Dans notre dernier article, nous vous disions vouloir explorer la Tanzanie encore un peu. Alors pourquoi venons-nous déjà avec notre bilan? Tout simplement car nous avons changé d’avis! Nous sommes un peu fatigués de la difficulté à voyager en autonomie dans ce pays. Finalement, c’était moins compliqué en Ouganda. A notre retour de Zanzibar sur le continent, tout à été de travers. Nous voulions prendre le Tazara, une ligne de chemin de fer qui parcourt le sud-ouest du pays, mais il y avait trois semaines d’attente. Nous n’avons pas trouvé de bus pour nous rendre sur la côte plus au nord. Nous avons vraiment galéré pour trouver un ATM qui fonctionne. Nous pensions également nous rendre à Kilwa sur la côte sud mais le fait de devoir débourser 40$ par personne pour accéder aux ruines et de devoir, en plus, prendre un guide nous a vite refroidi. Même le Taj Mahal n’est pas autant un attrape-touristes! Le coup de grâce nous a été donné quand Van s’est fait voler son smartphone dans le bus à Dar-es-Salaam! Attention, nous ne sommes pas du tout en train d’insinuer que tous les Tanzaniens sont des voleurs! Nous avons juste été victimes d’un habile pickpocket dans une grande ville et c’est typiquement le genre de mésaventure qui aurait pu nous arriver n’importe où dans le monde. Mais ce cumul de petites galères nous a fait comprendre que les planètes ne veulent pas s’aligner pour nous en Tanzanie et qu’il est temps de quitter le pays avant d’en être vraiment dégoûtés. Nous avons donc pris un vol pour ailleurs et nous avons passé les deux semaines d’attente avant notre départ sur les magnifiques plages à Kigamboni au sud de Dar es Salaam à profiter de la vie et à élaborer plein de nouveaux projets. Ces derniers jours plus tranquilles nous auront finalement permis de voir la Tanzanie sous un meilleur jour et de partir sur une note positive.
Maintenant que vous savez tout, nous pouvons vraiment passer à la partie bilan!

Comment voyage-t-on en Tanzanie en temps de Covid?
En théorie, il faut montrer un test PCR négatif de moins de 96 heures pour entrer en Tanzanie. Nous avons essayé de le faire à Masaka, dernière ville ougandaise avant la frontière mais, sans symptômes, on nous l’a refusé. On nous a indiqué que tout était organisé pour les tests directement à la frontière. D’autres voyageurs passés avant nous (et même après!) nous ont confirmé cet état de fait. Mais à notre passage, personne ne nous a fait de test et personne ne nous a rien demandé si ce n’est notre certificat de vaccination contre la fièvre jaune mais ça n’a rien à voir avec le Covid. Nous avons montré notre pass sanitaire et apparemment ça a suffi. Nous avons traversé la frontière un dimanche, jour du Seigneur super respecté dans la communauté chrétienne, ça explique sûrement l’absence de personnel pour nous curer le nez. Donc si vous comptez vous rendre en Tanzanie prochainement, sachez que le test PCR est exigé, il y a peu de chances que vous passiez entre les gouttes.
A l’intérieur du pays, c’est open bar, il n’y a aucune mesure prise contre la propagation du virus. En Tanzanie, le Covid n’existe pas! Nous n’avons aucune idée si c’est une stratégie pertinente, nous ne sommes pas médecins, mais de vivre sans aucune contrainte sanitaire, c’est quand même le pied! Nous qui pensions bien nous adapter aux différentes mesures prises, nous nous sommes vite rendus compte que ça nous affectait quand même psychologiquement. Nous avons vécu deux mois dans « le monde d’avant » et nous avions presque oublié combien il était cool!
C’est pendant notre séjour tanzanien que l’Afrique du Sud a annoncé la découverte du variant Omicron. Nous n’avons, évidemment, pas été épargnés. Nous n’avons pas été testés mais nous avons présenté tous les symptômes de ce nouveau variant durant une semaine. D’ailleurs, pendant tout le mois de décembre, ça toussait et ça reniflait beaucoup, partout en Tanzanie. Tout le pays a dû être infecté. Mais ça s’est arrêté comme c’est venu durant la première semaine de janvier. Nous avons donc bon espoir que la vague que subit l’Europe actuellement va aussi finir par descendre.
Pour un pays qui vit dans le déni de la pandémie, nous nous sommes bien étendus sur le sujet du Covid! Passons plutôt aux choses sérieuses et plus intéressantes du bilan.

En chiffres
Durée du séjour
61 jours. Pile deux mois! Nous aurons quand même utilisé les deux tiers de nos visas.
Budget
5’916’456TSH (shilling tanzanien) soit 2348 CHF ou 2260€ ce qui nous fait une moyenne journalière de 96’991 TSH (38,51 CHF ou 37,05€) Nous avons un bon budget mais parce que nous avons laissé tombé les activités touristiques et parce que, sur la fin, nous n’avons très peu bougé.
Sont compris dans ce budget, en plus des logements, des transports et de la bouffe, les visas (50$ par personne) et une carte SIM locale indispensable avec 12GB d’internet que nous avons renouvelés après un mois (40’000 TSH soit 15,20€ ou 15,85 CHF)
Distance parcourue
1941 kilomètres. De Mutukula (frontière ougandaise) – Bukoba – Mwanza – Singida – Arusha – Moshi – Dar-es-Salaam – Zanzibar – Dar-es-Salaam – Kigamboni – Dar-es-Salaam. Principalement en bus mais aussi en ferry, en tuk-tuk , en dalla-dalla et même en traversier entre Dar-es-Salaam et Kigamboni. Traverser le lac Victoria entre Bukoba et Mwanza nous a fait gagner environ 240 kilomètres mais nous avons « perdu » plus de 430 kilomètres entre Mwanza et Arusha en passant par Singida car la route contourne l’immense parc national du Serengeti.
Régions traversées
10 : Kagera, Mwanza, Shinyanga, Singinda, Arusha, Kilimandjaro, Tanga, Pwani, Dar-es-Salaam ainsi que la région semi-autonome de Zanzibar.
Extrêmes d’altitude
Le niveau de la mer au bord de l’Océan Indien et à Zanzibar et 1400 mètres à Arusha. Même si nous ne l’avons pas gravi, nous avons eu la chance d’apercevoir le Kilimandjaro, le plus haut point de toute l’Afrique qui culmine fièrement à 5895 mètres d’altitude.
Extrêmes de températures
26 degrés dans un climat tempéré par l’altitude à Arusha et 35 degrés sous le soleil écrasant de janvier à Dar-es-Salaam. Des températures normales et de saison sous ces latitudes.

Nous coups de gueule et coups de cœur
Evidemment, la Tanzanie ne nous a pas laissés indifférents. Comme de coutume, nous finirons par le meilleur!
Coups de gueule
La difficulté de voyager en autonomie : Nous comprenons amplement qu’on ne nous laisse pas taquiner du lion dans la savane à nos risques et péril mais cette mentalité de nous coller un guide sur le dos pour tout, ça commence à nous gonfler et ça coûte une blinde. Pour une bonne partie des activités, même anodines comme visiter quelques ruines, il faut contracter un tour et nous détestons cette façon de faire. C’est la principale raison qui nous a décidé à écourter notre séjour tanzanien.
Les rabatteurs à Moshi : En général, en Tanzanie, les rabatteurs ne sont pas trop énervants et passent vite à autre chose quand on leur dit non. Sauf à Moshi, pour une raison qui nous échappe totalement. Nous n’avons jamais vu autant d’agressivité chez l’être humain! Les Balinais sont des Bisounours en comparaison!
La station de bus de Mwanza : Nous n’avons jamais vu une telle foire d’empoigne! Les gens se bousculaient et venaient carrément en troupeau nous aborder pour nous vendre un billet de bus ou autre chose comme des boissons, des babioles et même un appartement!
Le réseau internet : Les Tanzaniens utilisent très peu internet et ça se ressent. Nous n’avons jamais autant galéré pour trouver du Wifi et encore faut-il qui fonctionne. Nous nous sommes procurés une carte SIM avec des GB internet mais là aussi, la 4G ne fonctionne que très aléatoirement, surtout à Zanzibar. Nous avons souvent dû nous rabattre sur des cafés qui offrait du Wifi mais c’est souvent bruyant et d’un confort moyen pour travailler même si la terrasse donnant sur l’océan ferait des photos (que nous n’avons même pas pensé à prendre!) parfaites sur Instagram. Bref, la Tanzanie n’est pas la meilleure destination pour les nomades digitaux.
C’est cool mais exaspérant à la fois!
La lenteur : Oui, c’est bien nous qui prônons la lenteur, le fait de prendre le temps, le no stress, le slow travel, etc… Ben sur ce coup là, les Tanzaniens nous battent à plate couture au point d’en devenir exaspérants. Tout prend des plombes, en particulier dans les transports et notre patience, pourtant assez grande, est parfois mise à rude épreuve. Nos propos sont sûrement dictés par une pointe de jalousie car ce qu’il reste d’occidental pressé en nous aimerait bien être aussi cool et détendu qu’eux.
Coups de cœur
Les gens : Ah enfin la chaleur africaine qui nous avait manqué en Ouganda! La population locale est très avenante sans être envahissante et très souriante. Le niveau d’anglais est très bon, il est donc facile de communiquer. Les enfants nous lancent souvent des « Hello », des « Jambo » (Hello en swahili) ou encore des Karibu (bienvenue) et sont vraiment contents quand nous leur rendons leur salut, surtout avec notre swahili très hésitant. Les gens sont relativement honnêtes. Certes, ils pratiquent souvent le « Mzungu Price » mais c’est rarement exagéré et c’est de bonne guerre. Une fois un prix négocié, ils s’y tiennent et n’essaient jamais de nous soutirer quelques shillings de plus. Nous nous heurtons parfois aux différences culturelles mais dans l’ensemble, nous avons un bon feeling avec les Tanzaniens.
La bouffe : Rien de très nouveau par rapport à l’Ouganda mais ça reste très bon. La cuisine est toujours influencée par le sous-continent indien pour notre plus grand bonheur! Nous avons savouré de délicieux currys! Nous avons profité des avocats et des mangues qui poussent en abondance et qui ont un goût exceptionnel! Dans les restos, les plats sont toujours préparés à la minute, ça implique un temps d’attente interminable mais le résultat est souvent à la hauteur des espérances. Nous avons juste pris l’habitude d’emporter nos liseuses avec nous chaque fois que nous allons manger quelque-part. Le temps paraît ainsi moins long et le personnel ne stresse pas à essayer de nous servir au plus vite. Les végétariens trouverons également leur bonheur, il y a des plats sans viande absolument partout!
Le plastique, ce n’est pas fantastique! Enfin un pays qui a réussi à interdire les sacs en plastique sur son territoire! Nous saluons la mesure en espérant que d’autres pays s’en inspirent. (C’est déjà le cas du Kenya). Nous n’avons jamais été pris pour des extraterrestres en allant au marché avec nos gourdes, nos tups et nos sacs en tissu, et ça c’est rare, même en Europe! Nous n’avons jamais vu un gobelet en plastique jetable, tous les cafés sont servis dans des vraies tasses. Les boissons sont, en grande majorité, conditionnées dans des bouteilles en verre. Bien sûr, ces quelques mesures restent anodines et il y a encore du boulot au niveau écologique, comme partout, mais il y a déjà une certaine motivation et nous partons du principe que chaque petit pas doit être mis en avant. Grâce à tout ça et à une mentalité de recyclage bien ancrée, le pays est très propre et il y a vraiment très peu de déchets qui traînent par terre.
Le café : La Tanzanie ne fait pas partie des grands producteurs de café mais la caféiculture reste tout de même une part importante de son économie. Et surtout, il est excellent! Et nous sommes très exigeants en café! Pour le savourer pleinement, il existe une multitude de petits cafés cosy où il fait bon se poser au calme et au frais.
Dar-es-Salaam et son multiculturalisme : Nous avons bien été échaudés par Kampala, la capitale de l’Ouganda et une des pires villes que nous connaissons, nous pensions donc que Dar-es-Salaam allait être du même acabit. A tort! Non, ce n’est pas la ville la plus agréable du monde et fait partie de ces grandes métropoles construites anarchiquement mais tout n’est pas à jeter. Déjà, elle se situe au bord de la mer, un gros atout à nos yeux. Ensuite, elle possède une multitude de magnifiques édifices coloniaux dont la plupart abritent des ministères, des cours de justice ou des ambassades. Pour cette raison, nous n’avons pas pu prendre de photos, ni du superbe front de mer à cause de la présence d’une base militaire. Les Tanzaniens ne sont déjà pas super à l’aise avec les photos en temps normal, ils sont carrément sur les dents quand il s’agit de « lieux sensibles ». Enfin, un vrai melting pot de cultures s’y concentre. C’est une ville avec une ambiance bien africaine mais dont les influences indiennes et arabes sont très présentes. Les autres pays du continent y sont aussi bien représentés avec, notamment, des communautés d’Ethiopiens, de Somaliens et de Comoriens. Ces derniers nous ont d’ailleurs souvent interpellé juste pour le plaisir d’échanger quelques mots dans la langue de Molière.
Zanzibar : Nous avons débarqué à Zanzibar sans trop d’attente. Nous pensions trouver quelque-chose de très dénaturé soumis au tourisme de masse. Il paraît que c’est le cas au nord de l’île mais nous n’avons pas été vérifier de peur de perdre nos belles illusions. Les plages de l’est font partie des plus belles que nous n’ayons jamais vues : le sable est blanc, l’eau est cristalline, les plages sont sauvages et il n’y a pas d’alignées d’hôtels en béton qui longent la côte. Quant à Stone Town, elle vaut amplement une visite pour son magnifique petit centre historique. Zanzibar restera un énorme coup de cœur, tous nos voyages confondus.
Conclusion
Finalement, nous n’avons pas dressé un bilan si négatif de la Tanzanie malgré notre décision d’écourter notre séjour. Nous sommes contents de ne pas partir fâchés, ce n’était pas le but. C’est juste que nous avons fait notre temps et nous voulions surtout arrêter de nous énerver sur des choses que nous ne pouvons pas changer. Nous ne recommandons pas cette destination en mode backpack, c’est quasiment mission impossible mais pour du tourisme un peu plus standard avec un meilleur budget, nous vous encourageons à découvrir ce magnifique pays.

Spoiler Alert!
Comme vous avez pris le temps de lire notre pavé, nous vous dévoilons la suite de nos aventures. Si tout se passe comme prévu, nous devrons vous donner nos prochaines news depuis Le Caire. L’Egypte était sur notre liste depuis le début, nous étions même censés, à la base, la rejoindre par voie terrestre depuis l’Afrique de l’Est mais les différentes situations politiques en Ethiopie et au Soudan en ont décidé autrement. Ce projet est vite tombé à l’eau et c’est pourquoi ensuite nous avions décidé de traîner un peu en Tanzanie avant de partir pour le pays des Pharaons. Nous avons juste avancé notre départ d’un petit mois.
Nous nous réjouissons de cette nouvelle aventure en espérant que ce fichu virus ne viennent pas jouer les trouble-fêtes et bien évidemment nous ne manquerons pas de partager nos expériences avec vous!
Vous n’êtes pas les premiers à faire le retour que la Tanzanie en mode backpacker c’est mission impossible. Vous avez certainement bien fait de ne pas vous acharner pour garder une image positive… car qu’on se le dise, ça a quand même l’air magnifique
J’aimeJ’aime
Coucou Benoit!
Merci de ton commentaire! Nous ne regrettons pas une seconde d’être venus en Tanzanie et gardons finalement une impression assez positive du pays et des belles images plein la tête.
Profitez bien de la belle Andalousie, on se regale aussi avec vos photos!
J’aimeJ’aime