Uyuni et son salar

La trêve de la pluie que nous avons eu la chance d’avoir à Tupiza n’aura pas duré très longtemps. Certes, nous ne sommes pas en saison sèche mais, d’après les locaux, il ne devrait quand même pas pleuvoir autant. Le trajet en bus fut d’ailleurs très épique! A cause des inondations, certaines routes ont été détruites et ce sont sur des chemins de terre de fortune que s’est déroulé une partie du trajet. Nous avons mis plus de neuf heures pour pour effectuer les 197 kilomètres depuis Tupiza pour enfin arriver à la petite ville d’Uyuni, perchée à 3700 mètres d’altitude en plein Altiplano bolivien.

Si aujourd’hui la ville d’Uyuni vit principalement du tourisme, elle doit son existence au chemin de fer qui, dès les années 1870, transportait les divers minerais de la région comme du plomb, de l’étain et même de l’or, jusqu’au Chili. Malheureusement, la Bolivie n’a jamais su concurrencer les marchés internationaux car, contrairement à ses voisins, ses minerais étaient de qualité moyenne. L’industrie minière a peu à peu été abandonnée et la ville d’Uyuni laissée à son triste sort au milieu des montagnes. La découverte récente de grandes quantité de lithium dans le salar d’Uyuni pourrait changer la donne pour les années à venir, surtout avec la demande croissante de batteries électriques. Nous sommes un peu mitigés par cette nouvelle. Certes, ce serait une manne économique indispensable pour cette région très modeste mais nous nous demandons quel impact écologique une telle entreprise pourrait avoir pour le salar et sur l’environnement alentour. Sachant que la Bolivie a une conscience écologique très limitée, nous doutons fortement que les normes environnementales soient respectées en cas d’extraction de lithium à Uyuni.

Pour témoigner de ce passé glorieux, il existe, juste en dehors de la ville, un cimetière de train ou des dizaines de locomotives à vapeur et des wagons ont été abandonnés lors de la faillite de la compagnie suite à l’arrêt de l’exploitation minière au début du XXe siècle. Avec ce paysage lunaire, le temps un peu maussade et ces vieilles machines abandonnées, nous trouvons l’ambiance est un peu macabre.

Bien sûr, l’attraction touristique principale reste le fameux Salar d’Uyuni, le plus grand désert de sel du monde et également le plus connu. Il s’étend sur près de 10’600 kilomètres carré! Il est accessible seulement en 4×4 avec des chauffeurs expérimentés. Nous en avons négocié un assez facilement en ville avec quatre autres personnes, un couple néerlandais et deux copines chiliennes, pour 20USD la journée. Avec la pluie, le salar est recouvert d’une bonne dizaine de centimètres d’eau. Heureusement, notre chauffeur a l’habitude et nous a fourni à tous une paire de bottes en caoutchouc, pas très sexy mais indispensable. Nous le trouvons bien plus beau ainsi avec cet effet miroir dont on n’arrive plus à distinguer où finit la terre et où commence le ciel.

Au milieu du Salar, se dresse un ancien hôtel complètement construit en sel qui fut à plusieurs reprises une étape d’arrivée de la course Paris-Dakar. Aujourd’hui, il ne fait plus que fonction de restaurant en journée, les autorités ayant refusé que des humains y dorment afin de ne pas trop contaminer le site. Déjà que des centaines de 4×4 bien polluants parcourent le salar toute la journée, s’il peut y avoir une petite trêve la nuit, c’est déjà pas mal.

Malheureusement, à cause des inondations de ces dernières semaines, nous n’avons pas pu rejoindre la fameuse île de Pescado. Nous avons quand même décidé d’attendre le coucher de soleil même s’il n’était loin d’être garanti vu le temps incertain. Pour passer le temps, nous sommes retournés au restaurant de sel où nous avons partagé une bonne bouteille de vin bolivien (oui, ça existe!). Le crépuscule a bien fini par arriver et vu le spectacle à couper le souffle du coucher de soleil, nous avons drôlement bien fait d’attendre!

Malgré le fait qu’il faille contracter un tour, tout ce qu’on déteste en général, la découverte du salar fut vraiment un incontournable! Tout ne s’est pas passé comme prévu à cause de la saison des pluies, mais nous trouvons le site bien plus exceptionnel avec l’eau qui fait un effet miroir incroyable, surtout au coucher du soleil! Nous avons eu de la chance de tomber sur d’autres personnes vraiment cool, ce qui nous a fait passer une magnifique journée.

Nous avons eu également une chance inouïe avec la météo! Même si le temps a été un peu mitigé tout le temps, nous sommes restés au sec. Un gros orage a commencé à éclater juste à notre retour en ville! Nous aurions peut-être dû jouer à la loterie!

Mais la chance aura été de courte durée et il se peut fortement que notre idée d’itinéraire soit complètement chamboulée pour cause de météo! Pour la faire courte, ça s’annonce vraiment mal pour la suite de notre périple en Bolivie! Nous avons déjà renoncé au Sud-Lipez et nous allons devoir également renoncer à Potosi et Sucre au vu des pluies diluviennes qu’ils annoncent pendant des jours. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, nous sommes pour l’instant bloqués à Uyuni pour cause de grève et nous réfléchissons sérieusement à rejoindre le Chili sur la côte Pacifique afin d’avoir un temps plus favorable.

Devoir renoncer à la Bolivie, c’est très frustrant car ça a l’air vraiment ouf! D’ailleurs, le peu que nous avons pu voir est déjà un véritable coup de cœur! Mais voilà, les imprévus font aussi partie du voyage et nous devons apprendre à les gérer. De toute façon, s’entêter à continuer malgré la météo ne serait pas très intéressant et ce serait même à la limite de l’irresponsabilité vu les gros risques d’inondation. Nous allons donc plancher sur un plan B et espérer quand même pouvoir rejoindre le Pérou qui est en bonne place sur notre wishlist et que nous ne voudrions pas manquer.

Quoi qu’il en soit, nous gardons tout de même un très bon souvenir de la Bolivie, de sa population et de ses paysages. Bon, pas vraiment de ses soupes de poulet mais nous aurions pu faire abstraction de cette gastronomie un peu cheloue pour pouvoir en découvrir un peu plus. Dans une prochaine vie peut-être…

Randonnées et découvertes à Tupiza : nos premiers pas en Bolivie

Voilà, notre mois passé à Salta en tant que réceptionnistes dans un hostal est déjà terminé! Nous avons des sentiments aigre-doux par rapport à ce départ. Nous étions une super équipe et c’est avec beaucoup d’émotion que nous avons dû prendre congé de toutes les personnes extraordinaires avec qui nous avons travaillé mais aussi partagé des moments de vie. En même temps, nous sommes super heureux et excités de reprendre nos backpacks et de repartir sur les routes pour la suite de notre aventure. Nous avons également très hâte de découvrir un nouveau pays.

Il nous aura fallu une nuit de bus depuis Salta pour rejoindre la frontière bolivienne et nous y avons tellement bien dormi que nous n’avons pas bronché quand nous sommes arrivés à destination! Quand nous nous sommes réveillés, le bus était déjà vide! Nous rassemblons nos affaires en vitesse, et avec le petit coup de stress, nous nous prenons les 3440 mètres d’altitude de la Quiaca, la ville frontière côté argentin, en pleine tronche à sept heures du matin! A peine réveillés et un peu désorientés, nous demandons notre chemin pour la Bolivie à deux femmes du coin qui nous proposent aimablement de les suivre avant de se raviser une minute plus tard car elles, elles passent la frontière illégalement. Mais elles prennent quand même le temps de nous indiquer le chemin du poste frontière légal.

Nous passons la douane à pied (une simple formalité) et nous nous retrouvons tout de suite dans un autre monde. A première vue, la Bolivie semble plus colorée et plus exotique que l’Argentine. Nous nous rendons à la gare de Villazon, la ville frontière côté bolivien cette fois, car nous espérons continuer notre voyage en train. Apparemment, ce n’est pas notre jour car les trains sont tous supprimés en raison de crues exceptionnelles et d’inondations. Nous nous rabattons donc sur le bus qui essaie tant bien que mal d’avancer sur des routes défoncées par la pluie afin de rejoindre notre première étape bolivienne, Tupiza.

Tupiza est une petite ville du sud bolivien, au milieu de la cordillère des Chichas qui porte le nom du peuple autochtone qui vivait dans la région avant l’arrivée des colons. Comme elle n’est perchée « qu’à » 2850 mètres d’altitude, elle constitue une étape de choix pour l’acclimatation à l’altitude. Afin d’habituer notre corps à la haute altitude, nous nous accordons une journée de repos qui constitue à déambuler dans les ruelles de la ville à la recherche de quelques vestiges de l’époque espagnole. Il y en a quelques uns mais pas énormément, les Espagnols ne firent de Tupiza qu’une petite base arrière pour aller explorer le Chili. Nous en profitons également pour faire une petite réserve de feuilles de coca au marché municipal. En général, elles se mâchent mais c’est un cauchemar pour notre dentition et nous les trouvons tellement amères que nous préférons les infuser dans de l’eau chaude à la manière d’un thé, Mais même avec cette façon de faire, c’est un remède miracle contre les symptômes du mal des montagnes.

Cordillera de Chichas

Dès le lendemain, il nous démange déjà de partir à la découverte de ces magnifiques sommets. Ça tombe bien, il est possible de partir en randonnée dans la cordillère toute proche directement depuis la ville, en autonomie, sans prendre un tour organisé et sans que ça nous coûte un centime!

Les Chichas sont une petite cordillère entourant Tupiza au nord et au sud et appartenant aux Andes Centrales, dont la caractéristique principale est la magnifique couleur rouge-grenat de sa roche. Même si nos Alpes ne sont pas aussi grises qu’elle paraissent au premier abord, nous sommes quand même hallucinés par ces montagnes qui déploient de magnifiques couleurs!

Puerta del Diablo

Culminant à 3183 mètres d’altitude, la Puerta del Diablo (porte du diable en français) est une paroi rocheuse que l’érosion à façonné durant des siècles et qui, aujourd’hui, ressemble vaguement à une porte. Nous soupçonnons fortement que la porte fut, en son temps, fermée avec une arche en pierre qui a dû s’effondrer depuis. Nous trouvons la couleur rouge foncé presque bordeaux plus impressionnante que la forme de la roche en elle-même

Canyon des Incas

Nous nous enfonçons au fond de la vallée, appelé Canyon des Incas appelé ainsi car ce serait le chemin qu’empruntaient les Incas afin d’acheminer l’argent qu’ils trouvaient dans la région. Il faut compter approximativement une bonne heure et demie de marche depuis la ville de Tupiza pour arriver au fond du canyon. Mis à part le manque d’oxygène dû à l’altitude et quelques passages un peu étroits, la randonnée n’est pas très difficile. Nous sommes restés bouche bée devant le travail de Dame Nature avec l’érosion!

En plus du paysage incroyable, deux choses nous ont surprises lors de notre promenade à plus de 3000 mètres d’altitude :

  • la chaleur : il fait facilement un bon 25-26 degrés en journée. Il faut dire que nous avons eu de la chance. La pluie a décidé de faire une trêve, il fait un temps splendide et c’est un soleil tropical qui tape. Attention aux coups de soleil et insolations! Même les nuits, bien plus fraîches, ne sont pas si froides. Et c’est Van la frileuse qui le dit! Nous nous attendions à des températures bien plus basses, même pour février!
  • la végétation : certes ce sont principalement des cactus et des arbustes épineux, de la végétation plutôt sèche, mais le paysage est encore bien vert malgré l’altitude. Nous ne sommes pas habitués à autant de verdure à cette altitude dans les Alpes où la végétation s’arrête entre 2000 et 2500 mètres d’altitude.

C’était une première petite rando idéale pour cette altitude. C’était de difficulté moyenne avec pas trop de dénivelé (environ 400 mètres). En tout, il y a environ quinze kilomètres et ça nous a pris environ trois heures aller et retour depuis Tupiza. Par contre, il faut quand même penser à télécharger une carte avant de partir, ce n’est pas super bien indiqué.

Nous avions prévu à la base de rejoindre la Bolivie en faisant le détour par San Pedro et le désert d’Atacama, au Chili, puis nous avons changé d’avis notamment pour des questions de coût. Et puis, nous avions aussi envie de quitter ces pays que nous jugeons trop « européens ».  Vu cette première étape pittoresque, nous ne regrettons aucunement notre choix.