Santiponce et la cité romaine d’Italica

La première fois que nous avons entendu parler de Santiponce et du site archéologique d’Italica, c’était en 2020 lors de notre petit trip en Andalousie en pleine période de Covid-19. Nous avions pris un Bla-Bla Car entre Malaga et Séville et notre conductrice, en bonne andalouse fière de sa terre natale, nous avait conseillé de nous y rendre. Conseil que nous avons évidemment suivi surtout que le village se trouve dans la banlieue proche de Séville et qu’il est super facile de s’y rendre en bus depuis la station de Plaza de Armas.

Depuis notre installation à Séville, il nous arrive parfois encore de nous y rendre de temps en temps pour profiter des ruines romaines et d’un peu de calme sans trop nous éloigner de la ville.

Santiponce est un petit village typique andalou un peu endormi avec ses maisons blanchies à la chaux. Il est entouré de champs d’orangers, d’oliviers et de tournesol et il y règne un calme absolu. Difficile à croire que le cœur de la trépidante Séville n’est distante que de sept petits kilomètres!

Monastère San Isidoro del Campo

La première chose que nous apercevons en arrivant à Santiponce par la route, c’est le monastère de San Isidoro del Campo qui domine le village. Ici, contrairement à beaucoup d’endroits en Andalousie, pas de trace d’art mudéjar en vue. L’architecture est plutôt gothique et les peintures sont 100% Renaissance. Le monastère a été fondé au début du XIVe siècle par Alonzo Pérez de Guzman, un seigneur de Medina Sidonia dont la famille est également la fondatrice du comté de Niebla près de Huelva. Il servait de mausolée familial. Au XVe siècle, il a été cédé aux cisterciens, des moines qui observent une discipline ascétique et très stricte de la religion. Ils occupent encore le site aujourd’hui faisant du site le monastère cistercien le plus méridional du monde.

Ayant visité le monastère en pleine crise du Covid, nous y avons trouvé un calme absolu! Nous avons été impressionnés par le décorum et par les magnifiques peintures qui ornent les murs et les plafonds.

Italica

Pour se rendre a Italica il suffit de prendre le bus pour Santiponce qui continue jusqu’au site archéologique. Impossible de se tromper, l’arrêt de bus se trouve devant l’entrée! Pour les citoyens de l’Union Européenne, l’entrée est gratuite sinon, le prix d’entrée est de 1,50€.

Le site est à découvert, nous vous déconseillons fortement de vous y rendre pendant les grosses chaleurs de l’été. A notre avis, il est idéal de visiter Italica pendant les belles journées ensoleillées d’hiver. Il y a peu de monde, la végétation est bien verte et la lumière est très belle.

Italica n’est PAS la ville romaine de Séville. Cette dernière existait déjà à l’époque romaine et même depuis l’ère des Phéniciens sous le nom d’Hispalis.

Italica a été fondée en 206 avant notre ère sur un site déjà occupé par une civilisation locale appelée Tartessos. C’était la première cité romaine fondée en Hispanie (la péninsule ibérique) et hors de l’actuelle Italie. La ville atteignit son apogée dans les deux premiers siècles de notre ère sous les règnes de Trajan et d’Hadrien car les deux empereurs étaient natifs d’Italica et furent particulièrement bien disposés envers leur ville natale. Après la chute de l’empire romain, les Visigoths s’y installèrent puis plus tard les Arabes qui rebaptisèrent la ville Taliqa avant de l’abandonner à son triste sort au XIIe siècle lors de leur défaite face aux rois catholique pendant la Reconquista.

Le site archéologique en lui-même n’est pas le plus pittoresque au monde mais il est quand même intéressant avec quelques vestiges de voies romaines dont la fameuse « Via de la Plata » (route de l’argent) qui reliait Hispalis (Sevilla) à Asturica Augusta (Astorga, province de León dans le nord de l’Espagne) et qui fait aujourd’hui partie des chemins de Compostelle. Comme toute ville romaine qui se respecte, Italica possédait divers temples, des termes et des villas. Les ruines que nous pouvons voir aujourd’hui ne correspondent qu’à une toute partie de la cité antique, les fouilles archéologiques étant loin d’être terminées sur le site.

En 2024, Italica est officiellement devenue candidate pour être inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Nous espérons que sa candidature sera retenue car ça permettra de bien préserver le site et peut-être de reprendre les fouilles.

Les mosaïques

Italica vaut le déplacement rien que pour ses mosaïques! Ce sont les plus belles et les mieux conservées de toutes celles que nous avons vues jusqu’à présent. Encore mieux qu’à Pompéi qui est pourtant un site archéologique de ouf! Chaque maison possède sa propre mosaïque voire plusieurs. Les plus anciennes datent du Ier siècle avant notre ère mais l’âge d’or des mosaïques correspond à celui de la ville, c’est-à-dire les deux premiers siècles de notre ère sous les règnes des empereurs Trajan et Hadrien.

L’Amphithéâtre

C’est grâce aux deniers envoyés par l’empereur Hadrien directement depuis Rome qu’Italica possède ce superbe amphithéâtre. Avec ses trois étages de gradins et sa capacité à accueillir plus de 35’000 personnes, c’était, à l’époque de sa construction (IIe siècle) le deuxième plus grand amphithéâtre de l’empire après le Colisée de Rome. En plus des traditionnels spectacles de gladiateurs, le théâtre était également utilisé pour des rituels dédiés à Némesis, la déesse de la justice, de la solidarité, de la vengeance, de l’équilibre et de la chance.

La lagune

Le site archéologique se trouve à proximité d’un cours d’eau appelé Arroyo de San Nicolas et qui a une fâcheuse tendance à déborder pendant les pluies de l’hiver. Afin de protéger les vestiges des crues, les autorités ont décidé de créer ce lac artificiel juste en dessous de l’amphithéâtre. Quelle bonne idée! Non seulement les ruines romaines sont préservées mais le lac est devenu un sanctuaire pour des centaines d’oiseaux!

Italica est un site où nous aimons bien nous rendre de temps en temps car c’est tout près de Séville et ça nous permet aussi de comprendre un petit peu l’histoire de notre région.

Petit fun fact

L’empire romain étant énorme, ce n’est pas la première fois que nous rencontrons des vestiges en rapport avec les empereurs Hadrien et Trajan lors de nos voyages. Hadrien possède sa propre porte dans la ville turque d’Antalya construite en son honneur lors d’une visite en grande pompe. Quant à Trajan, nous avons vu le site de Sélinus, le lieu de son décès. Il se trouve également en Turquie, sur la côte méditerranéenne dans l’actuelle Gazipasa, au sud d’Alanya.

Image de gauche : la porte d’Hadrien à Antalya, image de droite : Sélinus

L’époque romaine étant une période qui nous fascine, nous allons prospecter si nous trouvons d’autres sites archéologiques, que ce soit en Espagne ou ailleurs sur le pourtour méditerranéen. Nous avons, évidemment, déjà une liste pleine d’idées!

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