Kizkalesi et ses forteresses

Comme nous vous l’avons expliqué dans notre précédent article, notre périple par l’ouest se fera par la côte méditerranéenne. En effet, la Turquie connaît ces temps de fortes chutes de neige totalement inhabituelles pour un mois de mars. Il y a juste le sud qui est plus ou moins épargné par ce retour inattendu de l’hiver. Plus ou moins car la neige n’est pas tombée sur le littoral (mais on la voit bien sur les Monts Taurus pas loin!) mais la région connaît une vague de froid tout aussi inhabituelle avec des températures qui flirtent dangereusement avec zéro degré la nuit et qui ne dépassent pas 10 degrés la journée. Le tout accompagné d’un vent du nord glacial à décorner des bœufs. (Ceux qui connaissent la bise noire savent parfaitement de quoi nous parlons!) Enorme manque de bol : pendant le jour le plus froid, il y a eu une grosse panne d’électricité d’une bonne demi-journée et nous avons été privés de chauffage!Le réveil a été un peu rude ce jour-là, surtout pour Van la frileuse, mais, heureusement, tout a fini par rentrer dans l’ordre. Cette anecdote nous a quand même donné une bonne piqûre de rappel sur le fait qu’en Occident, nous avons quand même beaucoup de chance d’avoir accès à l’électricité et surtout au chauffage pendant l’hiver!

Malgré le temps maussade, nous reprenons quand même la route car notre temps n’est pas illimité et, selon les prévisions météo, nous avons bon espoir que la situation s’améliore les prochains jours. Depuis Adana, nous avons repris le train jusqu’à Mersin et ensuite un dolmus (un minibus local) jusqu’à la petite localité de Kizkalezi. Ce n’est qu’une petite station balnéaire un peu endormie à cette saison mais nous ne nous sommes pas arrêtés pour la baignade même si ces jours avec l’inertie, l’eau est probablement moins froide que l’air. Ce qui nous intéresse ce sont les quelques sites culturels qui se trouvent dans le coin et que nous sommes impatients d’aller découvrir.

Korykos beach et son château.

La ville a été fondée par des Romains au VIIIe siècle. Elle a connu ensuite, comme toute la région, différentes civilisations comme les Arméniens, les Chypriotes, les Mamelouks, les Karamanides, les Ottomans et finalement les Turcs d’aujourd’hui. La forteresse témoigne de toutes ces époques avec des nécropoles romaines, un arc de triomphe, des églises chrétiennes et des fortifications médiévales. Malheureusement, le site est fermé aux visites en hiver. Il se trouve sur une superbe petite plage aux eaux cristallines et, à voir les dépôts blancs sur le sable, bien salées. Côté terre, la végétation a été laissée à l’état sauvage et constitue un petit sanctuaire pour les oiseaux. D’ailleurs, à notre grande surprise, nous avons pu observer des espèces aux couleurs chatoyantes.

Kiz Kalesi

En turc, Kiz Kalesi signifie château de la jeune fille ou de la sirène selon les traductions. Le château en question se situe sur un petit îlot à environ 300 mètres au large de la plage et a donné son nom au village. On y accède en bateau mais seulement pendant la saison touristique. Apparemment, il existait une jetée qui reliait le continent à l’île mais, vu ce qu’il en reste, elle a dû essuyer pas mal de tempêtes. L’îlot a d’abord été habité par des pirates qui ont été chassés par les Byzantins qui y construisirent un premier fort. La forteresse que nous voyons aujourd’hui date du Royaume Arménien de Cilicie et date du XIIIe siècle. La Cilicie était la province romaine qui constitue aujourd’hui la plaine d’Adana et qui est voisine de la Lycie beaucoup plus connue. Vu depuis le continent, la forteresse paraît de taille modeste. Pourtant l’ensemble s’étend sur 15’000 mètres carrés et est entouré par 192 mètres de remparts.

Prenons un peu de hauteur!
Le canyon de Kizkalesi

Nous avons enfin une journée à la météo assez clémente pour nous permettre d’effectuer notre petite grimpette traditionnelle. Depuis le village de Kizkalesi, nous montons sur les collines environnantes, qui sont en fait les premiers contreforts de la chaîne des Monts Taurus, sur sept kilomètres entre les oliviers, les citronniers et des garrigues typiquement méditerranéennes. Malgré le vent du nord qui pique un peu, nous sommes ravis de pouvoir enfin crapahuter en nature!

Adamkayalar

Le but de notre balade se situe sur un petit promontoire rocheux haut de 140 mètres d’altitude. Oui, c’était une grimpette de santé! On y retrouve la ville antique d’Adamkayalar datant du IIe siècle, donc de l’Epoque Romaine. Les ruines sont un peu laissées à l’abandon entre les ronces et les pierres. Mieux vaut s’équiper de bonnes chaussures et d’avoir les chevilles bien accrochées pour se rendre sur le site!

Sur les parois de calcaire en face du site, il y a des trous creusés dans la roche. Ce sont des tombes qui datent de la même époque que la cité. Vu où elles se trouvent, les gens de l’époque étaient bien balèzes de creuser une nécropole dans des endroits aussi inaccessibles! De loin, on peut même apercevoir quelques gravures en bas-relief!

Nous savons pertinemment que dans l’Antiquité, si les villes étaient construites sur des éperons rocheux, c’était uniquement dans un but stratégique de défense. Mais nous pensons quand même que les Romains ont bien du kiffer la vue qui s’étend sur la côte, sur Kizkalesi (ok le village n’existait pas encore à l’époque!) et sur le magnifique canyon de Kizkalesi au fond duquel coule la rivière Karyagdi. Nous l’avons bien appréciée en tout cas et le paysage, bien que très calcaire méditerranéen, nous a rappelé les nombreux barrancos de Tenerife.

Nous avons bien aimé notre petit arrêt à Kizkalesi. Nous avons pu allier nature et culture et avons enfin retrouvé un peu de soleil, même si les températures ont encore de la peine à grimper. Mais si les prévisions météo sont correctes (spoiler : elles le sont rarement!), le printemps devrait s’installer durablement dans le courant de la semaine.

Qui dit printemps dit temps qui passe et si nous voulons respecter notre timing et rentrer en Espagne comme prévu en avril, il nous faut reprendre la route, toujours en direction de l’ouest où nous sommes sûrs de trouver encore quelques petites pépites qui feront notre bonheur!

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