Bilan de la Birmanie

Petite mise à jour : un coup d’état a eu lieu en Birmanie le 1er février 2021 et la junte birmane a repris le pouvoir mettant fin abruptement à la transition démocratique. Apparemment, le pays n’est de nouveau plus ouvert au voyageurs ou sous certaines conditions très strictes. Notre séjour date de 2019, bien avant les évènements.

Nous sommes évidemment de tout cœur avec le peuple birman qui ne mérite clairement pas ça et nous espérons ardemment que la situation puisse s’arranger assez rapidement.

Avant d’entamer notre traditionnel bilan, nous allons poser la question existentielle du jour : Doit-on dire Birmanie ou Myanmar?

En 1989, le pouvoir dictatorial en place a choisi de changer le nom Birmanie en Myanmar. Le nom complet est République de l’Union du Myanmar. Donc le vrai nom officiel, c’est Myanmar. Mais… De nombreux pays, dont l’Union Européenne, ne reconnaissent pas l’emploi du nom Myanmar par désaccord avec la dictature au pouvoir et utilisent encore le nom Birmanie. Voilà pour le côté politique.

Pour le côté linguistique, la langue française utilise le nom Birmanie et l’adjectif birman pour qualifier les habitants du pays ainsi que la langue parlée. Nous avons toujours utilisé le mot Birmanie par esthétisme et par amour de la langue de Molière mais aussi en rébellion à la junte au pouvoir.

Par contre en Anglais, c’est la forme Myanmar qui prime. Le mot Burma renvoie aux sombres années de la colonisation anglaise et ce n’est pas très cool.

Donc, en gros, appelez ce pays comme vous voulez, selon vos convictions…

Le bilan en chiffres

Durée du séjour

24 jours. Le visa birman est valable 28 jours donc nous l’avons bien amorti. Vu la lenteur des transports, nous avons bien fait de ne pas rajouter des étapes car nous aurions été vraiment limites avec le timing!

Budget

1’443’647 kyats (941,75 CHF/855,60€) ce qui fait une moyenne de 39,25 CHF (35,65€) par jour. Nous sommes amplement dans notre budget malgré de nombreuses visites et 50$ par personne de visa. Nous étions hors saison, ceci explique sûrement cela car nous avons eu des échos que la Birmanie était vraiment chère. Zapper le lac Inle et prendre les transports locaux ont probablement contribué à tenir ce budget de warrior.

Distance parcourue

2437 kilomètres. Une boucle de Myawaddy (frontière thaïe) – KalawMandalay et environs – BaganYangon – Mawlamyine – Hpa An et retour sur Myawaddy. Le tout en bus, en train et en taxi collectif.

Régions / Etats traversés

Trois régions : Mandalay, Bago et Yangon, Trois états : Kayin (ou Karen), Mon et Shan. La différence entre un état et une région? Une région est principalement peuplée de Birmans et un état est principalement peuplé d’ethnies minoritaires.

Extrêmes d’altitude

1320 mètres à Kalaw et 5 mètres à Yangon. Rien de bien impressionnant.

Extrêmes de températures

24 degrés dans la fraicheur montagnarde de Kalaw et 36 degrés sous la pollution et l’humidité de Mandalay. Des températures tout à fait normales de climat tropical.

Heures passées dans les transports

Presque 25 pour cent de notre séjour tant les transports sont d’une lenteur exaspérante.

Coups de gueule / Coups de cœur

Nous n’allons pas déroger à la règle de commencer par le négatif afin de finir en beauté!

Bof, bof

La bouffe

La Birmanie est un vrai cauchemar gastronomique. C’est souvent fade et très gras. Parfois ils rajoutent du piment pour donner un peu de goût mais c’est encore pire. Tu manges un plat de nouilles et tu ressors aussi lourd que si tu avais mangé une fondue au fromage! En plus, l’hygiène étant un peu douteuse par rapport au reste de l’Asie du Sud-Est, nous avons pas mal de problèmes digestifs (pas graves rassurez-vous!) pendant tout notre séjour.

Les grandes villes

Par grande ville, nous entendons Yangon et Mandalay. Elles sont moches, infernales et polluées, mais ce n’est pas rare en Asie du Sud-Est. Ce qui nous a profondément déplu c’est qu’elles sont sans âme et que leurs habitants ont le visage fermé et triste.

L’état des routes

Nous n’avons jamais vu autant de trous sur une route! C’est dommage car les bus sont plutôt modernes et confortables mais, malgré cela, nous nous faisons secouer comme des pruniers à chaque trajet. Mention spéciale pour la piste défoncée entre Hpa An et la frontière thaï que Van a dû endurer avec un coccyx cassé!

La noix de bethel

C’est la caféine des Birmans. Ils en fabriquent une pâte de couleur rouge sang qu’ils chiquent à longueur de journée pour ses propriétés stimulantes et qui leur donne une dentition sanguinolente assez crade. Déjà ça, ce n’est pas très avenant alors imaginez les crachats bien rouges que ça donne.

On a kiffé!

Les gens

Bien que timides, ils sont d’une gentillesse et d’une serviabilité incroyables! Presque trop parfois! Le pays a été complètement fermé aux étrangers jusqu’en 2011 mais ça ne se ressent pas du tout sur le comportement de la population. La communication est par contre plus compliquée vu leur très faible niveau d’anglais et notre birman inexistant.

L’alcool

C’est un lot de consolation vu la gastronomie désastreuse. La Birmanie fait de la bonne bière et un très bon whisky, et tout ça pour un prix dérisoire! De là à dire qu’on s’est consolé dans l’alcool…

Les paysages

C’est totalement différent du reste de l’Asie du Sud-Est. Il y a moins de jungle et plus de savanes. Le sud est assez plat et principalement composé de rizières, de marais et de villages flottants. Les montagnes karstiques sont également magnifiques. Un  vrai régal pour les yeux!

Les voyages en train

C’est d’une lenteur énervante mais c’est une expérience incroyable. C’est digne d’un documentaire pour la télévision! Voir une gare s’animer et se transformer en marché lors de l’arrivée d’un train est assez surréaliste!

Bizzareries birmanes

On roule à droite… avec le volant à droite!

Lors de l’avènement de l’automobile, la Birmanie était sous domination britannique et observait le code de la route anglais, c’est-à-dire, la conduite à gauche. Lors de l’indépendance, la junte militaire au pouvoir décida d’effacer le plus possible les traces de la colonisation, notamment en instaurant la conduite à droite. Mais les sources principales d’importation automobile sont le Japon et la Thaïlande, deux pays où on roule à gauche, donc avec le volant à droite! Seuls les bus des grandes compagnies et les voitures de riches particuliers ont le volant à gauche.

Nous avons globalement assez apprécié notre séjour en Birmanie. C’est un pays magnifique qui mérite d’être découvert mais il a nous manqué quelque-chose. Nous ne pouvons pas définir quoi exactement mais il manque, à nos yeux, un petit grain de folie. Toutefois, nous ne regrettons pas une seconde d’avoir visité ce nouveau pays et en gardons de formidables souvenirs!

Hpa An et ses paysages enchanteurs

Prendre le train en Birmanie se mérite, il faut, à chaque fois, se lever aux aurores! Nous avons l’impression que c’est fait exprès pour nous embêter, nous qui ne sommes pas vraiment du matin! Mais cette fois, nous ne nous sommes pas réveillés à des heures indécentes pour rien : le train a quitté la gare de Yangon à six heures et demi, pile à l’heure. A la fenêtre, défilent de magnifiques paysages de rizières, de marécages, de villages flottants et sur la fin, de montagnes. Mais ça n’avance pas vite et il aura quand même fallu onze heure de trajet pour couvrir tout juste trois cents kilomètres! Nous adorons les trajets en train mais là, ça commençait vraiment à devenir très long et inconfortable. Nous n’avons pas du tout été fâchés d’arriver enfin à destination!

Mawlamyine

Après ce long périple, nous descendons à Mawlamyine. Ce n’est pas l’endroit le plus intéressant mais c’est parfait pour une journée de pause entre deux trajets. La ville doit son essor à son port maritime mais le centre-ville se trouve un peu à l’intérieur des terres. Mawlamyine est traversée par le fleuve Salouen qui nous vient tout droit des hauts plateaux tibétains. C’est d’ailleurs le deuxième plus long fleuve de l’Asie du Sud-Est après le Mékong et il parcourt plus de 2815 kilomètres à travers l’Himalaya et la Birmanie. Le superbe pont (image ci-dessus) qui le traverse n’a pas de nom mais est pourtant le plus long pont du pays. Il mesure plus de six kilomètres! Nous sommes d’ailleurs passés dessus avec le train lors de notre arrivée en ville et comme ça ne roule pas vite, nous avons eu le temps de profiter de la vue sur le fleuve et ses rives.

Mawlamyine est la troisième ville de Birmanie. On ne dirait pas tellement c’est tranquille! Pourtant, avec son port important et son université, c’est une ville très dynamique. D’ailleurs, nous avons trouvé les gens encore plus ouverts et plus gentils qu’ailleurs. Il est vrai qu’il est plus facile de communiquer dans la langue de Shakespeare ici, ça aide à la communication!

Hpa An

Heureusement que Hpa An n’est qu’à deux heures de route de Mawlamyine car nous avons eu droit, en plus des traditionnelles routes défoncées, à un bus hors d’âge, vraiment pourri avec un chauffeur un peu kamikaze. Mais bon, nous nous plaignions que les trajets en train étaient trop longs! Heureusement que les routes sont moins à flanc de côteau qu’en Equateur!

Hpa An est la capitale de l’état de Kayin (ou Karen), à l’est du pays. C’est une petite bourgade tranquille mais sans grand intérêt hormis son lac, le Kan Thar Yar, qui donne déjà un aperçu des merveilles naturelles que nous pouvons trouver aux alentours.

On the road

Contrairement au reste de la Birmanie, il est facile et apparemment légal de louer un scooter à Hpa An. En tout cas, il y a plein d’agences de location en ville et personne ne nous a rien demandé de spécial. Nous en profitons donc pour aller explorer les alentours. Nous découvrons un superbe paysage de rizières, de marécages et de montagnes karstiques. Nous en prenons plein les yeux! Malheureusement, notre balade tourne court. Nous nous sommes lamentablement vautrés à scooter! Rassurez-vous, il y a eu plus de peur que de mal! Des belles égratignures, des ecchymoses et Van, qui est tombée sur les fesses, s’est cassé le coccyx et aura du mal à s’asseoir quelques temps, rien de bien méchant. Heureusement, car nous n’aurions pas vraiment eu envie d’avoir à faire avec le système de santé birman entre manque d’infrastructure et difficultés de se faire comprendre en anglais.

Le bas de caisse du scooter a plus morflé que nous mais vu dans l’état dans lequel on nous loue ces engins et l’absence de contrôle, c’est passé totalement inaperçu. Nous avons quand même préféré rentrer pour nettoyer et désinfecter nos plaies et nous remettre de nos émotions. Nous n’étions plus très motivés à continuer la balade. Mais nous avons quand même pu prendre quelques clichés de ce magnifique endroit!

Kyaut Ka Latt Pagoda

Avant nos mésaventures à scooter, nous avons eu le temps d’aller admirer la pagode Kyaut Ka Latt. Ce n’est pas la pagode en elle-même qui nous intéresse, nous en avons vu tellement, mais la formation rocheuse sur laquelle elle est en partie construite. C’est un piton rocheux qui se dresse au milieu d’un petit lac et qui semble résister à l’érosion. Il y a également tout un complexe monastique autour du rocher dont la construction, commencée dans les années 1920, est encore en cours.

Il est possible de grimper au sommet et c’est encore assez accessible mais, à part pour la vue, c’est bien plus impressionnant vu d’en-bas. Sur le rocher, nous n’avons pas assez de recul pour admirer la pagode.

Nous avons hésité à zapper cette dernière étape pour rejoindre la Thaïlande directement depuis Yangon car nos estomacs commencent sérieusement à demander grâce. La gastronomie birmane est vraiment mauvaise et l’hygiène un peu douteuse. Notre système digestif est vraiment soumis à dure épreuve dans ce pays! Nous serions moins cabossés si nous avions suivi cette idée mais nous aurions vraiment loupé quelque-chose. Les paysages de Hpa-An sont, à nos yeux, les plus beaux de Birmanie. N’hésitez pas à y louer un scooter pour y faire un tour! C’est tout plat, sans trop de trafic et pas dangereux. Si nous sommes tombés, c’est entièrement de notre faute! Nous avons mal négocié un virage où il y avait du gravier et notre engin a glissé! Ça ne vous arrivera pas forcément!

Voilà, c’était notre dernière étape en Birmanie, et pas des moindres! Mais retourner en Thaïlande se mérite. Le seul moyen de retourner à Mae Sot, à la frontière est de prendre un taxi collectif. Donc nous avons passé plus de six heures dans un vieux tacot roulant à tombeau ouvert sur une piste (oui, une piste pas une route!) complètement défoncée. Autant vous dire que nous avons été bien secoués. Van et son coccyx cassé ont sûrement effectué le trajet le plus infernal de leur vie! Notre soupe de nouilles thaï a notre arrivée aura été bien méritée!

Yangon et sa fameuse pagode Shwedagon

Depuis Bagan, nous retrouvons les joies du bus de nuit, de la climatisation à outrance et surtout des routes défoncées. Nous mettons le cap droit au sud afin de nous rendre dans la capitale économique et la plus grande ville du pays, Yangon.

Nous avons hésité sur l’orthographe à adopter pour le nom de la ville car, oui, il y en a plusieurs! Après quelques recherches, nous avons choisi celle qui se rapproche le plus de la prononciation locale. Rangoon est l’orthographe officielle anglophone et était le nom officiel de la ville pendant la colonisation. Le nom est parfois francisé en Rangoun mais nous trouvons cette dernière façon de faire très moche. Bref, à Rome, faisons comme les Romains, en Birmanie, parlons birman, même si ce n’est que pour un seul mot! Donc, ce sera Yangon!

Yangon était a capitale de la Birmanie pendant la colonisation anglaise puis après l’indépendance jusqu’en 2007, date à laquelle la junte militaire au pouvoir a décidé de déplacer la capitale trois cents kilomètres plus au nord à Naypyidaw, une ville construite de toutes pièces pour l’occasion. Cependant, elle en reste la capitale économique et la plupart des ambassades sont restées à Yangon.

Ville coloniale

Il paraïtrait que Yangon est la ville qui possède le plus de bâtiments coloniaux de toute l’Asie du Sud-Est. Mais, malheureusement, ça ne se remarque pas au premier coup d’œil tant nombre d’édifices sont complètement délabrés, laissés à leur triste sort et coincés entre des constructions plus modernes et vraiment moches. Le gouvernement a d’autres chats à fouetter que de rénover les vieux quartiers et, après l’indépendance, il y a eu une vraie volonté dans le pays d’effacer toute trace des Anglais. Certes, nous comprenons un peu cette volonté car l’histoire coloniale était vraiment cruelle et dégueulasse mais nous trouvons quand même dommage tout ce patrimoine historique laissé à l’abandon. Et puis, effacer toute trace du passé ne va pas changer le cours de l’histoire. Nous trouvons important qu’elle soit conservée et transmise afin de ne pas réitérer les mêmes erreurs que nos ancêtres. Mais c’est sûrement un point de vue d’Occidentaux instruits et privilégiés et la priorité des Birmans se trouve sûrement ailleurs.

Lac Kandawgyi

C’est un lac artificiel dont le nom signifie « Grand lac royal » qui est situé en plein centre-ville. Il a été aménagé par les Anglais pour alimenter la ville en eau. Sa surface est de 61 hectares et il est bordé par un parc de 28 hectares. C’est une vraie oasis de calme et de verdure loin de l’enfer de la ville. L’emblème du lac est le Karaweik, une magnifique réplique d’une barge royale posée sur l’eau qui représente un oiseau mythique de Birmanie. Malheureusement, le site est en travaux donc il est impossible de flâner dans le parc. Pour la petite anecdote, le Karaweik est également l’emblème de la bière Myanmar.

Bogyoke Market

C’était le marché central durant la période coloniale. Aujourd’hui, c’est surtout un attrape-touristes! Il a été construit en 1926 par les Britanniques et fait partie du patrimoine colonial de Yangon. Il est un peu moins laissé à l’abandon que le reste des bâtiments historiques. A l’intérieur et dans les ruelles adjacentes se suivent des boutiques de souvenirs, d’antiquités et de joaillerie « government registered ». Nous ne savons pas ce que sous-entend exactement cette appellation mais, en général, si ça implique le gouvernement, ce n’est jamais bon.

Shwedagon Pagoda

Même si nous avons vu des centaines de pagodes depuis notre arrivée en Birmanie, nous décidons tout de même d’aller visiter la fameuse Shwedagon Pagoda qui est le plus grand centre religieux du pays. De nuit, elle est illuminée et on l’aperçoit depuis tous les quartiers de la ville! Mais on n’y rentre pas aussi facilement : il faut une tenue correcte (facile!), se délester de 10’000 kyats par personne (6,50 CHF / 5,95€, mais ça les vaut!) et passer au détecteur de métaux. Le site est blindé de monde mais 90 pour cent des visiteurs sont des Birmans venus des quatre coins du pays, même les plus reculés, pour prier et honorer Bouddha . C’est sûrement important pour eux car ils ont revêtus leurs plus beaux habits et sont tous très beaux et très élégants avec leur longyis colorés. La visite nous a pris trois plombes car, en tant que blancs, nous avons été souvent sollicités pour des selfies, exercice auquel nous nous soumettons toujours avec plaisir.

La pagode, qui date du XIVe siècle, repose sur une plate-forme de marbre de presque six hectares construite sur la Singuttara hill, une colline haute de 112 mètres ce qui permet au complexe de dominer toute la ville de Yangon. Elle compte 72 stupas . Nous pensions en avoir soupé des pagodes après avoir déjà passé quelques semaines en Birmanie mais là, nous sommes subjugués par la beauté du lieu. Impossible d’être blasé par un monument pareil!

Bouddha

Le complexe abriterait plus de 2000 statues de Bouddha mesurant de quelques centimètres à plusieurs mètres de hauteur. Nous ne les avons pas comptées mais nous confirmons qu’il y en a vraiment partout et qu’ils sont tous plus beaux les uns des autres!

Le stupa central

C’est un énorme stupa haut de 98 mètres recouvert de milliers de feuilles d’or importées directement de Mandalay. Il est entouré par 64 « petites » pagodes, également constituées de feuilles d’or. Sur la flèche ou se situe le hti (la petite ombrelle au sommet), sont accrochées plus de 1480 clochettes en or ou en argent qui tintent dès qu’il y a un peu de vent et la mélodie y provenant est vraiment très jolie.

Hormis la pagode qui nous en a mis plein les yeux et sa vie nocturne, Yangon ne nous aura pas vraiment marqués. Nous ne sommes définitivement pas fans des grandes villes birmanes. Ce n’est même pas à cause de la pollution, de l’enfer d’être piéton ou du trafic infernal, c’est courant en Asie et nous avons l’habitude. Notre manque d’enthousiasme vis à vis de Rangon et Mandalay, les deux grandes villes, vient plutôt du fait que nous n’avons pas réussi à leur trouver une âme.

Bagan et ses innombrables temples

Nous quittons Mandalay et sa pollution sans regrets pour nous retrouver, cinq heures de bus plus tard, à Bagan. En réalité, nous sommes à la station de bus au milieu de nulle part en train de nous faire harceler par des chauffeurs de taxi à peine sortis du bus. Mais nous ne cèderons pas! Nous prenons nos sacs et partons à la recherche d’un tuk-tuk au bord de la route qui nous coûte pratiquement la moitié du prix d’un taxi.

Les pass d’entrée à Bagan

Nous avons trouvé des informations contradictoires à propos de ces fameux pass d’entrée. Si tout le monde s’accorde pour le prix : 25’000 kyats (c’est effectivement le prix que nous avons payé), chacun a un son de cloche différent concernant la durée de validité. Certains parlent de cinq jours, d’autres affirment que depuis 2018 ce n’est valable plus que trois jours. D’autres encore ont réussi à avoir cinq jours après la nouvelle mise en vigueur. Bref, nous n’étions pas beaucoup avancés lors de notre arrivée au checkpoint pour acheter nos billets. Nous avons obtenu, sans rien demander, un pass valable cinq jours (5x 24 heures pour être précis.) et nous sommes super contents de cet état de fait car pour nous, ce n’est pas de trop pour profiter pleinement du site.

Bagan

Ces petits soucis de pass réglés, nous pouvons enfin profiter du site en question. Comme les étrangers n’ont pas le droit de conduire un véhicule motorisé en Birmanie, nous louons un e-bike, un scooter électrique. Heureusement que nous sommes dans une immense plaine bien plate car ce n’est pas bien puissant comme véhicule et ça n’avance pas très vite! Certes, nous ne sommes pas super pressés mais nous voulons quand même un peu optimiser notre temps afin de bien profiter de l’immensité du site.

Bagan est un site archéologique grand de cinquante kilomètres carrés et comptant environ 2830 temples plus ou moins bien conservés. Nous ne les avons, évidemment, pas tous visités! En 1975, un fort tremblement de terre a fait pas mal de dégâts mais le gouvernement birman, avec l’aide de de donateurs, a entrepris une vaste campagne de restauration dans les années 1990. Bagan était la capitale du royaume de Pagan le premier empire birman et les temples datent du IXe au XVe siècles.

Nous n’avons pas préparé d’itinéraire précis pour nos visites. Nous avons préféré nous perdre dans la campagne et nous arrêter où bon nous semble.

Gubyauk Nge Temple

C’est un petit temple construit en 1198 sous le règne du roi Nadaungmyar. Les murs d’enceinte ont complètement disparus mais  il reste quelques stupas dont certains bas-reliefs son conservés. Chaque stupa possède à l’intérieur sa statue de Bouddha dans un état relativement bon.

Iza Gawna Pagoda

Ici, c’est un temple encore en activité donc il faut se déchausser et s’habiller en long pour avoir le droit d’y accéder! Pas de souci, nous avons prévu les sarongs! Le bâtiment principal est magnifique avec ses sculptures et ses pointes dorées. Vu que c’est un temple fréquenté, nous sommes déçus de constater que des marchands de souvenirs ont envahi l’enceinte du temple alors que c’est censé être un lieu de recueillement.

Winido Temple

C’est un groupe de temples construits vers 1243 et qui sont aujourd’hui en partie enfouis sous la végétation. Certains stupas sont mieux conservés que d’autres. C’est un des temples les plus sympas à visiter car il faut traverser la savane et ça rebute pas mal de monde. Du coup, nous sommes complètement seuls.

Phai Thone Zu Temple

Ce temple est reconnaissable grâce à l’alignement de ses trois stupas identiques sur son bâtiment principal. En réalité, ce sont trois temples différents qui sont reliés entre eux par un couloir. Il date des années 1200 mais n’a jamais été achevé, il n’a jamais été peint et n’a jamais possédé de stucs extérieurs.

Thisa Wadi Temple

Datant de 1334, c’est un des derniers temples construits à Bagan avant l’invasion mongole venue du nord. Le bâtiment principal a été en partie rénové car il avait bien souffert des différents tremblements de terre, Bagan se trouvant sur une énorme faille sismique.

Temple 1122-E

Certains temples n’ont pas encore dévoilé leur histoire et n’ont, par conséquent, pas de nom. Afin de les répertorier, les archéologues leur ont attribué un numéro. Ce petit temple se trouve non loin du village de New Bagan et est d’une conservation exemplaire pour un pauvre petit temple anonyme.

Tamani Monastery

C’est un complexe monastique encore en activité malgré la dégradation des bâtiments. Les moines y vivent et y pratiquent l’agriculture. Les moines y vivent dans des conditions vraiment spartiates pour la Birmanie car, en général, c’est une tranche de la population bien vue du pouvoir et qui obtient quelques avantages par rapport à la population civile, très modeste.

Temple 1226

Encore un pauvre temple anonyme! La cour et le mur d’enceinte sont d’une conservation irréprochable! Le bâtiment principal, bien qu’il ait conservé pratiquement tous ses bas-reliefs, s’est complètement affaissé suite aux divers séismes survenus dans la région. Quelques Bouddhas à l’intérieur, eux, n’ont pas bougé. Il est donc impossible de les voir à cause de la différence de niveau.

Guni Temple

Une fois n’est pas coutume, ce temple n’a pas été érigé pour un roi mais pour une reine! (Girl Power Mode on!) Elle s’appelait Pwasaw et vivait au XIIIe siècle. C’est un complexe séparé en deux parties, une au nord et une au sud mais qui appartenait à la même enceinte.  A l’intérieur, quelques peintures murales sont encore visibles.

Dhammayangyi Temple

C’est le plus grand temple de Bagan et c’est aussi le seul à arborer une forme pyramidale. Il a été construit entre 1167 et 1170. A cette époque, le roi Narathu a accédé au trône en assassinant son père et il aurait fait construire cet immense temple pour se faire pardonner. L’histoire ne dit pas s’il a finalement pu obtenir son pardon. Le bâtiment est superbement conservé et il est encore possible d’apercevoir les peintures d’époque à l’intérieur.

Kyauk Myat Maw Pagoda

Cet ensemble de temples du XIIe siècle est en pleine cure de jouvence. Le stupa principal esst d’ailleurs protégé par un échafaudage en bambou. L’avantage, c’est qu’on le reconnait de loin et il nous permet de nous repérer un peu parmi cette imensité de temples. Les dépendances ont, quant à elles, déjà bénéficié des rénovations.

Law Ka Ou Shaung Temple

Ce temple datant du milieu du XIIe siècle, conserve encore des gravures et des peintures d’époque. Il est idéalement situé au milieu de la plaine de Bagan et offre une vue panoramique des alentours

Mye bon tha

Pour voir ce temple, il faut bien s’enfoncer dans la campagne. On en sait très peu sur cet ensemble si ce n’est qu’il est de style Brahma et probablement construit entre les XIe et XIIIe siècles.  La cure de jouvence a passé par là et certains endroits ont même eu droit à une reconstruction totale. Un choix que nous ne trouvons pas vraiment judicieux car, à notre avis, ça enlève tout le charme des vieux temples et donne une impression de fake.

Ta Wet temple

Il faut vraiment prendre des chemins de traverse pour trouver ce temple! Mais au moins, nous avons une paix royale! Les bâtiments sont un peu affaissés mais c’est un des seuls endroits à Bagan où nous pouvons observer des Bouddhas dorés.

Temple 820

Encore un temple anonyme! Nous sommes toujours en rase campagne et ce temple nous a tapé dans l’œil à cause de ses différents stupas qui forment un magnifique jeu de coupoles telle une basilique.

Hsin Phyu Shin Monastic Complex

Comme son nom l’indique, ce complexe était un monastère. Construit au XIVe siècle, son architecture est d’inspiration indienne. La conservation du site est moyenne mais nous pouvons encore observer les bassins qui servaient à la pisciculture.

Temple 843

Encore un temple anonyme et c’est bien dommage car l’ensemble est vraiment magnifique et nous aurions aimé en savoir plus.  Mention spéciale pour les « Triplés », trois stupas construits à l’identique où les Bouddhas à l’intérieur portent exactement la même tenue de fête.

Temple 761

Plus nous nous enfonçons dans la campagne, plus les temples ne sont que de simples numéros et moins nous en apprenons.  Celui-là est magnifique malgré sa façade avant complètement affaissée. De loin, le bâtiment ressemble à une basilique.

Temple 1689

Ce temple se situe tout près du village d’Old Bagan et pourtant, il n’a toujours pas dévoilé ses secrets. Il a comme particularité de toujours conserver du stuc blanc sur certaines de ses façades. 

Tha Gya Pone Temple

C’est un temple du XIIIe siècle. La conservation du bâtiment principal n’est pas terrible mais les stupas aux alentours valent le détour.

Bulethee Stupa

C’est un des ensembles de stupas les plus importants de Bagan. Il y a deux stupas principaux, un en parfait état de conservation, et le deuxième auquel il manque la pointe.

Khe Minga Temple

C’est un des ensembles les plus sympas de Bagan.  C’est un immense complexe datant du XIIe siècle. Certains stupas sont d’origine, d’autres ont été restaurés ou carrément reconstruits. Il reste quand même quelques dégâts causés par les différents tremblements de terre.

Shwe Nan Yin Taw Monastic Complex

Ce monastère du XIIe siècle n’est pas dans un état de conservation irréprochable mais nous pouvons déjà nous faire une idée de l’immensité de ce complexe. Il y a une dizaine de bâtiments où logeaient les moines, des temples et bien sûr, les indispensables stupas.

Thatbyinnyu Temple

Avec ses 65 mètres de haut, c’est le plus haut temple de Bagan Construit en 1144, il servit de modèle pour de nombreux temples birmans.  Les murs sont encore recouverts de stuc et blanchis à la chaux.  Un long couloir permet de faire le tour à l’intérieur où nous pouvons bénéficier d’une relative fraîcheur.

Yin Ma Na Phaya

C’est un petit temple du XIIe siècle entouré de ses stupas au milieu des champs de maïs. A l’intérieur, il ne reste plus qu’un seul Bouddha mais nous pouvons observer des peintures assez bien conservées.

Dhamma Ya Zika Pagoda

Il est reconnaissable de loin ce temple avec son immense stupa doré!  Il fut construit en 1196 et était dédié à la justice et au devoir.  La base du stupa repose sur cinq grandes terrasses pentagonales en briques. L’ensemble est bien conservé et possède un charme fou!

Min O Chan Tha Temple

C’est un monastère encore en activité qui a été construit en 1112. Ce sont surtout les stupas blancs recouverts de chaux qui ont attiré notre attention.

Ananda Temple

Et nous gardons le meilleur pour la fin! Ce temple construit en 1091 et était dédié à la sagesse infinie de Bouddha. Selon la légende, l’architecture du temple aurait été inspirée par le récit de moines venus d’Inde décrivant les édifices de chez eux. Une restauration complète a eu lieu en 2016 et c’est plutôt réussi. Tout est encore étincelant!

Waw! Bagan est vraiment incroyable! Nous en avons pris plein les yeux durant nos quatre jours de visite! Nous sommes juste un peu déçus de ne pas trouver beaucoup d’infos sur l’histoire des temples. Il n’y a pas grand-chose écrit en anglais, la langue de l’ancienne puissance coloniale étant tout juste tolérée, et même sur internet l’info se fait rare. Nous aurions bien aimé voir les levers/couchers de soleil mais en cette saison humide les nuages sont trop présents, donc c’est râpé. Mais en basse saison, il n’y a pratiquement personne et c’est très agréable. Malgré cela, Bagan reste un incontournable de la Birmanie

Lac Taungthaman et U Bein Bridge

Il paraît qu’il vaut la peine de prendre du temps pour découvrir les alentours de Mandalay. Tant mieux car nous avons une journée à tuer avant de reprendre notre route vers d’autres aventures birmanes! Notre première idée était de visiter les anciennes villes royales de Sagaing et d’Inwa, sur l’autre rive du fleuve Irrawady. Mais, après plusieurs recherches, ça s’avère assez cher et nous n’avons pas très envie de puiser dans le budget pour une énième visite de pagodes. En plus, après avoir subi le smog insupportable en ville, nous avions désespéramment besoin de sortir de cet enfer et de retrouver un peu de nature!

A Mandalay, nous négocions assez facilement un taxi collectif qui est en fait une camionnette aménagée avec des bancs à l’arrière. Notre véhicule est rempli de moines dans lequel nous sommes pratiquement les seuls civils. Après une petite demi-heure de trajet, il nous dépose à Amarapura. Le village en lui-même n’est pas super intéressant même s’il possède quelques magnifiques pagodes, qui sont sûrement plus nombreuses que les habitants. Pourtant, l’industrie textile est très prospère à Amarapura. C’est d’ailleurs ici qu’est fabriqué le longyi, une sorte de sarong traditionnel birman.

Quand nous interprétons maps.me d’une manière très personnelle!

Après avoir traversé le village à pied, nous sommes arrivés dans ce quartier de pêcheurs complètement par erreur! Nous nous sommes perdus mais c’est sûrement une des plus belles bourdes de notre vie! Ici, nous sommes dans la Birmanie profonde où le temps s’est arrêté. Les habitants des lieux étaient d’ailleurs vraiment désemparés de voir débarquer des étrangers. Il ne faut pas oublier que le pays était l’un des plus fermés du monde jusqu’à il y a peu et que les Birmans n’étaient malheureusement pas ouverts sur le monde extérieur. Mais ce n’est pas de leur faute! C’est la junte militaire qui leur a imposé ça! Que ça paraît loin Mandalay et le XXIe siècle! Pourtant, nous avons parcouru à peine plus de dix kilomètres depuis le centre-ville.

U Bein Bridge

Nous finissons tout de même par retrouver notre chemin. Nous ne nous sommes pas trompés de beaucoup, juste de quelques centaines de mètres mais qui ont suffi pour nous emmener dans un autre monde! Nous finissons donc par rejoindre notre principal but de la journée : le pont U Bein. C’est un pont construit en teck, un bois courant des forêts tropicales. Avec ses 1200 mètres et c’est 1060 piliers, c’est le plus long pont de ce genre au monde! En 1849, la capitale birmane a été transférée d’Amarapura à Mandalay et des milliers de colonnes de teck ont été abandonnées à leur triste sort quelques mois jusqu’à ce qu’un certain Maung Bein eut la brillante idée de les utiliser pour y construire un pont sur le lac Taungthaman.

Le site est superbe mais ne vous fiez pas au ciel bleu et aux eaux du lac. C’est méga pollué! Entre le smog de la ville de Mandalay située à une dizaine de kilomètres de là et l’industrie textile qui déverse ses déchets dans le lac, nous vous laissons imaginer l’état des lieux! Sachant qu’il n’y a aucune politique environnementale dans le pays, ce n’est pas prêt de s’améliorer. C’est dommage car la Birmanie possède des coins de nature extraordinaires et c’est vraiment triste de ne pas en prendre un peu soin.

Une fois le pont traversé, nous retrouvons un petit village dédié aux touristes avec des cafés et des échoppes de souvenirs. Evidemment, tout village birman qui se respecte, même minuscule et vendu au tourisme, se doit de posséder sa propre pagode. Il faut reconnaître qu’elle est très jolie et nous apprécions son caractère modeste. Oui, après les autres pagodes que nous ayons vues jusqu’à présent depuis notre arrivée en Birmanie, ce temple-ci paraît vraiment simple et modeste!

Après un aller-retour sur le pont, nous continuons notre balade sur les rives du lac afin de profiter de l’air hors de la ville même s’il n’est pas beaucoup plus sain. Pourtant, nous avons quand même l’impression trompeuse d’être loin de Mandalay, de sont atmosphère irrespirable, de son trafic infernal et de son humidité suffocante.

Monastère Maha Ganayon Kyaung

C’est un des monastères les plus importants du pays et sûrement l’un des plus kitsch également. Déjà, il est peint presque intégralement en doré, la couleur du bonheur et de la bonne santé dans le bouddhisme. Ce qui n’a rien de surprenant en Birmanie. Ensuite, il y a plein de statues géantes dont un énorme Bouddha couché. Enfin, la superficie du temple doit au moins équivaloir à celle du lac! Nous sommes fascinés par cette architecture et par tous les détails décoratifs mais, en même temps, nous trouvons cela affligeant. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à tout cet argent investi dans les différents temples alors que la population locale vit très modestement. Nous sommes également conscients que les moines bouddhistes sont à la botte de la junte militaire. Pour des gens censés apporter la paix et la sérénité, c’est franchement répugnant. Certes, nous sommes conscients que c’est un point de vue d’Occidentaux laïcs et que les Birmans ont un rapport beaucoup plus privilégié avec la religion mais nous restons tout de même convaincus que cet argent pourrait être investi ailleurs comme, par exemple, dans l’éducation, l’environnement ou encore la santé.

Pahtodawgyi Pagoda

C’est un temple érigé en 1819 pour le roi Bagiydaw. Situé sur la rive nord du lac Taungthaman, sa caractéristique principale est son immense stupa en marbre d’un blanc étincelant visible depuis toutes les autres rives du lac. Vu la pollution ambiante, le stupa est sûrement repeint et ripoliné fréquemment vu sa blancheur immaculée!

Toutes les pagodes que nous avons visitées sont accessibles gratuitement. Il faut juste porter une tenue appropriée, se déchausser quand c’est nécessaire et ne pas pointer ses pieds vers les représentations de Bouddha.

Nous avons trouvé le lac Taungthaman vraiment magnifique, le U Bein Bridge vraiment cool et avons apprécié le calme qui règne en ces lieux. Nous sommes persuadés d’avoir fait un bon choix sur les différentes choses à voir dans les alentours de Mandalay!

Mandalay, l’ancienne capitale royale de Birmanie

Une fois enfin arrivés à Thazi après notre interminable journée de train depuis Kalaw,  nous ne sommes pas au bout de nos peines. Nous devons trouver un endroit pour passer la nuit avant de continuer notre route tôt le lendemain matin. Finalement, ça se fera sans trop de difficultés. Ce qui est plus difficile, c’est le réveil le lendemain matin : à quatre heures, c’est diane debout! Notre train part à cinq heures et c’est le dernier de la journée, nous ne voudrions pas le louper! Mais en pratique, nous nous sommes levés à des heures indécentes juste pour attendre à la gare jusqu’à sept heures et demies que notre convoi veuille bien arriver! Heureusement, le trajet n’est pas très long et nous n’arrivons pas trop tard à destination.

Au premier abord, Mandalay n’est vraiment pas très glamour! C’est très pollué, la circulation est infernale, c’est moche et il est impossible de marcher sur les trottoirs tellement ils sont encombrés! Difficile à croire que c’était l’ancienne capitale royale de Birmanie jusqu’en 1885! C’est la deuxième ville de Birmanie après Yangon et la capitale du centre du pays. C’est ici que sont fabriquées les fameuses feuilles d’or que les bouddhistes collent sur les statues de Bouddha lors de leurs rituels. Les hommes tapent à la masse pendant plus de six heures par jour, les pauvres, pour aplatir les lingots d’or afin d’en faire la feuille la plus fine possible. Vu la ferveur religieuse des Birmans, c’est un secteur encore plein d’avenir qui ne connaît pas la crise!

Le marché

La plaine de l’Irrawaddy, le fleuve qui coule à Mandalay et qui traverse la Birmanie du nord au sud, est très fertile. Il est donc normal de retrouver de magnifiques fruits et légumes sur les étals de la ville. Nous avons beau être dans la deuxième agglomération du pays, le marché se construit à l’arrache avec les moyens du bord dont des vieux parasols dans les différentes ruelles de la ville. Par contre, voir tous ces magnifiques produits est un vrai régal pour les yeux! Dommage que la gastronomie birmane ne sache pas les mettre en valeur.

Ein Daw Yar Pagoda

Nous ne rentrerons pas à l’intérieur de ce temple car nous n’avons pas la tenue appropriée, mais aussi parce-que nous n’avons ni le budget ni l’envie de visiter toutes les pagodes du pays qui se comptent par centaines de milliers. De toute façon, les différents stupas dorés se voient très bien de l’extérieur. L’ensemble a été construit en 1847 pour le roi Pagan Min.

Cathédrale du Sacré-Coeur

L’architecture et la couleur font très anglicans mais les drapeaux jaunes et blancs ornés des clés du Vatican flottent à l’entrée, nous sommes donc bien dans une église catholique. Cette église a été construite en 1890 par les Missions étrangères de Paris. Encore aujourd’hui, la messe est célébrée tous les jours, en birman, et même en anglais le week-end!

Nous avons été étonnés de voir un catholicisme très présent à Mandalay. En fait, il y aurait plus de 20’000 catholiques dans la région.  La faute aux Portugais (encore eux!) venus dans la région pour y établir quelques comptoirs commerciaux dont leurs descendants les Bayingyis ont gardé la religion de leurs ancêtres, mais pas les pasteis de nata malheureusement. Il y a également quelques catholiques dans la communauté chinoise qui est venue du Yunnan au début du XXe siècle.

Le fort

Si vous observez un plan de Mandalay, vous remarquerez un immense carré qui fait pratiquement la moitié de la ville! C’est le fort qui abritait l’ancien palais royal jusqu’en 1860. Les murs d’enceinte, hauts de neuf mètres et dont l’épaisseur atteint trois mètres, sont très bien conservés. Il n’y a qu’une toute petite partie qui se visite, une sorte de réplique de l’ancien palais. Tout le reste est réservé pour l’armée. Nous nous sommes contentés de longer la muraille sur quelques kilomètres et de profiter du point d’eau pour s’éloigner un peu de la pollution de la ville.

Parenthèse culturelle : il y a du vin en Birmanie!

Aythaya, à ne pas confondre avec Ayutthaya, est un petit village non loin du lac Inle où un couple d’allemand a fait le pari un peu fou de planter un vignoble. Ce n’était pas gagné d’avance car le climat est vraiment humide par ici et beaucoup de cépages, notamment méditerranéens, ne se sont pas du tout adaptés. Mais il y a quand même eu des survivants comme le Sauvignon, la Sirah, le Muscat ou le Dornfelder, des cépages qui se plaisent dans les climats improbables du nord des Alpes. Si l’assemblage Sirah-Dornfelder (vin rouge) nous a laissé dubitatifs car trop acide à notre goût ,le Sirah-Muscat en rosé nous a déjà plus convaincus. Il ne nous reste plus qu’à goûter le vin blanc!

Mandalay Hill

Comme son nom l’indique, Mandalay Hill est une colline culminant à 224 mètres au dessus de la ville. C’est un lieu de pèlerinage important pour les bouddhistes depuis presque deux siècles. Elle se mérite car il faut gravir une volée de marches pour accéder au sommet. C’est une belle mise à l’épreuve pour notre système immunitaire car la montée s’effectue pieds nus même si le sol est vraiment crade car pour Bouddha, il faut impérativement se déchausser! Il faut bien compter quarante-cinq bonnes minutes pour arriver en haut mais en chemin, il y a plusieurs autels dédiés à Bouddhas pour nous encourager. Les bouddhistes doivent probablement s’y arrêter prier ce qui rend leur montée moins pénible. Nous nous y sommes arrêtés pour prendre des photos. Ça compte, non?

Au sommet, nous pouvons observer la vue sur Mandalay, l’Irrawaddy et la plaine aux alentours. C’est sûrement magnifique par temps clair mais avec les nuages et surtout le smog, c’est pas terrible. Nous pouvons quand même constater l’immensité du fort qui couvre la moitié de la surface de la ville! Nous sommes super surpris de voir autant de vert, car, quand nous sommes en bas, en ville, nous avons l’impression d’être entourés d’une jungle de béton.

Pagode Sutaungpyei

C’est la récompense ultime pour avoir grimpé jusqu’au sommet! Cette pagode est un superbe temple bouddhiste, bien qu’un peu trop clinquant à notre goût. Les arcades lui donnent un air de caravansérail des Mille et Une Nuits mais la comparaison s’arrête là, les stupas et les différentes statues nous rappellent que nous sommes bien au pays de Bouddha. Entre la vue et la visite du temple, il vaut vraiment la peine de se salir les pieds pour grimper sur la colline.

Mandalay est une ville qui ne s’apprécie pas du premier coup. Il faut creuser un peu pour en découvrir quelques trésors. Et peu à peu, la ville dévoile ses charmes. Seul gros bémol : la pollution! C’est tellement extrême que l’air est difficilement respirable! Mis à part ça, il vaut la peine d’y passer quelques jours.