Salamanca, la plus vieille ville étudiante d’Espagne

Après un superbe été passé dans notre belle andalouse et sur les plages de Cádiz, il est temps pour nous d’effectuer notre rentrée et de partir à la découverte d’autres coins de notre beau pays.

Notre curiosité nous a poussés, une fois n’est pas coutume, tout droit en direction du nord dans la communauté autonome de Castille-et-León, une région qui était totalement méconnue pour Van. Le choix de Salamanca ne s’est pas fait au hasard, la ville est reconnue pour son université et son patrimoine architectural médiéval intéressant.

Nous avons choisi le bus pour nous y rendre. Ça nous paraissait logique vu que depuis Séville, l’autoroute va tout droit en direction du nord en empruntant le tracé de l’ancienne voie romaine « Via de la Plata ». Ce que nous n’avions pas prévu, c’est que le bus en question dessert tous les petits bleds d’Estrémadure! Nous n’avons rien contre l’Estrémadure, au contraire, c’est notre deuxième région d’Espagne préférée après l’Andalousie, mais là, nous aurions quand même préféré avancer un peu plus vite! Bref, la prochaine fois nous prendrons le train même s’il faut passer par Madrid et y changer de gare.

Mais nous n’allons pas nous décourager à cause d’un trop long trajet de bus et nous sommes toujours motivés à aller découvrir cette nouvelle ville.

Le centre historique

Salamanca possède une histoire très riche et a été habitée par les Ibères dès le premier millénaire avant notre ère. Elle a été conquise par le carthaginois Hanibal avant d’être prise par les Romains qui l’ont intégrée à leur province de Lusitania avec le Portugal et la Galice. D’ailleurs, la frontière portugaise est à une petite centaine de kilomètres de là à la hauteur de Porto à peu près et les habitants ont déjà, dans leur accent, une façon de bien appuyer les « S » presque comme des « ch » qui nous rappelle les sonorités lusophones de nos voisins.

Ensuite Salamanca fut prise par les Alains, un peuple barbare venu de Perse qui conquit toute la Lusitanie après la chute de l’empire romain. Mais l’endroit ne les intéressa pas, pas plus qu’aux Wisigoths venus après eux. Salamanca fut peu à peu abandonnée à son triste sort. Les Arabes sont passés par là également mais ne montrèrent pas plus d’enthousiasme que leurs prédécesseurs. De toute façon, ces derniers ne restèrent pas longtemps dans le coin puisque la Reconquista eut lieu en 939 déjà. Là, les choses commencèrent à changer et la ville se repeupla gentiment et Salamanca devint rapidement une des villes les plus importantes du royaume de León.

Le centre historique date en partie de cette époque avec ses petites ruelles et ses maisonnettes datant du Haut-Moyen-Age. Le tout est bien concentré dans ce qui reste des remparts, bien conservé et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un peu la Córdoba du Nord. C’est une architecture qui n’existe pas dans le sud puisqu’à cette période, la région était conquise par les musulmans qui nous ont laissé leur superbe architecture mudéjar. C’était d’ailleurs le but de notre virée de voir une architecture et une histoire différente de celle que nous voyons tous les jours.

Plaza Mayor

Nous devons avouer qu’elle nous a un peu laissés sur notre faim cette Plaza Mayor. C’est vrai, qu’à notre passage la feria locale était en train de se préparer et une énorme scène était en train d’être montée au centre de la place. Oui, malgré la pause estivale, nous sommes toujours les rois des timings chelous! Ça ne nous a pas aidés à apprécier la place à sa juste valeur. Mais ce n’est pas la principale raison de notre petite déception. Certes, la place est objectivement vraiment jolie avec son style baroque du XVIIIe siècle et ses arcades mais nous la trouvons trop carrée, trop uniforme. Elle a été commandée telle quelle à un architecte local et n’a pas été bordée de bâtiments bâtis à l’arrache au fil des siècles. Ceci explique sûrement cela. Nous préférons les places un peu plus biscornues et WTF comme à Cáceres.

Nous ne pouvons pas mettre non plus cette petite déception sur le compte de notre chauvinisme andalou puisque le concept de Plaza Mayor est typiquement castillan et n’existe pas en Andalousie. Même si en vrai notre Plaza de España reste la plus belle, on est d’accord!

La Casa de las Conchas

En français, elle s’appelle la maison des coquillages et on peut aisément comprendre pourquoi! Ses façades sont recouvertes de plus de trois cents coquilles Saint-Jacques. A part cette fantaisie décorative, le bâtiment est un édifice médiéval typique de style gothique tardif qui a été construit entre 1493 et 1517 pour une noble famille locale. On ne sait pas vraiment pourquoi ces coquillages ont été choisis pour orner la façade mais il y a deux légendes, plus ou moins plausibles, qui circulent en ville à ce sujet. La première est que la famille qui fit construire la maison appartenait à l’ordre de Santiago (Saint-Jacques), un ordre religieux et militaire du royaume de León qui avait pour mission de protéger les pèlerins des chemins de Compostelle mais aussi d’expulser les non-catholiques de la péninsule ibérique et dont l’emblème était la coquille Saint-Jacques. L’autre légende, plus romantique, raconte que le fils du propriétaire de la maison fit poser ces décos par amour pour sa femme dont les armoiries de sa famille contenaient des coquillages. Aujourd’hui, l’édifice appartient à la municipalité de Salamanca et abrite une bibliothèque. Il y a pire comme endroit pour s’adonner au plaisir de la lecture!

La Clerencia

Juste en face de la Casa de las Conchas, se dresse la Clerencia et sa magnifique façade baroque! Construite au XVIIe siècle, elle abritait le collège de la Compagnie de Jésus (les Jésuites). Aujourd’hui, elle abrite l’université pontificale de Salamanca, une université catholique privée. Malheureusement, la Clerencia et la Casa de las Conchas se font face dans une ruelle très étroite et il est difficile d’observer les deux édifices à leur juste valeur. (voir notre première photo de la galerie ci-dessus pour vous faire idée de la proximité des bâtiments)

Les cathédrales

Salamanca possède deux cathédrales une vieille (vieja) et une nouvelle (nueva). Bon, il est très difficile de les différencier parce que la nouvelle à été, en partie, construite sur l’ancienne après que cette dernière ait été bien endommagée par le tremblement de terre de Lisbonne en 1755. En gros, la partie arrière de style roman est la « catedral vieja » qui date du XIe siècle, et le reste, plus grand de style gothico-Renaissance qui date des XVIIe et XVIIIe siècles, est la « catedral nueva ». L’ensemble est vraiment joli avec ses différents styles architecturaux et comme tout a été bâti sur une petite esplanade, on le voit de loin. Ce qui fait un très bon repère quand on se perd dans le dédale de ruelles du centre historique.

L’université

Non, nous ne sommes pas venus à Salamanca reprendre nos études car nous avons un projet encore plus fou que celui d’apprendre de nouvelles choses pour le mois d’octobre! Si nous vous en parlons c’est parce que, déjà, les différentes facultés de la ville se trouvent dans des édifices historiques vraiment remarquables. Ensuite, Salamanca peut se targuer d’avoir la plus vieille université d’Espagne et la deuxième d’Europe après Bologne, en Italie. Elle a été fondée en 1218. Oui, ils sont studieux les gens du sud! Enfin, l’université a reçu de prestigieux élèves comme le navigateur Hernan Cortés ou l’écrivain Miguel de Cervantes, le Molière espagnol. Christophe Colomb y est même venu préparer une partie de son expédition qui le mena à la découverte de l’Amérique. Paradoxalement, c’est également à l’intérieur de ces murs qu’ont été discutés la mise en place de droits pour les indigènes du Nouveau Monde. On y a également accueilli la première femme étudiante du monde, Beatriz Galindo qui était une dame de compagnie de la reine Isabel et on y a crée la première grammaire du castillan en 1492. Rien que ça!

Aujourd’hui, l’université de Salamanca reste très prisée des étudiants locaux et internationaux et la municipalité en tire la plupart de ses revenus. L’ambiance en ville est d’ailleurs très cool, très jeune et très dynamique. Nous avions un peu peur, avant de venir dans le nord, de retrouver l’ambiance de Zaragoza très froide. Heureusement, ça n’a pas du tout été le cas. Certes, les gens n’ont pas l’exagération des Andalous mais ils restent ouverts et très sympas!

Les archives de la Guerre Civile

Nous y sommes rentrés pour nous protéger du froid. Oui, vous avez bien lu, du froid! Le matin de notre départ, il y avait un vent glacial à décorner des bœufs et c’était beaucoup trop tôt pour aller boire l’apéro. Donc nous avons été nous abreuver d’histoire plutôt que de pinard local, très bon soit dit en passant! Nous n’y avons pas pris de photo à l’intérieur, même si c’est autorisé, car les documents de propagande de l’époque que nous y avons trouvés sont super nauséabonds et nous savons que la population espagnole est encore très mal à l’aise avec cette partie de son histoire. Mais ça reste très intéressant même si nous avons été hallucinés par certains écrits de l’époque, de la part des deux camps.

Il y a une partie dédiée à la loge maçonnique de Salamanca qui, comme toutes les sociétés de francs-maçons, a été persécutée par le régime de Franco.

L’entrée est gratuite et il y a des visites guidées à certaines heures. Malheureusement pour nous, elle étaient complètes ce jour-là. Mieux vaut s’y inscrire à l’avance.

Le pont romain

Il faut sortir de l’enceinte de la vieille ville pour observer le seul vestige romain encore visible à Salamanca. Ce magnifique pont date du Ier siècle mais a dû subir plusieurs campagnes de restauration au cours des siècles à cause des crues du Rio Tormes, la rivière qui traverse Salamanca. C’était un important passage de la Via de la Plata, une voie romaine d’Hispanie occidentale reliant Augusta Emerita (Mérida) à Austurica Augusta (Astorga) et qui est aujourd’hui un des itinéraires des chemins de Compostelle. La plus-value de ce pont c’est qu’il donne une vue incroyable sur les cathédrales qui dominent la ville.

Nous avons bien fait de nous bouger à 460 kilomètres au nord de notre belle Séville et de subir un interminable trajet en bus ainsi qu’un vent glacial du nord! Salamanca est vraiment une très belle ville avec un patrimoine historique incroyable. Nous vous recommandons plutôt d’y accéder par Madrid à environ deux heures de bus ou de train. L’Espagne n’a pas que des plages et des bars à tapas à offrir mais aussi ce genre de petites villes où il fait bon d’y passer quelques jours.

Cáceres et Trujillo, les trésors médiévaux d’Estrémadure

Après avoir effectué une première découverte de la province de Badajoz, nous continuons notre périple dans la belle région d’Estrémadure et changeons de province pour arriver à Cáceres, la deuxième ville de la région qui est située en son centre géographique. Cáceres est accessible en train depuis Mérida ou Badajoz sur la ligne qui va à Madrid. La gare est un petit peu excentrée mais il y a une rambla bien ombragée qui la relie au centre-ville. Il faut compter environ quinze bonnes minutes de marche. Il y a des bus urbains mais nous ne les avons pas testés.

L’histoire de Cáceres est super riche! La ville serait habitée depuis la Préhistoire. Durant l’époque romaine, elle fut une des villes les plus importantes de Lusitanie jouissant d’une bonne position sur la via de la Plata, une route romaine reliant Mérida à Astorga (région de León) et qui existe encore aujourd’hui comme chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle fut évidemment conquise par les Arabes lors de la période d’Al-Andalus avant d’être définitivement prise par le roi catholique Alphonse IX de Leon où elle devint une ville indépendante rendant des comptes directement au roi à Madrid. La ville fut dirigée par une confrérie de chevaliers agricoles qui bâtirent de nombreux édifices qui constituent encore aujourd’hui une bonne partie du centre historique. Aujourd’hui, Cáceres est le siège de l’université d’Estrémadure et ça se ressent dans l’ambiance jeune et dynamique de la ville. Elle possède également un des centres médiévaux et de la Renaissance les plus complets du monde qui est évidemment inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Nous avons effectivement été scotché devant tout ce patrimoine historique incroyable. Nous y avons trouvé beaucoup de similitudes avec la ville de Sienne, en Toscane, autre centre médiéval de ouf qu’il vous faut absolument visiter une fois dans votre vie!

Plaza Mayor

Quand on arrive au centre historique depuis la gare, on tombe directement sur la Plaza Mayor car elle se trouve en bas du bourg médiéval. Elle est d’ailleurs adossée aux vestiges des remparts dont quelques magnifiques tours sont encore debout aujourd’hui. Elle n’a pas une belle forme rectangulaire car elle a dû s’adapter à la forme du relief et de la muraille. Tiens, exactement comme à Sienne! Mais son emplacement ne doit rien au hasard! Elle a été construite exactement à équidistance des deux quartiers extra-muros de la ville au XIVe siècle afin de donner aux habitants un point de réunion pour la vie sociale et le commerce. Comme quoi la coutume espagnole de se rencontrer sur une place pour discuter et boire un verre ne date pas d’hier! Les bâtiments qui entourent la place sont assez hétéroclites et datent d’une période qui va d’Al-Andalus (dès le IXe siècle) au XVIe siècle. Aujourd’hui encore, elle reste la place principale de la ville et sert toujours au coeur de la vie sociale de Cáceres.

Plaza de las Veletas

C’est un peu l’anti Plaza Mayor puisque la Plaza de las Veletas se trouve à l’opposé géographique de celle-ci, c’est-à-dire sur la partie haute du centre historique. Malgré son architecture typique du Moyen-Age chrétien, la place se trouve à l’emplacement de l’alcazaba arabe mais a été remaniée avec l’arrivée des rois catholiques. Aujourd’hui on y trouve le musée historique de la province de Cáceres ainsi que l’ancienne mairie. La place est surtout connue pour servir de décor à divers films ou séries historiques. Etant donné que le XXIe siècle n’a pas eu l’air d’être arrivé par ici, nous comprenons aisément le choix de certains réalisateurs de faire de cet endroit leur studio de cinéma.

Plaza Santa Maria

C’est le cœur névralgique du centre historique et ce depuis des siècles puisqu’elle a été construite sur l’emplacement du forum romain. Elle est bordée de la cocathédrale Santa Maria de Cáceres, l’édifice religieux le plus important de la ville ainsi que le tout premier de culte catholique à avoir été bâti après la Reconquista au XIIIe siècle. Les autres bâtiments sont des palais ayant appartenu à la noblesse locale jusqu’au XVIIIe siècle. Géographiquement, elle se trouve à mi-chemin entre la Plaza de las Veletas et la Plaza Mayor et, avant la construction de cette dernière, c’était le cœur de la ville dite basse.

Nous avons eu un énorme coup de cœur pour Cáceres, c’est un des centres historiques médiévaux les mieux conservés que nous ayons visités. La partie monumentale est assez petite, assez compacte et se visite facilement en une demi-journée. Donc n’hésitez pas à y consacrer quelques heures si vous êtes dans le coin!

Trujillo

NB : A ne pas confondre avec la ville du même nom, au Pérou!

Lors de nos longues heures passées à dévorer divers magazines de voyage, il y a un nom qui ressort toujours sur les listes des plus beaux villages d’Espagne, c’est Trujillo. Comme il se situe en Estrémadure et que, heureux hasard, nous aussi, nous décidons d’aller y faire un petit détour dans le seul but, évidemment, de vérifier si l’info est juste! Trujillo ne se trouve sur aucune ligne de train, il faut donc prendre le bus depuis Cáceres. C’est facile, la station de bus est juste en face de la gare et le trajet prend une petit heure. A Trujillo, ça se corse, la station de bus se situe dans la plaine, quasi au milieu de nulle part et il n’y a pas de guichet. Pensez à prendre vos billets sur internet si vous ne voulez pas être embêtés pour repartir. Nous avons eu de la chance, les nuages se sont invités à la fête et nous n’avons pas dû monter au village en plein cagnard, comme c’est souvent le cas dans la région en cette saison. Après la chaleur sèche et à la limite du supportable à Badajoz, nous sommes contents de respirer et d’avoir un peu d’humidité pour soulager nos bronches. Certes, les photos sont un peu plus tristounettes du coup mais nous avons bien mieux profité de notre visite.

Trujillo se situe idéalement sur une petite colline culminant à 564 mètres d’altitude, ce qui explique en partie pourquoi nous avons bénéficié d’une météo un peu moins étouffante. Elle vit principalement de l’agriculture pratiquée dans la plaine alentour.

La fondation de la ville date de la préhistoire. Elle fut connue à l’époque romaine sous le nom Turgalium dépendant directement d’Augusta Emerita (Mérida) et connut un petit essor non négligeable en devenant la première étape de la voie reliant cette dernière à Caesaraugusta (Zaragoza). Ensuite, comme pratiquement partout en Espagne, arrivèrent les Wisigoths qui ne laissèrent que peu d’influence et cédèrent rapidement la place aux musulmans qui y construisirent la muraille encore visible aujourd’hui. La Reconquista fut un peu chaotique. La ville fut d’abord prise par les Portugais en 1165 avant d’être conquise par le Royaume de León en 1165 puis reconquise par les musulmans en 1173. Une Reconquista catholique eut lieu en 1186 où Trujillo devint sujet du Royaume de Castille avant d’être, encore une fois, reprise par les Arabes en 1196. Ce sont les forces militaires de l’évêque de Plasencia (ville située à l’extrême nord de l’actuelle Extrémadure) qui reconquirent définitivement la ville pour le compte de Ferdinand III, roi de León et de Castille. Le XVe siècle est l’époque de la découverte de l’Amérique et Trujillo vit naître trois grands conquistadors : Francisco Pizarro et Diego Garcia de Paredes qui découvrirent le Pérou ainsi que Francisco de Orellana qui découvrit, lui, l’Amazone. A cette époque, Trujillo est une capitale de province prospère. Mais cet âge d’or prit fin au XIXe siècle quand les troupes napoléoniennes envahirent la région laissant la ville à genou. C’est également à cette époque qu’eurent lieu les guerres d’indépendance en Amérique Latine qui portèrent un coup fatal à l’économie espagnole. Trujillo ne se releva jamais de ces affronts et perdit son statut de capitale de province au profit de Cáceres. Heureusement, il lui reste un patrimoine historique, principalement médiéval, magnifiquement restauré qui attire aujourd’hui un peu de tourisme.

Plaza Mayor

A l’instar de Cáceres, la Plaza Mayor est le premier lieu qu’on découvre en arrivant dans le centre historique puisqu’elle se situe dans la ville basse au pied des remparts. A l’origine, c’était une simple place de marché avant qu’on y construisit des palais ou autres demeures seigneuriales à partir du XVe siècle. Ce sont ces édifices qui bordent encore la place aujourd’hui avec l’église de Santa Maria la Mayor qui, elle, date déjà du XIIIe siècle et ça se voit par son architecture romane, moins élaborée que le reste des bâtiments de la place. La superbe statue équestre en bronze qui trône fièrement sur la place est celle de Francisco Pizarro, le mec qui découvrit le Pérou. L’histoire de cette statue est assez originale. Déjà, elle est l’œuvre d’un sculpteur américain du début du XXe siècle appelé Charles Cary Rumsey. Ensuite, elle a été sculptée à Paris, ville qui n’a absolument rien à voir avec le conquistador, pour une exposition au Grand Palais en 1927. C’est seulement deux ans plus tard que la statue fut transférée à Trujillo, ville natale de Pizarro. Fun fact : cet œuvre a deux autres sœurs jumelles : une à Lima, ville où est mort Pizarro et… Buffalo, dans l’état de New York! Oui ça n’a rien à voir mais c’est la ville de naissance du sculpteur, il a sûrement pensé que sa ville natale méritait une statue. Quoi qu’il en soit, la place est super belle et elle possède même quelques terrasses sympas où piquer quelques tapas le soir.

Les remparts

Trujillo peut se targuer de posséder encore une bonne partie de ses murailles et autres bâtiments défensifs comme des tours. Elle possède encore quatre portes d’accès sur les sept d’origine. Tout le système défensif date de l’époque arabe, dès le IXe siècle mais ce que nous voyons aujourd’hui date des XVe et XVIe siècles quand les rois de Castille firent renforcer les remparts. On peut y faire le tour à l’extérieur. C’est vraiment sympa, bien conservé, et on a une jolie vue sur la huerta au pied de la colline ainsi que sur les premières montagnes du parc national de Monfragüe, immense réserve naturelle et sanctuaire animal protégé par l’UNESCO que nous n’avons, malheureusement, pas le temps de visiter.

La vue sur les alentours

Le château

Nous voilà au point culminant de Trujillo sur un lieu appelé Cabeza del Zorro (tête du renard). Nous n’avons pas trouvé le pourquoi du comment de ce nom de lieu et, franchement, nous n’en avons aucune idée car rien dans l’environnement ne nous fait penser à un renard même si nous soupçonnons ces petites bébêtes adorables (oui, nous on les trouve adorables!) de peupler la région. Le château, comme le reste de la forteresse, date des IXe et Xe siècles, en pleine période musulmane. De cette époque, il ne reste que quelques portes en forme typique de serrure. Sinon, tout a été remanié au XVe siècle avec le reste du système défensif. Il est vraiment trop stylé ce château dans le plus pur style médiéval. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à le trouver cool puisque quelques scènes de la série Games of Thrones y ont été tournées.

Depuis le parvis du château, il y a une superbe vue sur le centre historique et la Plaza Mayor et on peut déjà se faire une belle idée de comment était la ville au Moyen-Age.

Nous confirmons, Trujillo mérite amplement sa place sur la liste des plus beaux villages d’Espagne! Nous avons été conquis par son magnifique centre médiéval et par son château sorti tout droit des films de cape et d’épée. Bien que la ville soit plus petite que Cáceres, son centre historique est plus étoffé et un peu plus étendu. Il faut compter une bonne journée de visite mais nous vous promettons que ce n’est pas du temps perdu!

Nous avons eu un énorme coup de cœur pour ces deux villes médiévales. Ca nous a changé un peu du baroque de l’architecture coloniale d’Amérique latine que nous retrouverons également sous peu en Andalousie. Bien que l’histoire et l’architecture soient similaires dans les deux villes, nous vous conseillons quand même de vous y arrêter aux deux. Chacune a une âme et une ambiance différentes. Nous sommes d’ailleurs incapables de vous dire laquelle nous avons préférée.

Voilà, notre première découverte de l’Estrémadure s’arrête là. Evidemment, la région mériterait une exploration bien plus approfondie que les quelques petits jours que nous lui avons consacrés mais nous sommes attendus de pied ferme par la famille de Fab à Valence. Mais puisque nous allons reprendre très bientôt nos quartiers à Séville, (#spoiler) nous aurons probablement l’occasion d’y revenir. C’est en tout cas ce que nous avons mis sur notre longue liste à idées!