Comitan de Dominguez et les cascades de Chiflon

Comme nous avons choisi de rester quelques temps dans le Chiapas, il nous fallait y trouver des choses sympas à découvrir. En réalité, ça n’a pas été si difficile! Au Mexique, il y a le concept vraiment cool de « Pueblos magicos » (villages magiques en français) qui regroupe des villes de petite et moyenne importance, oubliées par l’UNESCO pour la plupart d’entre elles, mais qui possèdent un patrimoine historique digne d’intérêt. Pour le Chiapas, que nous avons déjà visité en partie en 2018, il nous en manquait un : Comitan de Dominguez, dans le sud de l’état. Nous allons donc de ce pas réparer cet oubli!

Pour couper un peu le trajet depuis Tuxtla, nous nous sommes arrêtés à San Cristobal de las Casas, un autre pueblo magico que nous avions déjà visité en 2018 mais que nous avions, à l’époque, trouvé un peu surfait. Cinq ans plus tard, notre avis n’a pas changé. La ville est certes magnifique et le centre colonial très coloré est vraiment très beau mais elle a complètement vendu son âme au tourisme de masse et a perdu son ambiance mexicaine. Nous y avons quand même passé une bonne soirée tamales, un plat typiquement mexicain composé de farine de maïs et cuit en papillote dans une feuille de banane, en compagnie d’amis brésiliens, mexicains, polonais et californiens. A l’époque, une bonne partie du centre historique avait été endommagé par un tremblement de terre et nous y avons trouvé des travaux et des échafaudages partout afin de réparer tout ça. Aujourd’hui, la ville est complètement restaurée et a retrouvé de sa superbe.

Comitan se situe dans la sierra du sud du Chiapas, perchée à 1626 mètres d’altitude, à deux petites heures de colectivo de San Cristobal de las Casas. La frontière avec le Guatemala n’est plus très loin. Frontière que nous n’avons pas franchie préférant celle de la côte Pacifique puisque notre idée première était d’aller à Oaxaca avant de changer d’avis pour cause de distances trop grandes et de trucs trop cool à faire dans le Chiapas.

Centre historique

La ville de Comitan date de l’époque Maya mais les petites maisons colorées et l’architecture baroque que nous voyons aujourd’hui date du XVIe siècle, en pleine époque coloniale espagnole. Ce n’est pas la ville coloniale la plus pittoresque mais elle possède un charme fou, loin des circuits touristiques de sa grande sœur San Cristobal de las Casas. Elle est autant mal plate que la Orotava et les petites ruelles en pente bordées de jolies petites maisons aux couleurs chatoyantes nous rappellent un peu Quito. Le climat un peu tristounet aussi!

Parque Central Benito Juarez

Elle est vraiment superbe cette place centrale! Déjà, elle possède plein d’arbres et de fleurs, ça donne un peu de verdure au centre de la ville et c’est très agréable! Ensuite, elle est bordée de superbes bâtiments comme le palais municipal, la cathédrale Santo Domingo de Guzman, le théâtre ou le centre culturel. Les cabildos et les piliers en bois rappellent fortement la place centrale d’Antigua. Dans le petit kiosque central, on y donne souvent des concerts de marimbas, sorte de xylophones typiques du Chiapas.

Plaza de San Caralampio

Il suffit de prendre la ruelle qui descend à l’est depuis la place centrale pour arriver dans ce coin vraiment sympa. C’est une petite place qui se situe dans le quartier de la Pila, le plus ancien de la ville. Elle est bordée d’un cabildo ainsi que de bâtiments coloniaux du XVIe siècle. Mais le clou du spectacle reste le temple de San Caralampio, une superbe église néoclassique du XIXe siècle qui domine la place avec sa magnifique façade orange et rouge qui nous rappelle que le Mexique reste le pays le plus coloré que nous avons visité et que c’est notamment pour cette raison que nous l’adorons.

Iglesia de San José

C’est la plus grande église de la ville, elle se voit depuis tout le centre historique. Ce temple néogothique a été construit entre 1910 et 1924 sur un terrain cédé à la ville par deux sœurs natives de Comitan à la condition d’y construire un lieu de culte. Les architectes sont quand même venu plagier sans vergogne le blanc et le jaune, nos couleurs typiques andalouses! Mais on les comprend, c’est tellement beau! Nous sommes particulièrement fans de la jolie coupole situé à l’arrière de l’édifice.

Mirador de Comitan

Nous avons eu droit à notre petite grimpette du jour! Depuis le Parque Central il faut prendre la direction du nord-est et grimper sur trois bons kilomètres avant d’arriver au sommet. Ce n’est pas compliqué, ça passe dans la ville, mais ça grimpe quand même! D’en haut, nous avons la vue sur tout le plateau de Comitan et sur les verdoyantes montagnes du Chiapas. Le temps est un peu mitigé, saison des pluies oblige, mais la végétation est luxuriante. Nous n’imaginions pas la ville si grande et si étendue, le centre étant assez calme, nous pensions être dans une localité de moindre importance.

Cascades de Chiflon

Le Chiapas étant l’état le plus méridional et le plus tropical du Mexique, il possède des trésors naturels incroyables comme des forêts, des cascades, des volcans, des rivières etc… Nous ne pouvions pas quitter cet état sans aller voir une de ces merveilles!

Les cascades de Chiflon se trouvent à seize kilomètres de Comitan et c’est idéal pour une excursion à la journée. On s’y rend avec le colectivo de Tuxtla (40 pesos soit 2€ ou 2CHF) qui nous dépose directement à l’entrée du site. Un petit détail à ne pas négliger si on vient depuis Comitan, c’est le changement de climat. On passe très rapidement de plus de 1600 mètres à 600 mètres d’altitude et on y gagne presque dix degrés, ça peut être un peu déroutant surtout avec le fort taux d’humidité de l’air. L’entrée du site coûte 80 pesos (4,10€ ou 4CHF), ça les vaut amplement et ça permet à la communauté indigène qui s’occupe du lieu de survivre et de continuer à prendre soin de ce petit coin de nature.

La visite commence par un petit centre d’interprétation qui nous explique comment vit la communauté indigène locale avec la nature environnante. Il est situé dans des maisons typiques mayas au toit de chaume. C’est très joli et ça ne dénature pas du tout l’environnement.

Ensuite nous continuons sur un sentier d’environ un kilomètre jusqu’au sommet des cascades. Il y a 746 marches à monter, ça grimpe pas mal mais c’est assez facile, le chemin est large sans goulet d’étranglement et il y a plein d’endroits avec des bancs en bordure du chemin pour se reposer. Il y a souvent des panneaux d’encouragement pour nous motiver à continuer notre montée.

Rio San Vicente

Le sentier suit le rio San Vicente, une des rivières les plus importantes du sud du Chiapas. Malgré la saison des pluies, nous y trouvons une couleur turquoise incroyable similaire au Rio Celeste au Costa Rica. En dehors des cascades, elle est interrompue par quelques rapides qui donnent un paysage incroyable. A certains endroits, il est possible de s’y baigner mais l’eau reste bien fraîche! Nous avions zappé Semuc Champey au Guatemala sur les conseils d’autres voyageurs, nous avons apparemment trouvé le pendant mexicain qui a l’air encore mieux!

Les cascades

Nous sommes quand même venus pour elles! Le Chiapas est très mal plat voire très pentu, et c’est ce relief très prononcé qui façonne les superbes cascades du Rio San Vicente. Elles portent des jolis noms comme Angel (ange), Suspiro (soupir) ou encore Arcoiris (arc-en-ciel). Il y a des plateformes qui permettent de s’y approcher afin de mieux les observer.

El Velo de la Novia

Vous pensez bien que si nous avons grimpé un bon kilomètre c’est pour avoir la récompense au sommet! Et quelle récompense! Nous nous retrouvons devant une superbe cascade de 120 mètres de haut appelée Velo de la Novia (voile de la mariée) à cause de sa forme. Et c’est vrai que c’est ressemblant! Son débit est assez important pour bien nous rincer sur la plateforme du sommet. Mais la fraîcheur est bienvenue et la vue vaut vraiment la peine qu’on se fasse rincer pour elle!

Nous en avons vu des magnifiques cascades au cours de nos voyages, la faute à Van qui en est fan, mais nous pouvons affirmer que celles-ci ne sont surpassées que par les chutes d’Iguazu! Nous mettons juste un bémol sur quelques aménagements comme la tyrolienne qui dénaturent un peu le site mais sinon nous avons vraiment été scotchés par ce coin de nature que nous vous recommandons à cent pour cent si vous êtes de passage dans le coin.

Pour l’instant, nous ne regrettons absolument pas de nous être attardés dans le Chiapas. La région a déjà été un de nos gros coups de cœur il y a cinq ans, et c’est bien parti pour être de nouveau le cas cette année. La région de Comitan est moins connue que San Cristobal ou Palenque mais elle mérite amplement un détour. C’est beaucoup moins touristique mais tout autant intéressant.

Nous allons quand même essayer de nous bouger en direction des Caraïbes si nous ne voulons pas être trop à la bourre pour prendre notre vol. Il nous reste encore plus de mille kilomètres pour rejoindre Cancún et nous avons déjà des dizaines d’idées d’étapes. Le plus difficile sera de faire des choix qui s’avèrent déjà très cornéliens.

San Cristóbal de las Casas, la capitale culturelle du Chiapas

Arriver dans le Chiapas se mérite! Nous avons normalement pris notre bus à Ciudad del Carmen mais arrivés au checkpoint de la frontière d’état, nous sommes bloqués par une grève. Heureusement que le chauffeur a eu la présence d’esprit de contacter son collègue de l’autre côté du barrage afin de procéder à un échange de passagers.  Nous voici donc avec notre sac sur le dos, à midi en plein cagnard à traverser la frontière entre l’état de Campeche et celui du Tabasco (rien à voir avec la sauce piquante qui elle, vient de Louisiane) sur environ un kilomètre et  demi afin de changer de bus. Mais traverser un paysage magnifique de mangroves nous file la pêche et nous apprécions le système D des chauffeurs nous permettant de poursuivre notre route. Finalement nous arrivons avec à peine une heure de retard à notre étape du jour, Villahermosa, capitale du Tabasco, qui n’a de « hermosa » (joli) que le nom.

La suite du voyage se poursuit sans encombre et nous arrivons à Tuxtla Guttierez, la capitale du Chiapas, qui n’a que très peu d’intérêt mais c’est une bonne base pour découvrir une partie des alentours.

Chiapa de Corzo

A la base, nous voulions nous rendre au canyon de Sumidero. Pour cela, il faut rejoindre les débarcadères du village de Chiapa de Corzo situés à seize kilomètres de la ville de Tuxtla. Arrivés sur place, nous trouvons facilement les bateaux, véritables usines à touristes, navigant à tombeau ouvert afin d’effectuer le plus de courses possibles et d’être rentables au maximum! Bref, très peu pour nous, nous préférons y renoncer.

Par contre, nous profitons de flâner dans le charmant village de Chiapa de Corzo qui, une fois en dehors du quartier dédié au tourisme, s’avère très joli, calme et authentique. Nous sommes toujours aussi fans de ces petites maisons colorées!

Chiapa de Corzo fait d’ailleurs partie des Pueblos Magicos (villages magiques en français). C’est un programme du gouvernement mexicain qui met en valeurs des coins pas très connus mais qui ont un patrimoine naturel ou culturel, qui mérite le détour. Il y en a 132 dans tout le Mexique, autant vous dire que nous n’avons pas fini de revenir dans ce merveilleux pays!

Même si c’est un petit village, il est construit selon le plan espagnol en damier avec sa place centrale, appelée ici Plaza de Armas, ses bâtiments en arcades et sa cathédrale qu’on trouve très stylée en rouge et blanc!

Une chose qui nous avait manquée dans le Yucatán, désespéramment plat, c’était du relief. La région de Tuxtla est bien vallonnée avec des montagnes couvertes d’une luxuriante végétation tropicale. Après avoir passé pas mal de temps en ville, il est bien agréable de se retrouver un peu dans la nature.

Finalement, c’est en nous rendant dans un coin pour les touristes que nous avons réussi, encore une fois, à sortir des sentiers battus. Malgré notre changement de plan de dernière minute, nous avons découvert une petite perle bien authentiquement mexicaine!

San Cristóbal de las Casas

Comme le reste de l’hémisphère nord, le Mexique connaît une canicule et surtout une sécheresse sans précédent, alors que nous sommes censés être en plein dans la saison des pluies. Heureusement, il existe des montagnes dans le Chiapas afin de prendre un peu (beaucoup!) d’altitude et perdre quelques degrés.

Depuis la ville de Tuxtla Guttierez, la capitale d’état où nous étions légèrement en train de suffoquer, même si nous sommes, en général, plutôt fans du chaud, il y a des colectivos qui nous emmènent fréquemment à San Cristobal pour 60 pesos ( 3,10€ ou 3 CHF) et le trajet dure à peu près une heure. La distance est super courte sachant que nous passons de 500 mètres d’altitude à plus de 2200 mètres! Nous perdons également près de vingt degrés. Même en cherchant de la fraîcheur, le choc thermique est assez violent et le manque d’oxygène dû à l’altitude commence déjà à se faire sentir.

Le centre historique

San Cristóbal de las Casas est connue pour être la capitale culturelle du Chiapas. C’est vrai qu’elle possède un superbe centre historique super coloré et assez étendu. La ville fut fondée par l’Espagnol Diego de Mazariegos en 1528 qui en fit la capitale du Chiapas jusqu’en 1834, date à laquelle on lui préféra Tuxtla pour cette fonction. La rivalité entre les deux villes fut tellement violente que le lieu de capitale changea quatre fois au cours du XIXe siècle avant de s’installer définitivement à Tuxtla, plus centrale et plus accessible car en plaine. San Cristóbal de las Casas peut se targuer d’être une des toutes premières villes d’origine européenne à avoir été fondée sur le continent américain. Les architectes mirent le paquet à l’époque pour marquer le coup car le patrimoine historique qui nous reste est assez ouf! Malheureusement, en septembre 2017, un tremblement de terre de 8,2 sur l’échelle de Richter endommagea une bonne partie des bâtiments du centre historique qui sont encore en cours de reconstruction ou rénovation, donc couvert d’échafaudages.

Plaza del 31 Marzo

C’est la place centrale de San Cristóbal de las Casas bordée des bâtiments municipaux à arcades qu’on nomme en Amérique Latine ou en Andalousie cabildos. C’est le lieu de rencontre des habitants et surtout des touristes qui viennent écouter parfois des concerts de marimba, un instrument de musique typique du Chiapas qui ressemble fortement à un xylophone. Sur la place, se dresse également la cathédrale San Cristóbal Martir construite en 1528, en même temps que la fondation de la ville. Nous adorons sa façade jaune et rouge très mexicaine. Elle a été une des premières cathédrales catholiques du Nouveau Monde, et, à ce titre, elle a été consacrée par le Pape Paul II himself! Vu l’époque, se déplacer depuis le Vatican était une vraie expédition et il fallait vraiment valoir la peine pour faire déplacer le pape! La papamobile n’existait pas encore!

Eglise de la Guadalupe et ses escaliers

Il faut monter un immense escalier bordé d’une forêt de pins pour y accéder depuis le centre historique. C’est ici qu’ont lieu les nombreuses processions lors des différentes fêtes de la ville. Malgré son style baroque espagnol, l’église date de 1835, après l’indépendance donc. Pour rappel, l’Indépendance du Mexique vis à vis de la couronne espagnole date de 1821. A cause de sa position en hauteur, c’est le bâtiment de la ville qui a le plus souffert du tremblement de terre de 2017. Le site est d’ailleurs en plein travaux et nous ne pouvons pas y accéder en entier. Malgré ces petits tracas, la vue sur la ville de San Cristobal de las Casas et sur les montagnes du Chiapas est superbe.

Réserve de Moxviquil

C’est vrai que Moxviquil sonne comme un nom de médicament qu’on s’attend plus à trouver dans une pharmacie que dans une forêt. Pourtant, c’est une réserve de 80 hectares qui porte ce nom aux consonnances un peu étranges qui nous vient directement des Mayas. Elle se trouve au nord de la ville, sur les premiers contreforts de la Sierra de Chiapas et est accessible à pieds depuis le centre-ville. Il y a un sentier d’un peu moins de deux kilomètres qui fait une boucle au milieu des pins. C’est bien balisé et ce n’est pas très compliqué si vous avez l’habitude de marcher en forêt. Il est possible d’y aller en autonomie et l’entrée est gratuite, mais il y a aussi la possibilité de faire la balade avec un guide. C’est un véritable havre de paix car la ville de San Cristóbal de las Casas peut parfois être étouffante, il y a toujours beaucoup de monde. Si vous êtes à la bonne saison, ou mauvaise car celle des pluies, vous aurez la chance d’apercevoir quelques orchidées qui ont l’air de se plaire sur les troncs des pins.

Veillez à prendre un imperméable et quelques couches pour entreprendre la balade. La forêt se trouve à 2500 mètres d’altitude en pleine zone tropicale humide où les pluies ne sont pas rares. En cas d’averse, les températures ont tendance à baisser drastiquement!

Malgré ces images de cartes postales et ces couleurs typiquement mexicaines que nous adorons, nous allons faire une conclusion brutale en vous disant que nous n’avons pas vraiment aimé la ville de San Cristóbal de las Casas! Oui, c’est le genre de ville que nous affectionnons en général, mais pas ici. Nous ne remettons pas en cause la beauté du centre historique, loin de là! Nous trouvons juste que la ville s’est vendue au tourisme de masse et en a perdu son âme. C’est plein de boutiques de souvenirs, d’agences de voyage pour des tours dans les environs, de restaurants internationaux sans âme avec des « tourist menu » en anglais et de rabatteurs. Ce n’est pas l’image que nous avons du Mexique et pourtant, nous venons depuis la péninsule du Yucatán qui est également prise d’assaut par les touristes mais qui, paradoxalement, n’a pas totalement perdu son âme.

Non, nous ne vous déconseillons pas forcément de vous rendre à San Cristóbal de las Casas car le patrimoine architectural est vraiment intéressant mais si vous voulez quelque-chose de plus local ou dans son jus, passez votre chemin. Ce ne sont pas les « pueblos magicos » et les villes coloniales qui manquent au Mexique!