Avant d’entamer ce bilan, nous tenons à mettre au point deux ou trois petites choses :
- L’Ouganda n’est pas du tout un pays fait pour le backpack et il ne s’en cache pas. Il vise plutôt un tourisme « all inclusive » , haut de gamme avec chauffeur privé et tours organisés par des agences. Nous avons parfois galéré à trouver ce que nous cherchions, notamment dans les hébergements.
- L’Ouganda n’était pas notre premier choix de destination notamment à cause du point ci-dessus. C’est l’offre aérienne qui nous a finalement décidé pour ce pays. Nous sommes donc arrivés presque à l’arrache sans avoir une idée précise de ce que nous voulions / pouvions voir contrairement à d’autres pays voisins.
- C’est notre tout premier voyage en Afrique subsaharienne, nous sommes complètement novices sur ce continent. Nous sommes peut-être en choc culturel. Si nous devions récrire ce bilan dans quelques mois avec plus d’expérience, il serait probablement totalement différent.
Voilà, ces quelques point mis à plat, nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses!

Comment voyage-t-on en Ouganda en temps de Covid?
Pour rentrer sur le territoire, il faut être muni d’un test PCR négatif de moins de 72 heures. Il faut refaire un test à l’arrivée. Comme nous sommes arrivés par voie aérienne, tout était parfaitement organisé à l’aéroport d’Entebbe. Le résultat est donné dans l’heure.
Le port du masque est censé être obligatoire à l’intérieur mais en pratique ça reste très aléatoire même si nous avons vu plusieurs personnes se faire remettre à l’ordre.
La capacité des moyens de transports n’est autorisée qu’à 50%. C’est super respecté entre Entebbe et Kampala, un peu moins dès qu’on s’éloigne de la capitale. Les chauffeurs de matatus (les minibus qui fonctionne comme des taxis collectifs) n’hésitent pas à éviter les checkpoints ou à corrompre les agents de police pour pouvoir remplir leur véhicule.
Il y a un confinement nocturne de 19 heures jusqu’à 5 heures 30 du matin. On nous a dit qu’en tant que touristes nous pouvons courber le couvre-feu. Ce que nous n’avons pas fait. Même si nous soupçonnons fortement les autorités de faire preuve d’excès de zèle plutôt que de prendre de vraies mesures anti-covid, nous ne voulons pas de passe-droit juste parce-que nous sommes blancs. Nous avons juste organisé nos journées autrement. De toute façon, il fait nuit à 19 heures et il vaut mieux rester à l’abri sous une moustiquaire, le risque de paludisme n’est pas à prendre à la légère. Nous avons ainsi eu le temps de passer nos soirées à bosser sur l’ordi, bien plus de ce que nous avions prévu à la base, ce qui nous permettra de lever un peu le pied plus tard.
Bon, nous avons fini de parler de cette fichue pandémie, passons maintenant au vrai bilan!
En chiffres
Durée du séjour
18 jours
Budget
3’168’365 shillings soit 823,75 CHF ou 785,75€ ce qui fait une moyenne de 45,59 CHF ou 43,64€. Nous sommes dans une moyenne haute mais nous le savions, et nous sommes quand même dans notre budget!
En plus des logements, de la bouffe et des transports, sont compris dans ce budget les visas (50$ par personne), les test PCR effectués à Istanbul pour rentrer sur le territoire ougandais (17o TL par personne soit 13,40€ ou 14 CHF), les tests PCR à l’arrivée (30$ par personne) et une carte SIM (indispensable!) avec 20 Go d’internet (52000 UGX soit 12,90€ ou 13,50 CHF).
Distance parcourue
1367 kilomètres. De l’aéroport d’Entebbe à Kampala – Jinja – Kampala – Fort Portal – Kikorongo – Mbarara – Kabale – Masaka – Mutukula (frontière tanzanienne). Le tout en matatu, en bus, en boda-boda (moto-taxi) et même à pied pour revenir des crater lakes ou du lac Bunyonyi.
Extrêmes d’altitude
928 mètres dans la savane à Kikorongo et 2200 mètres sur les hauteurs du lac Bunyonyi . L’Ouganda se trouve sur un haut plateau et l’altitude moyenne des rives du lac Victoria se situe entre 1200 et 1300 mètres. Donc il n’y a rien d’exceptionnel dans ces altitudes.
Extrême de températures
20 petits degrés sous l’orage à Kabale, à 2000 mètres d’altitude il fait vite frais. 29 degrés lors d’une éclaircie à Fort Portal. Vu l’altitude (1523 mètres) et l’humidité du climat, c’est relativement élevé. L’Ouganda a climat équatorial mais qui est très tempéré (voir carrément frais pour nous, surtout la nuit!) par l’altitude.
LE point zéro!
A Kikorongo, nous avons franchi la ligne de l’Equateur passant dans l’hémisphère sud par la même occasion. C’est notre troisième point zéro après Quito en Equateur (logique!) et Pontianak en Indonésie!
Si on a pas de Rolex à 50 ans c’est qu’on a raté sa vie!
Ouf, nous n’avons pas raté notre vie nous avons eu une dizaine de rolex! Sauf qu’en Ouganda un rolex, c’est un snack! C’est une variante du pain chapati indien (la pâte est plus souple qu’en Inde et on y incorpore des carottes râpées et des oignons avant cuisson), une omelette est posée sur le pain, on y ajoute au milieu en général des légumes sautés mais aussi des champignons ou des avocats et on roule le tout tel un wrap. Le mot rolex vient de la mauvaise prononciation du mot anglais « rolled egg » (œuf roulé). C’est le plat national ougandais et il se décline en des milliers de recettes différentes pour la farce. Nous on y a totalement adhéré!

Coups de gueule / coups de cœur
L’Ouganda ne nous a pas laissés indifférents. Comme d’habitude, nous commençons par les choses négatives, histoire de finir avec optimisme.
Coups de gueule
Kampala : Jamais nous n’avons vu une ville autant infernale! Kampala est un enfer sur terre avec sa boue, sa poussière, ses quartiers construits anarchiquement sur les différentes collines et son trafic infernal! Saïgon ressemble à un havre de paix à côté et Yangon également! Si c’était à refaire, nous snoberions totalement la capitale, c’est vraiment sans intérêt.
Les transports : Il faut reconnaître que nous avons été particulièrement gâtés ailleurs. Les routes sont en général en bon état mais on y roule avec des véhicules hors d’âge à tombeau ouvert! Une fois, dans un bus, les suspensions étaient tellement HS et ça secouait tellement que le podomètre de Van s’est mis en marche! Pour effectuer vos 10’000 pas en Ouganda, prenez le bus! Les bus de ligne sont en général fiables à condition de ne pas avoir d’horaire. Les matatus sont pratiques pour des distances de moins de 200 kilomètres et desservent les petits villages mais ils sont d’une lenteur exaspérante, même pour nous, car ils attendent à chaque fois d’être plein avant de partir et à chaque fois qu’ils déposent quelqu’un. C’est très inconfortable, il n’y a pas la place pour les sacs et nous sommes tombés sur certains chauffeurs pas très honnêtes avec lesquels il faut toujours négocier et ne pas se faire arnaquer. Les bodas bodas sont faits pour les courtes distances. Au premier abord, ce sont les plus énervants car les chauffeurs viennent toujours nous harceler pour avoir une course mais une fois que c’est négocié, ils ne discutent plus le prix. Le premier que nous avons pris a failli nous faire mourir de peur mais nous étions tombés sur un chauffeur particulièrement kamikaze et sur une piste vraiment défoncée. Ensuite, ça c’est beaucoup mieux passé et nous avons quand même été contents de les avoir à disposition.
Mi-figue, mi-raisin
Les gens : Mis à part quelques abrutis, comme il en existe partout ailleurs, nous n’avons rien à reprocher au peuple ougandais. Mais nous n’avons pas eu le coup de cœur non plus. Pour leur défense, la Turquie avait mis la barre hyper haut dans ce domaine! Nous les trouvons très méfiants, pas seulement vis à vis de nous mais de tout le monde et ils sont carrément hostiles dès qu’ils voient un appareil photo. Ceci s’explique peut-être par la vague d’attentats qui secoue la capitale ces temps. Ils ont été revendiqués par l’Etat Islamique et ça creuse le fossé entre les différentes communautés religieuses et nous le ressentons fortement.
Il y a juste dans les restaurants, même dans les gargotes les plus modestes, ou les gens sont très souriants et où le service est irréprochable. Il y a évidemment des rabatteurs mais nous avons connu bien pire ailleurs. Ce sont les enfants qui nous ont laissé les plus beaux souvenirs. Ils sont très souriants et lancent des « Hello » à la volée dès qu’ils nous aperçoivent. Certains ont même crié de joie quand nous leur avons répondu! Comme quoi, un « Hello », un sourire et un petit signe de la main peut égayer une journée. Bien sûr, certains d’entre eux ont bien appris à mendier, poussés par des adultes, mais ce n’est pas la norme. La communication se fait, en général, facilement en anglais mais nous ressentons parfois une barrière culturelle. Nous savons pertinemment que tous n’ont pas eu la chance d’aller à l’école et d’être sensibilisés à l’ouverture sur autrui. Bref, pas notre meilleur souvenir, mais pas le pire non plus.
Coups de cœur
Les paysages : Certes, nous n’avons pas encore de points de comparaison mais nous trouvons que l’Ouganda mérite amplement son surnom de « Perle de l’Afrique »Il y a des collines verdoyantes, des montagnes, des forêts tropicales, des cultures en terrasses et des savanes typiquement africaines! La lenteur et l’inconfort des transports ont largement été compensé par le panorama qui défilait sous nos yeux! Nous mettons officiellement l’Ouganda en tête de la liste des plus beaux pays que nous avons visités!
C’est très vert : On doit évidemment tout ce vert au climat équatorial bien humide et aux pluies qui arrosent abondamment le pays mais aussi à la faible urbanisation. La population est concentrée dans les villes, certes moches, poussiéreuses et infernales, mais une fois en dehors, c’est place à la nature ou aux cultures. Nous avons parcourus des kilomètres de no man’s land avec juste la forêt ou la savane comme compagnie.
La bouffe : C’est la grosse bonne surprise de l’Ouganda. En fait, nous n’avions pas d’idées préconçues partant du principe de manger ce qu’il y a. Et le « ce qu’il y a » est rempli de bonnes choses. La cuisine est très influencée par l’Inde (cuisine à laquelle nous vouons presque un culte!) car il y a eu une forte immigration en provenance du sous-continent dans les années 1930. Nous avons dégusté de savoureux currys, des dosas, du dahl et du paneer. Nous avons fait le plein de légumineuses et de bons légumes. Grâce à son climat tempéré par l’altitude et ses pluies, l’Ouganda cultive une quantité de produits. Les marchés sont colorés et font plaisir à voir : fruits tropicaux, avocats, carottes, légumes méditerranéens, des dizaines de sortes de lentilles, etc… Nous nous sommes faits de savoureux guacamoles. Ce n’était pas la raison première de notre visite, mais c’est un argument de poids pour l’Ouganda.
Le non gaspillage : On doit ce dernier point aux circonstances et au manque de moyens et non pas à une réelle volonté malheureusement. Les gens ont appris à économiser l’eau, à recycler et à réutiliser les déchets. D’ailleurs, nous nous étions attendus à voir des montagnes de déchets comme nous en avons pu en voir ailleurs. Encore un préjugé à la c** sur le continent africain! Certes, il y en a quand même mais ce n’est pas si choquant. Nous avons même vu des panneaux interdisant le littering avec amendes à la clé. A part dans le quartier des expats de Kampala, il n’y a pas un supermarché avec un stock incroyable de produits. Nous n’avons pas vu une seule climatisation! Déjà, nous n’aimons pas ça et c’est un facteur important du réchauffement climatique. On s’en passe très bien, on transpire juste un peu plus c’est tout. Ça nous remet pas mal les pendules à l’heure nous qui avons toujours connu l’eau courante et l’électricité à toute épreuve. Nous avons dû composer avec les différentes coupures et même si c’est un peu contraignant, surtout pour l’eau (mais on nous en a apporté depuis un puits voisin) nous nous adaptons et finalement, il n’y a pas mort d’homme.
Les oiseaux : L’Ouganda est un vrai paradis pour les oiseaux. Nous en avons vu plus ces quelques semaines que durant toute notre vie! Même en Malaisie il n’y en avait pas autant! Il y en a pour tous les goûts : des grands, des petits, des rapaces, des échassiers, de toutes les couleurs, etc. Bref, nous en avons pris plein les yeux avec ces petites (et moins petites) bébêtes.
Choc culturel
Le pays est hyper militarisé : Il y a des militaires et des checkpoints partout! Nous n’en avions jamais vu autant. Chaque intersection, chaque magasin même petit, chaque ATM, chaque parking à son militaire armé de son fusil pour « accueillir » les visiteurs et chasser les indésirables. La récente vague d’attentats met un peu tout le monde à cran. Pas étonnant que la population vire un peu parano!
Muzungu : c’est un terme d’origine bantoue signifiant vagabond mais qui est utilisé aujourd’hui en swahili pour nommer l’homme blanc. Il peut être utilisé comme une insulte, une éloge ou une boutade, tout dépend du ton utilisé. Nous nous sommes bien évidemment fait traités de muzungu des trois manières différentes mais avec une prédominance pour la dernière!
La lenteur : Pourtant nous prônons la lenteur, le slow travel et la slow life! Nous ne savons pas si c’est notre retour en Occident l’année passée qui nous a fait passer à un rythme plus rapide sans que nous nous en apercevions ou si vraiment tout est d’une lenteur exaspérante en Ouganda mais ça nous frappe. Nous avons l’impression d’avoir passé une bonne partie de notre séjour à attendre qu’on nous serve nos assiettes, sur les transports,que le gars devant nous veuille bien avancer, qu’on nous attribue notre chambre où juste qu’une personne veuille bien répondre à nos questions. Nous savons maintenant pourquoi nous avons investis dans nos liseuses qui se sont avérées de véritables alliées pendant ces longues heures d’attente.
Le dimanche matin : Il ne faut pas espérer faire une grasse matinée le dimanche en Ouganda. C’est le jour du Seigneur et on nous le fait savoir dès le lever du soleil, vers 6h30! La majorité chrétienne du pays (il y a des catholiques, des évangélistes, des pentecôtistes, des baptistes et même des témoins de Jéhovah!) alterne chants religieux et prédications directement dans la rue. Certes, c’est entraînant et rempli de joie de vivre mais nous sommes sûrs que leur ami imaginaire là-haut peut attendre des heures plus convenables, non?
Fab a reçu quelques propositions d’achat pour Van : La femme blanche est une marchandise de choix pour la minorité musulmane du pays. La première fois que nous avons entendu « I want to buy your wife » (Je veux acheter ta femme) nous avons bien rigolé avant de nous rendre compte que les mecs étaient vraiment sérieux! Ils étaient vraiment tous déterminés à littéralement acheter Van pour la donner en mariage à un homme de la communauté. Une fois, un chiffre a même été avancé : 100’000 shillings (24,80€ ou 26 CHF) ce qui n’est pas rien en Ouganda. Nous avons vraiment blessé des gens en refusant leurs propositions, même avec diplomatie. Ce n’était évidemment pas notre but en en sommes vraiment désolés mais nous n’allions pas accepter juste pour ménager certaines susceptibilités.

Ainsi s’achève notre bilan de l’Ouganda. Nous sommes conscients qu’il est bien gratiné et nous nous excusons pour le pavé (ou pas!) mais ce coin est une véritable découverte pour nous et nous n’avons pas encore tout assimilé ou digéré ce que nous avons vu et vécu. Peut-être devrions-nous y revenir d’ici quelques mois et en parler avec plus de recul.