Assez vite, nous nous sommes mis d’accord sur le fait de nous poser quelque-part pour passer les fêtes de fin d’année. Déjà, parce-que voyager à Noël en pleine haute saison n’est pas une sinécure, ensuite, parce-que décembre est un gros mois professionnel pour nous, tout doit être bouclé avant la fin de l’année. Donc nous devons pouvoir rester de longues heures sur notre ordinateur.
Zanzibar s’est imposé assez rapidement comme choix. C’était une étape logique dans notre itinéraire et nous mourrions d’envie de découvrir si les plages de sable blanc et les cocotiers étaient bien réels. Mais tout ne s’est pas déroulé complètement comme sur des roulettes. A notre arrivée à Dar-es-Salaam, Omicron est venu jouer les trouble-fêtes. Nous ne sommes pas sûrs à 100% de sa culpabilité mais vu les symptômes que nous avons eu, il y a de fortes chances que Monsieur se soit invité dans notre organisme. (Pas de panique, nous avons eu les symptômes d’une bonne crève mais rien de bien méchant!) Mais dans un pays qui renie totalement le Covid, il est impossible de se faire tester à proximité. Dans le doute, nous avons différé notre traversée sur Zanzibar et sommes restés à l’isolement quelques jours, ce qui nous a quand même permis d’avancer dans notre job.
Une fois remis du méchant virus, nous sommes partis à l’assaut du port de Dar-es-Salaam. Oui à l’assaut car c’est une véritable foire d’empoigne! Entre les rabatteurs et la cohue aux différents contrôles, nous ne savons toujours pas comment nous avons réussi à nous faufiler avec nos sacs pour embarquer. Le terminal des ferries est idéalement situé en plein centre-ville mais les différentes compagnies de navigation profitent de la manne touristique de Zanzibar. La traversée coûte entre 30 et 35 USD (convertibles en shillings tanzaniens mais il faut bien contrôler le taux de change du jour!) ce qui est quand même douze fois plus cher que le prix demandé aux Tanzaniens et c’est vraiment onéreux pour la Tanzanie. Tout ça pour souffrir du mal de mer! Heureusement, la traversée est bouclée en à peine deux petites heures.

Zanzibar est en fait un archipel et une région semi-autonome de la Tanzanie. Nous avons d’ailleurs dû repasser une immigration à l’arrivée. Elle est composée de l’île de Pemba au nord, et au sud, de l’île que tout le monde appelle à tort Zanzibar mais qui, en réalité, se nomme Unguja. C’est sur cette dernière que nous avons posé nos sacs quelques temps. Lors de la décolonisation, en 1964, Zanzibar fut incorporée à la République du Tanganyika pour former la Tanzanie actuelle. Pour la petite histoire, Tanzanie est un mot valise qui comprend le « Tan » de TANganyika et le « zan » de ZANzibar.
Bon promis, nous vous laissons tranquilles avec nos petites leçons d’histoire et de géopolitique et allons passer aux choses sérieuses, c’est-à dire la découverte d’une partie de cette petite île.
Stone Town

Le vomito express qui nous sert de ferry nous fait débarquer directement à Stone Town qui est le vieux quartier de Zanzibar. Oui, car cette fois la ville principale de l’île et la capitale de la région s’appelle vraiment Zanzibar. Ceux qui maîtrisent l’anglais auront remarqué que Stone Town signifie « ville de pierre ». Ce surnom est dû aux façades des vieilles maisons construites en pierre de corail.
Stone Town est une magnifique ville coloniale donnant sur l’Océan Indien sur la côte ouest de l’île. Ici, contrairement au continent à majorité chrétienne, c’est l’islam qui domine et ça se ressent tout de suite à l’arrivée, c’est très conservateur. Les femmes sont d’ailleurs priées de se « vêtir décemment ». On doit la présence de cette religion au sultanat d’Oman qui a colonisé l’archipel au XIXe siècle. Evidemment, les Anglais sont aussi passés par là et y ont créé le port ainsi qu’un gigantesque marché aux esclaves, un des principaux de l’Afrique de l’Est. C’est bien le problème avec ces anciennes colonies, le patrimoine historique est incroyable mais il y a trop souvent une histoire horrible derrière. Aujourd’hui, on trouve un mélange d’influences britannique et arabe, un peu comme à Georgetown, et c’est vraiment sympa! L’entretien et la conservation du centre historique sont loin d’être parfaits, la faute à un énorme manque de moyens, mais les façades défraîchies et le bois usé des balcons ont un charme fou sous le soleil tropical.








Les portes sculptées

Non, nous n’avons pas commencé à faire une fixette sur les portes mais il faut reconnaître que ces magnifiques portes sculptées nous ont quand même tapé dans l’œil. Pour cause, il y en aurait plus de 500 rien qu’à Stone Town! La tradition voulait que, lors de la construction d’une maison, on posait la porte en premier. Une belle porte laissait présager une belle bâtisse. C’est encore le cas aujourd’hui même si ce sont des portes provisoires qui sont posées. Ce genre de portes est encore fabriqué aujourd’hui, toujours à la main au ciseau à bois et au maillet.




Old Fort

C’est le plus vieux bâtiment de Zanzibar. Il a été construit en 1699 par les Omanais après avoir chassé les Portugais. Oui, car ces derniers ont essayé d’y établir un comptoir comme à Galle ou à Malacca mais les Arabes ne le leur ont pas laissé le temps. Il est stratégiquement situé sur le front de mer et de magnifiques cocotiers ornent sa façade. Il a ensuite été utilisé comme lieu de garnison, comme prison et même comme club de femmes dans les années 1950. Aujourd’hui, il accueille divers festival dont le festival international du film de Zanzibar.



Cathédrale St-Joseph

Malgré toutes les mosquées présentes à Stone Town, nous avons, lors de notre première nuit en ville, été réveillés non pas par les appels à la prière mais par les cloches de la cathédrale! On doit cette magnifique architecture néoromane aux Français à l’initiative de missionnaires, également français, qui étaient venus prêcher la bonne parole à Zanzibar. Ce gros mastodonte de la fin du XIXe siècle domine tout un quartier et, à l’instar de quelques villes espagnoles que nous avons visitées, est coincé au milieu du labyrinthe des ruelles et est difficilement observable dans toute sa splendeur.




La playa

Non, les plages de rêves sous les cocotiers à Zanzibar ne se trouvent PAS à Stone Town! Mais la ville possède quand même sa petite plage dominée par quelques bâtiments coloniaux. Ce n’est pas la pire plage que nous ayons vue mais, comme la ville est de taille modeste, les activités portuaires sont proches et rompent la quiétude du lieu.



Côte est d’Unguja

Nous avons adoré parcourir et souvent nous perdre dans les ruelles de Stone Town et d’y découvrir son histoire et sa culture mais nous nous sommes quand même déplacés jusqu’ici pour la playa. Avec tout le rêve qu’on nous a vendu sur les plages de l’archipel, il fallait bien que nous aillons vérifier ça par nous même!
La côte est se situe à une cinquantaine de kilomètres de Stone Town et est facilement accessible avec les dallas-dallas locaux. C’est exactement le même principe que sur le continent.

Jambiani

Jambiani est un ancien village de pêcheurs qui a gardé tout son charme. Il y a quelques petits hôtels disséminés dans la localité mais le coin n’a pas cédé aux sirènes du tourisme de masse à notre grande surprise. La plage est vraiment très belle même s’il y a plein d’algues. Ce ne sont heureusement pas les grosses sargasses puantes que nous avons eues au Mexique, mais juste de petites herbettes vertes. A Jambiani, on cultive les algues et les femmes viennent les récolter lors des marées basses. C’est une activité économique importante car elle emploie plus de 15’000 personnes et elle exporte plus de 11’000 tonnes de ces petites herbettes par an principalement au Japon et en Norvège qui les utilisent dans les industries cosmétique et alimentaire. Ces cultures attirent une faune importante comme des crabes, des ibis, des sternes, des grues, des oursins et même des coquillages qui marchent que nous adorons aller admirer lorsque l’eau s’est retirée.








Paje

Paje, à 4 kilomètres plus au nord, est un peu plus tournée vers le tourisme qu’à Jambiani. Pas énormément non plus, il y a juste plus de cafés et de bar et c’est plus propice pour faire la fête. Nous les avons bien apprécié ces cafés, dotés d’internet,pour bosser un peu car trouver du wifi dans les logements c’est mission impossible et la 4G ne fonctionne que très aléatoirement dans le coin. La plage est aussi plus idyllique car sans les fermes à algues.
Nous confirmons, la playa à Zanzibar est digne d’une carte postale, l’eau est vraiment chaude et transparente! Il faut juste s’adapter aux marées pour la baignade mais ce n’est pas vraiment un désagrément dans un paradis pareil.
LA playa de rêve

Malgré tout ce que nous venons de vous montrer, nous avons trouvé quelque-chose d’encore plus idyllique! Elle se situe entre Jambiani et Paje mais à plusieurs centaines de mètres au large. C’est un banc de sable qui ne se découvre qu’à marée basse! A part quelques kite-surfeurs, le coin est vraiment désert. Petit revers de la médaille, car il en faut bien un, la marée est basse pendant les heures les plus chaudes de la journée et le soleil cogne particulièrement fort malgré des latitudes proches de l’Equateur. Nous en avons vu des plages dont certaines nous ont vraiment impressionnés mais celle-ci restera très bien placée dans le top 3 de nos plages préférées.
Nous sommes vraiment ravis d’avoir posé nos sacs à Zanzibar pour la période des fêtes. Certes, ce n’est pas le coin idéal pour les nomades digitaux et nous avons galéré pour trouver du wifi qui fonctionne mais, vu le paradis, le jeu en valait la chandelle. Nous avons été surpris de ne pas trouver de gros complexes touristiques et nous espérons ne jamais en trouver à l’avenir. La population locale est vraiment cool, souriante et avenante et les enfants nous lancent souvent des « Hello » ou des « Jambo » en éclatant de rire. Même les rabatteurs ne sont pas trop agaçants. La nourriture est excellente et les marchés regorgent de délicieux fruits tropicaux.
Malgré ses imperfections, Zanzibar restera un de nos plus gros coup de cœur de toute notre vie de nomade.
3 réflexions sur « Zanzibar, la perle de l’Océan Indien »