Anamur et ses sites archéologiques

Comme nous vous l’avions annoncé dans notre précédent article, notre retour en Europe commence par un crochet par la Turquie car c’était un énorme coup de cœur et parce que nous avions envie d’y repasser encore un peu de temps. Retourner au sud à été motivé par les conditions météorologiques et par la logique de l’itinéraire pour rentrer en Espagne par voie terrestre. C’est pour ça que nous avons atterri à Antalya. Mais notre curiosité maladive nous a motivés à aller voir d’abord un peu plus à l’est avant de prendre la route du retour en Occident.

Gazipaşa

Un petit air de Martigny, n’est-ce pas?

Nous faisons un premier petit arrêt à Gazipaşa située à environ 50 kilomètres à l’est d’Alanya. La ville en elle-même n’a pas grand chose à offrir et elle n’est même pas tournée vers la mer! Elle est entourée d’un horrible océan de plastique constitué de serres en tout genre. Construite sur une étroite bande côtière au pied des Monts Taurus, elle ressemble à une ville de la plaine du Rhône, impression renforcée en cette saison avec la neige qui recouvre le sommet des montagnes.

Selinus

Si nous nous sommes arrêtés à Gazipaşa, c’est pour une première mise en jambe sur le site de l’ancienne Selinus. C’était une cité grecque fondée par les Phéniciens au VIe siècle avant Jésus-Christ dont il reste quelques ruines aujourd’hui dont la forteresse sur une colline dominant la ville. Certes, les remparts ne sont pas aussi impressionnants qu’à Alanya, qui est vraiment un site de ouf, mais la petite montée est assez sympa. Selinus est connu pour être le lieu où est mort l’empereur romain Trajan qui, pour la petite histoire, est né à Italica, l’actuelle Santiponce près de Séville dans notre belle Andalousie. Nous avons donc visité son lieu de naissance ainsi que son lieu de décès.

Evidemment, au sommet il y a une superbe vue sur la plage, car oui, il y en a une et sur la mer Méditerranée qui ressemble toujours autant à un lac paisible.

Anamur

Mamure Kalesi

Nous continuons toujours notre périple vers l’est via une route vraiment pittoresque à flanc de coteau surplombant la mer Méditerranée et les plantations de bananes. (Ces paysages sont sur nos stories instagram) Malheureusement, la région a connu un épisode de gel il y a quelques semaines et les bananiers ont bien morflé et ont perdu leurs superbes feuilles vertes. Malgré cela, le paysage nous laisse bouche-bée même si notre oreille interne n’apprécie que moyennement tous ces virages. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi la route principale Adana – Antalya passe par Konya.

Anamur se situe dans une cuvette au pied des monts Taurus. C’est le seul endroit plus ou moins plat à cent kilomètres à la ronde! La ville en elle-même n’est pas terrible mais elle possède quand même une petite plage, un peu tristounette en hiver, mais sûrement sympa en saison. Il y a un petit parc qui longe la plage en l’honneur de l’amitié entre la Turquie et la République Turque de Chypre du Nord. Non, ne cherchez pas, ce pays n’existe pas! Il n’est reconnu que par la Turquie. C’est la partie nord de l’île de Chypre, distante de seulement 64 kilomètres d’Anamur, qui a été envahie par la Turquie en 1974 et qui l’occupe encore actuellement militairement et qui crée un monstre bordel politique autant à Chypre que dans l’Union Européenne.

Anemurium

L’Eglise des Saints Apôtres

Ce site archéologique se situe à 12 kilomètres à l’ouest d’Anamur dans la petite localité d’Ören. Il y a un dolmuş (un minibus qui assure le transport urbain) qui s’arrête à un petit kilomètre du site mais quand le chauffeur a su que nous allions à Anemurium, il a fait le détour pour nous déposer à l’entrée du site. Encore une fois, la gentillesse turque n’est plus à démontrer.

Anemurium était une ville fondée par les Grecs au Ier siècle avant Jésus-Christ pour devenir ensuite une ville importante de la province romaine de Cilicie située au sud-est de l’Anatolie. Le site archéologique est énorme, ce qui démontre bien la grandeur de la ville à l’époque. Nous sommes assez étonnés par le nombre de murs qui sont restés debout. Toutes ces ruines ne sont pas sans nous rappeler Kayaköy, le village fantôme de la voie lycienne en dessus d’Öludeniz même si ça ne date pas du tout de la même époque!

Il y a tout ce dont avait besoin d’une ville de cette envergure : un aqueduc, des églises, un théâtre, les petits bains, les grands bains, les bains centraux et les bains publics. Il n’y avait vraisemblablement pas de problème d’hygiène à Anemurium!

Le site est surplombé par une acropole qui signifie ville haute en grec (acro = haut et polis = ville) entourée de remparts. La forteresse est inaccessible sinon nous aurions évidemment effectué la petite grimpette!

Fun fact : le promontoire sur lequel se situe l’acropole est le point le plus au sud de l’Anatolie, appelée Asie Mineure du temps des Romains. Pas de Turquie, car la province d’Hatay est plus méridionale mais d’Anatolie qui est la péninsule entre le Bosphore, la mer Méditerranée, la mer Egée, la mer de Marmara et la mer Noire. Pour nous, qui sommes passionnés de géographie, cette info a toute son importance et nous sommes contents d’avoir pu voir encore un point géographique intéressant.

La nécropole

Le truc impressionnant d’Amenurium, c’est que la nécropole s’étend sur presque la moitié de la superficie du site! Elle possède sa propre église dont les arcades sont superbement conservées. On peut y deviner différentes époques et différentes cultures car on y trouve des tombes directement creusées dans la roche ou des tombeaux dont certains sont très similaires à ceux que nous avons vu le long de la voie lycienne.

Côté mer

Anemurum était également un port important et la ville était donc tournée sur la mer. Malgré une météo un peu capricieuse et une mer complètement déchaînée, l’eau a une couleur incroyable et fait du site un vrai Tulum sur Méditerranée!

Mamure Kalesi

La forteresse se situe à six petits kilomètres à l’est du centre d’Anamur, elle est donc facilement accessible à pied. On y accède tout simplement par une superbe plage sauvage qui, en cette saison, s’apparente plus à la mer du Nord qu’à la Méditerranée.

L’emplacement idéal sur un petit promontoire rocheux avait déjà séduit les Romains puisqu’ils y construisirent un petit château au IVe siècle afin de se protéger des pirates. La forteresse actuelle a été construite au IXe siècle par les souverains du Royaume Arménien de Cilicie appelé ainsi car composé de réfugiés arméniens. Il a été agrandi au XIIIe siècle par les Seldjoukides puis par les Karamanides (en gros, des montagnards turkmènes). En 1469, les Ottomans annexèrent la région à leur vaste empire et modifièrent plusieurs fois le château pendant leur règne. Durant toute son histoire, le site avait un usage, bien sûr, défensif mais servait également de caravansérail.

Aujourd’hui, le château occupe un espace de 23500 mètres carrés et possède encore 39 tours et bastions reliés entre eux par d’immenses remparts. Nous en avons vu des châteaux mais celui-là restera un des plus impressionnants. Même notre magnifique château de Chillon sur le lac Léman n’est pas aussi pittoresque que celui-là!

Manque de bol, l’intérieur de la forteresse était fermée lors de notre passage. C’est vrai, rien que l’extérieur justifie amplement une visite. Nous avons quand même réussi à jeter un petit coup d’œil à la cour intérieure depuis les grillages.

La météo n’a pas été vraiment de la partie pour notre visite à Anamur, et encore, nous avons eu du bol, nous étions bien à l’abri quand un violent orage de grêle s’est abattu sur nous, mais nous avons quand même bien kiffé notre passage dans ce coin somme toute assez méconnu du sud de la Turquie.

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