Elche et sa palmeraie

Ce qu’il y a de bien avec Alicante, c’est qu’elle est située dans une région où il y a une multitude de choses à découvrir. Il suffit de prendre le train! Mais pour ça, il faut se rendre à la gare. Comme nous ne logeons pas directement au centre-ville, nous nous rendons à la petite halte de San Gabriel au sud du centre-ville plus proche qu’Alicante Terminal, la gare centrale. Nous n’avons pas pour habitude de vous parler des gares, surtout qu’en Espagne elle sont, en général, peu dignes d’intérêt mais quand celle-ci est située en bord de mer, ça vaut le coup d’œil!

Notre but du jour est de nous rendre à Elche, accessible en 15 minutes d’Alicante avec le Cercanias (le TER ou S-Bahn espagnol).

Tour de la Calahorra avec ses fenêtres d’architecture islamique (XIIIe siècle)

Nous avons trouvé Alicante très calme. Elche, c’est cent fois plus tranquille! C’est quand même en partie à cause de la pandémie. Pourtant, c’est la troisième ville de toute la Communauté Valencienne! Si vous aimez les villes dynamiques pour faire la fête, passez votre chemin! Par contre, si vous êtes férus d’histoire et fascinés par les Mille et Une Nuits, foncez!

l’Ayuntamiento (la mairie) d’Elche

Centre historique

Ici, il saute au yeux que le sud de la péninsule ibérique a un passé arabe! L’architecture islamique y est encore très présente! Certaines places nous ramènent au Maroc. Pourtant, la ville a un passé très multiculturel. Ce sont les Ibères qui les premiers s’y sont installé, suivi des Carthaginois, des Romains, des Wisigoths, des Arabes et enfin des Castillans. Vu l’ambiance du centre-ville, nous sentons que nous nous sommes rapprochés un peu de l’Andalousie.

La Dame d’Elche

A notre arrivée dans le centre historique, nous sommes accueillis par une femme au look particulier, la Dame d’Elche. Ce n’est pas une personnalité connue mais juste une sculpture. Mais pas n’importe laquelle! C’est sûrement l’œuvre d’art hispanique la plus ancienne (Ve siècle avant J-C). Cette statue haute de 56 centimètres a été découverte en très bon état de conservation sur le site romain d’Elche, à deux kilomètres du centre-ville. Il y a une cavité dans le buste qui servait probablement a y introduire des reliques, des objets sacrés ou des offrandes. L’œuvre originale se trouve au musée archéologique national de Madrid mais on peut observer des reproductions dans le centre-ville et au musée archéologique local.

Le Mystère d’Elche
Sculpture représentant un acte de la pièce du Mystère d’Elche

Le Mystère d’Elche, ou Festa, est une représentation théâtrale qui se tient chaque année au mois d’août dans la basilique. Elle se joue en valencien et en latin. Elle a été créée au XIIIe ou XVe siècle (tout le monde n’arrive pas à se mettre d’accord sur la date d’origine) et possédait des droits spéciaux car, selon le Concile de Trente, il était interdit de jouer une pièce de théâtre dans des églises. Chaque personnage était incarné par des hommes car il était interdit, à l’époque, aux femmes de prendre part à des représentations de ce genre. Cette pièce est unique en son genre car elle a été jouée sans interruption depuis sa création au Moyen-Age jusqu’à aujourd’hui. Elle a même eu lieu en cette année de pandémie, mais, évidemment, sous des conditions particulières. Grâce à son histoire et son caractère uniques, elle figure sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO.

La basilique Santa Maria

L’histoire se répète, la basilique a été construite sur les ruines de l’ancienne mosquée. La première église chrétienne, de style gothique, a été construite en 1265 lors de la conquête de la ville par Jaime I (oui, encore lui!) Le bâtiment actuel date des XVIIe et XVIIIe siècles et est de style baroque espagnol. Pour être francs, nous n’avions pas vraiment capté l’architecture baroque car, à part pour le portail sur la façade d’entrée, la basilique est plutôt sobre et de style bien médiéval. Rien à voir avec Vienne ou les villes italiennes où le baroque est beaucoup plus chargé.

Palais d’Altamira

La première partie du palais a été construite par les Arabes dès les XIIe siècle. Ensuite, il fut agrandi au XVe siècle par Guttiere de Cardenas, le premier seigneur catholique de la ville qui en fit sa résidence principale. Pendant la Guerre Civile Espagnole, il a été utilisé comme camp de concentration pour Républicains. Elche, comme sa voisine Alicante et toute la Communauté Valencienne, a été une résistante républicaine jusqu’à la victoire des Franquistes.

Le musée archéologique

Il se trouve à l’intérieur du palais d’Altamira et couvre toutes les époques depuis la période Ibérique. Les vestiges proviennent de diverses fouilles archéologiques situées dans les alentours d’Elche. Il est intéressant sans être trop pompeux. Il vaut la peine d’y jeter un coup d’œil surtout que l’entrée est gratuite! Nous ne l’avons pas mentionné dans nos précédents articles (ouh les vilains!) mais l’accès à la culture est très facile et peu couteux en Espagne. Pour l’instant, nous n’avons pas déboursé un centime pour une visite culturelle, un musée, un site archéologique, un château, etc…. Voilà, il valait la peine de le préciser.

Un des intérêts du musée est de pouvoir découvrir la cour intérieure du palais d’Altamira. On peut même y apercevoir les vestiges d’un ancien aqueduc romain!

Les remparts
La palmeraie qui déborde sur le palais d’Altamira

Le clou de la visite reste la balade sur les remparts supérieurs du palais d’Altamira. De là, il y a une superbe vue sur le centre-ville, la basilique Santa Maria et la palmeraie.

La palmeraie

C’est la raison principale de notre trip à Elche, même si le centre historique mérite à lui seul la visite. Avec ses 500 hectares, c’est la plus grande palmeraie d’Europe et même une des plus grandes du monde. Elle possède plus de 200’000 palmiers de plusieurs espèces mais aussi des cactus, des rosiers, des citronniers et d’autres espèces tropicales. Ce sont les Carthaginois qui trouvèrent un terrain propice à la culture du palmier-dattier, le climat de la région étant semi-aride. Les Romains qui arrivèrent par après y prirent bien soin. Les Arabes agrandirent la plantation et y installèrent un système d’irrigation. Depuis le Moyen-Age, la palmeraie fait l’objet de diverses lois de protection. Finalement, en 2000, l’UNESCO la met sur sa liste du patrimoine mondial. Nous avons adoré déambuler à travers les différentes espèces de palmiers. Nous ne nous y connaissons rien mais nous vouons un culte à ces arbres juste parce qu’ils nous rappellent le soleil et les climats chauds.

Aujourd’hui, la culture de dattes est plutôt modeste. La palmeraie a plutôt un intérêt touristique et paysager. D’ailleurs, le parc a été aménagé avec des fontaines, des bancs, des étangs, etc tout en gardant le style arabisant typique du sud de l’Espagne. L’effet est plutôt réussi, nous arrivons presque à croire que nous sommes en Afrique du Nord.

Elche vaut vraiment la peine qu’on lui consacre un peu de temps, et pas uniquement pour la palmeraie! Elle n’est située qu’à une petite vingtaine de kilomètres d’Alicante et est super accessible que ce soit par la route ou par le rail. Une journée de visite suffit amplement même en prenant tout son temps.

Pour la suite, nous allons nous rapprocher de la côte pour découvrir d’autres facettes du sud de la Communauté Valencienne.

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