Almenara et les vestiges de la Guerre Civile Espagnole

Lors de notre visite au Vall d’Uixo, nous étions partis sur les traces de la Guerre Civile Espagnole via la ligne de défense XYZ. Nous avons découvert que cette fameuse ligne partait de la localité d’Almenara, à mi-chemin entre Sagunto et Vall d’Uixo, donc tout près de chez nous. La motivation fut vite trouvée pour nous rendre dans ce nouveau coin à découvrir.

Notre visite s’est faite en deux fois : la première fois, début septembre, dans la plaine car nous avons bénéficié d’une visite guidée de la ligne XYZ. Mais avec la chaleur écrasante de l’époque et la longueur de la visite, nous avions renoncé à grimper jusqu’au château le même jour. C’est par une belle journée d’octobre avec des températures plus agréables bien qu’encore estivales que nous sommes partis à la découverte du village d’Almenara.

Le village d’Almenara n’est pas le plus pittoresque de la région mais il subsiste un petit patrimoine historique comme l’église paroissiale du XVIIIe siècle, un reste de muraille du XVIe siècle ainsi que l’ancien lavoir.

Le nom Almenara est directement tiré de l’arabe Al-manara et signifie tour de garde, en référence aux deux tours de garde, encore bien conservée, qui entouraient le château.

Le château

Vous commencez à avoir l’habitude de notre petite grimpette du jour. Almenara ne déroge pas à la règle puisqu’elle aussi possède sa colline avec son château. La montée est facile et accessible à tous, il faut toutefois se munir de bonnes chaussures! Le sentier traverse un superbe maquis méditerranéen. La veille de notre balade, il a plu toute la journée, la végétation était donc bien verte.

En chemin, nous croisons une petite grotte de chauves-souris mais comme nous sommes en journée, elles dorment et nous ne nous attardons pas afin de ne pas les déranger.

Le château date du Xe siècle et a été construit sur d’anciens restes romains. Après la conquête de Jaime Ier (le fameux!), il fut rattaché au royaume d’Aragon puis peu à peu laissé à l’abandon d’où un état de conservation déplorable. Les deux tours de gardes sont, quant à elles, bien conservées.

La vue de ouf!

Si nous avons pris la peine de grimper jusqu’au château, c’est quand même pour la vue sur la Huerta et la Sierra de Espadan. Mais nous ne nous attendions pas à quelque-chose d’aussi grandiose! Il faut dire que le temps est splendide, la végétation bien verte et la mer Méditerranée a une couleur incroyable qui n’a rien à envier à la mer des Caraïbes!

En chemin, nous avons découvert quelques vestiges dont nous soupçonnons fortement qu’ils nous viennent tout droit de la guerre civile, la ligne XYZ passant dans le coin.

Estanys

Estany en Valencien signifie étang. Effectivement, il y a trois lagunes d’eau douce classées parc naturel, vestiges d’une ancienne grande zone humide qui couvrait toute la plaine côtière avant l’arrivée des cultures. Elles se situent entre le village d’Almenara et la mer Méditerranée. Le coin ressemble plus aux plaines cambodgiennes qu’à la côte méditerranéenne espagnole. Une fois n’est pas coutume, nous avons une bonne nouvelle concernant cette petite réserve : le niveau de l’eau n’a jamais été aussi élevé en été depuis 25 ans! Ceci grâce à des militants écolos de la région qui ont convaincu les agriculteurs de diminuer les cultures intensives dans la plaine et de ne pas pomper l’eau des lagunes pour l’arrosage des champs. Le pari est réussi et nous en sommes évidemment ravis! Le mouvement écologique prend de plus en plus d’ampleur en Espagne et ses membres commencent vraiment à être pris au sérieux. Une petite victoire qu’il vaut la peine de souligner.

Marjal de los Ullals

C’est une grande zone humide couvrant 1486 hectares dont font partie les Estanys. C’est exactement le même environnement que la Marjal del Morro près de Puçol. Ici aussi les écologistes ont réussi leur pari de garder un niveau d’eau assez élevé pour l’été. En hiver, pendant les jours pluvieux, il n’est pas rare que la plaine soit inondée.

Ligne XYZ

Si nous avons fait tout ce chemin depuis le village jusqu’à la Marjal, ce n’est pas uniquement pour la beauté du paysage. Quoique, il vaudrait la peine de ne venir que pour ça. On y trouve également quelques vestiges de la fameuse ligne XYZ. Lors de notre précédent article mentionnant cette ligne, certains d’entre vous vous êtes étonnés de son nom. Donc, oui, XYZ c’est bien son vrai nom! Mais pourquoi ce nom? Car ce sont les trois dernières lettres de l’alphabet et après, il n’y a plus rien. Et c’est vrai, c’était la dernière ligne où les Républicains défendaient la ville de Valence, devenue capitale d’Espagne depuis la chute de Madrid au mains des Franquistes. La Communauté Valencienne étant la dernière région a avoir résisté à l’assaut des Nationalistes. Pour y accéder, il faut se rendre au centre d’interprétation de la ligne XYZ située près des Estanys et demander une visite guidée. N’essayez pas de vous y rendre tout seul, vous ne trouverez pas les vestiges cachés au milieu de la végétation de la réserve! Surtout que la balade est gratuite et très intéressante. Il faut juste comprendre le castillan ou le valencien. Le seul petit hic, c’est que les historiens galèrent à trouver des archives fiables sur le sujet dans la région car tout ce qui avait trait aux Républicains a été détruit ou brûlé sur ordre du Général Franco après la guerre. Ils se basent donc sur les récits des anciens combattants ou de leurs descendants et, bien sûr, toutes les histoires ne sont pas vérifiables.

La construction de la ligne a été commencée durant l’été 1938 et a été terminée en trois semaines. Une vraie prouesse car les travaux s’effectuaient principalement de nuit afin de ne pas attirer l’attention de l’ennemi. Les conditions de travail étaient difficiles. C’est une zone humide, inondable, les températures grimpent facilement jusqu’à quarante degrés et les moustiques prolifèrent. Beaucoup d’ouvriers moururent du paludisme, ce qui peut paraître fou aujourd’hui mais pas à l’époque. La maladie n’a été éradiquée d’Espagne qu’en 1964. Mais une ligne de défense dans les marécages n’a pas que des inconvénients. Les bâtiments se fondent dans la végétation et sont pratiquement indétectables vus d’avion. C’est grâce à ce flou géographique que les Républicains réussirent à maintenir le front de guerre quelques kilomètres plus au nord laissant la localité d’Almenara relativement paisible pendant les périodes de combats.

Après trois heures de visite, il commence à faire chaud, la fatigue se fait sentir et le cerveau de Van commence à saturer à force de se concentrer sur les explications en castillan. Mais la balade s’achève en beauté sur la Belle Bleue!

Voilà encore un petit trésor valencien que nous venons de découvrir. Almenara a le mérite de mixer culture et nature, c’est exactement ce que nous aimons!

Petite spoiler alert!

Souvenez-vous, dans notre article sur Séville, nous avons glissé un indice sur notre retraite hivernale! Vous avez été plusieurs à jouer le jeu de la devinette, certains d’entre vous ont même essayé de lire entre les lignes ou d’interpréter nos propos afin d’essayer de trouver notre destination. Nous nous sommes bien amusés à lire vos réponses. En fait, il fallait juste observer les photos. L’indice qu’il fallait trouver est celui-là :

Bravo à notre ami Seb qui a été le premier à trouver la réponse! Si la situation sanitaire le permet, nous devrions partir pour Tenerife le 28 octobre. La tendance actuelle est plutôt d’instaurer un couvre-feu nocturne donc nous avons bon espoir de pouvoir nous y rendre. Nous avons avancé notre programme d’un mois car avec la Covid qui joue les trouble-fêtes nous avons préféré anticiper un éventuel reconfinement. Vu l’actualité, nous avons renoncé à quitter l’Espagne pour ne pas nous retrouver avec des problèmes de visa comme ça a fini par être le cas en Malaisie. De toute façon, Tenerife est une île que nous ne connaissons pas du tout et c’est un coin où nous n’aurions pas forcément pensé à y aller en d’autres circonstances.

Albufera de Valencia, une zone humide pour oiseaux migrateurs de grande importance

Lors de nos incessantes recherches de coins naturels, nous avons découvert, sur la carte, une grande étendue bleue et verte à proximité de Valence appelée Albufera qui est un mot dérivé de l’arabe signifiant « petite mer ». Le lieu est en plus facilement accessible avec le bus urbain de la ville de Valence. Il ne nous a pas fallu plus d’arguments pour y foncer!

El Palmar

Notre exploration commence par la petite bourgade de El Palmar. C’est une petite localité qui fait partie de la ville de Valence mais l’ambiance y est beaucoup plus tranquille même si nous sommes à peine à dix kilomètres du centre-ville. Le village est entouré de canaux qui permettent l’accès à l’étang de l’Albufera en barque donnant au lieu un petit air de Venise, en un peu moins pittoresque quand même. Mais il ne faut pas se fier à cette sensation de tranquillité et de bout du monde, le coin est hyper connu dans toute l’Espagne. C’est ici que se mange la seule, la vraie et l’unique paella! Oui, la paella est originaire de Valence et de nulle part ailleurs! Mais c’est un mets tellement cool que toute l’Espagne s’est mise d’accord pour en faire LE plat national! (Oui, même les plus indépendantistes comme la Catalogne et le Pays Basque!) C’est vrai que c’est bien plus glamour et vendeur que la fabada, la soupe de fèves de Castille. (mais la Castille a un hiver rigoureux qui justifie ce genre de plat roboratif). A El Palmar, il y a d’ailleurs plus « d’arrocerias » (restaurants dont la spécialité est la paella ainsi que d’autres plats à base de riz) que d’habitants.

Pour la petite anecdote culinaire, il n’existe qu’une seule paella qu’on peut nommer comme telle! C’est celle qui est élaborée avec du lapin et des haricots plats et c’est tout! Les autres ont juste le droit à la dénomination « arroz con cosas », du riz avec des choses…

La barraca

Ces petites maisons blanches bien sympathiques sont typiques de la Huerta de Valence. Leur toit triangulaire et bien pentu sert à évacuer l’eau rapidement en cas de fortes précipitations. Les propriétaires de ces « barracas » sont en général des pêcheurs ou des agriculteurs. La famille vit en général au rez de chaussée où se trouvent la cuisine, le séjour et les chambres tandis que l’étage supérieur est, en principe, dédié à l’élevage de vers à soie.

La culture du riz

Si on vient des quatre coins de l’Espagne et même de plus loin pour venir manger la paella ou autres plats de riz à El Palmar, ce n’est pas un hasard. L’environnement humide de l’Albufera est propice à la culture du riz. La Communauté Valencienne est d’ailleurs le plus gros et le plus ancien producteur de riz en Espagne même s’il existe quelques rizières en Catalogne et en Andalousie. L’Espagne est le deuxième producteur européen de riz, derrière l’Italie. Cette céréale a été importée par les Arabes au VIIIe siècle et à même fait l’objet d’une prohibition au XIIIe siècle car sa culture dans les zones humides était responsable du paludisme chez une bonne partie de la population. Elle fut finalement réhabilitée au XVe siècle mais sous des conditions très strictes. Pratiquement toutes les sortes de riz y sont cultivées mais le plus courant, celui utilisé pour la paella, est le riz bomba très absorbant. L’ayant testé, nous pouvons confirmer qu’il est parfait pour un bon risotto bien italien et pas du tout valencien! (#on ne mérite pas notre passeport espagnol)

Les rizières sont irriguées grâce à des canaux directement reliés à l’étang de l’Albufera. D’ailleurs, les paysages nous rappellent plus le delta du Mékong au Vietnam que le sud de l’Espagne!

Voilà, ça c’était l’aspect culturel de l’Albufera, nous allons maintenant vous emmener au cœur de la réserve à travers les pinèdes bien méditerranéennes avec de magnifiques pins d’Alep qui nous donnent une petite ombre bienvenue.

L’étang de l’Albufera

C’est le point d’orgue de la réserve. C’est une lagune d’eau douce de 2100 hectares qui a été formée par les sédiments des fleuves Turia (avant son détournement bien sûr, c’était il y a des milliers d’années!) et Jucar. C’est grâce à sa présence qu’il est possible de cultiver du riz. Le parc naturel comprend également d’autres étangs ou lagunes, des pinèdes et des dunes sur une surface totale de plus de 21’000 hectares. Seule une partie du site est accessible, le reste est laissé à l’état sauvage afin de garantir un havre de paix pour les animaux.

Un héron s’est glissé sur certaines de nos photos, sauriez-vous le retrouver?

Les lagunes d’El Raco de l’Olla

Il faut passer par le centre d’interprétation du parc pour y accéder. C’est gratuit, le bus urbain vous y pose juste devant et il vaut la peine de s’y arrêter quelques minutes pour lire les panneaux explicatifs. Il vaut également la peine de monter sur le toit afin d’admirer la vue sur les étangs et sur la plaine de l’Albufera en général.

Contrairement à l’étang de l’Albufera, ces lagunes sont d’origine marine. L’eau y est donc salée mais pleine de micro organismes, de quoi nourrir les échassiers qui peuplent leurs rives. Certaines espèces y vivent toute l’année et profitent du calme estival pour faire leur nid et se reproduire. C’est également une aire de repos pour les oiseaux migrateurs. Au printemps, ils s’y reposent en revenant d’Afrique avant de s’envoler pour l’Europe centrale ou du nord, tandis qu’en automne, il s’y arrêtent avant d’entamer la traversée du détroit de Gibraltar situé plus au sud.

Certains spécimens se sont invités, de loin, sur nos photos, sauriez-vous en reconnaître quelques-uns?

Les dunes

Une autre particularité de la réserve, ce sont les dunes. Ce sont des dunes dites « fixes » car elles sont de formation rocheuse et ne se détruisent pas au premier coup de vent. Les dunes formées uniquement de sable sont appelées « dunes mobiles », mais il n’y en a pas dans l’Albufera. Elles mesurent en moyenne six mètres de haut.

Et que trouve-t-on derrière les dunes? La plage pardi! Bon ce n’est pas la plage de rêve au sable fin mais elle est vraiment sauvage et il n’y a que très peu de monde.

Etang d’El Pujol

Cet étang n’est pas naturel mais il n’était pas vraiment prévu non plus. Dans les années 1960-1970, la zone a été choisie pour abriter un grand complexe sportif car l’urbanisation de Valence était censée se développer dans l’Albufera. Les travaux avaient même commencé mais ont dû cesser sous la pression populaire qui voulait conserver cet espace naturel. Les excavations ont fini par se remplir d’eau et c’est ainsi que cet étang a vu le jour. Aujourd’hui, c’est un sanctuaire pour les mouettes.

Ce genre de réserve naturelle est notre lot de consolation d’avoir dû rentrer en Europe. C’est quand même sur le Vieux Continent que la conscience écologique est la plus grande et où les sites naturels sont les mieux gérés.

El Perello

Nous décidons cette fois d’explorer la partie sud de l’Albufera. Pour ce faire, nous partons depuis la petite localité d’El Perello accessible avec le bus urbain de Valence même s’il faut compter une bonne heure de trajet pour s’y rendre. La balade est facile, c’est tout plat mais, malgré une agréable brise marine, elle se trouve en plein cagnard donc il faut penser à se protéger de la chaleur et du soleil. Nous avons fait la variante à pieds mais c’est également super sympa de le faire à vélo, c’est tout plat, bien indiqué et la ville de Valence possède un système de vélib au top.

Le paysage ressemble beaucoup à El Palmar avec ses rizières à perte de vue et ses canaux d’irrigation, appelés sequias, qui nous font plus penser aux plaines du Cambodge qu’à la côte méditerranéenne. En cette saison (au printemps), les champs sont arides car nous sommes en période de semis mais d’ici quelques semaines, les vannes des canaux seront ouvertes et la plaine sera joliment inondée.

Qui dit printemps dit saison des migrations. Nous avons pu observer des dizaines et des dizaines d’oiseaux, principalement des échassiers comme des grues, des hérons, des cigognes et d’autres espèces inconnues. C’est également la saison des amours et nous avons surpris à plusieurs reprises Monsieur et Madame Colvert batifoler dans les roseaux aux abords des canaux! Nous avons également observé quelques oiseaux rouge-brun qui ressemblent fortement à des ibis. Ce qui nous a semblé un peu surprenant car le climat méditerranéen a beau être tempéré, ce n’est pas une zone tropicale non plus! Notre insatiable curiosité nous a poussé à faire quelques recherches et nous avons découvert que l’Albufera abrite bel et bien une espèce d’ibis! L’ibis falcinelle comme on l’appelle, vit normalement dans les zones tropicales d’Afrique ou d’Australie même si elle niche parfois dans les zones humides de l’est de l’Europe comme le delta du Danube. Dans le sud de l’Espagne, nous avons une petite population de ces oiseaux qui vivent en permanence! En général, ils sont du côté de l’Andalousie mais viennent parfois « prendre le frais » dans l’Albufera valencienne.

PS : la photo suivante n’est pas de nous. Nous n’avons pas trouvé de spécimen assez patient pour prendre la pose.

Muntanyeta dels Sants

Nous avons quand même trouvé un endroit pas trop plat dans l’Albufera! Ce petit promontoire rocheux de vingt-sept mètres sorti de nulle part au milieu de l’immense plaine qui l’entoure abrite une réserve de flore de Méditerranée dont des oliviers et des pins parasols qui nous offrent une ombre bienvenue. Au sommet, se trouve un petit ermitage du XVIIe siècle mais, lors de notre passage, il y avait une cérémonie religieuse et nous n’avons pas voulu déranger cet instant solennel. Ce n’est pas la première fois que nous sommes victimes d’un mauvais timing dans ce genre d’endroit!

Ullal de Baldovi

Le clou du spectacle de l’Albufera reste quand même les étangs. Celui de Baldovi ne déroge pas à la règle. Cet étang de plus de trois mille mètres carré est formé par de l’eau entièrement douce qui provient du sous-sol de la plaine. Petite déception : nous pensions y observer plus d’oiseaux. Apparemment, ils préfèrent les rizières aux plans d’eau en cette saison. Il est sûrement plus facile d’aller chercher des petites bébêtes à manger dans les champs pas encore irrigués.

Nous avons effectué une boucle depuis la localité d’El Perello mais il est également possible, depuis l’ermitage, de continuer sur le village de Sueca où le retour sur Valence se fait en train. Dans les deux cas, la marche se fait en environ trois heures et demie et il y a des panneaux indicateurs à chaque intersection.

Si vous passez quelques jours à Valence, n’hésitez pas à faire un détour par l’Albufera, au moins pour le Raco de l’Olla. C’est proche du centre-ville, facilement accessible en bus et la balade dans les étangs est très facile (c’est tout plat!) et n’excède pas deux heures de marche. En ce qui nous concerne, nous allons approfondir nos découverte de l’Albufera ainsi que d’autres zones humides de la côte qui nous font déjà de l’œil!

Puçol, ses réserves naturelles et randonnée sur le Monte Picayo

Lors de notre étude très sérieuse de la carte de la Communauté Valencienne, nous sommes tombés sur plusieurs étendues vertes tout près de chez nous. Evidemment, il n’en a pas fallu plus pour éveiller notre curiosité et nous avons, de ce pas, chaussé nos baskets pour aller voir de quoi il en retournait exactement.

Puçol

Puçol, c’est notre voisine du sud, à un arrêt de Cercanias de la gare de Sagunto. Si l’orthographe du nom vous interpelle avec le « ç », c’est parce-que ce n’est pas de l’espagnol mais du valencien. C’est comme du catalan mais avec plein de « x »! Certains petits villages, notamment dans l’arrière pays côtier, pratiquent encore beaucoup le valencien même si dans les grandes villes, sur le littoral et près de la frontière aragonaise, c’est le castillan qui prime. Puçol n’a pas vraiment d’intérêt mais c’est un point de départ intéressant pour nos balades dans la nature environnante.

La Huerta

Puçol, comme les villages alentours, fait partie de ce qu’on appelle la Huerta. Littéralement, ça signifie verger. C’est une grande plaine côtière très fertile et un des greniers de l’Espagne. On y cultive du riz (le fameux riz pour la paella vient d’ici!), des citrons, des figues, des grenades, des olives, etc… et surtout des oranges. Une bonne partie des récoltes part pour l’exportation via le port de Valence.

Marjal del Moro

C’est une réserve naturelle de zone humide méditerranéenne, étendue sur plus de trois cents hectares, située entre Puçol et Puerto de Sagunto. Elle est composée essentiellement de marais et de lagunes d’eau douce. A la base, cette zone couvrait toute la surface littorale entre Valence et Sagunto mais une bonne partie de ce territoire a été utilisée pour la culture du riz, pour l’horrible zone industrielle de Puerto de Sagunto et pour l’urbanisation. L’Espagne est connue pour être vraiment un très mauvais élève dans l’aménagement et la protection de ses côtes. Mais concentrons-nous sur ce qui reste, car ça vaut vraiment le coup d’œil! Le site est fameux pour être un sanctuaire d’oiseaux, migrateurs ou non. Et c’est vrai, des oiseaux, nous en avons aperçu des centaines! Mais trop loin et pas assez statiques pour notre zoom malheureusement. Parmi ceux que nous avons pu reconnaître, il y avait des hérons, des cigognes, des grues, des hirondelles, des flamands roses et, en bord de mer, des mouettes. Il paraîtrait qu’au printemps, il y a foule, tous les oiseaux migrateurs s’y donnent rendez-vous. Si la Covid nous coince encore en Europe, il faudra que nous aillons vérifier! L’environnement et la végétation valent également le détour. Le climat méditerranéen étant plutôt sec, il n’est pas très habituel de croiser des étangs bordés de roseaux.

Une partie du sentier longe une plage avec de superbes galets où seuls quelques naturistes viennent s’y aventurer. Mais la mer est un des dangers que court la réserve naturelle. Avec le réchauffement climatique et la montée des eaux, l’eau salée risque d’inonder les lagunes d’eau douce et y abîmer cet écosystème si spécifique.

Grau Vell

Notre promenade se termine dans la minuscule localité de Grau Vell caché derrière la zone industrielle de Puerto de Sagunto dont c’était le port au Moyen-Age. (Grau Vell signifie d’ailleurs vieux port en valencien) De cette époque, ne subsiste que le donjon qui date du XVe siècle. Aujourd’hui, c’est un petit village endormi dont l’ambiance nous rappelle l’Afrique du Nord. De là, il nous reste une petite heure de marche pour rentrer mais le paysage est beaucoup moins idyllique. Nous devons traverser l’horrible zone industrielle avant d’arriver à bon port.

Réserve du Mont Picayo

Le Marjal del Morro était magnifique et incontournable mais un peu trop plat à notre goût, surtout que les premiers reliefs de la Sierra Calderona sont bien visibles depuis Puçol. Il nous faut juste patienter car les températures du mois d’août (près de quarante degrés!) sont vraiment trop élevées pour des grimpettes de ce genre. Mais septembre a fini par arriver entraînant avec lui une petite baisse des températures (28-30 degrés environ). Pour nous, c’était idéal, mais si vous souffrez du chaud, attendez encore un mois de plus avant d’entamer la montée car il n’y a que très peu d’ombre fournie par quelques pins parasols.

Le GR10

Un GR est un chemin de grande randonnée, exactement comme en France. Le GR10 espagnol part justement de Puçol et parcourt la péninsule ibérique sur près de 1600 kilomètres pour terminer à Lisbonne, au Portugal. Nous l’empruntons seulement sur son premier kilomètre afin de nous rendre au Mont Picayo.

Notre première idée était de rejoindre la Reserva Costera mais ça nous paraissait un peu court. Nous étions vraiment motivés a une grimpette un peu plus compliquée. Mais nous gardons le lieu sur notre longue liste à idée pour une balade ultérieure.

Montée au mont Picayo

Nous abandonnons le GR10 pour entamer la montée à proprement parler. Le chemin est bien pierreux et le soleil cogne malgré l’heure matinale mais nous sommes bien équipés, avons de bonnes réserves d’eau et surtout, nous sommes motivés d’en venir à bout de cette petite montagne. Nous traversons une réserve naturelle, celle du Mont Picayo, où diverses espèces d’oiseaux viennent nous honorer de leur présence dans ce magnifique sanctuaire où peu d’humains ont le courage de venir s’y aventurer.

Le sommet

Comme chaque sommet en pays catholique qui se respecte, celui du Mont Picayo est doté d’une croix chrétienne qui domine toute la Huerta à ses pieds à une altitude honorable de… 373 mètres! (Oui, c’est l’altitude de Genève!) Mais ne vous y trompez pas! L’altitude peut sembler ridicule, surtout pour ceux qui vivent dans les Alpes, mais le sentier d’accès n’a rien à envier aux chemins de haute montagne de nos régions. Nous on s’en fiche de l’altitude! Nous avons effectué une jolie randonnée et trouvé un coin idyllique sur les rochers que nous élirons sûrement « Place de pique-nique de l’année »!

La vue

Comme vous devez sûrement vous en douter, la vue depuis le sommet est vraiment à couper le souffle. Elle s’étend sur la Huerta Norte et la mer Méditerranée à l’est, jusqu’à Almenara au nord et le port de Valence au sud. A l’ouest, ce sont les magnifiques reliefs de la Sierra de Calderona et la vallée de la Palancia qui s’offrent à nous.

Le GR10, encore lui!

Comme nous n’aimons pas vraiment prendre le même chemin au retour qu’à l’aller, nous empruntons le versant ouest du Mont Picayo pour rejoindre, encore une fois, une petite portion du GR10. Nous aurions pu continuer et emprunter le col de Borregos, mais nous n’étions pas sûrs de nos réserves d’eau et nous avions déjà pas mal de kilomètres efforts dans les jambes.

Pico de Aguila

Nous préférons donc contourner le Pico del Aguila qui nous domine durant presque toute la marche de retour en plaine du haut des 466 mètres d’altitude. La descente se fait plus douce mais le paysage reste enchanteur. La roche rouge, le climat semi-aride et les montagnes escarpées, façonnées par l’érosion ne sont pas sans nous rappeler les paysage du sud-ouest américain. Nous vous disions déjà dans notre précédent article que la Communauté Valencienne était un peu l’Arizona espagnol, ça se confirme encore une fois ici!

Gilet

Gilet est le but de notre descente depuis le Mont Picayo. Comme son nom ne l’indique pas, on n’y fabrique ni des gilets, ni des rasoirs. (oui, le jeu de mots est pourri mais après une randonnée pareille, on a le droit à des blagues douteuses! Non?) Le village est encore moins intéressant que Puçol, c’est plutôt le Beverly Hills local avec ses villas huppées possédant chacune une grande piscine. Ici, nous sommes dans le commencement de la vallée de la Palancia, la fameuse qui relie Valence à l’Aragon.

Nous rentrons en train jusqu’à Sagunto, bien fatigués mais heureux de notre journée avec plein d’idées supplémentaires à rajouter sur notre liste, déjà très longue!

Si le beau temps reste au rendez-vous, nous aurons de quoi user nos baskets ces prochaines semaines, ce ne sont pas les sentiers qui manquent! Nous avons également un petit projet pour changer de région quelques jours et découvrir d’autres trésors hispaniques. Bref, plein de petites aventures en perspectives que nous ne manquerons pas de partager avec vous!