Palma, une première découverte de Majorque

Bien que ce soit un des coins les plus connus et les plus visités d’Espagne, l’île de Majorque nous est totalement inconnue. Mais comme nous avions eu une belle surprise avec Ibiza l’année précédente lors d’un week-end avec la sœur à Van et son chéri, nous avons décidé de réitérer l’expérience des Baléares. Nous y sommes allés en octobre, en fin de grosse saison touristique, même si en vrai il y a des touristes toutes l’année qui viennent profiter du climat doux de la Méditerranée. Nous avons eu du bol inouï avec le temps car, pendant que nous profitions d’une météo relativement clémente, la tempête faisait rage chez nous à Sevilla inondant une bonne partie du centre ville. Rassurez vous, nous n’avons pas eu de dégâts et en général, il y eut plus de peur que de mal. Nous voulons juste profiter de ces quelques lignes pour remercier tous ceux qui se sont inquiétés pour nous.

En vrai, Van a un peu triché en y allant quelques jours avant en « repérage » profitant de l’occasion pour aller dire bonjour à sa famille. Non, elle n’a pas de famille majorquine cachée. Nous avons juste décrété que les Baléares était un lieu de rencontre idéal! C’est à mi-chemin entre la Suisse et Séville, l’aéroport de Palma est super bien desservi depuis à peu près partout en Europe, la bouffe est bonne et il y a la mer. (Oui, ça compte!)

Elle profite donc de cet article pour remercier tout le monde pour ces quelques jours passés ensemble!

Palma de Mallorca

Palma est la capitale de Majorque et de toutes les Baléares, c’est également la porte d’entrée de l’île. Elle a été fondée par les Romains puis elle connut à peu près la même histoire et le même sort que beaucoup d’autres villes de la péninsule ibérique. A la chute de l’empire romain, ce sont les Vandales qui prirent possession des lieux avant de laisser la place aux Arabes en l’an 903. Puis en 1229 c’est l’heure de la Reconquista avec comme protagoniste principal Jaime Ier! Vous vous souvenez de lui? Nous en avons longuement parlé lorsque nous étions dans la Communauté Valencienne! Après avoir repris aux musulmans la Catalogne et Valence, notre bon vieux Jaime traversa la Méditerranée pour récupérer les Baléares. C’est pourquoi aujourd’hui la vieille ville de Palma ressemble beaucoup au Barri Gòtic de Barcelone et qu’on y parle le « mallorqui », une variante du catalan.

Plaça Major

Comme (presque) toute ville espagnole qui se respecte, Palma possède sa Plaza Mayor bordée d’arcades. Elle n’est pas très grande (40 mètres sur 90 mètres environ) mais nous trouvons ses façades jaunes trop stylées. C’est une place assez récente (1838) puisque avant se trouvait un couvent ainsi que le siège de l’Inquisition. Nous ne savions pas que l’église catholique poursuivait encore les hérétiques jusqu’à une époque si tardive. Naïfs que nous sommes!

Quand nous sommes passés, c’était rempli de grues et de machines puisque la mairie installait (déjà!) les lumières de Noël, d’où des cadrages photos un peu bizarres. (Sorry!)

Palacio Real de la Almudaina

On l’appelle également Alcazar puisque ce sont les Arabes qui ont édifié ce palais avec vue sur la mer et sur la baie de Palma. Ce que nous voyons aujourd’hui est une refonte complète du palais qui date du XIVe siècle sous l’impulsion du roi de Majorque Jaime II qui n’est autre que le fils de Jaime Ier, encore lui! Il a été réformé selon le modèle du Palais des Rois de Majorque de Perpignan, qui faisait également partie du Royaume de Majorque à l’époque et qui était le lieu de naissance d’Esclarmonde de Foix, épouse de Jaime II et reine consort.

Aujourd’hui, c’est la résidence d’été officielle de la famille royale espagnole même si en vrai, elle séjourne plutôt au palais du Marivent un peu plus en retrait dans la vieille ville.

Cathédrale Santa Maria de Palma

En mallorqui, on l’appelle sobrement la Seu (la cathédrale). Ce monstre gothique surplombe la baie de Palma sur les anciennes murailles romaines de la ville. Elle se trouve bien sur l’emplacement de l’ancienne mosquée mais il n’en reste absolument plus rien aujourd’hui. Jaime Ier (encore lui!) a décidé de la détruire complètement afin de construire une belle cathédrale toute neuve en partant de zéro. C’était en 1229. Mais elle n’a été consacrée que près de 120 ans plus tard en la présence du roi Jaime III, petit-fils de notre Jaime Ier national, les travaux ayant duré tout ce temps.

Une des particularité de cette cathédrale est qu’elle bénéficie d’un super dégagement côté mer, chose très rare en Espagne ou les édifices religieux sont plutôt coincés dans des ruelles d’un centre historique. Elle est super impressionnante, elle surpasse même en taille le palais de la Almudaina situé juste à côté! Pas de bol, ces temps-ci, elle se pare de quelques échafaudages afin de se faire une belle cure de jouvence.

La promenade sur le quai pour apercevoir le palais et la cathédrale est super sympa mais en cette fin octobre l’humidité est palpable et le temps un peu instable nous apportant pas mal de nuages. Mais le soleil méditerranéen n’a pas dit son dernier mot non plus! Cette bataille météorologique nous a apporté un superbe arc-en-ciel que nous avons assez bien réussi à immortaliser.

La Lonja

En continuant notre chemin depuis la cathédrale sur l’esplanade qui longe le bord de mer, nous tombons sur ce superbe bâtiment de style gothique, à nos yeux, encore plus beau que la cathédrale! C’est Sa Llotja ou la Lonja. C’était le lieu où les pêcheurs venaient vendre leurs prises du jour au gros. Elle date du XVe siècle et ressemble à comme deux gouttes d’eau à sa sœur valencienne, de la même époque. On peut pénétrer à l’intérieur pour admirer les impressionnantes colonnes qui soutiennent l’édifice. Lors de notre passage, il y avait une exposition de quelques œuvres de Joan Miró. Bien qu’il soit né à Barcelone, l’artiste à passé une bonne partie de sa vie à Majorque et, à Palma, on le considère un peu comme un enfant du pays. Il y a d’ailleurs une fondation Pilar et Joan Miró en ville que nous n’avons pas visitée par manque de temps.

Es Jonquet

En continuant notre promenade, nous tombons sur un petit quartier plus tranquille, moins touristique, moins propret mais avec beaucoup de charme. C’est Es Jonquet, le plus ancien quartier de la ville et celui des pêcheurs. Le must, ce sont les deux moulins à vent datant du XVe siècle. Ils sont un peu défraîchis mais super jolis. Un coin sympa pour déambuler lors d’une visite de Palma.

Il y a également une superbe vue sur la marina depuis les moulins mais, Palma étant beaucoup plus à l’est que Séville, nous nous sommes fait avoir par la tombée de la nuit qui est arrivée bien trop tôt à notre goût, d’où une lumière pourrie pour la photo. (Sorry!)

Soller

Il y aurait eu encore plein de choses à découvrir à Palma mais nous avons préféré passer notre deuxième jour ailleurs pour voir quelque-chose de nouveau. Nous avons choisi Soller car Fab voulait voir le train historique.

Il y a le train touristique qui part de la Plaça d’Espanya de Palma, à côté de la station intermodale et qui va directement à Soller. (40€ aller-retour par personne). Nous avons choisi la version plus locale, le bus, qui part de la station souterraine de cette même Plaça d’Espanya (départ toutes les trente minutes, 2,70€ par trajet payable directement dans le bus par carte de crédit). A Soller, il y a le village dans la Sierra, et il y a le port. Vous nous connaissez, nous avons été jusqu’au bord de mer!

Le port de Soller se trouve dans une baie quasi fermée au pied des magnifiques montagnes de la Serra de Tramuntana. Le village se développa à partir du XVIe siècle car, avec la baie, c’était plus facile de se défendre des pirates. Aujourd’hui, le port de pêche s’est plutôt transformé en marina de luxe pour yachts et l’industrie touristique y bat son plein mais il faut quand même reconnaître que l’environnement est incroyable!

Nous avons quand même voulu voir à quoi ressemblait le village plus haut dans la Sierra. Pour parcourir les trois kilomètres qui séparent Soller du port, nous avons joué les touristes et avons emprunté le tram historique. (10€ par personne, par trajet) La ligne a été inaugurée en 1913. Le but était de prolonger la ligne de train Palma-Soller jusqu’au port mais il y avait le problème de la traversée du village dont les rues sont super étroites. Voilà pourquoi on a opté pour le tram à l’époque. Aujourd’hui, la vocation est purement touristique mais le matériel roulant est d’époque avec sa lenteur et ses banquettes en bois. Il y a juste les réviseurs qui viennent nous encaisser le prix du billet avec des appareils à cartes de crédit super modernes qui cassent quand même un peu l’ambiance! Par contre, passer au milieu des terrasses des restaurants de la place du village est un peu surréaliste!

Il vaut la peine de déambuler dans les petites ruelles du village de Soller. C’est super chou! C’est fou comme l’ambiance change totalement du bord de mer! Le climat et le caractère des gens sont beaucoup plus montagnards alors que nous aurions pu parcourir la distance depuis le port à pieds!

Les destinations ci-dessous ont été visitées pendant le séjour de Van et de sa famille. Elle a profité de la voiture de location et d’avoir son papa comme chauffeur privé!

Alcúdia

Alcúdia se trouve exactement à l’opposé de Palma, au nord-est de l’île de Majorque. Elle fait partie de l’association des « plus beaux villages d’Espagne » comme Garachico à Tenerife, et franchement, ce n’est pas démérité. Certes, c’est super touristique avec boutiques de souvenirs et restaurants à gogo mais les petites ruelles à l’intérieur des remparts sont superbes. Si la photo du palmier devant la muraille vous rappelle un peu le Maroc, c’est normal! Ce sont les Arabes qui ont édifié la forteresse. D’ailleurs, Alcudia dérive directement du nom arabe « Al Kudia » qui signifie la colline, la localité se trouvant effectivement sur une petite colline. Bien évidemment, Jaime Ier à passé par la et a reconquis le territoire au nom des Rois Catholiques. Il a même changé le nom du village en San Jaime de Guiñent, plus chrétien et plus catalan. Mais tout le monde a continué à utiliser le nom arabe, plus simple. On l’a juste un peu « hispanisé » en Alcúdia.

Il y a également la partie portuaire de Alcúdia, plus balnéaire, en bord de mer. Mais ça ne vaut pas le port de Soller!

Valldemossa

Voilà le coup de cœur de ces découvertes majorquines! Valldemossa se situe en pleine Serra de Tramuntana et constitue un bijou dans un écrin de montagnes pittoresques. Malgré les boutiques de souvenirs, Valldemossa a gardé son âme médiévale et le temps semble s’être bien ralenti. Mention spéciale pour « la cartuja », le monastère du XVIIe siècle avec le toit de son clocher orné d’azulejos verts. Au fil de son histoire, la Cartuja a hébergé des artistes en quête d’inspiration comme Frédéric Chopin ou encore Georges Sand. Rien que ça!

Ce n’était qu’un petit aperçu de Majorque mais de quoi nous en faire une première idée. La légende est vraie : l’île s’est vraiment « germanisée »! Ça se ressent dès l’arrivée à l’aéroport où tout est écrit en allemand et où Germanwings monopolise les portes d’embarquement! Et encore, nous n’avons pas fréquenté les stations balnéaires comme Magaluf et consort ni les Biergarten! En ce sens, nous avons préféré Ibiza où dès que nous quittons la zone des discothèques, l’île est plus sauvage et moins prise d’assaut par les touristes. Malgré ce (gros!) bémol, tout n’est pas à jeter à Majorque, principalement dans les petits villages de la Sierra.

Antequera et ses dolmens du Néolithique

Ça faisait longtemps que nous n’avions plus été faire un petit tour dans notre belle Andalousie et que nous ne vous avons plus relaté nos aventures. Depuis notre retour de Colombie, nous avons été un peu trop happés par notre vie quotidienne et par les vagues de chaleur successives de cet été, donc nous avons laissé un peu de côté nos petits trips de découverte. Mais heureusement, nous avons un peu rectifié le tir en allant faire un petit tour du côté de la ville d’Antequera,

Antequera se situe dans l’arrière-pays de Málaga, au cœur des cordillères subbétiques sur un plateau culminant à 575 mètres d’altitude. Elle est considérée comme le centre de l’Andalousie et possède même le kilomètre zéro de toutes les voies de communication conduisant aux principales villes de la région. En vrai, l’appellation est un peu usurpée. Dans le sens est – ouest, ça se tient plus ou moins, la cité étant à équidistance d’Almería (à l’est) et de Huelva (à l’ouest). Par contre, dans l’autre sens, Antequera se trouve beaucoup trop au sud pour prétendre au titre de centre du monde puisqu’elle ne se situe qu’à une petite cinquantaine de kilomètres des côtes méditerranéennes.

Sur la Plaza de San Sebastián, devant l’Arco de Nazareno, il y a une borne romaine et une plaque commémorative (un peu usée par le temps) représentant le fameux kilomètre zéro.

La ville des églises

Antequera s’est autoproclamée « ciudad de las iglesias », la ville des églises pour son grand nombre d’édifices religieux dans le centre historique. C’est vrai qu’il y en a beaucoup des églises, des couvents, des collégiales, des chapelles, etc… Que ce soit des anciennes mosquées reconverties en églises, des édifices gothiques, des façades baroques, il y en a pour tout les goûts. Mais pour être honnêtes, n’importe quel bled d’Andalousie, même d’Espagne peut prétendre à ce titre. Il y en a partout des églises!

Mais il est vrai qu’Antequera ne possède pas le centre historique le plus ouf de la région et heureusement qu’il y a toutes ces églises pour l’embellir un peu.

Cozo Viejo

C’est le cœur de la vieille ville. C’est une place typique andalouse avec ses maisons blanches et ses palmiers dattiers. En son centre, trône une statue de Fernando Ier d’Aragon qui était le roi au pouvoir lors de la reconquête d’Antequera par les catholiques. Sur la place, il y a également le musée de la ville dont l’entrée est gratuite. Nous y avons été faire un tour et avons bien aimé la partie dédiée à l’archéologie mais un peu moins celle dédiée à la peinture religieuse, un art auquel nous ne sommes pas très sensibles. Mais ce sont des goûts et des couleurs et chacun y trouvera son compte et surtout un endroit frais pour passer les chaudes après-midi d’arrière été.

L’Alcazaba

Elle se mérite cette alcazaba puisqu’elle se situe sur un promontoire rocheux qui domine la ville de quelques centaines de mètres. Pour y accéder, il faut emprunter des ruelles bien raides appelées cuestas (littéralement « côtes » en français) et qui correspondent à l’ancienne médina de l’époque musulmane. Ces ruelles pentues bordées de maisons blanches ainsi que les montagnes aux alentours nous rappellent un peu la ville de Popayán, en beaucoup moins humide.

L’Alcazaba date de l’époque romaine mais ce que nous voyons aujourd’hui date principalement du XIe siècle, de la période arabe. Elle ressemble comme deux gouttes d’eaux aux autres alcazabas de la région, notamment celles de Málaga et d’Almería, mais c’est logique puisqu’elles ont été érigées à la même époque par les même personnes. La forteresse a été renforcée dans le courant du XVIe siècle, toujours par les Arabes qui voyaient la menace catholique approcher dangereusement. Finalement, en 1410, après cinq mois de siège, la ville d’Antequera tomba en mains des rois catholiques. Ce qui est relativement tard dans l’histoire de la Reconquista.

Aujourd’hui la forteresse sert aux visites culturelles ainsi qu’à quelques tournages de films et de séries historiques.

Au pied de l’alcazaba, il y a les vestiges des thermes romains de la ville de Antikaria. La ville était déjà importante à l’époque romaine puisque c’était une étape importante de la Via Augusta qui reliait Gades (Cádiz) à Narbo Martius (Narbonne).

Evidemment, qui dit grimpette dit jolie vue. Nous pouvons donc observer Antequera depuis l’alcazaba avec ses nombreux clochers, les champs d’oliviers et la Peña de los Enamorados. Cette dernière est un éperon de calcaire culminant à 874 mètres d’altitude. Sa forme particulière rappelle le visage d’un indien couché avec sa coiffe de plume. Le rocher est d’ailleurs surnommé « El Indio », c’est-à-dire, l’indien. C’était une montagne sacrée durant la préhistoire, mais aussi pour les Romains et même pour les musulmans qui étaient persuadés de lui devoir leurs quelques victoires sur les rois catholiques. On y a d’ailleurs trouvés quelques vestiges archéologiques datant de diverses époques.

Les dolmens d’Antequera

Voilà quelque chose qui sort du lot pour l’Andalousie! C’est vrai quand on parle de dolmens, on pense plutôt à la Bretagne ou aux autres cultures celtiques, ce qui pour l’Espagne, correspond plutôt à la Galice. (extrême nord-ouest du pays) Pourtant Antequera possède quelques dolmens qui ont été découverts par hasard par des employés de la municipalité en 1903. Ils se situent à environ sept cents mètres en contrebas du centre ville. L’entrée est gratuite mais il faut juste passer par le centre de visiteurs flambant neuf (ça sent encore la peinture!) pour prendre un ticket et s’enregistrer dans un but purement statistique.

Les dolmens datent du Néolithique (3500-3000 avant Jésus-Christ) et ont été orientés de sorte à recevoir la lumière des équinoxes d’automne et de printemps. C’est super impressionnant de voir ces immenses blocs de pierre assemblés les uns aux autres naturellement, sans ciment sans rien, un peu comme les constructions incas au Pérou. Les dolmens étaient utilisés pour des rites funéraires et comme nécropoles. Au fond de l’un d’eux, il y a un puits dont la profondeur est égale au centimètre près à la longueur du dolmen! Sachant que le système métrique n’existait pas à l’époque, la précision est époustouflante. Il paraît même que l’eau au fond du puits est potable et qu’elle remplit toutes les normes sanitaires de l’union européenne.

Il est vrai que Hollywood et la culture populaire nous ont dépeint les hommes (et femmes!) préhistoriques comme des abrutis notoires juste bons à chasser le mammouth. En vrai, ils étaient super conscients du monde qui les entourait et avaient déjà de grandes connaissances astronomiques, géographiques et météorologiques pour l’époque.

Antequera est l’endroit idéal pour une journée de visite depuis Málaga ou la Costa del Sol qui ne se situent qu’à une petite cinquantaine de kilomètres de là. La ville est très bien desservie par les différents transports publics. Nous vous déconseillons tout de même de prendre le train à grande vitesse, la gare AVE se trouvant au milieu de nulle part et assez loin du centre-ville.

Même si ce n’est pas le coin le plus pittoresque d’Andalousie, nous avons bien aimé notre petit trip à Antequera. La ville est sympa, assez petite et les gens sont très accueillants, tant qu’ils ne savent pas que nous venons de Séville. (oui, c’est du vécu! Mais ce n’est pas une généralité non plus) Nous avons trouvé super intéressant la visite des dolmens qui était quelque chose de totalement nouveau pour nous! L’arrière-pays de Málaga réserve bien des surprises assez faciles d’accès mais loin du tourisme de masse des plages méditerranéennes.

Notre petite exploration du nord de la Castille : Medina del Campo et Zamora

Puisque nous avions déjà subi sept longues heures de bus jusqu’à Salamanca, nous nous sommes dit que nous allions en profiter d’être dans la région pour aller explorer ce qu’il y a pas trop loin dans les alentours.

Medina del Campo

Depuis Salamanca, le moyen de transport le plus rapide est le plus pratique est le train. Il faut prendre celui qui va en direction de Valladolid et en un peu plus de trente minutes, il vous emmène à Medina del Campo. La gare est un peu excentrée et donne l’impression d’être au milieu de nulle part mais il suffit juste d’un bon quart d’heure à pied pour rejoindre le centre ville.

Castillo de la Mota

Une fois n’est pas coutume, nous commençons notre visite par le château! C’est parce que, contrairement à la plupart des villes d’Espagne, le château de la Mota ne se trouve pas sur un promontoire qui domine la ville. Il se trouve de l’autre côté du Rio Zapardiel par rapport au centre-ville, donc du même côté de la gare. Si vous arrivez à Medina del Campo par le rail, il suffit de prendre à droite à la sortie de la gare et, ensuite, de marcher une dizaine de minutes tout droit. Vous n’allez pas le louper, il va tout d’un coup, se dresser devant vous!

Ce château, construit aux XIVe et XVe siècles sur une ancienne forteresse du XIe siècle, a un style architectural typique de la région qu’on appelle communément « école de Valladolid » du nom de la province à laquelle appartient Medina del Campo. Il a toujours appartenu à la royauté espagnole jusqu’à l’avènement de la Première République Espagnole à la fin du XIXe siècle. Ce qui explique sûrement son très bel état de conservation Lors de son arrivée au pouvoir, le dictateur Franco en fit le quartier général de la section féminine de la Phalange, le parti unique de l’Espagne franquiste. Aujourd’hui, l’édifice appartient à la communauté de Castille-et-León et ses salles sont utilisées pour des cours ou des séminaires.

Il est possible d’accéder à quelques parties du château comme la cour extérieure, la cour intérieure et la petite chapelle que nous trouvons trop mignonne avec ses murs en brique. L’entrée est gratuite.

Le centre historique

Pour accéder au centre historique depuis le château, il vous faut revenir sur vos pas quelques centaines de mètres en direction de la gare et emprunter le passage sous voies. Tout est super bien indiqué!

Ne vous attendez pas à Versailles! C’est assez petit et il n’y a pas de grands monuments de ouf! Tout est fait de briques rouges comme c’est souvent le cas dans les alentours de Madrid. Même son histoire est un peu décevante par rapport à d’autres villes d’Espagne et malgré les sonorités méridionales du nom Medina, les Arabes ont, eux aussi, boudé le lieu. Les premiers à s’être vraiment intéressés au coin sont les Wisigoths et leur roi Leovigildo. Au Moyen-Age, on consentit à y construire un château, celui de la Mota, car la reine Leonor de Albuquerque, femme de Fernando Ier d’Aragon était de Medina del Campo. C’est à partir du XVIIe siècle que la ville se développa un peu grâce au commerce de la laine qu’on envoyait directement aux manufactures d’Anvers qui étaient super réputées à l’époque.

Plaza Mayor de la Hispanidad

Mais que sommes-nous venus faire dans ce coin perdu du nord de la Castille si c’est si décevant? Nous sommes juste venu voir la Plaza Mayor! Mais ce n’est pas n’importe quelle place puisque, avec ses 14’000 mètres carré, c’est la plus grande d’Espagne voire une des plus grandes d’Europe! A l’origine, elle n’était pas plus grande que les autres mais il y eut plusieurs incendies au XVe siècle, ce qui a fait de l’espace! Comme le commerce de la laine était florissant à l’époque, on laissa la place telle quelle pour en faire un des plus gros marché de la région. Avec toute cette place à disposition, on commença également a y organiser des ferias qui ont encore cours aujourd’hui!

Les abords de la place sont très bigarrés avec des bâtiments datant de toutes les époques : du Moyen-Age à la décennie hideuse des années 1970. On y trouve quand même l’Ayuntamiento, la collégiale San Antolín et la maison où la reine Isabel la Catholique a écrit son testament. C’est le principal endroit pour se restaurer dans le centre ville et il y a plein de bistrots avec des terrasses sympas pour combler notre estomac! Mais attention! Nous avons appris à nos dépends que la cuisine locale est bien plus roborative que dans le sud et que les portions sont deux fois plus grandes! Mais c’est compréhensible, les hivers y sont bien plus rigoureux que dans notre douce Andalousie!

En se promenant sur la place, nous avons aperçus au sol de petites plaques métalliques sculptées. Elles marquaient l’endroit où les différents corps de métier avaient le droit d’installer leur étal pendant les marchés.

Très franchement, Medina del Campo ne mérite pas franchement un détour lors d’un voyage en Espagne. Nous sommes contents d’avoir vu la Plaza Mayor la plus grande du pays mais ça s’arrête là. Il y a tellement d’autres lieux bien plus pittoresques à y découvrir!

Zamora

Puisque nous étions déjà dans le nord, autant pousser le vice encore plus loin! Zamora se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord de Salamanca, à la hauteur de la frontière nord du Portugal. Entre les deux villes, il n’y a pas trente-six solutions en termes de transports publics, c’est le bus. C’est la compagnie Zasa qui a le monopole avec un prix fixe de 6,25€ par trajet et puis c’est tout! Nous avons essayé par BlaBlaCar mais il n’y avait rien de disponible ce jour-là.

Avec notre tendance aux timings vraiment pourris, nous sommes arrivés à Zamora en pleine fête du fromage! Il y avait des stands avec d’horribles tentes blanches dans toute la ville. Et quand on dit toute la ville, c’est TOUTE la ville! Donc nous nous excusons pour le cadrage pourri de nos photos et ces horribles tentes blanches qui enlaidissent le coin.

Mis à part ça, la fête du fromage est un évènement vraiment sympa et toutes les régions d’Espagne, et parfois d’ailleurs, y étaient représentées. La province de Zamora peut se targuer d’avoir pas moins de huit sortes de fromages différents estampillés DOP (l’équivalent espagnol de l’AOP). La part belle de la manifestation était dédiée à la dégustation de fromage mais aussi de jambon et autres charcuteries car nous sommes en Castille et ici, tout est bon dans le cochon!

Le centre historique

On pourrait qualifier le centre historique de bipolaire. C’est un mélange assez surprenant d’architecture romane du X au XIIe siècle et d’architecture art-déco du XIXe siècle qui sont les deux périodes les plus florissantes de Zamora. La ville fut peuplée dès l’Age de Fer, non pas par les Ibères, mais par les Celtes. On sent que la Galice, terre celtique par excellence, n’est plus très loin! Les Romains en firent une petite étape sur la fameuse Via de la Plata. Quant aux Arabes, ils réussirent à prendre la ville mais y furent vite chassés par le roi Alfonso II de Asturias au IXe siècle déjà! Zamora connut son apogée entre les Xe et XIIIe siècles en devenant une ville très importante du royaume de León. Son emplacement stratégique sur une colline dominant le Rio Duero n’y était pas pour rien! C’est de cette période que nous vient toute l’architecture romane qu’on peut trouver un peu partout en ville. D’ailleurs Zamora tient officiellement le titre de capitale romane d’Espagne!

Plus les frontières du Royaume d’Espagne se déplaçait vers le sud avec la Reconquista, plus Zamora perdit de l’importance. La ville fut peu à peu abandonnée pour des villes plus stratégiques, plus méridionales. Elle ne bénéficia d’aucune retombée de la découverte de l’Amérique et du commerce du Nouveau Monde. Il faut attendre la fin du XIXe siècle, l’arrivée du chemin de fer en 1864 et une certaine industrialisation pour que Zamora renaisse un peu de ses cendres et connaisse un essor économique. Les maisons art-déco du centre historique témoignent de cette deuxième époque faste.

Street Art

En déambulant entre les stands de fromage dans le centre ville, nous sommes tombés sur plusieurs façades et murs décorés de jolies peintures murales style street art comme à Georgetown ou à Malacca. Nous avons découvert que ce genre d’art est super courant, non seulement en ville de Zamora, mais aussi dans les quartiers périphériques et même dans toute la province. Il y a même une « Ruta de las Murales », un itinéraire touristique qui permet d’aller admirer toutes ces œuvres d’art lors d’un road trip dans la région. Nous nous sommes contentés d’admirer celles du centre qui sont très jolies! Mention spéciale pour le quetzal (deuxième image ci-dessous), cet oiseau mythique, emblème du Guatemala, très difficilement observable mais que nous mourrons quand même d’envie de croiser une fois dans notre vie.

Le château

A l’instar de Medina del Campo, le château ne se trouve pas sur un promontoire rocheux qui domine la ville. Il se trouve à l’extrémité occidentale du centre historique et il domine le Rio Duero. Il fut construit au XIe siècle et servit de base de départ pour la Reconquista catholique contre les musulmans d’Al-Andalus. La forteresse extérieure ainsi que quelques tours sont plutôt bien conservées, ce qui n’est pas le cas de tout le reste.

Catedral del Salvador

Nous avons vraiment été maudits avec cette cathédrale. La façade sud est en pleine restauration et est couverte d’échafaudages recouverts d’une horrible bâche verte. Quant à la façade sud, elle est obstruée par tous les stands de fromage. Quand nous vous disions que la fête du fromage squattait TOUTE la ville! C’est dommage car elle a l’air vraiment superbe et c’est un des meilleurs témoignages d’architecture romane du XIIe siècle de cette ampleur en Espagne. En plus, sa situation sur l’esplanade qu’elle partage avec le château aurait dû nous donner un excellent angle de vue! Tant pis, vous reprendrez bien un morceau de Zamorano (fromage local) à la place?

Nous exagérons peut-être un peu avec la fête du fromage mais quelle n’a pas été notre surprise de voir quel stand se payait la meilleure place de la ville! Celle où nous aurions dû nous trouver pour prendre des belles photos de la cathédrale!

Rio Duero

Une fois n’est pas coutume, nous n’effectuons pas notre traditionnelle grimpette du jour mais une descente, qu’il faudra regrimper après quand même! Zamora surplombe le Rio Duero, plus connu en français sous le nom portugais Douro. C’est le fleuve qui traverse également la ville de Porto et dont ses rives, des deux côtés de la frontière, sont réputées pour ses vignobles. Nous nous sommes évidemment sacrifiés pour vérifier cette dernière information et nous devons reconnaître que les pinards locaux sont excellents!

Le joli pont de pierre qui traverse le fleuve date du XIIe siècle et faisait également partie de la fameuse Via de la Plata qui reliait Augusta Emerita (Mérida) à Austurica Augusta (Astorga). Avec notre sens du timing légendaire, nous avons trouvé le pont en travaux et n’avons pas pu y accéder pour observer le centre historique de Zamora dans ses remparts.

Aceñas de Olivares

Nous avons quand même fini par trouver quelque-chose qui ne soit pas en chantier, où la fête du fromage n’a pas installé ses quartiers et qui, en plus, est gratuit! Ces trois jolis petits moulins d’époque médiévale utilisaient la force de l’eau pour moudre le blé en farine. Ils ont été utilisés jusqu’au début du XXe siècle. Ils abritent aujourd’hui un petit musée qui explique leur fonctionnement et qui documente toute l’industrie de l’eau du Douro à travers l’histoire.

Nous avons mentionné plus haut le fait que nous prenons notre job d’explorateurs très au sérieux au point d’aller tester les produits locaux, principalement ceux qui sont fabriqués avec du raisin! En voici la preuve ci-dessous! Mais à Zamora, un verre de vin s’accompagne toujours d’un « pincho moruno »! En fait, c’est juste une brochette de porc. Mais il y a quand même une petite subtilité. A la commande, il faut savoir si vous voulez « uno que si » ou « uno que no », c’est-à-dire piquant ou pas. Si vous êtes amateurs de curry thai, ne vous emballez pas! La « que si » est juste saupoudrée d’un peu de pimiento de la vera, le paprika local. Donc ça n’arrache pas mais ça se laisse facilement déguster!

C’est sur cette petite note gastronomique que s’achève notre petite découverte de Castille-et-León. Nos estomacs commencent à réclamer des plats plus légers avec plein de légumes!

Sur les trois villes que nous avons visitées, c’est indubitablement Salamanca la plus belle mais notre coup de cœur aura été pour Zamora. Certes, l’ambiance de la fête du fromage y a sûrement contribué mais nous y trouvons quand même une petite douceur de vivre assez sympa à laquelle nous avons été particulièrement sensibles.