Bodrum

Nous avons souvent entendu dire que Bodrum c’est un peu l’Ibiza ou le Mykonos turc, c’est à dire le paradis de la nightlife avec ses bars, clubs et discothèques en tout genre. Nous n’allons pas faire durer le suspense plus longtemps, Bodrum est bien la reine de la fête! Ce n’est pas vraiment notre kif mais heureusement, nous sommes vraiment hors saison et l’ambiance clubbing ne se fait pas trop sentir. Actuellement, ce sont plutôt les locaux qui profitent de l’absence des touristes et de la douceur de la baie de Cos pour flâner dans la ville et boire un verre en terrasse surtout que le printemps a enfin décider à s’installer durablement quand il n’y a pas trop de vent.

la marina de Bodrum

Bodrum a été fondée par les Grecs et ça se remarque tout de suite à ses petites maisons blanches et bleues. La Grèce n’est d’ailleurs pas très loin : l’île de Cos se trouve juste à l’entrée de la baie! Aujourd’hui, c’est une station balnéaire et, au centre-ville, on n’y trouve pratiquement que des hôtels, des bars, des restaurants ou des discothèques. Mais vous commencez à nous connaître et vous vous doutez bien que nous ne nous sommes pas contenté de ce que nous avons vu au premier abord et que nous sommes aller gratter le vernis pour voir ce qui se cache vraiment sous l’apparence bling-bling.

Le front de mer

Pour une station balnéaire, la plage est vraiment pourrie! Elle est jonchée de galets et n’est pas du tout agréable pour y rester faire bronzette. C’est vrai que si les touristes passent leurs nuits en discothèque et leur journée à récupérer leurs folles nuits, ils s’en foutent un peu de la beauté de la plage! Ce sont les restaurants qui sont contents, ils peuvent utiliser les lieux pour installer leur terrasse! Par contre, le paysage de la baie avec ses petites montagnes est vraiment chou!

Le truc le plus intéressant du front de mer est le château Saint-Pierre, situé sur un petit promontoire rocheux s’avançant dans la mer Egée. Il a été construit au XVe siècle par les Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jerusalem, un ordre catholique militaire. Aujourd’hui, il abrite le musée archéologique marin.

Mausolée d’Halicarnasse

Nous avons quand même trouvé un peu de culture au milieu des lieux de débauche! En plein centre de Bodrum se trouve le mausolée d’Halicarnasse ou plutôt ce qu’il en reste. Halicarnasse est en fait le nom de la ville de Bodrum dans l’Antiquité. C’est un peu difficile à imaginer aujourd’hui mais l’édifice, achevé en 350 avant J-C faisait 45 mètres de haut! Il possédait également un système de drainage super sophistiqué pour l’époque! Sa mauvaise conservation est due aux différents tremblements de terre dont a été victime la région à travers les siècles. La Turquie étant au milieu des plaques tectoniques eurasiennes et africaines. Nous avons d’ailleurs senti plusieurs fois la terre légèrement trembler lors de nos deux séjours turcs.

Le mausolée fait partie des sept merveilles du monde antique. C’est assez fou car c’est la troisième merveille que nous voyons depuis le début de l’année après la pyramide de Khéops à Gizeh et le temple d’Artémis à Ephèse. Et ce n’était même pas calculé! Nous avons bien envie d’aller découvrir les endroits où se trouvent les quatre autres du coup!

Voilà à quoi ressemblait le mausolée au temps de sa splendeur!

Les moulins de Bodrum

Cette fois, notre grimpette du jour ne nous a pas emmenés voir un énième château, ni des tombes dans la roche comme à Fethiye mais des moulins, ou plutôt ce qu’il en reste! Ils étaient utilisés dès le XVIIIe siècle pour moudre le grain afin de fabriquer de la farine. Vu l’énorme consommation de pain en Turquie, nous pensons bien que ces moulins devaient tourner à plein régime! Ils sont situés sur une petite péninsule et sont orientés nord-est afin de bénéficier du vent de la côte. Nous confirmons, ça souffle pas mal sur ce petit promontoire rocheux.

Le clou du spectacle reste quand même la vue à 360 degrés sur Bodrum, Gumbet qui apparemment possède une plage digne de ce nom, la baie de Cos et les premières îles grecques. Avec le ciel un peu voilé, les côtes découpées et les moutons qui paissent tranquillement sur le cap, l’ambiance est digne d’un paysage écossais!

Un peu de nature!
Vue de Bodrum depuis les hauteurs

Notre grimpette aux moulins ne nous ayant pas suffi, nous avons chaussé nos baskets pour découvrir les hauts de Bodrum. Normalement, nous aurions dû voir quelques ruines au sommet mais les derniers mètres du chemin ont été obstrués par une chute de pierres et est donc devenu impraticable. Ce n’est pas très grave, notre but premier était de marcher un peu en nature et d’observer les fleurs qui s’épanouissent dans la douceur du printemps méditerranéen.

Nous sommes quand même montés assez haut pour profiter de la vue sur la baie de Kos. Il manquait juste le soleil mais avec la brume, la vue sur cette baie très découpée et ses îles nous fait penser à celle d’Hong Kong, même si les bâtiments sont beaucoup plus bas et la température beaucoup moins étouffante.

Heureusement que nous sommes venus à Bodrum hors saison car c’est sûrement infernal en été avec les hordes de touristes! Nous n’avons pas trop aimé la ville, très jolie mais trop dédiée au tourisme de masse. Par contre l’environnement de la baie et les paysages aux alentours sont juste incroyables.

Nous sommes venus à Bodrum dans un but bien précis, celui d’essayer de prendre un ferry pour l’île de Cos puis de rejoindre la Grèce continentale car nous n’avions pas trouvé des infos fiables sur internet. Si apparemment les frontières maritimes ont rouvert, malgré un contentieux territorial entre les deux pays, les liaisons par ferry restent, quant à elles, toujours suspendues pour le moment. On nous a laissé entendre que ce serait pour la première semaine de mai mais sans pouvoir nous donner une date précise. C’est un peu frustrant car nous pouvons parfaitement voir l’île de Cos depuis Bodrum et la traversée se fait en à peine vingt minutes! L’idée de soudoyer un bateau de pêcheur nous a effleurée mais comme nous voulons retourner en Turquie une prochaine fois, nous avons meilleur temps de passer la douane et faire tamponner notre passeport comme il se doit.

Comme nous ne pouvons pas attendre jusqu’en mai pour des raisons de visa et d’autres obligations qui nous attendent en Espagne, nous allons gentiment remonter vers le nord. Mais tout n’est pas perdu pour tout le monde! Ce contretemps fait le beurre de la famille de Van qui a décidé de nous rejoindre pour quelques jours à Istanbul en avril. Nous nous réjouissons de passer un peu de temps en famille avant notre retour! En attendant, nous avons déjà trouvé quelques étapes qui ont l’air sympa et que nous avons hâte de découvrir.

Ephèse

Nous n’allions pas quitter la Turquie sans visiter au moins un des sites archéologiques de la côte égéenne! Nous avons choisi Ephèse, juste au feeling et aussi parce-que le site est super accessible depuis Izmir avec le Izban, le train de banlieue. En temps normal, c’est assez rapide mais notre train est tombé en panne et nous avons loupé notre correspondance. Nous avons dû attendre presque une heure sur le quai d’une gare d’un bled perdu. Heureusement, l’endroit était bien exposé au soleil et nous n’avons pas eu froid!

temple d’Artemis à Selçuk, enfin ce qu’il en reste!

Il est tout à fait possible de visiter Ephèse en une journée depuis Izmir. Comme nous avons trouvé un logement qui nous convenait, nous avons décidé de rester à Selçuk, la petite ville à côté du site archéologique, et ça s’est avéré être un bon plan! Nous vous expliquons pourquoi plus bas dans cet article. De toute façon, nous ne nous sommes pas trop plus a Izmir et n’étions pas trop motivés a y prolonger notre séjour.

La voie Arcadiane

Selçuk

Dormir à Selçuk était un bon plan car l’ambiance est mille fois plus cool qu’à Izmir! C’est une toute petite ville à une cinquantaine de kilomètres au sud d’Izmir et l’ambiance est assez tranquille entre les petites rues piétonnes et leurs cafés sympas. Quoique, nous ne sommes pas sûrs qu’en été l’ambiance soit aussi paisible. On y trouve déjà quelques ruines antiques dont les restes d’un aqueduc romain qui sert aujourd’hui de support pour les nids des cigognes.

Basilique St-Jean

Notre but du jour est de grimper à la citadelle sur la colline Ayasoluk. En chemin, nous tombons sur les ruines de la basilique St-Jean. Vu ce que nous voyons encore aujourd’hui, l’édifice devait être grandiose! Elle date du VIe siècle sous le règne de l’empereur Justinien et a été bâtie sur les restes d’une église antérieure de la fin VIe siècle. Elle a été édifiée sur l’emplacement de la tombe de Saint Jean, un des apôtres de Jésus qui a écrit un des évangiles de la bible. Le site est bien en ruines mais nous pouvons quand même deviner la nef, longue de 130 mètres pour 65 mètres de large ainsi que le baptistère sur le côté.

La mégalomanie dans les églises ne datant pas d’aujourd’hui, nous avons pu observer de superbes sculptures et mosaïques en marbre ainsi que des bas-reliefs magnifiquement ouvragés.

Nous aimons bien jouer aux apprentis archéologues et parfois ça paie! Il semblerait que nous avons fait la découverte du siècle! Nous avons vraisemblablement trouvé la cachette du vin de messe!

Trêve de plaisanterie. Il y a de vrais archéologues qui ont fait un sacré boulot d’investigation et qui ont tenté de reconstituer la basilique telle qu’elle devait être au temps de sa splendeur.

Nous ne sommes pas du tout religieux, bien au contraire, mais nous devons avouer que nous avons été pris par la spiritualité dégagée par le lieu, même si ce n’est plus qu’un champ de ruines.

La citadelle

La citadelle se situe au sommet de la colline d’Ayasoluk à l’endroit même où l’apôtre Jean aurait écrit son évangile. La forteresse date de l’empire byzantin (XIe siècle) puis a été agrandie et renforcée par les Seldjoukides à l’époque ottomane (XVe siècle). Les remparts extérieurs sont en très bon état grâce à leur restauration datant de 2011. A l’intérieur, il n’y a plus qu’une mosquée et une église en ruines.

Grimper sur la colline nous aura permis d’admirer la vue sur Selçuk et les montagnes aux alentours. Côté ouest, nous pouvoir voir la plaine qui ressemble à s’y méprendre à la plaine du Chablais! Mais ce que nous apercevons au loin n’est pas le lac Léman mais bien la mer Egée.

Ephèse

Ephèse se situe à trois petits kilomètres de Selçuk. Nous y avons été à pieds par une voie piétonne super facile, toute plate et c’est super bien indiqué. Il est également possible de louer un vélo et de s’y rendre par la piste cyclable, c’est tout aussi facile, plat et bien indiqué. Un autre moyen de s’y rendre est le dolmus (le minibus urbain) qui vous dépose directement à l’entrée du site.

Dormir à Selçuk était également un bon plan pour visiter Ephèse car nous sommes arrivés sur le site assez tôt le matin, avant la cohue des touristes et à un moment où la lumière était magnifique!

bas-relief de Niké, déesse de la Victoire

Ephèse est une des cités grecques les plus anciennes et les plus importantes d’Asie Mineure. Son temple d’Artemis, dont il ne reste à peine quelques ruines aujourd’hui, faisait partie des sept merveilles du monde! C’était la capitale de l’Ionie, une province de la Grèce antique qui correspond grosso modo à l’actuelle province d’Izmir. C’était un port important de la mer Egée, ce qui est un peu difficile à imaginer aujourd’hui car, au fil des siècles, des sédiments se sont accumulés et le rivage se trouve maintenant 8 kilomètres en contrebas.

L’emplacement du site d’Ephèse a toujours été connu puisqu’il a fait d’objet d’importantes documentations à travers les siècles. Cependant, des « vraies » fouilles archéologiques ont été entreprises en 1858 avec la construction de la ligne de chemin de fer et continuent encore aujourd’hui. Vu tous les tertres que nous avons pu apercevoir dans les alentours, nous soupçonnons fortement qu’une bonne partie de la cité reste à découvrir.

Dès notre entrée dans le site, nous sommes déjà subjugués par les paysages alentours composés des magnifiques montagnes Bülbüdagi (au nom un peu moins magnifique, on vous l’accorde!) ornées d’oliviers et de pins parasols.

Le théâtre

Peu après l’entrée du site nous commençons déjà très fort avec ce gigantesque théâtre construit entièrement en marbre à l’époque hellénistique! (vers le IIIe siècle avant JC) Ses dimensions sont impressionnantes : 145 mètres de large et 30 mètres de haut et une scène de 25 mètres sur 40! L’édifice pouvait accueillir jusqu’à 24’000 personnes! Un truc de ouf pour l’époque! Le monument est assez bien conservé et l’acoustique reste irréprochable.

L’Odéon

Ce théâtre semi-circulaire est bien plus modeste que le grand théâtre mais c’était voulu. Sa fonction principale était d’accueillir les séances du sénat. Il a été construit au IIe siècle grâce au financement d’une famille influente de la ville. L’édifice servait également à l’organisation de concerts privés destinés aux grands pontes d’Ephèse. Il pouvait tout de même accueillir jusqu’à 1500 personnes. Comme pour son grand frère, la conservation du bâtiment est encore assez bonne et l’acoustique toujours aussi parfaite.

Le souci du détail
Sarcophage sculpté de têtes de taureaux

Ce que nous aimons particulièrement faire lorsque nous visitons des sites antiques, c’est de partir à la recherche de petits détails ornementaux. Ephèse nous a gâtés à ce sujet! Il y a une quantité de sculptures, gravures, bas-reliefs, statues, textes écrits, etc, superbement conservés. Même si nous arrivons à déchiffrer l’alphabet grec, nous n’avons pas du tout étudié le grec ancien et nous n’avons absolument aucune idée de quoi les textes peuvent bien parler! Nous avons moins de peine en Europe de l’Ouest avec les inscriptions en latin… Mais ça ne nous a pas empêché d’être impressionnés par la qualité et la finesse du travail qu’effectuaient les sculpteurs à l’époque sachant que le tout date d’à peu près 2000 ans!

La bibliothèque de Celsus

Nous avons gardé le meilleur pour la fin! Cette merveille était la troisième bibliothèque la plus importante du monde antique après Alexandrie et Pergame. Pour nous, en tant que « book addicts » une bibliothèque est un lieu sacré et quand en plus, elle possède une superbe façade incroyable datant du IIe siècle, c’est carrément Noël! Bon l’histoire fait un peu moins rêver. En l’an 263, elle a été incendiée par les Goths, un peuple de barbares moitié germaniques, moitié scandinaves. Tous les livres, ou plutôt rouleaux à l’époque, sont partis en fumée, une vraie tragédie. La façade que nous voyons aujourd’hui est le résultat d’une anastylose, c’est-à-dire une reconstruction faite à l’aide des fragments trouvés sur place, datant des années 1970. Malgré tout, ça reste un édifice splendide qui vaut la peine qu’on s’y attarde.

Rencontre insolite

Comme vous le savez déjà, nous voyageons pour un tas de raisons mais surtout pour les rencontres avec les gens. Pour être honnêtes, ce n’est pas dans ce genre de site touristique que nous en faisons le plus. Mais il ne faut jamais dire jamais… Lors de notre arrivée dans le théâtre, nous avons eu la surprise d’entendre un petit groupe parler malais ou indonésien (les deux langues sont très similaires). C’est d’ailleurs grâce à ça que nous pouvons vous confirmer que l’acoustique du théâtre est top! Ayant eu de très bon contacts avec les Malaisiens et les Indonésiens lors de notre séjour en Asie du Sud-Est, nous n’avons pas pu nous empêcher d’aller les aborder. Et nous avons bien fait! Ces gens viennent d’Indonésie et ils sont plus que ravis d’échanger avec des Occidentaux. Nous avons passé un très bon moment. Evidemment, nous n’avons pas échappé au traditionnel selfie mais c’est un exercice auquel nous nous plions toujours avec plaisir.

Selçuk et Ephèse auront été un énorme coup de cœur en Turquie. (Encore un!) Nous qui sommes passionnés d’histoire, nous n’avons pas été déçus. Ephèse mérite amplement sa réputation et Selçuk ne devrait pas être qu’un simple lieu de passage pour se rendre au site archéologique.

Et ce n’est pas fini! D’après ce que nous avons pu étudier, la région regorge de petits trésors de ce genre! Nous n’aurons malheureusement pas le temps de tout voir cette fois-ci, mais nous allons quand même nous y attarder pour en découvrir un peu plus.

Kizkalesi

Comme nous vous l’avons expliqué dans notre précédent article, notre périple par l’ouest se fera par la côte méditerranéenne. En effet, la Turquie connaît ces temps de fortes chutes de neige totalement inhabituelles pour un mois de mars. Il y a juste le sud qui est plus ou moins épargné par ce retour inattendu de l’hiver. Plus ou moins car la neige n’est pas tombée sur le littoral (mais on la voit bien sur les Monts Taurus pas loin!) mais la région connaît une vague de froid tout aussi inhabituelle avec des températures qui flirtent dangereusement avec zéro degré la nuit et qui ne dépassent pas 10 degrés la journée. Le tout accompagné d’un vent du nord glacial à décorner des bœufs. (Ceux qui connaissent la bise noire savent parfaitement de quoi nous parlons!) Enorme manque de bol : pendant le jour le plus froid, il y a eu une grosse panne d’électricité d’une bonne demi-journée et nous avons été privés de chauffage!Le réveil a été un peu rude ce jour-là, surtout pour Van la frileuse, mais, heureusement, tout a fini par rentrer dans l’ordre. Cette anecdote nous a quand même donné une bonne piqûre de rappel sur le fait qu’en Occident, nous avons quand même beaucoup de chance d’avoir accès à l’électricité et surtout au chauffage pendant l’hiver!

Malgré le temps maussade, nous reprenons quand même la route car notre temps n’est pas illimité et, selon les prévisions météo, nous avons bon espoir que la situation s’améliore les prochains jours. Depuis Adana, nous avons repris le train jusqu’à Mersin et ensuite un dolmus (un minibus local) jusqu’à la petite localité de Kizkalezi. Ce n’est qu’une petite station balnéaire un peu endormie à cette saison mais nous ne nous sommes pas arrêtés pour la baignade même si ces jours avec l’inertie, l’eau est probablement moins froide que l’air. Ce qui nous intéresse ce sont les quelques sites culturels qui se trouvent dans le coin et que nous sommes impatients d’aller découvrir.

Korykos beach et son château.

La ville a été fondée par des Romains au VIIIe siècle. Elle a connu ensuite, comme toute la région, différentes civilisations comme les Arméniens, les Chypriotes, les Mamelouks, les Karamanides, les Ottomans et finalement les Turcs d’aujourd’hui. La forteresse témoigne de toutes ces époques avec des nécropoles romaines, un arc de triomphe, des églises chrétiennes et des fortifications médiévales. Malheureusement, le site est fermé aux visites en hiver. Il se trouve sur une superbe petite plage aux eaux cristallines et, à voir les dépôts blancs sur le sable, bien salées. Côté terre, la végétation a été laissée à l’état sauvage et constitue un petit sanctuaire pour les oiseaux. D’ailleurs, à notre grande surprise, nous avons pu observer des espèces aux couleurs chatoyantes.

Kiz Kalesi

En turc, Kiz Kalesi signifie château de la jeune fille ou de la sirène selon les traductions. Le château en question se situe sur un petit îlot à environ 300 mètres au large de la plage et a donné son nom au village. On y accède en bateau mais seulement pendant la saison touristique. Apparemment, il existait une jetée qui reliait le continent à l’île mais, vu ce qu’il en reste, elle a dû essuyer pas mal de tempêtes. L’îlot a d’abord été habité par des pirates qui ont été chassés par les Byzantins qui y construisirent un premier fort. La forteresse que nous voyons aujourd’hui date du Royaume Arménien de Cilicie et date du XIIIe siècle. La Cilicie était la province romaine qui constitue aujourd’hui la plaine d’Adana et qui est voisine de la Lycie beaucoup plus connue. Vu depuis le continent, la forteresse paraît de taille modeste. Pourtant l’ensemble s’étend sur 15’000 mètres carrés et est entouré par 192 mètres de remparts.

Prenons un peu de hauteur!
Le canyon de Kizkalesi

Nous avons enfin une journée à la météo assez clémente pour nous permettre d’effectuer notre petite grimpette traditionnelle. Depuis le village de Kizkalesi, nous montons sur les collines environnantes, qui sont en fait les premiers contreforts de la chaîne des Monts Taurus, sur sept kilomètres entre les oliviers, les citronniers et des garrigues typiquement méditerranéennes. Malgré le vent du nord qui pique un peu, nous sommes ravis de pouvoir enfin crapahuter en nature!

Adamkayalar

Le but de notre balade se situe sur un petit promontoire rocheux haut de 140 mètres d’altitude. Oui, c’était une grimpette de santé! On y retrouve la ville antique d’Adamkayalar datant du IIe siècle, donc de l’Epoque Romaine. Les ruines sont un peu laissées à l’abandon entre les ronces et les pierres. Mieux vaut s’équiper de bonnes chaussures et d’avoir les chevilles bien accrochées pour se rendre sur le site!

Sur les parois de calcaire en face du site, il y a des trous creusés dans la roche. Ce sont des tombes qui datent de la même époque que la cité. Vu où elles se trouvent, les gens de l’époque étaient bien balèzes de creuser une nécropole dans des endroits aussi inaccessibles! De loin, on peut même apercevoir quelques gravures en bas-relief!

Nous savons pertinemment que dans l’Antiquité, si les villes étaient construites sur des éperons rocheux, c’était uniquement dans un but stratégique de défense. Mais nous pensons quand même que les Romains ont bien du kiffer la vue qui s’étend sur la côte, sur Kizkalesi (ok le village n’existait pas encore à l’époque!) et sur le magnifique canyon de Kizkalesi au fond duquel coule la rivière Karyagdi. Nous l’avons bien appréciée en tout cas et le paysage, bien que très calcaire méditerranéen, nous a rappelé les nombreux barrancos de Tenerife.

Nous avons bien aimé notre petit arrêt à Kizkalesi. Nous avons pu allier nature et culture et avons enfin retrouvé un peu de soleil, même si les températures ont encore de la peine à grimper. Mais si les prévisions météo sont correctes (spoiler : elles le sont rarement!), le printemps devrait s’installer durablement dans le courant de la semaine.

Qui dit printemps dit temps qui passe et si nous voulons respecter notre timing et rentrer en Espagne comme prévu en avril, il nous faut reprendre la route, toujours en direction de l’ouest où nous sommes sûrs de trouver encore quelques petites pépites qui feront notre bonheur!

L’ancienne ville royale de Sigiriya

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Nous délaissons le train pour un bus des années 1960 à la carrosserie rutilante mais au confort spartiate. Après 3 petites heures de route et un changement à Dambulla, nous voici à Sigiriya.

Sigiriya est un site archéologique majeur au Sri Lanka et c’est celui-ci que nous avons choisi de visiter malgré le prix d’entrée excessif : 30$, par rapport au niveau de vie d’ici, c’est carrément du vol! Surtout quand nous savons que nous payons 120 fois le prix d’un autochtone! Nous n’avons rien contre le fait que les locaux puissent accéder à leurs trésors nationaux à bon prix, nous trouvons même ça plutôt normal mais une différence pareille, c’est juste un gros foutage de g…!! Bref, ce sera sûrement le seul site de ce genre que nous visiterons dans ce pays à cause, notamment, des prix prohibitifs, alors autant être positif et en profiter au maximum! Nous avons décidé de venir en connaissance de cause donc nous allons arrêter de polémiquer sur le prix d’entrée.

La première chose qui nous frappe et nous fascine en entrant dans le site, c’est l’environnement. Nous sommes dans une magnifique jungle à la végétation luxuriante où se dressent d’énormes rochers qui défient les lois de la gravité et de l’érosion. Le site date du Ve siècle et représente tout un complexe de temples et de palais construits sous les ordres du roi Kassapa Ier.

Water Gardens
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Nous entrons dans le vif du sujet par les jardins. Ce qui frappe ici, c’est qu’il y avait un système d’irrigation en eau très complexe et très avancé pour l’époque. Ce sont d’ailleurs les vestiges les plus anciens de jardins en Asie. Aujourd’hui, nous pouvons aisément observer les bassins remplis d’eau construits avec un certain sens de l’esthétisme.

Le Rocher du Lion
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C’est un véritable emblème du Sri Lanka! Ce promontoire rocheux haut de 350 mètres sert de fondation au palais de Kassapa Ier. Vous l’aurez deviné, le clou du spectacle s’y trouve au sommet! Alors on se motive, on chausse nos baskets, on s’assure d’avoir assez d’eau à cause du climat tropical et on y va!

La montée
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Il faut venir à bout d’environ 1200 marches pour accéder au sommet du Rocher du Lion. Mais comme il y a du monde et que l’escalier sert de goulet d’étranglement, ça n’avance pas bien vite et ça s’apparente plus à une promenade de santé qu’à une bonne grimpette. Quoique la chaleur humide des Tropiques peut être traitre. Des marches et des passerelles ont été construites à flanc de rocher et nous pouvons déjà avoir un petit aperçu de la vue qui nous attend en haut. Par contre, si vous êtes sujets au vertige (ce qui n’est pas du tout notre cas), mieux vaut vous abstenir car la paroi est vraiment abrupte.

Au milieu de l’ascension, nous entrons dans une grotte dont les parois sont couvertes de peintures rupestres représentant des femmes nues appelées « Les Demoiselles de Sigiriya ». Comme il est interdit de les prendre en photo afin de ne pas abîmer les peintures, une reproduction des fresques se trouve dans le petit musée, très intéressant soit dit en passant, à l’entrée du site.

Le palais du roi
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Au sommet du rocher se dresse le palais du roi, résidence luxueuse du roi Kassapa Ier. C’était une prouesse architecturale pour l’époque, Ve siècle pour rappel, surtout que l’endroit était irrigué en eau alors que la source se trouvait dans la plaine, 350 mètres plus bas. Le palais possédait une grande piscine d’environ 100 mètres carré et qui est encore bien conservée aujourd’hui.

La vue
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Evidemment, après toute cette montée, nous étions en droit de nous attendre à une belle vue. Nous n’avons pas été déçus! Un panorama à 360 degrés de jungles, de lacs et de montagnes à couper le souffle! Nous pouvons également bien observer l’architecture des Water Gardens que nous avons visités juste avant. Au niveau des paysages, le Sri Lanka est sur notre liste des plus beaux pays visités!

Tout au long de notre visite, nous avons été accompagnés par les habitants des lieux. Attention, même si, contrairement à d’autres sites de ce genre, les singes restent plutôt indifférents à l’activité humaine, ils restent peu farouches et peuvent potentiellement vous attaquer si vous avez de la nourriture sur vous.

C’était vraiment une belle visite, malgré le prix d’entrée. Mis à part les escaliers qui sont un vrai goulet d’étranglement et qui sont blindés de monde, le site est assez grand avec beaucoup d’espace, même au sommet du Rocher du Lion et nous n’avons pas été dérangés par l’afflux touristique.

Pour la suite, il y a plusieurs opportunités qui s’offrent à nous mais ce sera sûrement au bord de l’océan, l’appel de la mer commence à se faire entendre très fort…

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