Depuis Kabale, nous avons trouvé un bus de ligne, certes au confort douteux, mais bien mieux qu’un matatu pour la ville de Masaka à une petite centaine de kilomètres de la frontière tanzanienne. Au moins cette fois, nous avons pu parcourir 300 kilomètres en une seule journée.
L’arrêt à Masaka, encore une ville ougandaise sans aucun intérêt, avait juste pour but de trouver un test PCR afin de sortir de l’Ouganda, respectivement de rentrer en Tanzanie. Peine perdue, à l’hôpital, ils ne le pratiquent qu’en cas de symptômes et nous n’avons rien trouvé ailleurs en ville. De plus, on nous a dit qu’il y avait une tente pour faire les tests directement à la frontière.
Nous nous rendons donc à Mutukula, un village séparé en deux par la frontière, la fleur au fusil sans test PCR et sans e-visa. Nous comptons sur le « visa on arrival ». L’immigration des deux pays se trouve dans le même bâtiment après le no man’s land séparant les deux pays. L’ambiance change tout de suite! Après la méfiance des Ougandais, nous avons les camionneurs tanzaniens en attente à la douane qui nous lancent des « Hello, welcome to Tanzania! » ou des « Karibu » qui signifie bienvenue en swahili, ça fait plaisir! Mais, il n’y a pas la trace d’une tente pour effectuer des tests PCR.
Côté ougandais, nous devons juste remplir un formulaire de sortie on nous donne notre tampon de sortie sans autre forme de procès. Côté tanzanien, on nous demande notre certificat de vaccination de la fièvre jaune puis le « Covid certificate ». Nous avons donné notre certificat européen de vaccination Covid-19 et c’est passé comme une lettre à la poste! Ce n’était pas notre but de nous soustraire aux tests, mais nous n’allions pas insister non plus!
Pour le visa à l’arrivée, il n’y a pas eu le moindre problème non plus! Nous sommes tombés sur un des douaniers les plus sympas de notre vie. Et nous en avons passé des frontières! Il nous a même mis le tampon d’entrée avant que nous allions payer notre visa à la caisse! Le passeport espagnol aide beaucoup! Nous avons déjà remarqué que l’Espagne ouvre beaucoup plus de portes que la Suisse auprès des gens lorsque nous voyageons, notamment grâce au championnat de foot, surtout le Barça mais aussi parce-que c’est un pays plus grand, plus connu et que ses ressortissants ont, en général, la réputation d’être plus sympas et ouverts.

Mutukula n’étant qu’un petit village au milieu de nulle part, nous ne nous attardons pas. Pour ce faire, il nous faut reprendre encore un matatu, qu’on appelle dalla-dalla en Tanzanie. Mais oh surprise! Les prix sont fixes et ne sont pas montés artificiellement pour les « muzungus »! En plus, le receveur exige que nous ayons les meilleurs places du fond! Nous n’en demandions pas tant! Après deux petites heures de trajet, sur des routes en bon état, nous arrivons dans la petite ville de Bukoba, sur la côte est du lac Victoria.

Comme nous sommes arrivés en Tanzanie un dimanche, jour du Seigneur, nous restons la journée de lundi à Bukoba afin de changer nos shillings ougandais (peu concluant vu les taux de changes) et d’acheter une carte SIM locale. Ce dernier point a été vraiment épique et nous a pris plus d’une heure et demie! Il faut dire qu’à Bukoba ils ne voient pas beaucoup d’étrangers et introduire notre passeport dans leur système informatique n’a pas été une sinécure. Mais comme nous ne quittions la ville que le soir, ça nous a passé un peu le temps et nous avons bien rigolé.
Car oui, nous voyageons de nuit! Mais pas par la route, par le lac! Il y a un ferry qui relie Bukoba à la ville de Mwanza, sur la rive sud du lac Victoria. C’est beaucoup plus pratique que par la route car une bonne partie du trajet se fait sur des pistes et il faut de toute façon traverser un bras du lac en ferry. Economiquement, ça vaut le coup également. Nous voulons prendre des couchettes mais elles sont complètes pour les trois prochains jours et nous n’avons pas vraiment envie de végéter à Bukoba. Nous nous rabattons sur la troisième classe. Franchement, ce n’est pas terrible. Outre l’inconfort, nous sommes incommodés par la chaleur (nous sommes tout devant dans la cale avec juste quelques petits hublots qui donnent un semblant d’air), les odeurs de pétrole et des toilettes ainsi que par la propension de la population locale à ne pas dormir la nuit! Après 9 heures d’une mauvaise nuit, mais d’une navigation assez paisible, nous voici enfin à Mwanza!


Mwanza

Mwanza n’a aucun intérêt touristique et est construite assez anarchiquement pourtant elle est déjà beaucoup moins invivable que toutes les villes ougandaises dans lesquelles nous nous sommes arrêtés. Nous avons également augmenté légèrement notre espérance de vie en traversant la route. C’est la deuxième ville de Tanzanie après Dar es Salaam pourtant elle a tout d’une petite ville de province. Ce qui nous rassure pour la suite, nous ne redouterons moins les passages dans les villes qu’en Ouganda. Elle vit principalement de la pêche et des activités portuaires, elle est au cœur de la principale route commerciale entre l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya.



Mwanza se trouve dans un environnement naturel assez fascinant. D’énormes blocs de granite façonnés par l’érosion émergent des collines environnantes et la place a été assez laissée à la nature pour que nous puissions nous y promener à pied assez facilement.
Avec les rochers réchauffés par le soleil, ça prolifère de lézards. C’est là que nous avons rencontré notre pote « Agama mwanzae » (Merci Google et Wikipédia!). Il s’appelle ainsi car c’est à Mwanza qu’il a été découvert même s’il a des représentants de son espèce également au Rwanda et au Kenya. Nous le trouvons très beau avec sa robe rose et violette. Oui, on parle de « lui » car c’est un mâle. La femelle est juste d’un brun quelconque.

Le lac Victoria (encore lui!)

La ville de Mwanza est tournée vers le lac Victoria qui, rappelons-le, est le plus grand lac d’Afrique et la deuxième étendue d’eau douce du monde. C’est d’ailleurs l’endroit où, à nos yeux, il est le plus mis en valeur avec des promenades et des points de vues depuis les collines même si ces derniers ont tendance à disparaître avec la constructions d’hôtels de luxe « lake view ». Au large, des dizaines de petits îlots viennent embellir le paysage.





Bismarck rock

A proximité de la plage, cet immense bloc de granite émergeant du lac Victoria est l’emblème de la ville de Mwanza. Evidemment, , comme tout se paie par ici, il faudra débourser 1000 shillings (0,39€ ou 0,41CHF) pour s’en approcher. Mais il est très bien visible depuis le bord de la route. Encore une fois, le travail de la nature et de l’érosion est incroyable!
Nous avons même pu bien apercevoir une colonie de marabouts, ces fameux oiseaux mi-vautours, mi-cigognes. Nous nous demandons toujours comment un si grand corps peut tenir sur deux pattes toutes fines. Mais comme la nature fait bien les choses, c’est sûrement prévu pour.





Mwanza ne sera sûrement pas le souvenir le plus impérissable de Tanzanie mais nous y avons tout de même trouvé notre compte. Commencer par un endroit pas du tout touristique nous a fait découvrir une partie méconnue du pays. C’est aussi reposant de ne pas se faire rabattre tout le temps pour un taxi ou pour des tours. On nous interpelle souvent juste pour nous dire « Hello » et nous y répondons avec plaisir, mais sinon les gens nous foutent relativement la paix. Cette situation risque de changer dans nos prochaines destinations mais nous y sommes préparés et nous y avons déjà été confrontés par le passé, nous devrions vite nous y réhabituer.

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