
Malgré un trajet de 330 km en direction du sud-est, la météo n’est pas disposée à se montrer plus clémente. D’ailleurs, notre périple en bus s’est passé sous une pluie torrentielle qui n’a pas arrêté de la journée, ça ne nous était plus arrivé depuis Rio, il y a presque 15 mois! Ajoutez à cela une route complètement défoncée et un chauffeur qui se prend pour un pilote de rallye et nous avons le trio gagnant! Heureusement, nous finissons quand même par arriver à Sandakan sains et saufs, c’est le plus important même si nous sommes un peu sonnés par le mal des transports.
Sandakan est la deuxième ville de l’état de Sabah mais elle a un caractère bien plus provincial que Kota Kinabalu. Elle se situe sur la mer de Sulu, sur la côte est de Bornéo et les Philippines ne sont qu’à quelques encablures au large. Sinon la ville en elle-même n’est pas extraordinaire, c’est plutôt un point de départ pour les réserves et les spots de snorkeling alentours. Il y a tout de même un front de mer assez sympa qui s’anime à la nuit tombée avec des terrasses et les fameux bars à karaoké typiques de l’Asie du Sud-Est.





Sandakan était, à l’instar du reste de Bornéo, occupée par les Japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’était un camp où étaient emprisonnés des soldats britanniques et australiens qui vivaient dans des conditions pas trop déplorables vu le contexte. Cependant, le lieu devint vite trop exposé à un éventuel débarquement des Alliés et les Japonais décidèrent de transférer les prisonniers à Ranau, à 220 km dans les terres en les faisant marcher dans la jungle hostile. Seul 6 soldats australiens qui s’étaient enfuis survécurent à cette marche de la mort. Aujourd’hui, un escalier de 1000 marches, au milieu d’une petite forêt urbaine, suit les premiers mètres de ce fameux périple et commémore ce sombre épisode de l’histoire.





Sepilok Rainforest Discovery Center

A Sepilok, un petit village à 25 km de Sandakan, se trouve un centre de réhabilitation des orangs-outans du même genre de celui que nous avions été voir dans le Sarawak. Les heures de visites y sont très restrictives afin de ne pas trop déranger les singes. Nous saluons le geste mais nous, dans la nature, nous aimons prendre notre temps pour tout observer. C’est pourquoi nous avons choisi de visiter la réserve située juste à côté.
Le centre a une vocation éducative afin de sensibiliser la population, surtout les jeunes, à la richesse de la forêt primaire et à l’importance de la protéger. Une démarche vraiment nécessaire à nos yeux surtout quand on sait que l’état de Sabah est le premier exportateur d’huile de palme en Malaisie et que la déforestation pour la culture des palmiers a déjà pris des proportions énormes. La Malaisie commence à comprendre tout gentiment la richesse de son patrimoine naturel. Elle commence à prendre quelques mesures pour la sauvegarde des forêts et de la planète, même si ça reste anecdotique. Nous avons particulièrement apprécié les panneaux explicatifs car ça nous a permis de mettre des noms sur certains animaux que nous avons pu observer.
Evidemment, la pluie est venue jouer les trouble-fêtes mais ce n’est pas très grave, nous sommes bien équipés. Et puis, la forêt sous la pluie c’est très beau, ça déploie toutes ses couleurs et ça sent super bon! Et comme il n’y a pas beaucoup de tarés prêts à marcher sous les averses, nous sommes pratiquement les seuls humains dans la réserve! Il faut juste faire attention de ne pas se casser la figure sur le sol très glissant et aux sangsues qui sont de sortie avec ce temps comme Van l’a appris à ses dépends! Mais quand ça s’arrête, les oiseaux et les papillons se réveillent et c’est une explosion de couleurs qui volette entre les arbres, magnifique!








Le lac

La réserve entoure un petit lac qui est traversé par un pont suspendu. Vu le temps tristounet, il n’est pas vraiment possible de voir à travers mais grâce aux bulles, nous savons qu’il y a des poissons ou autres bébêtes qui nagent dedans. Nous avons cependant aperçu des belles libellules rouges ou vertes ainsi que des superbes échassiers noirs.




Le Ruddy

C’est un petit cours d’eau qui nous accompagne sur une partie du chemin qui nous permet d’apercevoir des petits batraciens, des libellules ainsi qu’un gros trucs brun qui a fait « plouf », vraisemblablement une loutre.





Les géants

Dans la jungle, il y a une catégorie d’arbres qui sont plus grands et plus gros que les autres. On les appelle les géants. Ils grimpent au dessus de la canopée afin de capter plus facilement les rayons du soleil. Certains mesurent jusqu’à 94 mètres de haut! Ils ont aussi au sol d’énormes troncs et d’impressionnantes racines. Si les racines restent hors sol, c’est parce-que la terre est tellement humide et tellement dense qu’elle ne contient pratiquement pas d’oxygène, donc il faut aller la chercher en surface.







Canopy Walkway

Le clou du spectacle c’est la promenade sur la canopée grâce à diverses passerelles culminant à 10 mètres au dessus du sol permettant d’observer la forêt d’en haut et d’apercevoir d’autres espèces animales qui restent en hauteur, notamment des grands oiseaux et des singes. Il y a également 3 tours d’observations à 30 mètres de hauteur.









Bonus : les bébêtes

Ce ne sont pas des photos de bonne qualité car les animaux ne posent pas pour l’objectif! Ce sont juste quelques images prises sur le vif et peu représentatives de tout ce que nous avons observé, tellement c’était varié. Si vous cliquez dessus, vous pouvez les agrandir et apercevoir quelques bébêtes.
Nous avons eu vraiment de la chance de pouvoir observer une quantité d’animaux dont :
- une multitude d’insectes, inconnus pour la plupart
- des papillons aux couleurs somptueuses
- des oiseaux de toutes tailles et aux couleurs chatoyantes parmi lesquels nous avons pu reconnaître un serpentaire bacha, des calaos charbonniers, des calaos à corne rouge, des tricholestes crinigers, un trogon de diard et des martins-pêcheurs.
- un macaque à queue de cochon qui se baladait sur les barrières des passerelles.
- deux nasiques, les fameux singes endémiques au nez proéminent, mais de loin
- deux phacochères comme Pumba dans Le Roi Lion
- un écureuil à oreilles, endémique de Bornéo et, paraît-il, difficile à observer
- un python malais mais ne vous inquiétez pas! Il dormait profondément dans une racine d’un géant et nous avons bien pris soin de ne pas le réveiller et puis les pythons ne sont pas venimeux.






Nous sommes revenus de ces trails trempés, fatigués et bien crades mais vraiment heureux! C’est clairement la plus belle forêt que nous n’ayons jamais vu! Nous en revenons avec des étoiles plein les yeux tellement nous avons découvert une faune et une flore incroyables!
Malheureusement, l’aventure à Sabah s’arrête déjà ici pour cause de mauvaise météo. Il resterait encore pas mal de trésors à découvrir, notamment les fonds marins mais avec la grisaille et la pluie, c’est inenvisageable. Nous allons retourner sur le continent plus tôt que prévu, la mort dans l’âme car cette partie de Bornéo vaut vraiment le détour. Ce sont des choses qui arrivent et ça fait partie du jeu et, en presque 15 mois de voyage, ce n’est que la deuxième fois que nous changeons nos plans pour des raisons météorologiques. La première fois c’était en Bolivie en février 2018, il y a presque une année. Et sous des latitudes aussi proches que l’Equateur, il y a de fortes chances que ce soit bien arrosé même si officiellement, c’est la « saison sèche ».
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