Quetzaltenango / Xela, la ville au pied des volcans

Le trajet pour venir à Quetzaltenango fut assez épique. Il faut dire que depuis Flores, il y a 678 kilomètres et une grande cordillère montagneuse à franchir. Pour la première partie du trajet, nous avons choisi la solution de facilité qui est également la solution la plus économique. Nous avons choisi un shuttle touristique qui nous a pris directement sur l’île et nous a évité de devoir nous rendre au terminal de bus de Santa Elena. Nous avons fait un premier arrêt à Cobán, la capitale guatémaltèque du café. Nous avions prévu d’y rester un peu mais la ville ne nous a pas plu du tout. La pluie, le froid et la pollution dans cette ville en cuvette ne nous ont pas aidé à apprécier l’endroit. Par contre, le café du Guatemala est vraiment très bon et nous sommes très exigeants en café! Il faut juste penser à demander un « espresso » ou un « corto » sinon on vous servira d’office un « americano », le jus de chaussette pour Américains.

Depuis Cobán, nous l’avons joué plus local. Nous nous sommes rendus au terminal des colectivos mais aucun ne couvrait le trajet jusqu’à Quetzaltenango. Il nous fallait quand même avancer un peu. Nous avons choisi la destination Santa Cruz de Quiché car nous trouvions le nom de la ville joli et qu’accessoirement, c’était dans la bonne direction. Nous avons même eu droit aux places tout devant à côté du chauffeur et étions aux premières loges pour voir les quelques kilomètres de routes non asphaltées au sommet d’un col qui nous ont fait comprendre pourquoi la population locale était si croyante. Blague à part, le reste du trajet s’est fait sur des routes à l’état irréprochable. Il a juste pris des plombes car les colectivos s’arrêtent partout et que le relief est mal plat, nous avons passé notre temps à monter puis à redescendre des vallées mais le paysage de montagnes recouvertes de jungle était superbe. Nous avons mis six heures pour parcourir 160 petits kilomètres!

Pour les derniers 100 kilomètres, nous avons vécu l’expérience guatémaltèque ultime : le Chicken Bus! Ce sont d’anciens bus scolaires des Etats-Unis repeints avec des couleurs criardes qui roulent à tombeau ouvert sur les routes de montagne. Heureusement que la route n’avait pas l’air dangereuse car nous avons été bien ballotés par un chauffeur se croyant sur une piste de rallye. Il nous a tellement secoué que notre podomètre s’est mis en route. Au Guatemala, il n’y pas besoin de faire vos 10’000 pas, les Chicken Bus s’en chargent pour vous!

Mais au fait pourquoi ce nom? (bus poulet en français) Tout simplement parce-que la population locale a l’habitude de voyager avec des poules. Et c’est vrai, nous avons déjà eu l’occasion de partager nos sièges avec plusieurs de ces volatiles.

Quetzaltenango

Parque a Centro America

Rassurez-vous! Vous n’avez pas besoin de mémoriser ce nom à rallonge car la ville a un surnom officiel : Xela (prononcer Shella) et c’est tellement plus joli. Ce petit nom provient du nom de la ville à l’époque précolombienne qui était Xelaju. C’est la deuxième ville du Guatemala après la capitale et elle est située à près de 2400 mètres d’altitude sur un haut plateau entouré de volcans. En plus de l’espagnol, on y parle le kiche, du nom de la civilisation qui peuplait le coin avant l’arrivée des conquistadors. Pour l’avoir entendu, il y a beaucoup de « ch » comme le portugais mais avec un son très guttural comme l’arabe et les plus jeunes le mélangent beaucoup avec le castillan.

Casco historico

Comme presque toutes les villes coloniales fondées par les Espagnols, le centre historique est construit selon un plan en damier. Les rues sont constituées de pavés de basalte, la roche volcanique noire, et sont bordées de magnifiques petites maisons multicolores. Gros bemol : le trafic infernal! Le centre date du XVIe siècle et n’est pas du tout adapté aux automobiles du XXIe siècle et à leur nombre. En plus, à cause de sa situation fermée entre les montagnes et l’altitude, la pollution se ressent beaucoup plus intensément. C’est vraiment dommage car la ville est vraiment très jolie. En tant qu’Européens, nous voyons tout à fait une piétonisation du centre-ville mais pour les Américains, se passer de voiture pour faire quelques mètres à pied, ce n’est pas du tout dans leur philosophie et, malheureusement, pas prêt à rentrer dans les mœurs.

Iglesia San Nicolas et Parque a Benito Juarez

Voici un monstre néogothique de 1899 qui représente bien la ferveur catholique du Guatemala. Elle n’est malheureusement pas mise en valeur car elle se situe à proximité d’un carrefour saturé de trafic. Heureusement, juste en face, il y a des arbres dans le parc Benito Juarez. Il n’est pas énorme mais ça suffit pour se couper quelques minutes du trafic. Le parc a été construit sur le modèle des jardins à la Française et possède un joli monument dédié à la culture aztèque. Fun fact : nous avons remarqué que la végétation ressemble énormément à celle que nous avons vue à proximité du Teide, sur l’île de Tenerife. La terre volcanique sans doute.

Parque a Centro America

C’est le cœur névralgique de Xela. Nous la trouvons très austère avec ses colonnes et ses bâtiments gris qui nous font penser à Genève qui, en tant que ville calviniste, est par définition austère. La place a été originellement fondée par les Espagnols au XVIe siècle en même temps que le casco historico mais elle a été presque entièrement remodelée dans les années 1940-1950, des décennies du tout béton. Ceci explique cela. Elle possède une rotonde construite en l’honneur des héros tombés pour la patrie. Elle est bordée notamment de l’ancienne banque d’Occident, de la mairie et de la maison de la culture. Même la cathédrale de l’Esprit Saint a été remaniée dans ces horribles décennies architecturales, mais c’est parce qu’elle a été bien abîmée par plusieurs tremblements de terre au cours de son histoire. Heureusement, il reste la façade originale, une magnifique œuvre baroque datant de 1532. Le centre de la place se trouve sur une petite esplanade. Enfin un endroit où les voitures ne peuvent pas accéder!

Cimetière central

On nous avait conseillé d’aller visiter le cimetière. Oui, à nous aussi ça nous a fait bizarre au début, nous ne sommes pas du genre à aller troubler le sommeil des défunts. Mais comme nous sommes ouverts d’esprit et surtout très curieux, nous avons quand même été voir. Et nous confirmons! Il vaut la peine d’aller visiter le cimetière central de Xela. Déjà, il est situé dans un parc verdoyant qui nous éloigne du trafic et de la pollution. Ensuite, il est composé de caveaux familiaux colorés dont certains sont vraiment fantaisistes. Dans la tradition guatémaltèque, on n’apporte pas de fleurs sur les tombes mais à boire ou à manger au cas où les proches décédés auraient un petit creux.

Un cône volcanique à la forme parfaite veille au repos des habitants du lieu. Il s’agit du Santa Maria, le quatrième volcan du pays. Il domine toute la ville du haut de ses 3772 mètres d’altitude mais c’est depuis le cimetière qu’on l’aperçoit le mieux. Nous avons une chance inouïe avec la météo. Le soleil brille, il n’y a pas un nuage et tout est dégagé, ce qui nous donne une vue incroyable sur l’écrin de montagnes qui entoure Xela.

Cerro Baúl

Vue de Xela depuis le Cerro Baúl

Ce n’est pas parce que nous nous trouvons de l’autre côté de l’Atlantique que nous allons oublier nos petites grimpettes du jour. Celle de Xela nous emmène au sommet du Cerro Baúl, un dôme de lave volcanique qui domine la ville du haut de ses 2650 mètres d’altitude. Le chemin se fait dans une forêt de pins, plutôt sèche pour la latitude, faisant partie de tout un parc national. Ce n’est pas un sentier difficile mais ça grimpe. L’environnement ressemble encore une fois en tout point à l’île de Tenerife, plus précisément aux forêts de résineux situées en dessus de la ville de la Orotava.

Au sommet, comme dans tout pays catholique qui se respecte, nous sommes accueillis par une croix. Il y a une superbe vue sur la ville de Xela qui nous fait réaliser à quelle point elle est tentaculaire. Nous aurions aimé avoir un dégagement de l’autre côté car le paysage des volcans a l’air magnifique mais c’est obstrué par la forêt. Mais avec tout le CO2 à absorber, on ne va quand même pas couper des arbres juste pour une vue aussi jolie soit-elle!

La faune, notamment les oiseaux est également incroyable. Nous nous excusons pour la qualité de la photo ci-dessous, nous sommes pas équipés de téléobjectif mais nous avons quand même réussi à capturer, en image seulement rassurez-vous, ce superbe oiseau bleu marine. Nous n’avons pas réussi à trouver à quelle espèce il appartient mais il est très beau! Une chose est sûre, ce n’est pas un quetzal, l’oiseau emblématique du Guatemala que nous rêvons d’apercevoir un jour mais qui reste très difficile à observer.

Quetzaltenango / Xela a été une très belle découverte sachant que nous ignorions totalement qu’elle existait avant d’arriver dans le pays. Nous déplorons juste le trafic infernal et la pollution. C’est dommage car c’est une très jolie ville dans un environnement naturel extraordinaire où il fait bon aller tester tous les petits cafés et restos qui peuplent le casco historico.

Bref, encore une découverte guatémaltèque qui nous a enchantés. C’est très différents de la jungle de Petén mais tout aussi pittoresque. Si nous continuons dans cette voie, le Guatemala risque bien de trôner en bonne place sur la liste de nos gros coups de cœur.

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