Alanya, sa citadelle, ses environs et le site archéologique de Sidé

Nos aventures ferroviaires sont déjà terminées mais les trajets en bus sont tout autant confortables et le paysage depuis Konya est, encore une fois, pittoresque! Après cinq heures de voyage, une traversée des montagnes et un gain de plus de dix degrés, nous voici enfin sur la côte méditerranéenne pour notre plus grand bonheur!

Kleopatra Beach

Au premier abord, Alanya n’est qu’une quelconque station balnéaire avec ses alignées d’hôtels, de bars, de restaurants, de chaises longues et ses hordes de touristes russes. Mais elle se situe dans une baie protégée et pittoresque au pied des Monts Taurus

Il paraîtrait que la reine Cléopâtre herself est venue se baigner dans le coin d’où le nom de la plage. Elle a sûrement dû en profiter de se faire un gommage car le sable est vraiment grossier. En plus, le rivage est en pente, ce n’est pas vraiment idéal pour les longues promenades sur le sable que nous affectionnons tant. Par contre, l’eau est vraiment claire et la température est encore bien agréable pour la baignade, et c’est Van la Frileuse qui le dit! Et pour marcher, la municipalité a pensé à tout puisqu’elle a aménagé un long chemin piéton ainsi que des jardins en bord de mer, loin de la grande route et de son trafic.

La citadelle

Evidemment, nous ne nous sommes pas arrêtés à Alanya uniquement pour la playa, mais également pour sa culture. Et puis, ce n’est pas parce-que nous ne sommes plus en Espagne que nous devons renoncer à notre petite grimpette du jour! Mais pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas grimper la colline, pas de panique, il y a un télécabine qui vous emmène au sommet! Nous, nous préférons y monter à pied, pas pour des raisons de budget car le prix est encore relativement raisonnable pour ce genre d’attraction (20 TL la montée soit 1,90€ ou 2,05 CHF et 39 TL l’aller-retour soit 3,75€ ou 4 CHF), mais pour le plaisir de faire travailler nos gambettes. La citadelle culmine à 250 mètres et le chemin d’accès est assez facile. Nous marchons à l’ombre des maisons du quartier à flanc de côteau d’Alanya et ensuite dans une magnifique forêt de pins, ce n’est donc jamais en plein cagnard. Déjà, la vue sur la ville et sur Kleopatra Beach est époustouflante

Si nous faisons abstraction des boutiques de souvenirs, la forteresse au sommet vaut amplement l’effort fourni! La muraille date du XIIIe mesure près de sept kilomètres de long en épousant le relief très escarpé de la colline. Ils ont dû rigoler pour construire tout ça à l’époque! Alanya appartenait au sultanat de Roum, le même que celui des mausolées de Konya, dont la ville était un avant-poste sur la Méditerranée. A l’intérieur de la citadelle il y a, outre les fameuses boutiques, un petit musée, une mosquée, quelques cafés et surtout, une vue à couper le souffle! Avec le temps ensoleillé et splendide que nous avons, la Grande Bleue est vraiment super calme et ressemble à un vrai lac sans la moindre petite vaguelette!

Le port et la Tour Rouge

Nous décidons de descendre la colline par l’autre versant, c’est-à-dire à l’est et nous avons trop raison car ce côté-ci est encore plus pittoresque qu’à l’ouest! Nous nous rendons mieux compte de la longueur des fortifications et la vue sur le port et sur les Monts Taurus est vraiment incroyable. La tour au pied de la citadelle fait partie de l’ensemble défensif, elle est juste plus emblématique à cause de sa couleur rouge. Dans le port, nous apercevons de magnifiques galions reconstitués. Ils sont utilisés comme discothèques flottantes pour touristes en mal de divertissements mais nous les trouvons tout de même assez majestueux.

Dim çayi

Nous profitons d’une météo superbe pour nous éloigner un petit peu de la mer (mais pas trop, hein! Juste huit petits kilomètres!) afin de découvrir l’arrière pays et de faire quelques pas. Le Dim çayi est un barrage (oui, en anglais ça fait Dim Dam!) de 134 mètres de haut construit en 2008 sur la rivière Dim afin de fournir de l’électricité à toute la région d’Alanya. Le lac de retenue au sommet du barrage nous offre un paysage magnifique au milieu de montagnes verdoyantes. Malheureusement, toute l’étendue d’eau est entourée par un grillage pour éviter tout accident et les piétons doivent rester sur la route. Au pied du barrage, dans la rivière, se trouvent ce qu’on appellent des « Piknik restaurants » avec des tables basses et des petits fauteuils qui rappellent l’ambiance d’un pique-nique tout en se faisant servir comme dans un restaurant. Nous trouvons le concept un peu kitch mais pas totalement dénué d’intérêt.

Pour y accéder depuis le centre-ville, il suffit de prendre un dolmuz, ce qui signifie minibus en turc même si à Alanya, ça s’apparente plus à un bus urbain.

Sidé

Le système de transports public étant vraiment top et bien organisé en Turquie, nous parcourons les 64 kilomètres qui séparent Alanya de Sidé en dolmuz. Il faut juste effectuer un changement dans la petite ville de Manavgat.

Old town

Side possède un mini-centre historique même s’il a été bien « Disneylandisé » pour l’industrie touristique. Il est quand même tout mignon avec ses petites maisons ottomanes en bois même si les constructions nous rappelle un peu des chalets de montagnes. C’est fou, après des années à parcourir le monde et à prôner la tolérance et l’ouverture d’esprit, notre cerveau reste parfois tellement formaté pour certaines choses même si, ici, il ne s’agit que d’architecture. Elles ont bien le droit de profiter de la douceur méditerranéenne ces maisons-chalets, non mais! Une des particularité c’est que le sol d’une bonne partie du quartier est en verre afin de pouvoir observer les ruines de l’antique Sidé sous nos pieds.

Le site archéologique

Le site antique se situe sur un promontoire rocheux qui s’avance dans la mer Méditerranée. Ce ne sont pas les vestiges les mieux conservés que nous ayons vus mais le décor entre mer et champs d’oliviers vaut le coup d’œil. Se promener entre nature et vieilles pierres est bien agréable surtout que l’espace est grand, nous ne subissons jamais la foule. Quelques bas-reliefs sont encore visibles et nous pouvons en déduire qu’à Sidé, il y avait des sculpteurs hors pair!

On en sait très peu sur la fondation de la ville. On sait qu’elle prit de l’importance pendant l’empire achéménide, un empire perse qui couvrait tout le Golfe Persique ainsi que la Méditerranée orientale avant de se soumettre à Alexandre le Grand, donc à la Grèce antique en 333 avant Jésus-Christ. Elle déclina pendant l’Empire Romain avant de connaître un petit redressement à l’époque byzantine (V-VIe siècles). On y voit d’ailleurs les ruines des toutes premières basiliques chrétiennes. La cité a complètement été abandonnée pendant les raids arabes du VIIe siècle. Voilà pourquoi la conservation du site n’est pas optimale. Cependant, il y a encore des fouilles archéologiques en cours ainsi que des travaux de restauration sponsorisés par un gros complexe hôtelier du coin.

Temple d’Apollon

Le clou de la visite est le temple d’Apollon dont les vestiges dominent la mer Méditerranée. Il doit dater du règne d’Alexandre le Grand puisque, rappelons-le, Apollon faisait partie de la mythologie grecque. C’était le dieu des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière. Les habitants de Side devaient particulièrement aimer les arts s’ils lui ont dédié un temple dans le plus bel endroit de la ville! Athena (la déesse grecque de la guerre) devait également être appréciée puisque son temple y était construit à proximité mais il n’en reste presque plus rien aujourd’hui.

Autant Alanya que Sidé possèdent un musée archéologique. Ils ont l’air intéressant mais nous sommes tellement contents d’avoir du soleil et des températures estivales que nous n’avons pas vraiment envie de nous enfermer dans un musée!

Manavgat waterfalls

Vu que nous sommes dans le coin, nous profitons d’aller jeter un coup d’œil au cascades de Manavgat sur la rivière du même nom. Franchement, nous aurions pu nous en passer! Le coin a été aménagé rien que pour les touristes avec cafés et chaînes de fast-food à gogo et la cascade en elle-même n’est pas très impressionnante. Bon, il est vrai qu’après avoir vu Iguazu, il y a de quoi être blasé! C’est plutôt la clarté et la couleur de l’eau qui nous a fascinés.

Comme il n’y a que trois kilomètres jusqu’au centre ville de Manavgat, nous décidons de rentrer à pied plutôt que de reprendre le dolmuz. Nous longeons la rivière dans un endroit beaucoup plus sauvage. Nous sommes d’ailleurs seuls au monde. Si l’eau est vraiment belle, il est fortement déconseillé d’y nager, les courants sont vraiment forts et dangereux et accessoirement, l’eau est froide (Oui, Van a testé pour vous en y trempant sa main!) Nous marchons également à travers les champs d’oliviers et de grenadiers. Ces derniers regorgent de belle grenades mûrissant au soleil en cette saison.

Ce petit coin de Turquie nous aura donné de la nature, de la culture, de l’histoire, la mer, des températures estivales, des rencontres incroyables et des plats savoureux. Que demander de plus? Nous avons vraiment été enchantés par tout ce que nous avons vu, appris, ressenti ou goûté! Espérons que la suite nous donnera également quelques bonnes surprises….

Pour finir encore plus en beauté, voici un magnifique coucher de soleil sur la Méditerranée vu depuis Alanya!

Konya et ses mausolées

Pour sortir d’Istanbul, nous avons encore une fois choisi le train pour ne pas avoir à nous farcir les bouchons qui sont fréquents dans cette mégapole. C’est du moins l’argument que Fab a avancé pour convaincre Van d’utiliser ce moyen de transport. Depuis la gare de Sogütlüçesme (à vos souhaits!), la gare du côté asiatique pour les destinations en direction de l’est, deux choix s’offrent à nous : Ankara et Konya. Nous trouvons Ankara trop au nord, trop dans les montagnes et trop fraîche et Konya… aussi! Nous choisissons quand même cette dernière car elle se situe un peu plus près de la côte méditerranéenne pour la suite de notre voyage.

Même avec le train, il faut près de deux heures pour sortir d’Istanbul tellement la ville est tentaculaire! Nous longeons ensuite la mer de Marmara qui ressemble plus à un grand lac, voire à un fjord à son extrémité vers Izmit. Le trajet se déroule ensuite pas mal dans des tunnels, c’est une ligne à grande vitesse et la Turquie est aussi mal plate que Tenerife, il faut bien franchir toutes ces montagnes! Mais entre les tunnels, les paysages que nous traversons sont splendides! Ils ressemblent parfois à la Toscane, parfois à l’Ardèche et parfois à l’Andalousie. Et, vers la fin, quand ça commence à devenir monotone, nous avons droit à un magnifique coucher de soleil! Nous ne voyons pas passer les cinq heures de train! Que demander de plus? Juste quelques degrés à notre arrivée à Konya peut-être…

Mais notre belle aventure en transports ne s’arrête pas là! A notre arrivée, juste devant la gare, nous trouvons tout de suite le bus qui nous emmène au quartier où se situe notre logement. Mais pour acheter le billet, ça se corse, il faut une carte spécial de transport urbain, que nous n’avons évidemment pas! Le chauffeur de bus nous embarque quand même et refuse catégoriquement que nous lui payons le moindre centime! Encore une fois, nous sommes hallucinés et touchés par la bienveillance de la population locale.

Comme Konya nous paraît digne d’intérêt, nous en profitons pour y faire une petite étape. Elle se situe au centre-sud de la Turquie sur un plateau culminant à 1020 mètres d’altitude. C’est une ville étudiante, jeune et dynamique mais elle est bien plus conservatrice qu’Istanbul! Mais ce n’est pas l’Arabie Saoudite non plus, il faut juste éviter de sortir en shorts! Mais au mois d’octobre, il fait bien assez frais pour porter des vêtements longs! L’ambiance est vraiment chill avec ses nombreux parcs et ses nombreuses zones piétonnes. Nous n’avons pas du tout l’impression de nous trouver dans une grande ville de plus de deux millions d’habitants.

Centre historique

Konya a une histoire très riche qui remonte à l’âge de Cuivre (vers 3000 avant Jésus-Christ). Elle a même été une capitale d’un sultanat qui couvrait une bonne partie de l’Anatolie de l’ouest. En 1392, elle a été annexée à l’empire ottoman et c’est cette époque qui prédomine dans le centre historique avec ses petites maisons en bois typiques. Le quartier est animé par des boutiques où on y vend de tout et surtout n’importe quoi, par les salons de thé et par les mosquées dont les minarets effectuent l’appel à la prière cinq fois par jour.

Konya Kent Meydani

Elle fait un peu surréaliste cette énorme place avec son immense statue et son futur musée de la céramique. Elle a presque un air soviétique avec son immense vide. Ce qui est encore plus étonnant est que sur la partie ouest de la place, se trouvent les divers bâtiments municipaux de Konya dans de jolies petites maisons ottomanes. On dirait presque du faux, mais pourtant tout est bien réel.

Mosquée Haciveyszade

Cette grande mosquée est de la plus pure architecture classique ottomane pourtant, elle n’a été construite qu’entre 1986 et 1996. Elle possède deux minarets qui sont les plus hauts de la région, ils mesurent 78 mètres de haut et se voient depuis pratiquement toute la ville. Le bâtiment principal n’est pas en reste puisqu’il peut accueillir jusqu’à 4500 personnes. En ce qui nous concerne, nous l’avons juste trouvée magnifique!

Mevlana

A l’instar d’Istanbul, Konya possède également son esplanade à mosquées même si elle est de taille bien plus modeste. A droite, c’est la mosquée du sultan Selim construite en 1570 dans le plus pur style ottoman. A gauche, c’est le mausolée de Jalal ad-Din Muhammad Rumi, le fondateur de l’ordre des derviches tourneurs. Les derviches sont des danseurs de sama, danse traditionnelle d’Anatolie, habillés d’une longue robe blanche et qui tournent comme des toupies. La construction de l’édifice date de 1231 quand Konya était la capitale du sultanat seldjoukide d’Iconium, mais des agrandissements eurent lieu jusqu’en 1854. Au centre, il y a normalement un grand dôme conique tapissé de faïence turquoise mais il est actuellement couvert d’échafaudages.

Mosquée d’Ala’ad-Dîn

Cette mosquée se situe sur une colline, véritable oasis de verdure au centre de Konya, qui était la citadelle de la ville lors de la période seldjoukide. Elle porte d’ailleurs le nom d’un éminent sultan de l’époque. Ici, c’est la même histoire qu’en Espagne mais à l’envers. Le site était occupé par une basilique chrétienne jusqu’en 1080 date où l’édifice a été transformé en mosquée. Le complexe abrite les mausolées de huit sultans, tous de la même dynastie.

Konya vaut la peine qu’on s’y arrête un peu même s’il n’y a pas besoin d’y passer trop de temps. Le centre-ville est assez petit et tout est bien aménagé pour les piétons, c’est super facile de se déplacer à pied. Nous sommes les seuls touristes occidentaux en ville et pourtant, avec nos physiques méditerranéens, nous passons relativement inaperçus. Ce n’est que quand ils comprennent que nous ne parlons pas un mot de turc que les locaux se rendent compte que nous ne sommes pas du coin. Jamais nous n’aurions pensé nous fondre si facilement dans la masse en Turquie.

Pour la suite, notre première idée était de descendre sur Adana et de poursuivre vers le sud-est à Gaziantep et dans la province de Hatay mais en découvrant sur la carte que la frontière syrienne est assez proche, nous avons quand même jeté un coup d’œil sur les différents sites des affaires étrangères. En effet, le coin est fortement déconseillé pas forcément pour cause d’insécurité mais parce-que deux étrangers qui se baladent par voie terrestre à proximité de la Syrie peuvent être soupçonnés de tenter de passer la frontière pour y faire le Djihad. C’est le genre d’ennuis que nous préférons éviter!

Nous allons tout de même descendre vers le sud afin de retrouver la mer et des températures un peu plus estivales!

Istanbul, entre Orient et Occident

Une fois n’est pas coutume, nous n’avons pas passé la frontière sans encombre. Il fut un temps, pas si lointain, où une ligne de train régulière reliait la Bulgarie à la Turquie. Mais voilà, un méchant coronavirus a passé par là et le service ferroviaire a été interrompu pour les voyageurs. A la gare de Plovdiv, on nous a renseigné que le train allait seulement jusqu’à la ville de Svilengrad, à une vingtaine de kilomètres de la Turquie, et qu’ensuite, un minibus desservait le dernier village bulgare et ça s’est avéré être la vérité.

Donc, de bon matin, nous embarquons à bord dudit train et parcourons une plaine très monotone et interminable, surtout que le convoi s’arrête à tous les bleds improbables. Ceux qui connaissent la ligne de la Broye savent parfaitement de quoi nous parlons! Une fois débarqués à la gare de Svilengrad, un gros bâtiment de béton très moche datant de l’ère soviétique, nous devons encore attendre une bonne heure, au milieu de nulle part, qu’un bus urbain veuille bien nous emmener au centre-ville. Là, ça ne s’arrange pas : Svilengrad est sûrement la ville la plus déprimante qu’il nous ait été donné de voir. Le sud-est de la Bulgarie est vraiment le coin oublié du pays et de l’Union européenne. Seul l’autoroute qui constitue le principal axe entre l’Europe et le Proche-Orient est flambant neuve et très fréquentée. Heureusement, nous ne tardons pas à trouver le fameux minibus qui va nous emmener au point frontière qui s’appelle Kapitan Andreevo et qui est constitué d’une petite église entourée d’une dizaine de maisons. Les villageois sont tellement hallucinés de voir des étrangers dans leur mini bourgade qu’ils sortent sur le pas de leur porte pour nous saluer!

Nous récupérons nos backpacks et entreprenons de traverser la frontière. Côté bulgare, ça ne pose pas de problème même si nous nous sommes fait contrôler notre passeport trois fois! Côté turc, ça se corse! On nous refuse l’entrée! Au début, nous ne comprenons absolument pas pourquoi, le douanier ne parlant pas un traitre mot d’anglais. Finalement, il s’avère qu’il est strictement interdit de traverser la frontière à pied! Ah, la tuile! Surtout que nous ne sommes pas du tout motivés à refaire le chemin inverse dans le no man’s land bulgare. Heureusement, la gentillesse des Turcs n’est plus à prouver. Les douaniers nous ont aidé à négocier avec un chauffeur de bus de voyage pour nous inscrire sur la liste des passagers et en attendant, ils nous ont offert le thé. Et dans le bus dans lequel nous nous sommes incrustés, l’accompagnatrice nous a offert à boire et des gâteaux. Si tous les problèmes se résolvent ainsi en Turquie, notre séjour dans ce pays promet d’être vraiment cool!

Nous en avons traversé des frontières et dans des contrées bien plus lointaines mais cette traversée là restera sans doute la plus mémorable et la plus surréaliste. Surtout que ce n’est pas n’importe quelle frontière! Grâce à sa position stratégique entre Orient et Occident, c’est la deuxième frontière la plus fréquentée au monde, la première étant Tijuana – San Diego. Donc c’est un point frontalier de ouf! Et nous qui étions tranquillement en train de boire le thé et de causer avec les douaniers du côté turc en attendant qu’un bus veuille bien nous embarquer!

Edirne

Avec toutes ces péripéties, nous sommes arrivés à Edirne, la première ville de Turquie bien plus tard que prévu! Edirne est une ville frontière typique dans le bon sens du terme. Elle est dynamique, ouverte et internationale. Elle ne se situe non seulement à proximité de la Bulgarie, mais également de la Grèce! D’ailleurs tout est écrit en trois langues, ce qui nous fait une belle jambe vu que nous n’en maîtrisons aucune des trois et que l’anglais se fait très rare. Mais ce n’est pas si grave, les Turcs sont tellement avenants que nous trouvons toujours un moyen de communiquer. Ce premier contact avec le pays nous rend très optimistes sur la suite de nos aventures!

Istanbul

Comme Fabien tenait à voyager en train, il n’y avait pas d’autres choix de destination qu’Istanbul depuis Edirne. Mais ça nous convient très bien de visiter cet endroit en premier. Van était déjà venue à Istanbul il y a environ huit ans et avait eu, à l’époque, un véritable coup de cœur pour la ville! C’était une destination qui n’était pas prévue car elle avait changé de plan à la dernière minute pour cause de météo! Comme quoi même avant le voyage en backpack, les plans B étaient déjà de bonnes surprises!

Istanbul est la plus grande ville de Turquie mais ce n’est PAS la capitale. Elle a la particularité de se situer sur deux continents différents, l’Europe et l’Asie juste séparés par le Bosphore, un fleuve qui pourrait ressembler à n’importe quel fleuve de n’importe quelle ville! Istanbul a surtout une histoire incroyable : c’était la capitale de l’empire romain d’Orient sous le nom de Byzance puis du gigantesque et puissant empire ottoman sous le nom de Constantinople. Donc, il y a de quoi bien passer quelques jours à déambuler parmi les divers quartiers historiques de la ville.

Sultanhamet

C’est le noyau historique d’Istanbul et c’est dans ce quartier que sont disséminés les différents monuments emblématiques de la vieille ville ainsi que les maisons typiquement ottomanes en bois. C’est un endroit idéal pour flâner et pour s’arrêter dans un petit salon de thé pour commander un « çay » servi dans de jolis petits verres tulipes en dégustant quelques baklavas, une pâtisserie typique turque faite de pâte feuilletée, de pistache, de miel, de pâte de noix et de sirop de rose. Spoiler alert : les baklavas sont une tuerie pour le palais! Au centre du quartier, se trouve la fameuse esplanade des mosquées, cœur névralgique de l’ancienne cité. Pas de bol, une grande campagne de restauration est en cours et une bonne partie des monuments sont cachés par des échafaudages.

Le grand bazar

En Turquie, le bazar est l’équivalent du souk pour les Arabes. Celui d’Istanbul est un des plus grand du monde. Il occupe 65 rues intérieures auxquelles on y accède par 21 portes différentes. De quoi bien s’y perdre! La partie la plus ancienne a été construite en 1455 mais c’est au XVIe siècle qu’il fut agrandi sous le règne de Soliman le Magnifique, un des sultans les plus éminents de l’empire ottoman. Après, l’histoire est moins cool, le bazar a souffert des tremblements de terre et des incendies mais il a été reconstruit à chaque fois! Aujourd’hui, le but du bazar est de refourguer de la camelote aux touristes de passage mais il vaut quand même la peine d’y faire un tour pour l’architecture, l’ambiance et les fresques.

Bazar égyptien

C’est le deuxième marché couvert d’Istanbul après le grand bazar. On l’appelle également le marché aux épices car on y vend des épices (Sans blague!). On peut aussi y trouver du thé, dont le fameux thé à la pomme turc (une autre tuerie gustative!) et les fameux verres tulipes dans lesquels on y sert ce fameux thé. Il est encore plus aseptisé et touristique que le grand bazar mais les différentes odeurs d’épices nous transportent, avec un peu d’imagination, dans un caravansérail des Mille Et Une Nuits.

La Mosquée Bleue

Son nom officiel est « Mosquée de Sultanhamet » mais on la surnomme la mosquée bleue en raison de la couleur de ses céramiques, qui sont…bleues. (Logique!) Elle a été construite au XVIIe siècle sous le règne du Sultan Ahmet (d’où le nom!). Elle se visite gratuitement hors heures de prière et avec une tenue adéquate. Malheureusement, la mosquée est en plein travaux et couverte d’échafaudage, nous n’avons pas pu en apercevoir grand chose. C’est dommage car c’est un édifice vraiment magnifique!

Sainte-Sophie

Voilà le monument le plus connu d’Istanbul et même de Turquie, la basilique Sainte-Sophie ou Ayasofia. Elle a été construite à l’époque byzantine au IVe siècle et était donc chrétienne. Elle a été modifiée et agrandie à diverses époques avant de devenir une mosquée en 1453 sous le règne de Mehmet II surnommé le conquérant. (C’est un peu le Jaime Ier de l’empire ottoman!) En 1934, Mustafa Kemal Atatürk, le premier président de la République de Turquie (c’est à dire la Turquie actuelle) décide de supprimer son statut de lieu de culte afin d’en faire un musée et d’y rendre l’accès possible à tout le monde, toutes religions confondues. En 2020, elle retrouve son statut de mosquée. L’histoire de Sainte-Sophie ressemble à celle de la Mezquita de Cordoba mais à l’envers! D’ailleurs, on peut observer à la fois des fresques byzantines et des décorations islamiques. Bien qu’elle ait retrouvé son statut religieux, la mosquée se visite facilement. Il faut juste se déchausser et d’avoir une tenue adéquate mais ça vaut vraiment la peine de faire ces petits efforts. Des foulards en papier sont distribués à l’entrée mais il faut être vêtu en long. Comme ce n’est plus un musée, l’édifice a retrouvé sa gratuité. Par hasard, nous sommes arrivés à l’heure de la prière mais on nous (avec les autres touristes présents) a laissé y assister depuis notre coin réservé aux non-musulmans of course! Malgré nos nombreuses visites dans des mosquées, ce moment particulier était une vraie première pour nous!

Galata

Sur l’autre rive de la Corne d’Or, la rivière qui traverse le côté européen d’Istanbul, se trouve le quartier de Galata. C’était une colonie gênoise entre le XIIIe et le XVe siècle et ça se ressent encore aujourd’hui dans l’architecture. Le monument le plus emblématique du quartier est la tour de Galata, haute de 67 mètres, qui était une des tours de garde des remparts. Dans le coin, on trouve la fameuse Istiklal Caddesi, énorme artère piétonne bordée de grands magasins et de quelques ambassades prestigieuses. L’ancien quartier médiéval est lui plus bohème, c’est un repaire d’artistes. Depuis Sultanhamet, on rejoint Galata par le pont de Galata (facile!) d’où il y a une superbe vue sur les deux rives de la Corne d’Or.

Le Bosphore

Il faut quand même que nous vous parlons du fleuve qui traverse Istanbul surtout que ce n’est pas n’importe quel fleuve! C’est celui qui relie la mer de Marmara à la mer Noire dont c’est le seul point d’accès. C’est aussi celui qui sépare le continent européen du continent asiatique. C’est un passage très dangereux car très fréquenté entre les ferries urbains, les grands cargos et les bateaux de plaisance. En plus, les courants sont traitres. (Nous confirmons, nous avons subi le vent glacial et insupportable d’Istanbul!). Malgré toutes ces particularités, il n’est long que de 32 kilomètres.

Le grand bâtiment entouré d’échafaudages (décidément, nous n’avons pas de bol avec les monuments!) est la gare de Haydarpasa. Elle se trouve sur la rive asiatique du Bosphore. C’était le terminus ouest du chemin de fer de Bagdad (Istanbul – Adana – Alep – Bagdad) et du chemin de fer du Hedjaz ( Istanbul – Adana – Damas – Médine) qui devaient traverser des paysages incroyables! Mais vu la situation en Syrie et en Irak, le trafic ferroviaire a été interrompu vers ces destinations et la gare de Haydarpasa n’est plus qu’un monument historique de plus.

Comme si ça ne suffisait pas de voir des travaux partout, nous subissons en plus les affres de la météo et une pluie battante s’est mise à tomber pendant notre traversée du Bosphore, d’où ces photos toutes sombres et tristounettes. (Sorry!)

Il y a plein d’autres incontournables à Istanbul que nous n’avons pas visités pour différentes raisons. De toute façon, une vie ne suffirait pas pour tout voir. Nous avons délibérément renoncé au palais de Topkapi pour des raisons de budget (150 TL soit 14,60€ ou 15,75 CHF auxquels il faut rajouter 100 TL soit 9,75€ ou 10,50 CHF pour accéder au harem). Nous préférons visiter quelques sites archéologiques plus au sud, surtout qu’une partie du palais est inaccessible pour cause de travaux. Mais si vous aimez l’ambiance des Mille Et Une Nuits une visite peut valoir la peine.

Nous avons également renoncé à la citerne-basilique pour cause de claustrophobie. Van n’est vraiment pas à l’aise dans les lieux clos. De toute façon, d’après nos infos, elle serait fermée temporairement pour cause de travaux.

Les îles Adalar (ou îles des Princes) n’ont pas eu l’honneur de notre visite pour des raisons météorologiques. C’est dommage car elles valent le coup et ça coûte le prix d’une simple traversée en ferry. Ce sont quatre petites îles dans la mer de Marmara qui appartiennent à la municipalité d’Istanbul mais dont l’ambiance n’a rien à voir. C’est dolce vita méditerranéenne à l’ombre des pinèdes ou dans des petites criques protégées. Donc si vous êtes de passage à Istanbul, qu’il fait beau et que vous avez une journée, foncez-y! A l’époque, Van y avait aperçu une colonie de dauphins.

Nous aurions évidemment pu rester plus longtemps à Istanbul mais le temps pluvieux et frais a fini par nous en dissuader. Nous allons essayer d’aller plus au sud chercher un peu de soleil. Notre bonne étoile météo s’est mise en grève sur ce coup-là! Espérons qu’elle se rattrapera plus tard…