Kabale et le lac Bunyonyi en traversant la ligne de l’Equateur

Pour partir de Fort Portal, nous choisissons de nouveau les bus de ligne plus rapides et plus confortables que les matatus et surtout à prix fixes. Mais voilà, après deux heures d’attente au terminal des bus, c’est un véhicule super bondé qui nous attend. Nous devons finalement nous résoudre à aller négocier une place dans un matatu. Mais le trajet ne se passe pas trop mal et le paysage est toujours autant à couper le souffle! Peu à peu, les montagnes verdoyantes cèdent la place à une savane typiquement africaine mais tout aussi verdoyante car il pleut beaucoup par ici.

Kikorongo

Nous effectuons une petite étape dans le village de Kikorongo, un hameau au milieu de nulle part dans la savane à proximité du fameux parc national Queen Elizabeth que nous n’irons pas visiter pour des questions de budget. Mais le paysage aux alentours mérite amplement notre arrêt malgré l’orage!

Nous aurions pu nous arrêter à la ville de Kasese, à une quinzaine de kilomètres plus au nord plutôt que dans ce bled perdu dans la savane mais nous commençons à en avoir soupé des villes ougandaises, généralement infernales et sans intérêt et il y avait un point où nous souhaitions passer. Ce n’est pas n’importe quel point, c’est LE point zéro! Après l’Amérique à Quito et l’Asie à Pontianak, nous avons encore une fois la chance de traverser la ligne de l’Equateur en Afrique! Certes, il n’y a qu’un simple panneau qui signale la latitude zéro mais c’est déjà ça, surtout pour nous qui sommes des fans des points géographiques de ce genre. Il y a un monument plus important sur la route entre Kampala et Masaka mais il n’est pas du tout sur notre itinéraire et comme les transports prennent trois plombes, nous n’avons pas du tout le temps d’y faire le détour.

Malgré notre position géographique un peu éloignée, nous négocions très rapidement un matatu. Manque de bol, nous tombons sur le gros mafieux du coin. Nous commençons déjà à être un peu méfiants quand il essaie d’esquiver les checkpoints de police car il y a trop de monde dans son minibus, les capacités n’étant autorisées qu’à cinquante pour cent en temps de Covid, ou pire quand il corrompt directement les agents de police. Effectivement, à notre arrivée, il essaie de nous soutirer 5000 UGX de plus chacun que le prix négocié et essaie même de nous enfermer dans son véhicule lorsque nous refusons. Il a quand même fini par nous libérer quand il a vu que nous étions très énervés et qu’il n’allait pas avoir le dessus sur nous. C’est vraiment nul d’en arriver là, mais certains sont d’une petitesse sans nom quand il s’agit de soutirer de l’argent à des muzungus (terme plus ou moins flatteur pour désigner l’homme blanc).

Cette mésaventure ne nous a quand même pas enlevé le fait d’avoir traversé un des plus beaux paysages de notre vie. Comme la route traverse le parc national Queen Elizabeth, nous avons eu la chance inouïe d’apercevoir quelques animaux : éléphants, gazelles, babouins, antilopes, et même deux rhinocéros! Nous roulions juste trop vite pour pouvoir les photographier mais c’était quand même incroyable de pouvoir les voir sans contracter un tour!

Notre étape du jour se déroule dans la ville de Mbarrara. C’est presque autant infernal que Kampala et nous avons ressenti de très mauvaises vibes avec les gens. C’est bien la première fois que nous avons envie de fuir tout le monde! Ceci s’explique sûrement par le fait que Mbarrara est le parent pauvre de l’Ouganda perdue dans le sud-ouest du pays loin de la capitale et que même les différents trafics avec la République Démocratique du Congo voisine ne suffisent pas à faire vivre tout le monde décemment. C’est pressés de repartir que nous nous rendons le lendemain au terminal de bus pour continuer notre périple en direction du sud. Notre bus de 11 heures finit par arriver à… 12h40! Mais il paraît que les premières soixante minutes ne sont pas considérées comme du retard en Ouganda. Mais le trajet se déroule bien, le bus est confortable et nous finissons enfin par arriver à notre but, Kabale à l’extrême sud du pays, à quelques encablures de la frontière rwandaise.

Résultat des courses : trois jours pour parcourir à peine trois cents kilomètres!

Kabale

L’ambiance à Kabale est beaucoup plus cool qu’à Mbarrara même si elle est tout aussi moche. C’est une petite ville de montagne perchée à 2000 mètres d’altitude dans l’extrême sud du pays à dix-huit kilomètres de la frontière rwandaise.

Mais nous ne sommes pas venus jusqu’à Kabale pour rester en ville. Le coin est entouré de verdoyantes collines qui sont d’anciens volcans bien éteints. Nous avons même pu profiter d’effectuer une vraie randonnée, activité peu encouragée dans ces contrées. Pour ce faire, nous avons retenté l’expérience du boda boda pour parcourir les neuf kilomètres qui séparent Kabale de notre but. Mais cette expérience-ci ne fut pas si mauvaise, le chauffeur n’était pas du tout un kamikaze de la route et la piste empruntée ne comportait que peu de bosses ou nids de poule. Nous avons quand même fait le retour en ville à pied, plus par intérêt pour la marche que pour éviter de remonter sur ces engins de la mort. Et nous avons bien fait, nous avons traversés les plus beaux paysages que nous n’ayons jamais vus!

Lac Bunyonyi

Voici le clou du spectacle et le vrai but d’avoir parcouru tous ces kilomètres. Le lac Bunyonyi, ses côtes découpées et ses 29 îles. A la base, c’était une vallée où coulait une rivière. Mais un beau jour, un volcan s’est énervé crachant une belle coulée de lave bloquant le débit de l’eau et formant un lac de retenue, sorte de barrage naturel. Le résultat est stupéfiant! Non content d’être un des plus beaux, le lac Bunyonyi est aussi un des plus sûrs d’Afrique pour la baignade car il n’y a ni crocodiles, ni hippopotames et ni parasites responsables de la bilharziose, une maladie chelou et mortelle causée par la baignade en eau douce dans les zones tropicales. Le vrai risque est de choper une pneumonie car nous sommes à plus de 2000 mètres d’altitude et l’eau est froide! La température de l’air peut également être très fraîche surtout que le climat équatorial est très pluvieux! Nous n’avons, évidemment, pas testé la température de l’eau préférant prendre de la hauteur afin de profiter du panorama à couper le souffle malgré la brume. Même si les collines sont façonnées par la main de l’homme, les cultures en terrasses donnent un énorme charme au paysage.

Logiquement, nous aurions pu continuer la route vers le sud et traverser le Rwanda et c’est ce que nous aurions bien voulu faire. Mais les frontières terrestres rwandaises sont toujours fermées aux touristes étrangers pour cause de Covid-19. Il nous faudra donc redescendre à Masaka, vers le lac Victoria d’où nous nous rendrons sur la Tanzanie.

Oui, nous allons gentiment quitter l’Ouganda. L’extrême lenteur des transports et la courte validité du visa ne nous permettent pas d’explorer autant que nous le voudrions. Nous devons encore prévoir des tests PCR pour sortir du pays, respectivement pour rentrer en Tanzanie, nous ne pouvons donc pas nous permettre d’être trop limite sur le timing pour la fin de notre autorisation de séjour.

Quito et la latitude zéro

Nous quittons à regret la chaude et luxuriante Amazonie pour la très fraîche Quito. Le trajet fut magnifique dans une végétation tropicale fascinante surplombée par de hauts volcans et par chance, nous n’avons pas eu de chauffeur kamikaze cette fois, même si les lacets des routes de montagnes ont mis notre estomac à dure épreuve. Fichue oreille interne! Arrivés dans les faubourgs de Quito, c’est une autre jungle qui nous attend, des kilomètres carrés de béton entassés dans une vallée et prenant de plus en plus de place sur les flancs des montagnes. Après presque une semaine en forêt à ne parler quasiment qu’à des singes, des papillons et des oiseaux, c’est un choc et c’est avec appréhension que nous posons le pied dans cette métropole gigantesque même si, malgré son statut de capitale, ce n’est que la deuxième ville du pays.

Le terminal de bus de Quitumbe se trouve tout au sud de la ville, il nous reste donc une petite heure de bus urbain pour rejoindre le centre-ville. Mais le système de transport public est assez bien fait, facile d’utilisation et très bon marché. Mais les chauffeurs sont de la famille de l’autre kamikaze et les rues de Quito ne sont ni droites, ni plates, ni refaites. Ce n’est donc pas une partie de plaisir de voyager sur la route dans ce pays surtout pour nous qui souffrons à chaque fois d’un mal des transports carabiné.

Centre historique

La ville aurait été fondée autour de 1030 avant notre ère pendant l’empire Inca mais il n’y a pas beaucoup de vestiges qui ont été trouvés qui pourraient confirmer cette théorie. La première date qui est sûre et certaine, c’est 1534, date de l’arrivée des conquistadors espagnols. Le centre historique qui nous reste aujourd’hui serait le plus grand et le mieux conservé de toute l’Amérique latine, il est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est d’ailleurs la toute première ville conjointement à Cracovie à y être inscrite. C’est vrai qu’il est agréable de se promener dans ces petites rues en pente au milieu de ces maisons colorées. Malheureusement, sous ces latitudes, la pluie se fait fréquente et, à cause de l’altitude, (2850 m.), les températures chutent dès qu’il n’y a plus de soleil. Mais la ville regorge de petits cafés vraiment sympas où il fait bon d’y rentrer se réchauffer avec une bonne boisson chaude.

Plaza Grande

Egalement appelée Plaza de la Independencia, c’est la place centrale de la ville. Construite comme toutes les grandes places coloniales, elle est notamment bordée par la cathédrale métropolitaine et par l’hôtel de ville. Elle date du XVIe siècle et c’est le seul endroit plus ou moins plat de toute la ville. Nous n’avons malheureusement pas pu nous attarder sous peine de nous faire rincer et congeler par une forte averse.

Basilica del Voto Nacional

Véritable monstre néogothique au cœur de la ville, la basilique fut achevée en 1987 après un siècle de travaux et démontre bien la ferveur catholique encore très présente en Amérique latine. Elle a même été bénie par le pape Jean-Paul II! C’est le plus grand édifice de ce genre sur tout le continent américain. Il est encore plus grand que la cathédrale St-Patrick de New York qui, avec Notre-Dame de Paris, a servi de modèle pour sa construction. Le style gothique est tellement bien respecté que nous ne voyons pas au premier coup d’œil que cet édifice date seulement de la fin du XXe siècle.

Mitad del Mundo

Dans la banlieue nord de Quito, à treize kilomètres du centre-ville, se trouve la petite ville de Mitad del Mundo (milieu du monde) qui a la particularité de se trouver à la latitude zéro, sur la ligne de l’Equateur. Il y a un monument marquant le point zéro mais aussi tout un pôle muséal parlant de la ligne de l’Equateur mais aussi du pays en général.  Le site a été construit pour reconstituer un petit village qui nous rappelle un peu les Outlets en Italie. Bien sûr, il y a les inévitables restaurants à touristes et boutiques de souvenirs mais les parties musées sont très intéressantes et très variées. Nous pensions faire notre petit tour, prendre quelques photos du monument puis rentrer en ville. Finalement, nous y avons passé la journée! L’entrée coûte 5$ et franchement, ça les vaut!

Le monument du milieu du monde se trouve pile au point zéro. A l’intérieur se trouve un musée interactif sur le magnétisme et la gravité de la Terre ainsi que des expositions sur diverses communautés indiennes du pays. Au sommet, se trouve un mirador d’où on peut observer le site ainsi que les volcans alentours.

Un peu partout sur site, se trouvent des flèches donnant la direction de différentes villes du monde ainsi que la distance en miles et en kilomètres. Ce sont juste des panneaux mais comme nous sommes de grands passionnés de géographie et de voyage, nous avons passé une bonne partie de notre temps à rêver des différentes destinations inscrites sur les flèches.

L’Equateur est le premier exportateur mondial du cacao et fabrique même son propre chocolat même s’il ne sera jamais aussi bon que le chocolat suisse! Pour une fois que nous faisons du chauvinisme suisse, laissez-nous en profiter un peu! Une partie du site est consacré à la culture de ce produit. Comme vous pouvez le voir sur notre galerie photo, nous avons surtout été fascinés par les cartes. (#fousdegéo)

La bière artisanale a aussi sa place en Equateur! Mais vu le climat frais des Andes, nous préférons nous rabattre sur des boissons chaudes comme le chocolat.

Un village a été recrée avec diverses habitations traditionnelles de plusieurs communautés indiennes qui, en général, habitent plutôt en Amazonie, à l’est du pays.

Quito est une ville qui vaut largement le détour, d’autant que c’est un passage obligé pour rejoindre la côte depuis l’Amazonie. En tant que passionnés de géographie, nous avons adoré notre visite à la Mitad del Mundo pour traverser la ligne équatoriale. Ce que nous retiendrons surtout, c’est d’avoir posé le pied sur la latitude zéro! Quoique Fab se souviendra également du chocolat!

Malgré notre mini incursion dans l’hémisphère nord, la suite de notre voyage se passera encore un moment dans l’hémisphère sud, nous n’en avons encore pas fini avec ce coin de pays. Après avoir affronté encore une fois l’altitude et des températures fraîches, nous nous réjouissons de retrouver la côte, surtout que nous sommes bien plus portés sur la mer que sur la montagne. (de bons petits Suisses, nous? 😂😂) Ça n’empêche pas le fait que nous avons apprécié notre petit séjour dans la capitale.