rêve mais Alicante peut se targuer d’avoir une plage en plein centre-ville pas trop pourrie. Le coin vaut plus le détour pour la vue sur le mont Benacantil et le château que pour la baignade même si les températures encore très estivales incitent à faire trempette.

L’Esplanade d’Espagne

C’est sûrement le coin le plus connu d’Alicante. C’est une promenade en bord de mer longue de 500 mètres bordée de palmiers. Elle date de la première moitié du XXe siècle et son sol a été recouvert avec plus de six millions et demi de mosaïques de couleurs rouge, bleue et blanche formant un dessin de vagues géantes. Avec la crise de la Covid-19, la promenade est presque vide. C’est cool pour nos photos mais c’est catastrophique pour le tourisme en Espagne qui, en temps normal, compte, en septembre, pas mal de ressortissants d’Europe du Nord venus chercher un peu de douceur d’arrière-été méditerranéen.

En continuant notre balade en direction du nord, nous arrivons dans un coin un peu moins urbanisé. C’est notre endroit préféré d’Alicante avec sa plage sauvage de galets surplombée par la colline de la Serra Grossa.

En général, les vacanciers passent par Alicante juste pour se rendre dans les stations balnéaires de la Costa Blanca sans s’y arrêter. C’est bien dommage car la ville a plus à offrir qu’un aéroport. Donc n’hésitez pas à vous y arrêter si vous passez dans le coin surtout qu’une grosse journée de visite suffit amplement si vous n’êtes pas des escargots qui aiment prendre leur temps comme nous.

Maintenant, Fab sait qu’il ne doit pas lancer des promesses en l’air, surtout celles qui concernent les voyages! Mais puisque nous sommes dans le coin, nous allons profiter pour aller explorer les alentours au gré de nos envies et des opportunités.

Albufera de Valencia, une zone humide de grande importance

Lors de nos incessantes recherches de coins naturels, nous avons découvert, sur la carte, une grande étendue bleue et verte à proximité de Valence appelée Albufera qui est un mot dérivé de l’arabe signifiant « petite mer ». Le lieu est en plus facilement accessible avec le bus urbain de la ville de Valence. Il ne nous a pas fallu plus d’arguments pour y foncer!

El Palmar

Notre exploration commence par la petite bourgade de El Palmar. C’est une petite localité qui fait partie de la ville de Valence mais l’ambiance y est beaucoup plus tranquille même si nous sommes à peine à 10 kilomètres du centre-ville. Le village est entouré de canaux qui permettent l’accès à l’étang de l’Albufera en barque donnant au lieu un petit air de Venise, en un peu moins pittoresque quand même. Mais il ne faut pas se fier à cette sensation de tranquillité et de bout du monde, le coin est hyper connu dans toute l’Espagne. C’est ici que se mange la seule, la vraie et l’unique paella! Oui, la paella est originaire de Valence et de nulle part ailleurs! Mais c’est un mets tellement cool que toute l’Espagne s’est mise d’accord pour en faire LE plat national! (Oui, même les plus indépendantistes comme la Catalogne et le Pays Basque!) C’est vrai que c’est bien plus glamour et vendeur que la fabada, la soupe de fèves de Castille. (mais la Castille a un hiver rigoureux qui justifie ce genre de plat roboratif). A El Palmar, il y a d’ailleurs plus « d’arrocerias » (restaurants dont la spécialité est la paella ainsi que d’autres plats à base de riz) que d’habitants.

Pour la petite anecdote culinaire, il n’existe qu’une seule paella qu’on peut nommer comme telle! C’est celle qui est élaborée avec du lapin et les haricots plats et c’est tout! Les autres ont juste le droit à la dénomination « arroz con cosas », du riz avec des choses…

La barraca

Ces petites maisons blanches bien sympathiques sont typiques de la Huerta de Valence. Leur toit triangulaire et bien pentu sert à évacuer l’eau rapidement en cas de fortes précipitations. Les propriétaires de ces « barracas » sont en général des pêcheurs ou des agriculteurs. La famille vit en général au rez de chaussée où se trouvent la cuisine, le séjour et les chambres tandis que l’étage supérieur est, en principe, dédié à l’élevage de vers à soie.

La culture du riz

Si on vient des quatre coins de l’Espagne et même de plus loin pour venir manger la paella ou autres plats de riz à El Palmar, ce n’est pas un hasard. L’environnement humide de l’Albufera est propice à la culture du riz. La Communauté Valencienne est d’ailleurs le plus gros et le plus ancien producteur de riz en Espagne même s’il existe quelques rizières en Catalogne et en Andalousie. L’Espagne est le deuxième producteur européen de riz, derrière l’Italie. Cette céréale a été importée par les Arabes au VIIIe siècle et à même fait l’objet d’une prohibition au XIIIe siècle car sa culture dans les zones humides était responsable du paludisme chez une bonne partie de la population. Elle fut finalement réhabilitée au XVe siècle mais sous des conditions très strictes. Pratiquement toutes les sortes de riz y sont cultivées mais le plus courant, celui utilisé pour la paella, est le riz bomba très absorbant. L’ayant testé, nous pouvons confirmer qu’il est parfait pour un bon risotto bien italien et pas du tout valencien! (#on ne mérite pas notre passeport espagnol)

Les rizières sont irriguées grâce à des canaux directement reliés à l’étang de l’Albufera. D’ailleurs, les paysages nous rappellent plus le delta du Mékong au Vietnam que le sud de l’Espagne!

Voilà, ça c’était l’aspect culturel de l’Albufera, nous allons maintenant vous emmener au cœur de la réserve à travers les pinèdes bien méditerranéennes avec de magnifiques pins d’Alep qui nous donnent une petite ombre bienvenue.

L’étang de l’Albufera

C’est le point d’orgue de la réserve. C’est une lagune d’eau douce de 2100 hectares qui a été formée par les sédiments des fleuves Turia (avant son détournement bien sûr, c’était il y a des milliers d’années!) et Jucar. C’est grâce à sa présence qu’il est possible de cultiver du riz. Le parc naturel comprend également d’autres étangs ou lagunes, des pinèdes et des dunes sur une surface totale de plus de 21’000 hectares. Seule une partie du site est accessible, le reste est laissé à l’état sauvage afin de garantir un havre de paix pour les animaux.

Un héron s’est glissé sur certaines de nos photos, sauriez-vous le retrouver?

Les lagunes d’El Raco de l’Olla

Il faut passer par le centre d’interprétation du parc pour y accéder. C’est gratuit, le bus urbain vous y pose juste devant et il vaut la peine de s’y arrêter quelques minutes pour lire les panneaux explicatifs. Il vaut également la peine de monter sur le toit afin d’admirer la vue sur les étangs et sur la plaine de l’Albufera en général.

Contrairement à l’étang de l’Albufera, ces lagunes sont d’origine marine. L’eau y est donc salée mais pleine de micro organismes, de quoi nourrir les échassiers qui peuplent leurs rives. Certaines espèces y vivent toute l’année et profitent du calme estival pour faire leur nid et se reproduire. C’est également une aire de repos pour les oiseaux migrateurs. Au printemps, ils s’y reposent en revenant d’Afrique avant de s’envoler pour l’Europe centrale ou du nord, tandis qu’en automne, il s’y arrêtent avant d’entamer la traversée du détroit de Gibraltar situé plus au sud.

Certains spécimens se sont invités, de loin, sur nos photos, sauriez-vous en reconnaître quelques-uns?

Les dunes

Une autre particularité de la réserve, ce sont les dunes. Ce sont des dunes dites « fixes » car elles sont de formation rocheuse et ne se détruisent pas au premier coup de vent. Les dunes formées uniquement de sable sont appelées « dunes mobiles », mais il n’y en a pas dans l’Albufera. Elles mesurent en moyenne 6 mètres de haut.

Et que trouve-t-on derrière les dunes? La plage pardi! Bon ce n’est pas la plage de rêve au sable fin mais elle est vraiment sauvage et il n’y a que très peu de monde.

Etang d’El Pujol

Cet étang n’est pas naturel mais il n’était pas vraiment prévu non plus. Dans les années 1960-1970, la zone a été choisie pour abriter un grand complexe sportif car l’urbanisation de Valence était censée se développer dans l’Albufera. Les travaux avaient même commencé mais ont dû cesser sous la pression populaire qui voulait conserver cet espace naturel. Les excavations ont fini par se remplir d’eau et c’est ainsi que cet étang a vu le jour. Aujourd’hui, c’est un sanctuaire pour les mouettes.

Ce genre de réserve naturelle est notre lot de consolation d’avoir dû rentrer en Europe. C’est quand même sur le Vieux Continent que la conscience écologique est la plus grande et où les sites naturels sont les mieux gérés.

El Perello

Nous décidons cette fois d’explorer la partie sud de l’Albufera. Pour ce faire, nous partons depuis la petite localité d’El Perello accessible avec le bus urbain de Valence même s’il faut compter une bonne heure de trajet pour s’y rendre. La balade est facile, c’est tout plat mais, malgré une agréable brise marine, elle se trouve en plein cagnard donc il faut penser à se protéger de la chaleur et du soleil. Nous avons fait la variante à pieds mais c’est également super sympa de le faire à vélo, c’est tout plat, bien indiqué et la ville de Valence possède un système de vélib au top.

Le paysage ressemble beaucoup à El Palmar avec ses rizières à perte de vue et ses canaux d’irrigation, appelés sequias, qui nous font plus penser aux plaines du Cambodge qu’à la côte méditerranéenne. En cette saison (au printemps), les champs sont arides car nous sommes en période de semis mais d’ici quelques semaines, les vannes des canaux seront ouvertes et la plaine sera joliment inondée.

Qui dit printemps dit saison des migrations. Nous avons pu observer des dizaines et des dizaines d’oiseaux, principalement des échassiers comme des grues, des hérons, des cigognes et d’autres espèces inconnues. C’est également la saison des amours et nous avons surpris à plusieurs reprises Monsieur et Madame Colvert batifoler dans les roseaux aux abords des canaux! Nous avons également observé quelques oiseaux rouge-brun qui ressemblent fortement à des ibis. Ce qui nous a semblé un peu surprenant car le climat méditerranéen a beau être tempéré, ce n’est pas une zone tropicale non plus! Notre insatiable curiosité nous a poussé à faire quelques recherches et nous avons découvert que l’Albufera abrite bel et bien une espèce d’ibis! L’ibis falcinelle comme on l’appelle, vit normalement dans les zones tropicales d’Afrique ou d’Australie même si elle niche parfois dans les zones humides de l’est de l’Europe comme le delta du Danube. Dans le sud de l’Espagne, nous avons une petite population de ces oiseaux qui vivent en permanence! En général, ils sont du côté de l’Andalousie mais viennent parfois « prendre le frais » dans notre Albufera.

PS : la photo suivante n’est pas de nous. Nous n’avons pas trouvé de spécimen assez patient pour prendre la pose.

un ibis falcinelle
Muntanyeta dels Sants

Nous avons quand même trouvé un endroit pas trop plat dans l’Albufera! Ce petit promontoire rocheux de 27 mètres sorti de nulle part au milieu de l’immense plaine qui l’entoure abrite une réserve de flore de Méditerranée dont des oliviers et des pins parasols qui nous offrent une ombre bienvenue. Au sommet, se trouve un petit ermitage du XVIIe siècle mais, lors de notre passage, il y avait une cérémonie religieuse et nous n’avons pas voulu déranger cet instant solennel. Ce n’est pas la première fois que nous sommes victimes d’un mauvais timing dans ce genre d’endroit!

Ullal de Baldovi

Le clou du spectacle de l’Albufera reste quand même les étangs. Celui de Baldovi ne déroge pas à la règle. Cet étang de plus de 3000m2 est formé par de l’eau entièrement douce qui provient du sous-sol de la plaine. Petite déception : nous pensions y observer plus d’oiseaux. Apparemment, ils préfèrent les rizières aux plans d’eau en cette saison. Il est sûrement plus facile d’aller chercher des petites bébêtes à manger dans les champs pas encore irrigués.

Nous avons effectué une boucle depuis la localité d’El Perello mais il est également possible, depuis l’ermitage, de continuer sur le village de Sueca où le retour sur Valence se fait en train. Dans les deux cas, la marche se fait en environ 3 heures 30 et il y a des panneaux indicateurs à chaque intersection.

Si vous passez quelques jours à Valence, n’hésitez pas à faire un détour par l’Albufera, au moins pour le Raco de l’Olla. C’est proche du centre-ville, facilement accessible en bus et la balade dans les étangs est très facile (c’est tout plat!) et n’excède pas deux heures de marche. En ce qui nous concerne, nous allons approfondir nos découverte de l’Albufera ainsi que d’autres zones humides de la côte qui nous font déjà de l’œil!

Valencia, troisième ville d’Espagne mais une douceur toute méditerranéenne

Après presque deux mois à vous donner du Valence par-ci et du Valence par là, il est temps que nous vous présentions sommairement notre grande voisine et accessoirement un des endroits où nous passons beaucoup de temps.

Vue de la cathédrale et de la basilique royale depuis l’arrière

Valence, c’est la troisième ville d’Espagne derrière Madrid et Barcelone mais elle possède déjà un caractère beaucoup plus provincial que ses deux grandes sœurs. C’est le plus grand port de conteneurs du pays, devant Barcelone et une grande ville universitaire. D’ailleurs l’ambiance de la ville est très étudiante, très festive et très dynamique. Mais Valence est surtout mondialement connue pour être la capitale de la paella, le plat national espagnol!

Un café valencien sur la Plaza Redonda

Centre historique

Valence ne possède pas le centre historique le plus pittoresque d’Espagne, mais nous trouvons qu’il en jette déjà pas mal. Par sa position géographique au centre de la côte méditerranéenne et par son passé historique multiculturel, Valence nous permet d’observer des vestiges de diverses influences. Nous ne sommes clairement plus en Catalogne mais pas encore en Andalousie. Pourtant, quelques places nous rappellent le Barri Gotic de Barcelone ou la vieille-ville de Tarragone et la langue valencienne, dérivée du catalan, nous rappelle que les Catalans ont participé à la conquête du Royaume de Valence au côté de l’aragonais Jaime I. Mais, certaines mosaïques et l’architecture d’inspiration islamique même si peu représentée, sont là pour nous rappeler le passé Arabe du sud de la péninsule ibérique. Quant aux bâtiments gothiques, ils sont typiquement valenciens. L’ambiance est bien méditerranéenne, typique d’une ville du sud de l’Europe avec ses ruelles, ses places, ses terrasses, ses orangers et son climat clément. Valencia, et la Communauté Valencienne en générale, fait très bien son job de transition entre le nord catalan et le sud qui fait plus Espagne profonde.

Torres de Serrano

Les Tours de Serrano sont la porte d’entrée du centre historique. Cette énorme porte de style gothique valencien date du XIVe siècle et est restée dans un état de conservation irréprochable. Elles se voient de loin et sont devenues l’emblème de la ville de Valence.

Plaza de la Virgen

C’est le cœur névralgique de la vieille ville. D’ailleurs, elle se trouve sur l’emplacement de l’ancien forum romain. Elle est bordée, entre autres, de la cathédrale, de la basilique royale et du palais de la Communauté Valencienne. En son centre, trône une superbe fontaine de style Renaissance italienne. Ce n’est pas la place la plus pittoresque d’Espagne mais, malgré son emplacement central et son potentiel touristique, elle a su garder une âme et c’est un point de rendez-vous prisé des Valenciens, même s’ils se déplacent ensuite dans des endroits moins connus pour échapper aux touristes et aux prix prohibitifs pratiqués dans le coin.

Cathédrale Ste-Marie

La cathédrale est tellement énorme qu’elle s’étend sur trois places du centre-historique! Comme souvent en Espagne, elle a été construite sur l’emplacement d’une ancienne mosquée. Les premiers travaux commencèrent en 1262 mais des modifications ont eu lieu jusqu’au XVIIIe siècle. L’édifice mélange les architectures mudéjare, romane, gothique valencien et baroque, rien que ça! C’est sûrement la cathédrale la plus stylée du pays! (OK, après celle de Séville!) En tout cas, nous on adore!

La Lonja de la Seda

Voilà un bel exemple de gothique valencien! D’ailleurs, le bâtiment est tellement ouf que l’UNESCO l’a inscrit sur sa liste du patrimoine mondial! Il a été construit à la fin du XVe siècle et abritait la bourse du commerce. C’était censé représenter la puissance économique de Valence à l’époque.

Le marché central

C’est vrai qu’il n’arrive pas à la cheville du marché de la Boqueria de Barcelone mais le marché central a quand même de l’allure. C’est d’ailleurs l’œuvre d’architectes barcelonais, collaborateurs de Lluis Domènech y Montaner, un des grands pontes du modernisme catalan. Les travaux débutèrent en 1914 mais ils ont dû subir des modifications afin de coller au style valencien. (non, Valence ce n’est PAS la Catalogne, pigé?) L’édifice, de style art nouveau, ne fut achevé qu’en 1928. On y trouve tous les produits espagnols (fruits, légumes, huile d’olive, charcuterie, produits de la mer,…) mais dans une gamme supérieure et à des prix prohibitifs. Mais les denrées sont très belles, nous donnent envie et nous ouvrent l’appétit.

Les bains arabes de l’Amiral

Pour trouver des vestiges de l’époque islamique à Valence il faut vraiment bien chercher car il n’y en a vraiment pas beaucoup. Ces bains publiques arabes datent du XIVe siècles et ont été utilisés jusqu’en 1959 au fil des différentes modifications architecturales. En 1985, la municipalité rachète ces bâtiments et entreprend une grande campagne de restauration afin de redonner au lieu son aspect d’origine dans le but de perpétrer les connaissances historiques.

Plaza del Ayuntamiento

Là, nous faisons un saut dans le temps pour nous retrouver au début du XXe siècle. La place est bordée de différents bâtiments modernistes dont l’Ayuntamiento (la mairie) et l’ancienne poste. C’est également un lieu de rassemblement lors des fêtes comme « Las Fallas », une manifestation typique de Valence qui a lieu chaque année en mars, mais sûrement pas en 2021 pour cause de Covid-19. Bonne nouvelle pour l’urbanisme, la place est devenue complètement piétonne en août 2020.

Estacion del Norte

Pour une gare, ce bâtiment moderniste en jette! Elle a été construite entre 1907 et 1908 par la compagnie des chemins de fer et se situe au sud du centre historique. Pourtant, « Norte » signifie nord en castillan et même en Valencien on utilise le mot « Nord ». Il faut croire que les Valenciens ont quelques petits soucis avec la géographie. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une petite gare régionale car une nouvelle gare, Joaquin Sorolla, a été construite il y a quelques années pour le trafic longue distance.

Jardins du Turia

Le Turia est le fleuve qui traverse Valence. Enfin, ça c’était avant 1957 quand il a été détourné dans la Huerta comme punition pour avoir inondé la ville à plusieurs reprises. L’ancien lit, c’est-à-dire une surface de 110 hectares s’étendant sur plus de six kilomètres, a été converti en jardins, en pistes cyclables ou en terrains de sports. Il est traversé par quelques ponts historiques. C’est un vrai havre de paix et de verdure en plein cœur de la ville.